Enfin ! Enfin le Model X est mien. Après de nombreux essais de la Model S (à retrouver ici ici ici ici là ou là), me voilà au volant du SUV Tesla… Et je vais directement passer à la conclusion : cette voiture, c’est une Voiture Maximum. Voici pourquoi :
Un gabarit maximum
Allons droit au but : le Model X est énorme. 5.04 mètres de long, 2.07 mètres de large (sans les rétros), 2 459 kilos à vide ! Un sacré beau bébé. Qui affiche ses rondeurs sans gêne, avec une carrosserie pour le moins…voluptueuse : autant j’ai toujours trouvé la Model S très élégante et très équilibrée, autant j’ai l’impression avec le X de voir une S qui aurait enflé suite à une réaction allergique. Vous voyez l’idée ?
Reste que, dans ce beau gris alu, le Model X ne ressemble à aucun de ses concurrents. Il a un indéniable côté vaisseau spatial ultra futuriste, avec cette robe sans aucune protubérance et ses détails noirs (mention spéciale pour les énormes jantes de 22 pouces). Même si on ne connaît pas la marque ou le modèle, on sait tout de suite que ce gros machin a quelque chose de fondamentalement différent des autres gros SUV et, rien que pour ça, je trouve le style diablement réussi.
Un maximum de frime
Ah ça oui, le Model X permet de frimer. Et c’est grâce à ses…portes ! Eh ouais, Tesla a réussi à rendre intéressant des ouvrants. Celles arrière, notamment. Ce n’est pas un scoop pour grand monde : les portes arrières du Model X sont dites « Falcon », c’est-à-dire qu’elles s’ouvrent par le haut grâce à un mécanisme absurdement complexe, comprenant deux charnières, des vérins dans tous les sens et des capteurs de proximité afin d’adapter le mécanisme à l’environnement immédiat. Devant elles, on se dit plusieurs choses ; tout d’abord, que ça ressemble quand même plus à un gros caprice d’Elon qu’une vraie trouvaille d’ingénieur ; ensuite, que le mécanisme (que dis-je, le ballet) a quand même une sacrée gueule ; enfin, que l’accès aux rangs deux et trois est effectivement super simple. Je reste persuadé que de bêtes portes coulissantes ou même antagonistes auraient représenté des solutions infiniment plus simples à concevoir et à produire, mais bon… Le contrat est rempli. Avec beaucoup trop de paillettes et de strass à mon goût, certes, mais il est rempli. Alors ça me satisfait.
Les portes avant aussi ont droit à leur quart d’heure de gloire ! Eh oui, parce qu’elles sont motorisées. Du coup, lorsque le conducteur s’approche de la voiture, hop, sans n’avoir rien fait, la porte avant gauche s’ouvre. On s’assoit, on appuie sur la pédale de frein, hop, la porte se ferme. Typiquement le genre de gadget complètement inutile, qui va probablement tomber en panne dans trois mois mais auquel on prend goût beaucoup trop rapidement.
Un maximum d’espace à bord
Heureusement vu le gabarit, vous allez me dire. Alors ouais c’est pas faux, mais je vais quand même faire un petit aparté sur l’habitabilité parce qu’il y a quelques trucs à raconter. La première, c’est l’omniprésente sensation d’espace due aux vitrages pour le moins généreux ; le pare-brise gigantesque (« le plus grand monté sur une voiture de série », d’après Tesla) en est un bel exemple. Tant qu’on est sur le pare-brise, saluons l’efficace teintage du haut de celui-ci : même en roulant en face du soleil, on n’est que très rarement ébloui –sachant que si besoin, des mini pare-soleils se cachent dans le montant A.
La bonne nouvelle, c’est que l’impression d’espace…n’est pas qu’une impression. Tous sièges rabattus, le Model X peut embarquer jusqu’à 2 494 litres de chargement ! Et n’oublions pas le second coffre, à l’avant, d’une contenance de 187 litres – de quoi embarquer un sac complet de golf. Pour rappel, une gloutonne Passat SW ne peut accueillir « que » 1 780 litres (boouuh, la grosse nulle). Et si vous avez des êtres humains à transporter, la grande Tesla peut, selon vos besoins, accueillir 5, 6 ou 7 passagers. Concernant le troisième rang, l’habitabilité est correcte : comprenez que les moins de 1.75 mètres de haut s’y sentiront bien, mais que ce sera un peu plus difficile au-delà. Terminons sur une bonne nouvelle : j’ai toujours trouvé que la banquette arrière de la Model S était trop basse par rapport au plancher, obligeant à plier un peu trop les genoux. Ce n’est pas le cas à bord du Model X et c’est une excellente chose !
Un maximum de technologies embarquées
« Oh là là gna gna gna il a un grand écran ». Le Model X reprenant pièce pour pièce la planche de bord de la Model S, je ne vous ferai pas l’affront de vous la rerererereprésenter. Je voudrais simplement soulever un point qui me fascine : depuis le début de commercialisation de la Model S en 2012 (déjà !), l’ergonomie de cette gigantesque dalle n’a pour ainsi dire pas changé –tout juste quelques améliorations cosmétiques au fil des ans. Et…il est toujours mon système d’infodivertissement préféré -tant qu’on ne parle pas du GPS. Quand on y réfléchit (et quand on le compare avec les systèmes qui équipaient les concurrentes de 2012), c’est quand même assez dingue, non ?
Autre sacré morceau de technologie : l’Autopilot. A 5 200 € l’option, il n’est certes pas donné. Oui mais voilà : aujourd’hui, un paquet de marques propose dans leurs catalogues un système de conduite semi-autonome. Et il est cruel de s’apercevoir à quel point le système Tesla les dépasse de la tête et des épaules (et souvent de bien plus). Je m’explique : pour tous les systèmes que j’ai pu essayer, la concentration était de mise. Jamais je n’arrivais à faire totalement confiance au système. Va-t-elle bien lire la courbe ? Ou va-t-elle tirer tout droit ? Et cette voiture, est-ce qu’elle est bien prise en compte ?
Avec l’Autopilot, rien de tout cela. C’est difficile à expliquer précisément pourquoi, mais il arrive à nous mettre en confiance. On sait qu’il prendra le virage, on sait qu’il est conscient de son environnement, ça ne va pas plus loin. On arrive à lâcher prise. Alors bien sûr, les mains restent sur le volant et l’attention sur la route, mais on parvient à se détendre et les kilomètres défilent en toute quiétude. Chapeau. D’ailleurs, en parlant de kilomètres qui défilent…
Un maximum de sérénité au volant
En route mauvaise troupe. Notre carrosse ? La version « cœur de gamme » baptisée 100D, dotée fort logiquement d’une batterie de 100 kWh et de deux moteurs d’une puissance cumulée de…aucune idée, Tesla ayant refusé de me communiquer le chiffre précis. Tout juste obtiendra-t-on un 0 à 100 km/h expédié en 4.9 secondes, faisant de ce SUV à l’allure bonhomme une machine capable d’atomiser 97 % du parc automobile roulant. Notre périple ? Une utilisation quotidienne, sans oublier une petite escapade à Cabourg.
Dans nos petites rues européennes, on sent bien que le Model X n’est pas dans son élément. De fait, c’est surtout lorsqu’il s’agit de se garer que le gabarit de la Tesla pose le plus de problèmes… Dommage que, malgré l’omniprésence des caméras sur la carrosserie, il soit impossible d’avoir une vision 360°. Et la tâche n’est pas aidée par une direction lourde et collante en manœuvres. Mais tout va mieux lorsqu’elle est lancée dans le trafic : le silence, la douceur et la réactivité des moteurs électriques rendent, comme d’habitude, l’expérience éminemment reposante. Ajoutons à cela un frein régénératif calibré à merveille et l’Autopilot qui devient votre meilleur ami dans les embouteillages et vous obtenez une urbaine née…si elle n’était pas si imposante. Oh, que j’ai hâte de tester la Model 3 !!
En revanche, dès que la route se dégage, tout va pour le mieux. La direction devient beaucoup plus agréable, le silence est d’or, les sièges sont fort confortables et le système son, une fois les basses un chouille augmentées et les aigus baissées d’autant, offre un rendu de premier ordre. On est bien ? On est bien. Cerise sur le gâteau, la consommation n’a rien de gargantuesque : comptez 20 kWh/100 km pour du péri-urbain (avec un record personnel à 16.5 kWh/100 km) et entre 25 et 28 kWh/100 km à 130 km/h au régulateur. Ça nous fait donc, respectivement, 500, 606 et 350-400 km en une seule charge.
Mais là où le Model X devient réellement apaisant, c’est sur les longues distances. Grâce aux qualités intrinsèques de la voiture tout d’abord : confortable, silencieux, puissant, sans oublier cet Autopilot qui ne récoltera que des louanges de ma part. Mais aussi (et surtout) grâce au réseau de recharge développé par Tesla ! Plus besoin de se prendre la tête : avec le maillage des Superchargeurs (64 stations rien qu’en France), tous nos grands axes sont couverts par ces stations de recharges ultra rapides –pour mémoire, on parle d’une puissance de 120 kW, capable de recharger 80% de la batterie en 30 minutes. Et pas besoin d’un quelconque pass ou abonnement : on arrive, on se branche, la voiture et l’infrastructure communiquent, la charge part, point. Quand on compare avec la galère que peut représenter une charge sur un réseau public…
Un prix…pas si maximum
Alors oui, 91 000 € bonus déduit, ça pique un peu. Et il convient de préciser qu’il s’agit du prix d’appel : ma version 100D un peu optionnée culminait à 133 650 €. C’est beaucoup. Seulement voilà, un SUV d’une telle puissance, ça se monnaye : un Range Rover Sport P400e coûte au bas mot 89 400 €, un Cayenne E-Hybrid, c’est 92 304 €… Le tout sans option pour les deux.
D’autant plus que, pour ce prix, vous ne vous retrouvez pas avec des jantes en tôle, un autoradio K7 et une liste d’option digne d’un bottin. Au contraire, le Model X est équipé de série de toute la connectique offerte par la tablette centrale, d’un système audio sophistiqué, d’une suspension pneumatique, des jantes 20 pouces, d’un accès et démarrage mains-libres… De fait, lorsque vous commandez votre voiture, vous n’avez qu’à choisir la cosmétique (couleur, jantes, garnissage), le nombre de places assises et activer ou non l’Autopilot. C’est tout. On peut remercier la Model 3, priorité numéro 1 du constructeur, qui oblige à simplifier au maximum la production des Model S et X histoire de ne pas se prendre la tête sur ces deux modèles moins cruciaux pour la marque…
En conclusion : une Voiture Maximum
Vous connaissez Charles-Edouard Janneret ? Non ? Son pseudonyme vous sera peut-être plus familier, puisqu’il s’agit de Le Corbusier. Et ce célèbre architecte avait un certain penchant pour les voitures –avec une réelle passion pour les automobiles Voisin. C’est ainsi que le bon Charles-Edouard, accompagné de son cousin Pierre, présenta un beau jour de 1936 l’étude d’un « véhicule minimaliste à fonctionnalité maximisée ». Son principe ? Comme le descriptif l’annonce, il s’agit de créer une voiture la plus simple possible en ne gardant que l’essentiel : de quoi se déplacer d’un point A à un point B. Son nom ? La Voiture Minimum.
Quel est le rapport avec le Model X, me direz-vous ? Eh bien il se trouve que la Tesla se trouve à l’extrêmissime opposé de cette idée-là. Le Model X est too much. Avec lui, chaque curseur est poussé au maximum. Le gabarit ? Trop gros pour nos routes européennes. Le poids ? N’en parlons pas. Les performances ? Totalement inadaptées dans notre contexte actuel de répression. La sophistication des ouvrants ? Inutile. La débauche de technologies ? Pas nécessaire. Le prix ? Incompatible avec les moyens de l’écrasante majorité de nos concitoyens.
Mais vous savez quoi ? C’est exactement pour ça que je l’aime : son extravagance le rend terriblement attachant. Un peu comme une drag queen, en fait : surmaquillée, surdéguisée, totalement excentrique, elle joue un rôle et on l’aime pour cette raison. Le Model X, c’est la même chose ! C’est justement parce qu’il sort complètement de la norme automobile que je le trouve ultra cool. Vous avez préféré vous offrir le Model X plutôt que la Model S ? Je pense que je peux comprendre votre geste – chose qui me paraissait totalement incompréhensible avant l’essai.
Alors OK on l’a compris, il est cool et tout, mais il ne faudrait pas oublier une caractéristique capitale à ce Model X : c’est une sacrée bonne bagnole. Tout simplement. Il est bien foutu, il est plaisant à conduire, il est confortable, il est spacieux, il est polyvalent : honnêtement, il coche beaucoup de cases. Mais la Tesla fait mieux que les cocher, ces fameuses cases : elle y ajoute cette fantaisie, cette bizarrerie propre à elle seule. C’est rare. C’est pour ça que je l’aime, ce Model X.
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux / GIF by @nikolaymotion
Merci à Charles, Clément et Davy !
Je suis sur Twitter : @JBPssx.