Croyez-le ou non, mais il est très compliqué de bloquer une e-Méhari pour un essai. Je ne compte plus les demandes avortées avant de pouvoir enfin passer quelques jours à son bord (pour mon compte-rendu, c’est juste là). Au bout de la 76° tentative, la gentille madame de chez Citroën, devant mon désarroi, m’a alors proposé de troquer le petit cab électrique contre une C1. En lisant le mail, j’ai d’abord pensé “mais qu’est-ce qu’elle veut que je fasse d’une C1″…avant de me raviser en découvrant les configurations disponibles. Une Bleu Lagon était disponible. Arg. Il fallait que je l’essaye, peu importe si l’actualité du modèle est au point mort et que j’aie déjà eu la 108.
Est-elle cool ?
Come on, darling. Tu as en face de toi une petite citadine avec une face de grenouille, des jantes alu diamantées et le bleu le plus pétant du monde. Bien sûr qu’elle est cool. Attention, on n’est pas non plus au summum, puisqu’il manque ce petit équipement :
Ce joli toit ouvrant en toile, baptisé Airscape. Il vous apportera le paroxysme du swag pour seulement 1 450 €. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche non plus : dans cette config, ma C1 est quand même méga mignonne avec sa jolie frimousse et sa couleur du tonnerre. Je m’attendais à quelques critiques de mes proches en découvrant le phénomène, mais, raté, je n’ai eu droit qu’à un concert de louanges. J’ai même une tante qui m’a juré qu’elle changerait sa 5oo pour “la même que la mienne” (Citroën, j’attends ma commission). En tout cas, ça fait du bien d’avoir une voiture aussi fraîche dans la morne circulation parisienne. C’est vrai quoi, osons la couleur, transformons le périph en rainbow flag géant !
Est-elle habitable ?
A partir du moment où la banquette arrière est capable d’accueillir la famille Marsupilami + Tchoupi en guest, j’aurais tendance à dire oui. Il faudra simplement que les personnes s’installant à l’arrière ne soient pas beaucoup plus grands que cette belle famille, la garde au toit et aux jambes étant quand même assez limitée. Et encore, je n’avais pas la version Airscape, dont le mécanisme du toit rogne encore plus l’espace disponible à la tête. L’avant, en revanche, ne souffre d’aucun souci de ce côté-là.
Peut-on aller chez Ikea ?
Bien sûr.
Aucun souci pour se garer non plus, grâce à un rayon de braquage honnête, une bonne visibilité et même une caméra de recul. Oui oui, ma voiture de 3.47m de long possède une caméra de recul.
Et vous pourrez même dévaliser le magasin…tant que vous vous arrêtez à l’épicerie. Avec un coffre de 196 litres, il y a des chances pour que le canapé Lycksele Lövås et la table Vittsjö de vos rêves restent à Franconville. Et le siège passager non rabattable (au contraire de la Twingo) anéantira vos rêves d’un salon full Billy. Mais de toute façon, qui va chez Ikea autrement que pour se goinfrer de Daim, de cinnamon rolls et de Lax Kallrökt ?
Peut-on aller vite ?
Comparons la C1 avec quelque chose de sensé et raisonnable. Prenons le guépard. Cette noble bête est capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en seulement 3 secondes, ce qui humilie la petite Citroën avec son 10.9 s. Mais la pimpante citadine ne fera qu’une bouchée du féroce animal au niveau de la vitesse de pointe : 170 km/h vs 110, la conclusion est cruelle pour l’athlétique félin (j’espère que vous remarquez mes efforts de circonlocutions).
Bref, tout ça pour dire que j’ai eu droit au “gros” moteur, le 1.2L PureTech de 82ch (un 1.0L de 68ch est également disponible). Un petit bloc ultra sympa, avec une sonorité apte à faire retourner un commercial Porsche et une gouaille typique des 3 pattes…sans les vibrations. Que du bon. Et puis, 82ch dans une voiture de 865 kg, ça commence à envoyer ! Les deux premiers rapports, ultra courts, offrent à la C1 un vrai dynamisme en ville. Dommage simplement que le levier de vitesse de 3km de haut ne propose qu’un guidage mou et un verrouillage trop léger.
Peut-on aller loin ?
Si pour vous la charmante bourgade de St Rémy du Val est loin, alors oui. Sinon, non.
Dans tous les cas, le réservoir de 35 litres vous permettra de faire 600 km avec un plein, les sièges sont suffisamment confortables et le 1.2L essence emmène la bête avec une vigueur et une polyvalence assez bluffantes. Cruiser à 130 km/h n’est qu’une formalité, les bruits d’air et de roulements sont maîtrisés (pour la catégorie, s’entend) ; seul l’absence d’un régulateur peut s’avérer pénible, surtout sur la N12 avec ses radars tous les 300m. Un limiteur est de série, cependant.
Est-elle économique ?
Si vous recherchez une voiture capable de transporter 4 passagers, vous pouvez choisir cette petite C1 qui commence à 10 350 € (15 030 € pour mon exemplaire avec plein de babioles) et dont le moteur a siroté 5.9 litres de sans-plomb tous les 100 kilomètres pendant mon périple. Vous pouvez aussi choisir une Rolls-Royce Wraith qui vous réclamera 290 702 € grand minimum et ne propose même pas de banquette rabattable pour ce prix-là. Sans compter que, si j’avais eu la Rolls, je n’aurais jamais pu me garer dans la petite place rue Roret pour rejoindre mes amis et j’aurais sans doute dû me réfugier dans un parking souterrain hors de prix dans lequel j’aurais griffé mes jantes en descendant au quatrième sous-sol. Non, vraiment, la C1 est un bien meilleur parti.
Est-elle parfaite ?
Hmm… Non. Si vous vous souvenez bien, il y a deux ans de cela, Hyundai m’avait prêté une i10 -comble du hasard, bleu flash elle aussi. Et il est cruel de s’apercevoir à quel point la coréenne poutre ma p’tite Citroën dans quasiment tous les domaines. L’i10 possède 5 places, un coffre bien plus grand, un rapport prix/équipement imbattable, une polyvalence encore meilleure et se paye même le luxe d’être mignonne. Aïe. Si la C1 peut se targuer d’avoir le monopole du cœur (du mien, en tout cas), le chapitre “raison” est bien cruel pour la française. Heureusement pour elle que la communication de Hyundai soit aussi fournie que son réseau de concessions…
Donc voilà. Plus véloce qu’un guépard, plus pratique qu’une Rolls, plus joyeuse que 97.3 % du parc automobile, pouvant accueillir masse peluches et bonbons Daim tout en étant capable de sortir des zones pavillonnaires sans sourciller. La C1 n’est peut-être pas la meilleure de sa catégorie, mais qu’est-ce qu’elle est cool.
Merci à Citroën France pour l’aimable prêt de l’auto, à Clothilde pour celui de ses précieux doudous et à Mikael pour sa jolie 718.
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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