Ferrari continue d’élargir sa gamme, cette fois vers le haut. La marque italienne nous propose une SF90 Stradale, soit rien de moins que le nom de sa Formule 1 actuellement pilotée par Vettel et Leclerc, juste pour la route, tout un programme…
Jusqu’à présent, chez Ferrari, vous aviez le choix entre 5 grandes familles : la berlinette V8 pour le sport (F8 Tributo), la GT familiale (GTC4Lusso), la GT sportive (812 Superfast) et le coupé-cabriolet (Portofino). Ponctuellement, une supercar (LaFerrari) était mise en vente pour un petit cercle de privilégiés. Tout ceci est en train de voler en éclat. Après Icona (Monza SP1 et SP2), voici la supercar “accessible” et hybride.
Commençons par le tour du propriétaire. La silhouette générale est familière, on devine aisément la F8 Tributo et ses attributs stylistiques. Toutefois, la nouvelle SF90 Stradale s’en distingue en de nombreux points. A l’avant tout d’abord, avec un capot inspiré de la One-off SP38 Deborah et de la très confidentielle J50 : dessin assez lisse, juste surligné de 2 nervures marquées nous guidant vers les montants du pare-brise. Il s’agit en fait du fameux S-duct dont l’intégration est nettement plus discrète que sur la 488 Pista. Les sont phares très affinés et surmontent 3 lignes de LED pour les feux de jour et la prise d’air béante au dessus d’une simple lame. L’aérodynamique a été soigné mais il n’a pas sacrifié pour autant la pureté du trait.
De profil, on est d’abord attiré par le profil abaissé (20mm) et par la ligne de caisse qui se sépare en deux au niveau de la prise d’air : on part vers les ailes ou vers le haut du capot moteur. Il en résulte une impression de force ramassée, cela réduit les surfaces vitrées, une idée déjà vue sur la LaFerrari. Les portières sont largement évidées en leur partie inférieure avec de nouveau un trait de force vers le haut, sans pour autant terminer dans le trou béant d’une autre prise d’air. Dans cette configuration de présentation officielle, le toit noir permet de donner un petit effet barquette avec un long capot avant. A voir avec une couleur uniforme, l’effet demeurera-t-il ?
De l’arrière, la F8 Tributo vient immédiatement à l’esprit mais une F8 qui aurait gagné la musculature d’un Hulk. La vitre du moteur est nettement plus réduite que d’habitude, laissant la place à deux solides montants qui viennent rejoindre les ailes sur quasiment toute la largeur. Les feux sont réduits et prennent une inédite forme carrée, renforçant l’idée de muscles qui auraient pris toute la place disponible. Les sorties d’échappement sont hautes, dans la lignée de ce que font pas mal de constructeurs en ce moment. En plus de la qualité esthétique, cela réduit la longueur de l’échappement à la faveur de la puissance délivrée. Un petit becquet court sur tout la largeur, débordant même sur les ailes. Deux fines mais longues ouvertures (probablement pour évacuer la chaleur) assoient cet arrière au sol en encadrant le très massif diffuseur.
Conclusion toute personnelle sur ce dessin : c’est très réussi. C’est sans aucun doute possible une Ferrari, bien installée dans la famille. Elle bénéficie toutefois d’une réelle personnalité et n’exagère en rien avec les appendices aérodynamiques tellement vus et revus ces dernières années. La voiture est relativement sobre, plutôt fine, assez élégante et ne laisse planer aucun doute sur ses capacités sportives. On oublie le toit noir, on cherche une belle configuration et ce sera le sans faute.
Côté mécanique, la base est connue : le V8 3,9 litres turbo inauguré sur la 488 et repris sur la F8 Tributo. Il a toutefois été largement optimisé et poussé à 4 litres pour délivrer 780 chevaux à 7500 tours/minute, 40 de plus que dans la Pista. On est à 195 chevaux au litre… ça laisse pantois. Il offre également 800Nm de couple à 6000 tours. Il est cette fois accompagné de 3 moteurs électriques, 1 à chaque roue avant et 1 derrière le moteur thermique. Notons au passage que la SF90 Stradale est donc une 4 roues motrices et même une traction en mode tout électrique. Les 162Kw (220 chevaux selon Ferrari qui se contente ici d’additionner les puissance, avis aux spécialistes) apportés permettent une puissance combinée de 1000 chevaux. Le poids est contenu à 1570kg à vide (pas loin de 1700kg tous pleins faits), ce qui n’est pas un mince exploit, le système d’hybridation pesant à lui-seul 270 kilos.
La voiture promet le 0 à 100 en 2,5 secondes, le 0 à 200 en 6,7 secondes et 340 km/h. Cela paraît peu mais la SF 90 Stradale a été pensée aussi pour tourner et claquer un temps de 1 min 19 secondes sur le circuit de Fiorano. La transmission est assurée par la boite à double embrayage à 8 rapports. L’autonomie en tout électrique est de 25km (Anne H. si tu nous lis)
On l’a vu lors de la description du dessin, l’aérodynamique a été soignée avec un fond plat optimisé, des jantes forgées qui créent un flux d’air adapté (avis à ceux qui pensent déjà dub style, votre SF90 ira moins vite) et un aileron arrière totalement inédit : pour cause, il ne se lève pas mais descend ! Aligné au bord arrière, il canalise le flux entre le capot moteur et l’aileron fixe (vitesse réduite ou vitesse maximale), descendu, il dirige le flux différemment, créant plus d’appui pour les sessions de virages. Le système est breveté, il s’appelle le Gurney d’arrêt.
Le châssis a été profondément modifié pour permettre l’intégration du bloc hybride, le moteur en profite pour être positionné plus bas, gage de centre de gravité bien placé. Ferrari nous promet monts et merveilles pour le pilote, difficile de penser qu’il ne s’agit que de verbiage marketing quand on lit les revues réalisées par tous ceux qui ont la chance de prendre le volant des productions italiennes actuelles. La SF90 Stradale n’est pas une GT, c’est une supercar faite pour aller vite, très vite. Un pack Asseto Fiorano est disponible en option pour gagner encore 30kg, un diffuseur en carbone et des pneus de compétition, un peu sur le mode Touring / ClubSport de Porsche.
L’intérieur est inédit, tout entier tourné vers le conducteur avec un nouvel affichage tête haute. Même le second écran se rapproche du pilote. Le volant constellé de boutons n’est pas des plus élégants, soyons francs. Il intègre un touch pad pour régler tous les paramètres de l’auto avec ses pouces. Le reste est plutôt sobre, dans la lignée des productions actuelles de Maranello.
Ferrari semble placer cette nouvelle SF90 Stradale dans sa gamme normale au sens où rien n’indique qu’elle soit limitée dans le temps ou en nombre. Pas d’information publique sur le prix non plus mais nous sommes invités, si intéressés, à contacter le concessionnaire Ferrari du coin. Signe s’il en est que la voiture n’est pas déjà sold-out avant une intense spéculation sur les bons de commande. Franchement, c’est une excellente nouvelle pour fêter dignement les 90 ans de la plus célèbre Scuderia de la Terre, parce que oui, SF90, c’est là, le secret de son nom.
crédit photos : Ferrari