Je dois reconnaitre que c’est assez peu courant de recevoir l’invitation d’un manufacturier de pneu pour l’essai d’un nouveau modèle. J’aurais tendance à y trouver deux principales raisons. La première tient au fait que la sortie d’un nouveau pneu est moins courante que l’arrivée d’un nouveau modèle de voiture. La seconde, au fait qu’il est peut-être plus délicat de traduire l’analyse d’un pneu par rapport à un autre et de le dissocier du comportement de la voiture. Pourtant, ce cercle de gomme est l’unique élément de nos voitures en contact avec le sol. Il me semble primordial d’y accorder de l’importance. Notamment le jour où vous comptez les changer. Alors quand Bridgestone lance une bouteille à la mer à qui voudra essayer le nouveau modèle sportif de la gamme, le Bridgestone Potenza Sport, j’aime autant vous dire que j’ai répondu présent.
C’est une donnée que l’on a tendance à exclure mais le pneu est un concentré de technologies. Celui-ci a évolué de façon très importante, notamment au cours de ces 20 dernières années. C’est pourquoi, la sortie d’un nouveau modèle comme ce Bridgestone Potenza Sport, est en soit un petit évènement. En 2010, la Ferrari 458 Italia bouclait un tour du Nurburgring en 7 min 32 s. Elle était équipée en première monte de Pirelli Potenza S001, ancêtre du Bridgestone Potenza Sport. C’était il y a 11 ans. Que donnerait ce tour chronométré avec ce nouveau pneu ? Vous pouvez être sûr que de nombreuses secondes tomberaient. Au passage, vous aurez subtilement remarqué que Bridgestone a abandonné sa codification complexe et difficile à retenir. Désormais, il faudra retenir un nom simple pour ce modèle : Potenza Sport.
Quelques éléments techniques
Je pourrais vous parler longuement des différentes technologies au sein d’un pneu. J’aimerais plutôt vous présenter quelques éléments qui ont retenu mon attention sous la forme de questions :
- A quoi sert cette petite lèvre qui sort de la jante ?
Il s’agit tout simplement d’une extension du pneu servant à protéger la jante des trottoirs. Bien évidemment, ça ne permettra une protection face à de gros impacts. Cela pourra sûrement vous sauver d’un créneau un peu trop optimiste. Cette petite lèvre n’a aucun rôle structurel sur le pneu.
- A quoi servent ces très fines lamelles, sur les 3 bandes au centre du pneu ?
Trop peu profondes pour être liées à l’évacuation de l’eau, ces fines rayures servent à la déformation du pneu pendant le freinage et en virage. En effet, sans ces éléments, le caoutchouc du pneu subirait des contraintes importantes. Elles pourraient mener à un arrachement de gomme. Ainsi, grâce à ces petites stries dans le pneu, la tension en freinage et en virage est libérée sans mettre de contrainte sur la gomme.
Le Potenza Sport à l’essai
Comment se comporte ce nouveau Bridgestone Potenza Sport sur la route ? Pour analyser cela, nous nous sommes rendus au circuit de Dreux, à l’Ouest de Paris. A notre disposition, 3 voitures avec des architectures très différentes. Tout d’abord, une Renault Mégane 4 RS Trophy, une traction de 300cv avec la particularité d’avoir les roues arrières directrices, une BMW M440i pour les 4 roues motrices et enfin une Alpine A110 pour la partie propulsion.
Nous avons eu à notre disposition 4 ateliers avec un slalom entre des plots avec des vitesses de plus en plus élevées, un atelier de freinage, un atelier de tenue de cap à vitesse élevée et quelques tours sur circuit.
Comme je l’ai précédemment mentionné, il est compliqué d’analyser un pneu. Surtout quand les références que l’on a le sont dans un cadre différent, avec des voitures différentes. C’est pourquoi, je ne prétends pas avoir la capacité de vous exposer dans les moindres détails les capacités du Bridgestone Potenza Sport. Néanmoins, ayant une bonne connaissance de cette gamme de pneu sportif, il y a des choses qui ne trompent pas.
Ce que je remarque au premier abord et qui guidera tout l’essai du Bridgestone Potenza Sport, c’est sa structure très rigide. Cela fut le maitre mot lors de l’essai, ce Bridgestone Potenza Sport bénéficie d’une structure au niveau du flan très rigide. Cela lui évite de s’avachir dans les virages et permet ainsi une meilleure tenue de route. C’est un sentiment rassurant, le pneu ne crisse presque pas lors des fortes sollicitations et dans les courbes rapides il nous permet d’être en confiance. C’est particulièrement flagrant sur l’Alpine A110 dont le châssis a un réglage assez souple. La voiture prend du roulis sans que ce soit le pneu qui soit contraint. Lorsque nous passons sur la Renault Mégane 4 RS Trophy, dont le châssis est ferme et plutôt typé circuit, le pneu commence à travailler. Pour autant, il reste toujours au niveau.
Lors de l’essai de stabilité à vitesse élevée, l’instructeur sur place m’apprend un test dont je n’avais pas connaissance. A environ 130 km/h, il nous fait mettre un léger coup de volant à droite ou à gauche et nous demande de laisser la voiture se remettre en place toute seule. Il est très impressionnant de voir la vitesse à laquelle le volant et la voiture se recentrent. J’ai pu faire l’exercice avec ma voiture et un pneu moins sportif, il n’en était pas de même. Évidemment, je vous déconseille vivement d’essayer cet exercice sur route ouverte !
En dernier lieu, la conduite sur circuit était particulièrement positive. Je me dois de rappeler que ce n’est pas du tout l’endroit de prédilection du Bridgestone Potenza Sport. Il est bien plus adapté à un usage routier. Toujours est-il qu’il s’en sort avec les honneurs. Sa structure rigide lui permet d’être plus qu’honorable dans la tenue de route. Même dans ces conditions extrêmes, le pneu ne crisse pas et ne s’avachit pas sur lui-même. Et malgré la température un peu élevée de cette journée, il permet d’enchainer les tours sans qu’on le sente se dégrader. Pour sûr, les pressions étaient adaptées en conséquence. Ayant déjà roulé sur circuit plusieurs fois avec des Michelin PS4, son principal concurrent, je ne pourrais en dire autant alors même qu’il est déjà très performant.
Des défauts ? A l’instant, non. Mais j’émettrais des réserves sur des points que je n’ai pas pu essayer. Tout d’abord, quid de la tenue de route dans le temps avec l’usure du pneu. Certains pneus qui sont excellents neuf peuvent voir leurs capacités fortement se dégrader avec le temps. Ensuite, quid de la tenue de route sur sol mouillé. Nous avons en effet essayé des freinages sur sol humide qui n’ont posé aucun problème mais pas de test sur la tenue de route. Enfin, je me pose la question de son confort sur route ouverte. Le circuit n’est pas représentatif de la majorité des routes françaises et je n’ai pas eu l’occasion de faire un essai en dehors de celui-ci.
Conclusion
En conclusion, le Bridgestone Potenza Sport est un bon pneu qu’il faudra considérer au moment du changement. Surtout pour une voiture à vocation sportive, dont on ne se sert pas sur circuit ou que très rarement. Il sera de plus disponible dans de nombreuses dimensions. Il demande à être essayé plus profondément mais nul doute que les premiers retours d’utilisateurs nous permettront de dire si ce pneu reste au niveau avec l’usure. Je trouve fort appréciable de voir des modèles concurrents à Michelin se positionner sur ce secteur dont l’offre est mince. Surtout quand celui-ci donne des prestations de haute volée. Sachez que Maserati ou encore Lamborghini ont d’ores et déjà opté pour le Bridgestone Potenza Sport en première monte sur certains de leurs modèles.