C’est toujours compliqué de remplacer un modèle à succès. Surtout quand ce modèle s’appelle 107 et qu’il a été commercialisé à 820 000 exemplaires pendant 9 ans. Dans ce cadre-là, que vaut la nouvelle mini-citadine de Peugeot, la 108 ? Une matinée entre Paris et le parc du Vexin m’aura permis d’y voir un peu plus clair…
Le segment A. Les mini-citadines. Marché ultra-concurrentiel s’il en est. Dans ce cadre-là, on ne peut que saluer la performance de la petite 107 durant sa looongue carrière (9 ans = éternité en âge voiture), et se poser des questions sur le niveau de stress moyen des personnes en charge du développement de sa remplaçante. Remplaçante qui prendra un nom d’une originalité absolument incroyable : ce sera la 108 (en même temps, la 107 était la seule voiture de la gamme à ne pas encore avoir de 8 à la fin de son monogramme). Pour concevoir une auto capable de réitérer la performance de son néné aînée, toute cette petite troupe s’est penché sur les chiffres résumant bien ce segment : les clients de ces petites citadines (qui sont des clientes à 60%) remplacent une voiture du même segment à 35% ou qui viennent pour 39% d’entre eux d’un segment supérieur. En gros : concevoir une voiture compacte et accessible mais qui sache être valorisante, tant à l’œil qu’au niveau des technologies embarquées, tout en n’oubliant pas une petite touche de féminité en proposant un choix de personnalisation. Ce qu’on pourrait résumer en 3 mots : Un + bor*el + monstre. Est-ce qu’ils ont réussi ?
Côté look, clairement oui. L’objectif avoué des designers était de créer une voiture qu’on puisse clairement identifier comme étant une Peugeot, et ce même si ladite voiture ne mesure que 3,47 m de long. C’est pourquoi on retrouve les phares au dessin intérieur très travaillé, dynamisés par un petit décroché, les antibrouillards encadrés par une parenthèse de chrome, la calandre portant fièrement les lettres P E U G E O T et surmontée par un lion un peu seul sur son capot. Rebelote à l’arrière, où l’on retrouve des feux reprenant les 3 griffes vues sur les dernières réalisations de la marque, tandis que le hayon 100% vitré permet de faire un clin d’œil à la 107 (et en plus ça coûte moins cher donc banco). Du coup, elle est comment la 108 ? Et oui, elle est très distinguée. J’ai bien aimé ce look, même s’il penche clairement du côté féminin. Côté féminin qui ne pourra que s’accentuer si on se penche sur le catalogue de personnalisation (enfin, presque, on verra ça un peu plus bas) : vous voulez des rétroviseurs rose mat ? Des fleurs sur vos portières ? Du pied-de-poule sur votre toit (que je trouve personnellement du plus mauvais goût, mais passons) ? Un décalco « Diamant » sur votre capot ? Il suffit de demander (et de payer 490 €). En tout, 7 univers de personnalisations vous sont proposés. Et puisqu’on en est à parler du toit, saluons l’excellente idée de pouvoir troquer la tôle par une toile s’ouvrant sur 76 cm de long pour 80 de large. Alors, certes, ce n’est pas franchement donné (+ 1 200 € sur Active, + 1 450 € sur Allure), mais c’est teeeeeellement agréable que s’en priver reviendrait à passer à côté d’une des forces de la voiture. Non seulement l’habitacle est inondé de lumière, mais les remous sont carrément bien maîtrisés : aucun souci sous 90 km/h, tandis qu’il m’a suffit de hausser un poil la voix à 110 km/h pour converser avec ma charmante copilote. Et en plus on fera naturellement le plein de vitamine D pour fixer un max de calcium sur les os, ce qui évitera de se taper du Câlin+ à tous les repas. Tout bénef.
Et à l’intérieur ? Et bien c’est un peu à l’image de l’extérieur : une vraie montée en gamme. J’avais eu l’opportunité de monter en passager en 107 quelques jours avant l’évènement, et j’avais été surpris par le côté vraiment quincaille de l’intérieur et de la mauvaise tenue dans le temps des matériaux : plastiques rayés, bruits de mobilier… 0% quali, en gros. C’est donc avec joie que je découvris une planche de bord beaucoup plus sobre et nettement mieux présentée. Même dans une version de milieu de gamme, on se sent à bord d’une vraie voiture, avec cette console centrale assez réussie, réunissant les commandes de ventilation et audio, un joli petit volant et une agréable sensation d’espace (bien évidemment décuplée par le toit en toile). Le dessin et la finition générale, peut-être un poil en deçà de ce qu’on retrouve dans une Hyundai i10, n’appelle aucune critique. Notons que le bandeau en face du passager et la console centrale peuvent s’habiller de 4 couleurs différentes, tandis que les bords des surtapis reprendront le thème de la personnalisation extérieure. Je trouve seulement dommage que l’aérateur central se soit réfugié derrière la console, le rendant peu pratique (impossibilité de régler le flux en intensité et en direction) pour rafraîchir les passagers. Dommage aussi que les rangements ne soient pas plus présents. A l’arrière cependant, la compacité de la voiture se fait sentir. Ainsi, au deuxième rang, l’habitabilité est juste moyenne…sans toit ouvrant. Car cocher cette option rabaissera la garde au toit de quelques précieux centimètres, ce qui me fera plier la tête à 90° pour pouvoir m’assoir correctement. Dommage également que Peugeot ait reconduit les sièges avant monoblocs, qui coûtent certes peu cher mais qui privent les 2 passagers arrière (pas d’offre de banquette 3 places, même en option) d’une bonne dose de visibilité et de luminosité, tandis que les vitres à compas les empêcheront d’humer l’air des villes. Vous pourrez me rétorquer que personne n’ouvre les vitres arrière, ce à quoi je vous répondrai que vous avez totalement raison et que finalement on s’en fiche un petit peu. Et pour terminer sur le coffre, il a certes progressé de quelques dm3 pour en afficher 196, mais c’est quand même pas la joie… Une autre conséquence de la compacité de l’auto. Reste que vous pourrez toujours rabattre la banquette en deux parties si besoin est, mais le siège passager ne se pliera pas comme ce que propose la nouvelle Twingo.
Un dernier paragraphe sur la présentation statique pour parler des technologies disponibles sur la 108. Peugeot a vraiment mis l’accent dessus, puisqu’on trouve de série une aide au démarrage en côte, et qu’on peut découvrir, au fil des versions et des options, un accès et démarrage mains-libres, un limiteur de vitesse (mais pas de régulateur), et, clou du spectacle, le Mirror Screen et son grand écran tactile de 7’’. Cette interface reprend dans les grandes lignes le système IntelliLink/MyLink que l’on retrouve sur les Opel & Chevrolet (et, bientôt, le CarPlay d’Apple) : en gros, la voiture se sert de la puce GPS et du service de cartographie de notre smartphone pour afficher sur l’écran central la navigation. A la différence près que, sur la 108, l’écran du téléphone est directement dupliqué sur l’écran de la voiture. Si on pouvait résumer ce système, ce serait : « à parfaire ». Si la qualité du tactile est correcte pour une voiture de cette gamme de prix (on ne lui demande pas la fluidité d’une Model S), quelques défauts agacent bien plus : prenons par exemple le fait qu’il soit obligatoire de relancer le processus de connexion voiture-smartphone à chaque coupure moteur. Plus embêtant : des crashs répétés de Google Maps. Cela ne nous est arrivé « que » 2 fois durant cette matinée de test, mais d’autres équipages ont été bien plus embêtés. Et terminons par le meilleur : impossible d’écouter la radio si la navigation est affichée sur l’écran. Là, c’est carrément relou. Les gens de Peugeot nous ont dit qu’il restait possible d’écouter la musique présente sur son smartphone, mais si, comme moi, vous stockez l’intégralité de votre bibliothèque musicale sur votre iPod, l’intérêt sera très limité. Espérons que les améliorations promises pour l’automne porteront leurs fruits. Un dernier point : le MirrorLink s’accompagne d’une caméra de recul. Sur une voiture de 3,47 m, je trouve cet équipement loin d’être obligatoire. Au pire, un radar de recul aurait amplement suffit…
Mais il est dorénavant temps de se mettre derrière le volant de cette petite Peugeot. La boucle proposée, partant de Paris pour aller jusqu’à la Roche-Guyon en passant par les si jolis chemins du Vexin, nous permettait de conduire deux versions de la 108. J’ai donc opté en premier par une Allure TOP! (comprenez dotée du toit en toile), craquante à souhait dans ce Rouge Scarlet et ses petites touches de chrome, et dotée du petit trois cylindres de 68ch repris de la 107. Ce bloc ayant été profondément remanié pour l’occasion, il était donc intéressant de voir ce qu’il donnait. Réponse ? Une vraie bonne surprise ! Honnêtement, je ne m’attendais à rien de particulier de cette configuration. C’était sans compter sur les performances à mon goût tout à fait suffisantes de ce petit bloc, et surtout par la bonne humeur qu’il s’en dégage : le son qu’il produit ne donne envie que d’une chose, grimper, grimper, grimper dans les tours. La commande de boîte est assez ferme, les débattements sont courts, tout donne envie de jouer ! Il faudra juste faire avec un point de patinage assez haut (tiens, comme l’i10), ce qui ne manquera pas de causer calages et à-coups durant la première heure de conduite. Et, bien évidemment, les relances n’ont rien de sportives –et ce n’est pas ce qu’on lui demande-, mais je ne me suis jamais senti en danger en la conduisant, ce qui est le principal. Et j’ai surtout pris mon pied, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout. Mais vient déjà le temps de d’en séparer, et, en regardant le 5.5 l/100 km inscrit sur le petit ordinateur de bord (alors qu’on ne l’a pas spécialement ménagée) me conforte dans mon idée que ce bloc est une vraie réussite.
Changement de voiture, et changement radical d’ambiance, puisque nous passons à une Allure motorisée par un tout nouveau bloc, le 1.2 PureTech de 85ch. La robe est presque sportive, avec ce joli Gris Gallium agrémenté de ces originaux et –avis perso- très réussis petits damiers se fondant dans la masse, discrets mais qui retiennent l’attention. Et concrètement, qu’est-ce que ça donne ? Si je jugeais les performances du 1.0 68ch plus que correctes, on passe à tout autre chose avec ce nouveau PureTech : la petite 108 devient une vraie bouffeuse de départementales et d’autoroutes, et sa polyvalence devient sacrément impressionnante pour une si petite auto. Ce qui m’a permis de voir ce que donnait ce châssis, qui n’est autre que celui de la 107 (et oui, les sous c’est important), mais lui aussi bien retravaillé (voies élargies de 8mm, suspensions et train arrière revu…). Conclusion, ça accroche bien, mais on sent la voiture prendre du roulis et se dandiner un poil sur ses appuis dans des virages où on a été un peu trop optimiste. Rien de grave cependant, et, encore une fois, ce n’est qu’une citadine, et on ne va pas lui demander une efficacité à la RCZ R. Juste un petit bémol (outre le point de patinage qui reprend la même caractéristique que dans la 1.0l) : la commande de boîte m’a semblé moins agréable à manier que celui du petit 68ch. Côté conso, nous nous serons contentés d’un peu plus de 6.0l/100km.
Et côté tarifs ? La 108 « 1° prix » (3 portes Access 1.0l 68) s’affiche à 10 150 € avec, déjà, un ordinateur de bord, l’aide au démarrage en côte et la direction assistée, mais il faut accéder à la version Allure –minimum 11 250 € en 3p- pour profiter de la radio Bluetooth, des vitres électriques (pas les rétros !), et pouvoir profiter (en option) de la si agréable version découvrable. Les versions Allure et Féline visent le haut de gamme avec une présentation soignée, mais s’affichent à des prix que je trouve un peu déraisonnable : quel est l’intérêt de payer plus de 16 000 € pour une 108, certes full option, alors qu’on peut trouver en occasion récente des 208 mieux équipées et motorisées pour une somme équivalente ? Non, pour moi, l’Active découvrable que j’ai eu à l’essai (~13 000 €) me convient parfaitement.
Au final, que penser de cette 108 ? Que c’est une très bonne petite voiture. Mignonne, rigolote, agile et polyvalente, elle se dote de toutes les armes qui permettront de s’octroyer les 7% de part de marché souhaités par la marque. Il ne manque plus que parfaire le système multimédia et faire peut-être preuve d’un petit peu plus de retenue niveau tarifs (mais nul doute que les futures promotions s’en chargeront) pour qu’elle devienne une citadine…au top.
Un grand merci à Peugeot France pour l’invitation et à Géraldine pour avoir été une coéquipière de choc !
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux.
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