Lors de son arrivée sur le marché français en 2004, on ne peut pas dire que la gamme Kia faisait rêver les foules. 9 ans après, qu’en est-il ? Pour le savoir, direction l’île de Ré au volant de la toute nouvelle pro_cee’d…
« C’est une Kia ?? »
Et oui ! Il va falloir se mettre dans la tête que les coréennes ne sont plus les voitures fades et sans personnalité d’autrefois… Cette pro_cee’d en est un bon exemple : avec ce superbe Rouge Rubis, elle rend diablement bien et se démarque vraiment de la circulation. Les designers disent s’être inspirés (je cite) d’un athlète dans les startings-blocks, et, de pleine face, je dois dire qu’elle serait presque intimidante, avec sa calandre Tiger Nose reliée par une touche de chrome à des feux effilés, son capot plongeant et généreusement nervuré, son toit rabaissé de 40 mm par rapport à la berline et ses hanches généreuses. L’arrière -qui me fait penser à la Mégane Coupé- est un peu plus propice aux critiques, avec des feux hauts perchés, une barre en plastique noire (qu’on retrouve aussi sur la Picanto 3 portes) et une caméra de recul à l’implantation douteuse. Néanmoins, je dois dire que je suis vraiment séduit par cette voiture, et je ne pense pas être le seul au vu du nombre de personnes s’étant retourné sur mon passage (même au cœur de l’île de Ré, endroit pourtant peu propice aux Kia)…
A l’intérieur, cependant, on quitte le monde de l’exubérance pour rentrer dans quelque chose de plus conventionnel : fini les couleurs pétantes, les lignes de style très marquées, bienvenue à une planche de bord noire, des sièges noirs, un pavillon noir, et un placage… noir laqué (Grr. Je DÉTESTE le noir laqué, vu et revu, qui n’apporte rien à l’habitacle sinon des traces de doigts). De fait, les seules touches de couleur proviennent des contre-portes beiges, avec un motif rappelant le nid d’abeille (à mon sens pas du meilleur goût, mais passons). Fini également les plastiques durs et laids des premières coréennes puisqu’on retrouve un habitacle valorisant et de bonne facture, avec des matières agréables à l’œil et au toucher. La seule fausse note pourrait provenir de l’affichage déporté de l’horloge, très années 80. Mais mon père adore… Les goûts et les couleurs. Pour le côté sport, on remarquera la planche de bord orientée vers le conducteur et le pédalier aspect aluminium. On retrouve aussi divers touches aspect chrome sur les aérateurs, le levier de vitesses et les compteurs. Et si vous pensiez qu’un coupé signifiait une habitabilité naze et un coffre ridicule, détrompez-vous : cette pro_cee’d offre la même longueur (4 310 mm), largeur (1 780 mm) et empattement (2 650 mm) que la berline, gage de places arrières suffisamment spacieuses pour deux personnes (trois si un nain contorsionniste sadomaso vous accompagne) et d’un coffre très acceptable : les virées en famille ou entre amis le temps d’un week-end (voir plus) ne seront qu’une formalité, et les courses de la semaine aussi. Puisqu’on est dans le domaine pratique, profitons-en pour souligner la profusion des rangements dans l’habitacle, toujours très pratique au quotidien. Et pour terminer sur une note high-tech, sachez que notre version haut de gamme « Sport » était équipée d’un compteur Supervision entièrement numérique, regroupant divers informations comme la vitesse (plutôt utile), la consommation instantanée (sous forme d’une barre hélas pas très visible) et l’ordinateur de bord. Compteur qui vous saluera par l’apparition de l’avant de la cee’d 5 portes (détail qui gâche un peu tout, il faut le dire) lorsque vous monterez à bord et qui vous montrera son derrière lorsque vous le quitterez.
« Wow, stylé. Ça doit être sympa à conduire, non ? »
Hem… pas vraiment. Ce qui est dommage, car j’avais à l’origine prévu des titres de folie comme « la coréenne débridée » (lol) ou « la cee’d citrique » (plus intello). La pro_cee’d propose deux motorisations, une essence de 135 ch (disponible en boite manuelle et à double embrayage) et un diesel de 128 ch, uniquement disponible en boîte mécanique à 6 vitesses, testé ici. Autant dire que, couplé à un poids total frisant la tonne et demie à vide, on se doute que ce bloc ne fera pas d’étincelles sous le capot de la Kia. Et c’est effectivement le cas : les accélérations sont remarquablement monotones, soulignées par un bruit très quelconque du 4 cylindres. On ne claquera donc pas un chrono sur le Nürburgring avec… On a en outre un petit arrière goût de gâchis, car le châssis semble vraiment sain et répond efficacement aux sollicitations du conducteur (dans les limites des lois de la physique, bien entendu). Pour plus de punch, il faudra attendre la pro_cee’d GT et son moteur de 204 ch, prévue pour débarquer dans les semaines qui suivent… Mais ce bloc a bien d’autres qualités à faire valoir : souple, relativement peu gourmand (une conso moyenne de 5,9 l / 100 km s’affichait après un parcours majoritairement autoroutier) et très peu vibrant, le moteur sait se faire discret en ville et à régime stabilisé, ce qui permet de songer sans crainte à de longs parcours bien calé dans les confortables sièges de la voiture. Les seuls points sur lesquels je pourrais revenir seraient une boîte légèrement accrocheuse entre la première et la deuxième (mais rien de dramatique), la pédale d’embrayage assez peu progressive et l’absence d’un Stop&Start, tellement utile et logique dans les bouchons… Et si bidouiller les gadgets est votre passion, sachez que la direction est paramétrable selon trois modes : Confort (inutilement démultipliée), Normal et Sport (assez artificiellement affermie). A vous de voir selon l’humeur du jour.
« C’est une coréenne, donc elle 10 fois moins chère que ses rivales »
10 fois, peut-être pas, mais elle reste quand même relativement bon marché, puisqu’elle est facturée à partir de 21 440 € (comptez 26 480 € pour notre version diesel haut de gamme avec peinture métal). Il faut de plus pondérer ce prix avec les équipements proposés : dès la version de base (« Dynamic »), la Kia propose de série les jantes 17 pouces, les feux à LED, la clim auto bizone, le régulateur, le Bluetooth (incluant la possibilité de jouer les titres de son portable), la caméra de recul… La finition haute (« Sport ») ajoute principalement des équipements d’agrément, comme le toit ouvrant panoramique ou l’accès sans clé, ainsi que les fameux placages noirs laqués… Elle donne aussi accès au pack Ultimate regroupant moult gadgets électroniques auxquels on prend vite goût, comme l’aide au stationnement (finis les créneaux !) ou l’alerte de franchissement de involontaire de ligne. Et bien sûr, ajouter la garantie 7 ans / 150 000 km, auquel vient se rajouter depuis peu une mise à jour gratuite des cartes du GPS (sous réserve d’avoir coché l’option, bien entendu), là aussi pendant 7 ans, ce qui constitue un avantage non négligeable sur la fiabilité de la navigation au fil du temps. Tous ces éléments rendent cette pro_cee’d finalement assez intéressante d’un point de vue tarifaire. A simple titre de comparaison, une Mégane Coupé similairement équipée (une Bose DCi 130) vous coûtera autour de 30 000 €.
Vous voulez une voiture qui se démarque, tout en restant sage au niveau de la conduite ? La pro_cee’d est faite pour vous. Avec objectivement très peu de défauts rhédibitoires, ce coupé finalement sympathique trouvera à coup sûre sa clientèle, et contribuera à redorer le blason d’une marque qui mérite autre chose que ses vestiges de marque bas de gamme, quitte à faire des cheveux blancs à un certain Mr Monteboug…
Merci à Kia pour l’aimable prêt de la voiture !