Essai : Kia Soul Sport. Boîte à New Balance

Lorsque je croise une voiture dans la rue (ce qui arrive assez fréquemment, vous en conviendrez), toute une palette de sentiments peuvent survenir : de l’indifférence, de l’étonnement, du dégoût, du respect, de l’émerveillement… Mais peu de voitures réussissent à me procurer une joie toute simple. Le Kia Soul fait partie de ce club très select. “Oh, un Kia Soul !” me dis-je lorsque j’en croise un ; et je suis content après. Je suis un homme simple. Bonne nouvelle : la sympathique boîte à chaussures se voit offrir un nouveau moteur plus pêchu. En route !

Ça fait quand même huit ans que cette drôle d’auto se promène dans nos rues. Mais le Kia Soul, pourtant précurseur des SUV compacts, n’a jamais remporté plus qu’un succès d’estime dans nos contrées : pour preuve, il ne s’est vendu qu’à 13 599 exemplaires dans toute l’Europe en 2016. Un constat d’autant plus étonnant que le Soul représente la meilleure vente de la marque aux USA depuis plusieurs années, avec 145 768 autos mises à la route l’année dernière… Il est donc normal que Kia entretienne ce modèle. 2016 a été pour le bébé SUV l’année d’un très (très très) léger rafraîchissement stylistique, ainsi que l’arrivée d’une nouvelle version plus musclée, empruntant le 1600 essence de 204 ch à la cee’d GT (essayée ici). Bonne nouvelle, la France en profite aussi !

Commençons donc par l’extérieur. J’ai toujours eu une sincère sympathie pour le Soul, avec cette carrosserie qui sortait (et qui sort !) tant du lot. Depuis, la mode des voitures cubiques est passée (Nissan Cube, Daihatsu Materia, où êtes-vous ?), le Soul est resté. En 2014, il a grandi, pris des formes et est devenu encore plus attrayant. La version Sport n’apporte que quelques touches bien spécifiques, comme un bouclier avant plus aéré, un petit diffuseur arrière protégeant deux minuscules sorties d’échappement, des jupes spécifiques, des jantes de 18″ avec plein de bâtons, quelques liserés rouges de ci-de là. Pas de quoi transformer cette bonne bouille en gros méchant, donc. Et bien que mon modèle ait revêtu ses peintures de guerre, avec un fier bi-ton blanc et rouge, des configurations bien plus sages existent dans le catalogue…

L’intérieur est encore plus timoré. Une sellerie cuir-tissu spécifique, un joli volant à méplat très agréable à prendre en main, des surpiqûres orange un peu partout et ça ne va pas beaucoup plus loin. Pas de placage en (faux) carbone, pas de sièges (simili) baquets, pas de suédine… Rien de tout ça. Reste une planche de bord assez massive mais à l’agencement sans défaut, avec peu de boutons, des réglages clairs, un grand écran de 8″ à l’excellente réactivité et à l’ergonomie plus que convenable. Continuons par des matériaux de bonne facture -malgré un peu trop de noir laqué à mon goût, on ne se refait pas- et des rangements vastes et nombreux, à l’image de l’immense boîte à gants réfrigérée. Voiture de djeuns oblige, le Soul embarque moult prises USB et allume-cigare pour recharger tous vos iMachin et autres bêtises électroniques.

Côté habitabilité, la forme cubique du Soul lui permet d’embarquer aisément cinq passagers. Rien à dire à l’avant, avec une bonne amplitude de réglage des sièges, tandis que la banquette arrière possède trois vraies places, ce qui est rare de nos jours : l’assise et le dossier du milieu sont aussi confortables qu’aux extrémités, et le plancher plat évitera d’avoir les pieds serrés. C’est le coffre qui n’est pas à la hauteur cependant, avec seulement 354 litres. Pour comparer, un Peugeot 2008 de même taille en propose 410… A noter que le Kia possède un double fond, malheureusement pas très logeable.

Passons donc à ce qui change le plus : le moteur ! Comme dit plus haut, ce Soul Sport joue les gros bras et fait passer son 1.6 essence de 132 à 204 ch, tandis que le couple passe à 270 Nm disponibles entre 1 500 et 4 500 tr/min. Des valeurs respectables dans une voiture de cette taille (4.14 m) et de ce poids (1 289 kg), permettant au Kia de promettre un 0 à 100 km/h expédié en 7.8 s et une vitesse max de 200 km/h. A titre de comparaison, le Nissan Juke Nismo, certes plus puissant et plus lourd mais moins coupleux (respectivement 214 ch, 1 469 kg et 250 Nm) dépasse lui les 100 km/h en 8 s tout pile. Voilà qui promet ! Un moteur toutefois uniquement couplé à une boîte à double embrayage à 7 rapports baptisée DCT7. C’est un choix tout à fait compréhensible -d’autant plus lorsqu’on considère que le premier marché est de loin les USA, friands de ce genre de transmissions-, mais quel dommage de ne pas proposer de palettes au volant !! C’est assez décevant, pour le coup. Un mode séquentiel existe bien avec le levier, mais il est “à l’envers” : on rétrograde en tirant. Il est donc grand temps de voir tout ce que cela donne : moteur, action !

En ville et en péri-urbain, le Soul Sport est bien plaisant… En grande partie grâce au couple moteur-boîte, d’une douceur fort bienvenue. Les rapports s’égrènent en toute discrétion, le moteur donne peu de voix mais reste disponible dès que le besoin s’en fait sentir. Dans ce cas-là, le couple généreux et disponible très bas permet au Kia de se jouer de pas mal de petits tracas urbains. Combinez cela avec une position de conduite rehaussée et à un bon rayon de braquage et on pourrait tenir une urbaine née…à ceci près que le confort ne suit pas. C’est très, très, très ferme. Et la boîte peut générer quelques à-coups à très basse vitesse -mais rien de catastrophique non plus. Sur autoroute, le Soul Sport est à l’aise, toujours grâce à son couple généreux. La très bonne sono permet elle de faire passer le temps…et de couvrir les bruits aéros, un peu trop prononcés à mon goût ; en même temps, il faut se rappeler que mon destrier a un coefficient aérodynamique de mammouth laineux.

Mais dans “Soul Sport”, il y a “Sport” (eh oui). Il est temps de voir ce que le Kia a dans le ventre quand le rythme s’accélère ! Et là, il y a deux choses à séparer distinctement. Nous avons d’un côté un châssis assez bluffant. C’est l’avantage d’être tape-cul : la tenue de caisse est sans reproche. Ça ne se vautre pas dans les virages, ça ne se cabre pas trop à l’accélération, ça ne plonge pas dans les freinages. La direction, bien qu’assez peu informative, est assez directe et précise, permettant de placer le Soul (à peu près) où on le souhaite. Et la motricité est sans faille : bien que simple traction dépourvue d’autobloquant, jamais les pneus n’ont ciré, jamais la direction n’a fait passer de vilains retours. Du bon boulot ! Ça, c’était la partie cool. Ce qui l’est moins, c’est l’ensemble moteur-boîte. Irréprochable en ville, le couple est beaucoup moins à la fête en conduite dynamique… Commençons par un bon gros lag au kick-down (écraser la pédale – attendre – attendre – attendre – la boîte comprend qu’elle doit descendre quelques rapports), et continuons par un moteur pour le moins fade. Il ne se passe finalement pas grand chose, que ce soit en termes de bande-son ou de caractère : l’ensemble est d’un linéaire pas des plus excitants. Et c’est bien dommage étant donné le châssis !

Terminons côté tarifs. Le Soul Sport débute à 27 600 €, accompagné d’un malus de 2 153 € du fait de ses 156 g de CO2 rejetés par kilomètre. On tutoie donc les 30 000 €, avec certes un équipement pléthorique (jantes 18 pouces, projecteurs xénon, toit vitré, sièges chauffants, caméra de recul, ADML etc etc), mais auxquels il faut rajouter une conso dans la moyenne assez haute : j’ai ainsi terminé mon essai -composé de pas mal d’autoroute et de quelques portions fofolles- avec 8.3 l/100 km.

Du coup, ce Soul Sport ? Eh bien je le vois comme une boîte-à-chaussures-de-sport-mais-pas-trop. Une boîte à New Balance, quoi.

Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux.

Je suis sur Twitter : @JBPssx.

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