Pour une grande majorité des lecteurs, nul besoin de le présenter. Le Land Rover Discovery 4 ; plus de 2,6 tonnes de puissance, de confort et de capacités de franchissement hors-pairs, un véritable dinosaure (et ce n’est pas péjoratif !) dans le parc automobile actuel. Hommage ou chant du cygne, à vous d’interpréter cet article comme bon vous semble. Dans un contexte d’éradication des diesels et de chasse aux rejets de CO2, un tel véhicule a-t-il encore sa place ailleurs que dans le cœur des passionnés ? Tentative de réponse ci-dessous…
Le Discovery 4 (qui n’est autre qu’une sérieuse mise à jour du Discovery 3) n’a de loin plus rien à prouver en ce qui concerne ses qualités incomparables d’aptitude au franchissement. Légende parmi les légendes, la quatrième génération du Discovery, qui a fêté ses 25 ans l’année dernière, fait de la résistance en attendant une refonte complète du modèle attendue pour 2016. Mais durant ses (jusqu’à maintenant) dix années de production, le Land Rover Discovery 3-4 a considérablement évolué. Ses lignes ont été affinées, retravaillées, son confort amélioré, ses technologies d’aide à la circulation et au franchissement optimisées voire réinventées !
Mais assez de bla-bla, vous êtes sans aucun doute pour la plupart bien au courant de ce que je viens d’énoncer… Intéressons-nous plutôt au modèle faisant l’objet de cet essai. Il s’agit d’un Discovery 4 (millésime 2015) 3.0 L SDV6 HSE Luxury (tout juste 200 km lorsque je l’ai retiré, autant dire que nous avons été privilégiés !). Explication rapide des acronymes :
– SDV6 : moteur 3.0 L V6 Turbo Diesel développant 256 ch pour un couple maximal de 600 Nm couplé à une BVA 8 rapports.
– HSE Luxury : plus haut niveau de finition disponible au catalogue (je vous ferai la liste des options plus tard).
Premières impressions
Commençons par l’aspect extérieur. Peinture métallisée Blanc Yulong (pour la discrétion on repassera), jantes 20 pouces (peut-être un peu trop « fragiles » pour du franchissement), optiques avant à signature LED, toit ouvrant + toit panoramique, vitres arrières sur-teintées et j’en passe… Il n’y a pas à dire, « il en jette ! » si vous me passez l’expression. En effet, lors de mes déplacements urbains (oui je sais je ne suis pas écolo, je conduis un gros SUV en ville…), j’ai pu me rendre compte qu’un tel véhicule ne passait pas inaperçu, ne serait-ce que par son gabarit plus important que la moyenne. De plus, l’aspect rutilant de la peinture blanche (neuve qui plus est) participe également à l’attraction de l’œil du passant, avisé ou non. Il m’est même arrivé à deux reprises de me retrouver côte à côte au feu rouge avec un SUV allemand un peu joueur (mais si vous savez, ce genre de SUV noir, aux jantes noires et vitres noires…). Qu’à cela ne tienne, restons « british » et démarrons au pas.
Bien que ce ne soit pas l’heure du traditionnel « cup of tea », je vous invite à passer au salon.
Entendez par-là, allons explorer l’habitacle de ce paquebot.
Le modèle ci-présent dispose de la troisième rangée de sièges (optionnelle à 1580 €). Option légitime si vous êtes amenés (même de temps à autre) à vous retrouver à plus de 5 dans la voiture, les deux sièges additionnels ne modifiant en rien la capacité du coffre à bagages une fois repliés, laissant ainsi à votre disposition un plancher parfaitement plat.
Le coffre parlons-en, en voyageant à 5, vous aurez largement de quoi faire, pas moins de 1260 litres ! (même si la définition « d’optimiser le nombre de valises » n’est toujours pas en adéquation avec celle de votre conjointe).
L’ouverture de ce dernier s’effectue en deux parties à la manière du gros Range Rover, bien pratique pour s’asseoir lorsque vous désirez changer de chaussures (ce que j’ai d’ailleurs fait avant de m’engager hors-bitume comme pourrez le constater plus bas). La 2ème rangée dispose de 3 sièges indépendants, fini le temps où vos enfants se disputaient pour savoir qui allait hériter de la fameuse place du milieu (la plupart des monospaces proposent la même chose me direz-vous, mais ne soyez pas rabat-joie, nous ne faisons que commencer).
La finition HSE Luxury dispose des sièges en cuir de série, vous pourrez tout de même opter pour des sièges en cuir « Windsor » (mieux finis) à réglages électriques (comme ici). Le cuir Ebony et les finitions « Grand Noir laqué » flatteront les amateurs de sobriété, mais pour les aficionados du style « so british » (tel que moi j’en conviens), un intérieur beige assorti de touches de ronce de noyer n’auraient pas été de refus… Bien évidemment, la configuration ne tient qu’à vous !
Le Discovery 4 dispose de nombreux rangements dans les portières, entre les sièges ou dans les deux boîtes à gants (à vous en faire perdre vos lunettes de soleil). La console centrale est assez homogène, chaque bouton est à sa place et je n’ai pas trouvé ces derniers trop nombreux. Enfin le tableau de bord. Personnellement, je suis quelque peu dubitatif, les inscriptions du compte-tour et du compteur de vitesse n’étant pas des plus lisibles. Mais ce n’est qu’un détail vu que j’ai bien plus vérifié ma vitesse à l’aide du compteur digital placé entre les deux autres.
En ville (attention, poids-lourd !)
Ne vous y méprenez pas, malgré son gabarit et son aspect « 4×4 à la vieille école », le Discovery 4 est parfaitement civilisé (et c’est peut-être ce qui manquait à son prédécesseur). Outre son confort et son raffinement affirmé, le Discovery 4 dispose d’une multitude de gadgets (appellation usurpée, puisque ces derniers sont réellement utiles) qui vous faciliteront la circulation urbaine, à commencer par les détecteurs d’angles morts.Ces derniers vous rappellent via un signal lumineux à l’angle supérieur de chacun de vos rétroviseurs extérieurs qu’un véhicule se trouve près de vous au cas où vous ne l’auriez pas vu. Il faut tout de même admettre que sans aucun radar ni caméra, la visibilité arrière est assez compliquée, sûrement en raison d’une lunette arrière positionnée très haute par rapport au reste du trafic vous faisant ainsi oublier ce qui se trouve plus bas, comme par exemple certains plots/bornes en béton.
Pour pallier à ces inconvénients, Land Rover a pensé à tout. Le véhicule d’essai dispose d’un radar et d’une caméra de recul, des radars sont également positionnés à l’avant. La direction est très douce et le rayon de braquage (c’est un ressenti personnel) curieusement court pour un véhicule de ce gabarit. Je n’ai pourtant pas eu une telle impression au volant de l’Evoque. La position de conduite est quant à elle idéale. Bien plus haute que la moyenne, elle permet une meilleure visibilité de ce qui se passe devant et au loin. Enfin, le start & stop s’active à chaque arrêt, vous faisant théoriquement gagner quelques centilitres de carburant, preuve encore une fois que Land Rover civilise son baroudeur non seulement dans le style, mais également dans un cadre d’utilisation quotidienne. En roulant à un rythme de sénateur, effleurant seulement la pédale de droite et optimisant mes accélérations/freinages, je n’ai que rarement réussi à atteindre les 8,7L/100 km annoncés par le constructeur.
En bref, circulation facilitée grâce aux nombreux systèmes d’aide à la conduite pour un véhicule de ce gabarit, mais encore des progrès à fait au niveau de la consommation (je sais, parler de consommation lorsque l’on roule avec un tel véhicule, c’est un peu ironique).
Sur la route : voyagez en business
Sur la route… Et bien c’est tout simplement royal. La suspension pneumatique absorbe sans sourciller la moindre imperfection de la route, ce qui vous donne (j’espère que ça vous parle) l’impression de flotter. La moindre pression sur l’accélérateur vous permet de vous extirper sans mal de chaque situation un peu périlleuse ou de surprendre bon nombre de grosses berlines allemandes en mal de compétition, merci au couple démentiel de 600 Nm. Aspect également très utile lorsqu’il s’agit de s’insérer dans la circulation lorsque la bretelle est un peu trop courte : appuyez, vous obtiendrez. La vitesse maximale est donnée pour 180 km/h, Land Rover ne s’est à mon avis pas mouillé sur les chiffres. À titre de comparaison, celle de l’Evoque avec le TD4 150 ch est donnée pour 182 km/h alors que l’on peut dépasser sans trop de mal les 200 km/h « compteur ». De toutes manières, vous n’aurez que peu l’occasion d’atteindre ces chiffres.
Le passage des vitesses s’effectue de manière très discrète, le faible ronronnement du V6 à 130 km/h vous laisse le sentiment d’en avoir encore beaucoup sous la pédale, et c’est le cas. J’ai également remarqué qu’en circulant sur la file de gauche, personne n’a osé un seul instant me couper la route, la faute au caractère imposant de l’engin sans doute. Cette impression de tout dominer est vraiment particulière, mais pas déplaisante. Le large siège (fauteuil devrais-je dire) en cuir, les accoudoirs, l’insonorisation, le ronronnement du V6 à peine perceptible, tout est réuni pour que vous vous sentiez comme dans un avion, en classe business s’il-vous plait !
Et qu’est ce que ça donne hors-bitume ? Osons !
Que les amateurs de forêts, champs et autres terrains boueux se rassurent, je ne vous ai pas oubliés !
Essayer un 4×4 sans oser l’emmener hors-bitume (bien qu’il s’agisse ici plus de tout-chemin que de tout-terrain), c’est comme un vieux roadster anglais sans panne, comme une Ferrari sans incendie, comme une berline allemande sans vitres teintées bref, ça n’a plus aucun sens !
Pas de boîte courte comme sur le Defender, le Discovery dispose ici d’une BVA à 8 rapports. Mettons donc en action le système « Terrain-Response » histoire de s’adapter au mieux à la situation. Pour rappel, le système « Terrain-Response » est un système permettant au conducteur de sélectionner un mode adapté aux conditions de l’environnement dans lequel il évolue.
Pas de sable aux alentours, pas encore de neige, pas de terrain gravillonneux (il y a bien la minière un peu plus loin mais pas sûr que la société en charge de son exploitation apprécie), pas de… ah mais si ! Des chemins entourés de champs il y en a plein ! Les conditions climatiques de ces derniers jours (comprenez beaucoup d’humidité) ont d’ailleurs fait apparaitre de la boue absolument partout. Et qui est-ce qui va devoir nettoyer ?! Bon allez, c’est bien parce que c’est vous…
Mode « boue & ornières » sélectionné, position haute enclenchée – vous pouvez en effet modifier comme bon vous semble la hauteur de caisse de votre Discovery : l’abaisser de 50mm ou au contraire la rehausser de 125 mm – , ESP déconnecté, c’est parti !
Premières remarques : le système d’assistance en descente s’enclenche automatiquement, ce qui se traduit par des coups de frein dès que vous relâchez la pédale d’accélérateur. Étant donné que le terrain sur lequel je vais évoluer est parfaitement plat, hop, on vire ! Au premier abord, la piste a l’air plutôt simple et ne semble comporter aucune difficulté. Prenant en compte la valeur du véhicule que j’ai entre les mains, j’applique tout de même les conseils qui m’ont été enseignés lors d’une session Land Rover Experience, à savoir une première reconnaissance du terrain à pieds permettant de déceler le moindre piège mais aussi de se rassurer ! Rien de bien méchant au final, si ce n’est une souche cachée par des herbes hautes et quelques trous assez profonds. Tout se déroule donc à merveille à allure modérée bien sûr, le dicton « Qui veut aller loin ménage sa monture. » n’a jamais été aussi vrai que lors de la pratique du 4×4.
Retour sur le bitume, j’aurai eu l’honneur d’être le premier à souiller la robe blanche immaculée de ce Discovery. Un lavage s’impose, direction le carwash pour une douche à haute pression ! Je ne passe pas inaperçu en arrivant sur place, mes « voisins de cabine » interrompent leur lavage et viennent admirer le titan, même le caissier de la station Total d’à côté sort intrigué de sa guérite. 20 bonnes minutes auront été nécessaires pour enlever la boue accumulée sous la caisse ainsi qu’à l’intérieur des passages de roues (j’ai malheureusement oublié de prendre une photo de la station de lavage après mon passage, ça valait pourtant le coup d’oeil).
Équipement, options et multimédia, faisons le tour.
Passons en revue les différents équipements et options du véhicule…
Du côté des aides à la conduite, le véhicule d’essai dispose d’une caméra de recul, de radars avant et arrière, du start & stop, d’un détecteur d’angles morts et du GPS tactile (dont la voix est vraiment trop lente). Le système audio Meridian de 825 W en option est un pur régal pour les oreilles, pas moins de 17 haut-parleurs ! Plus vous augmentez le son, plus le plaisir est présent. Il n’agresse pas les oreilles au contraire, votre Discovery se transforme en véritable salle de concert. Assorti au système Bluetooth, j’ai ainsi pu profiter de mes musiques préférées tout au long de ces 3 jours d’essai, j’ai tout simplement redécouvert certains morceaux.
Pour ceux qui souhaiteraient s’évader dans les grands espaces lors de fortes chaleurs, je disposais également de la console centrale réfrigérée. Personnellement j’ai trouvé cette option un peu superflue, en effet on n’y rentre pas grand chose. J’ai bien essayé d’y laisser mon sandwich mais quand ça ne veut pas rentrer ça ne veut pas rentrer. Il faudra donc vous contenter de 4 canettes de 33 cl pas plus. Autant investir dans une grande glacière que vous pourrez brancher sur une des prises allume-cigare.
Petit récapitulatif.
Maintenant les choses qui fâchent, c’est à dire le prix. Disponible à partir de 47 300 €, le Discovery 4 utilisé pour cet essai est affiché à 76 100 € avec les options. Sûrement une des raisons pour lesquelles on en croise beaucoup moins que des Range Rover et Range Rover Sport, les clients préférant un style plus moderne.
Admettons que vous ayez le porte-monnaie assez solide pour vous offrir cet engin, quelques pistes pour faire pencher la balance en sa faveur :
– Roulez différemment, le Discovery 4 se faire rare sur nos routes et il reste un excellent moyen de se démarquer de la horde de Cayenne présente actuellement en France.
– Optez pour un VRAI franchisseur. Contrairement à bien des SUV allemands, le Discovery 4 a de réelles capacités de franchissement et ne vous laissera jamais tomber dans l’adversité.
– Vous avez une grande famille ? Ça tombe bien, le Discovery 4 dispose de 7 places confortables, c’est mieux qu’un monospace non ?
Toujours pas convaincu ? C’est que vous ne le méritez sûrement pas.
Le mot de la fin.
Avec le Discovery 4 millésime 2015 et la disparition du Defender, Land Rover tourne une page de son histoire. Le Discovery Vision Concept dévoilé en 2014 préfigurant la 5ème génération du modèle laisse en effet présager l’abandon des lignes carrées qui lui étaient pourtant caractéristiques au profit de lignes plus rondes et acérées, à la manière du Discovery Sport et du reste de la gamme Range Rover.
Finition et équipements luxueux, puissance et couple à tous les étages, aspect extérieur traditionnel mais modernisé, ses pare-chocs volumineux ne vous donneront pas de remords à l’emmener hors des sentiers battus, et si c’était lui le véritable héritier du Range Rover ?
Je tiens à remercier chaleureusement M. Ruben Amouyal ainsi que Mme Sandra Bardinon du service Presse Land Rover France pour le prêt du véhicule ainsi que pour leur disponibilité et attention sans faille. Mes plus vifs remerciements également à Corentin Pecnard grâce à qui l’article comporte des clichés de qualité indispensables à la finalisation et la réussite d’un essai. Vous pouvez avoir un aperçu de son travail ici et également là.
Photos : Corentin Pecnard & Maurice Cernay