La sombre histoire du crashgate est aujourd’hui clôturée : Renault vient en effet de perdre son procès contre la famille Piquet. Le constructeur avait accusé Nelson Piquet Jr de diffamation et de chantage, alors que celui ci affirmait, après son renvoi de chez Renault, que Briatore et compagnie lui avait demandé de se mettre dans le mur à Singapour. Maintenant que le volet judiciaire est fermé, on en sait un peu plus sur le déroulement des évènements.
Tout d’abord, une petite vidéo qui rappelle les faits de ce grand prix de Singapour 2008.
Petit rappel de la situation : alors qu’on est fin septembre 2008, Flavio Briatore n’a toujours pas réussit à faire signer à Fernado Alonso un nouveau contrat pour 2009. Le double champion du monde, après une saison 2007 où il finit à un point du titre chez Mclaren, retourne chez Renault pour fuir l’équipe anglaise et ses dirigeants. Mais la voiture ne lui permet pas de batailler pour le titre, et encore moins pour les podiums : le seul moyen pour Briatore de prolonger son pilote prodige est de lui montrer que Renault est capable de sortir la tête de l’eau ! En plus, l’italien et le directeur technique de l’équipe, Pat Symonds, commencent à être fortement critiqués dans la hiérarchie du constructeur au losange : il leur faut un plan d’action, et c’est comme ça que la stratégie du crashgate a commencé à émerger.
Nelson Piquet raconte dans le Times que Flavio Briatore et Pat Symonds « m’ont rappelé ce qui était arrivé en Allemagne, quand quelqu’un a eu un accident juste après mon ravitaillement et j’ai pu terminer à la deuxième place. ’Est-ce que tu veux aider l’équipe ?’ a dit Flavio. ’Si tu plantes ta voiture au bon moment, ça pourrait tout changer.’ » Le deal est clair : offres la victoire sur un plateau à Fernando Alonso, et nous te prolongeons pour une année supplémentaire ! Il existe une autre version des faits, dans laquelle c’est Piquet Jr lui même qui propose cette stratégie à Pat Symonds puis à Flavio Briatore, mais le verdict de la FIA ne fera jamais lumière sur cette part obscure du crashgate. Il faut dire que Piquet ne fait pas une très bonne première saison, et la comparaison avec l’espagnol n’est réellement pas en sa faveur. Ainsi Junior vend son âme au diable : il accepte de jouer son rôle dans l’une des pires histoires de tricherie qu’ait connu la Formule 1 en échange d’un nouveau contrat.
La suite, on la connaît : Alonso ravitaille au 13éme des 61 tours du grand prix, Piquet se crash le tour suivant dans un endroit sans dégagement du circuit et qui oblige donc la sortie du Safety Car, Alonso se retrouve ainsi virtuellement en tête puisqu’il est le premier des « ravitaillés », derrière quelques irréductibles qui essayent de gagner des places dans le jeux des Safety Car. Alonso finit en tête de la course devant Nico Rosberg et Lewis Hamilton, alors que Felipe Massa, qui est second au classement du championnat, finit hors des points à la suite d’une erreur au stand, commise dans la précipitation de la sortie de la voiture de sécurité. Au final, Alonso gagnera aussi la course suivante au Japon, et cette fois-ci sans trucage, et la Renault lui permettra de signa une seconde place, au brésil cette fois : l’escroquerie n’aura servit à rien en cette fin de saison où la Renault retrouvait du souffle…
C’est pas loin d’un an plus tard que le scandale éclate. Flavio Briatore fait savoir mi-juillet à Piquet Jr que le grand prix de Hongrie sera sa dernière course au sein de Renault F1 Team. Piquet, apparaissant dans le paddock comme un piètre pilote, sait que sa carrière en F1 est finit : il va alors se rendre à la FIA pour raconter son histoire. La chaine brésilienne révèle au public l’enquête de la FIA le 30 juillet 2009 : c’est le début de la plus grosse polémique que la F1 ait connu. Renault F1 porte alors plainte contre la famille Piquet, pour chantage et diffamation. Mais après un enquête solide de la FIA, les deux dirigeants de l’écurie sont reconnus coupables. Les procédures judiciaires et sportives à l’encontre de Flavio Briatore et Pat Symonds se sont conclues en avril dernier, à l’amiable, entre la FIA et les deux protagonistes: en échange d’aveux de culpabilités publiques, ils pourront retourner en Formule 1, où tout autre compétition FIA, à partir du 1er janvier 2013, et la FIA de Jean Todt s’engage à abandonner toutes poursuites judiciaires par rapport à ce sujet : cet accord est bien clément par rapport au premier verdict de la FIA de Max Mosley, qui bannissait à vie l’italien, et pour 5 ans l’ingénieur anglais, de toutes compétitions FIA, mais il permet à la FIA de ne pas verser les indemnités gagnées par Briatore et Symonds dans un autre procès.
De son côté, Nelson Piquet Jr a reçu l’immunité sportive dans ce dossier, en échange de son témoignage contre ses anciens patrons. Après l’accord à l’amiable dont nous avons parlés quelques lignes plus haut, la famille Piquet a demandé réparation suite aux accusations de chantage de la part de Renault F1. L’écurie française, reconnue coupable, doit rembourser les frais de procès et payer les dommages et intérêts pour prouver sa culpabilité, et reconnaît en même temps que les allégations des Piquet étaient vraies. L’écurie française ne fera pas appel, et clôture donc une page douloureuse de son histoire en F1. Mais même s’il a été d’un point de vue sportif, Nelson Piquet se voit quand même condamné à ne plus courir en Europe : plus personne ne veut l’engager ici. C’est pourquoi il s’est tourné vers le Nascar Truck, la troisième division de ce championnat très américain.
Il a effectué quelques courses cette saison dans différentes divisions, mais après des débuts difficiles, il a montré quelques bonnes choses, avec une septième place devant un certain Jacques Villeneuve en Nationwide, la deuxième division, lors de la course sur le circuit routier de Watkins Glen. Ces bons résultats lui ont permis de décrocher un programme complet pour l’année prochaine en Truck Series. Piquet a donc une véritable chance de recommencer à zéro sa carrière dans le sport automobile.
Pour ceux qui ne connaissent pas le Nascar Truck Series, c’est donc la troisième division de ce formidable championnat qu’est le Nascar. Cette division sert souvent comme tremplin pour les futurs talents, qui court dans de bon gros pick up bodybuildés, le tout sur les « petits » ovales des Etats reculés des Etats-Unis : ambiance à l’américaine pure et dure, avec un public très « Santiags, hamburgers et Budweiser », encouragé par la Miss régionale et les nombreux crashs, souvent spectaculaires. Voici une petite vidéo pour que vous jugiez par vous même.
Via f1-photo.com, npiquet.com, youtube