Lire des blogs, scroller Instagram, s’abonner à des magazines, courir les rues ou les évènements : toutes ces activités sont formidables mais quand on aime les voitures, on a toujours envie d’en avoir une qui puisse correspondre à notre passion. Rouler dans une voiture qui n’est pas qu’une simple utilitaire est synonyme de plaisir, tout simplement : mon choix ? La première version du Boxster de Porsche.
En revanche, c’est un plaisir plus onéreux que d’aller jouer au foot avec quelques copains. Si vous avez des revenus plus que confortables qui vous autorisent toutes les folies, ce billet ne vous est pas destiné. Pour tous les autres, voici quelques clés pour sauter le pas d’une voiture passion tout en restant, à peu près, raisonnable.
Acheter une Porsche Boxster type 986
Une fois que vous avez pris la décision d’entrer dans le monde la voiture inutile mais parfaitement indispensable, la première épreuve sera le choix du modèle. Hautement subjectif et totalement intime, c’est toujours votre budget qui guidera vos recherches. Si je me suis tourné très rapidement vers la Porsche Boxster de première génération, c’est pour les raisons suivantes :
- c’est une « vraie » Porsche, marque qui reste exclusive malgré la production en masse de SUV ;
- toujours présente en gamme, la légitimité du petit roadster est bien ancrée dans les esprits ;
- c’est une sportive traditionnelle : 2 places, moteur central, 6 cylindres atmosphérique ;
- produite à de très nombreux exemplaires (plus de 100.000), elle est abondante sur le marché de l’occasion
L’acquisition est finalement l’étape la plus facile dans le processus. Comme pour tout achat d’occasion, ce qui compte avant tout est l’état général de la voiture, une utilisation régulière et son entretien rigoureux. Pour des autos qui approchent ou dépassent les 20 ans, mieux vaut 150 000km harmonieusement répartis que 30 000km avec des temps de remise trop longs. La mécanique a besoin de mouvement pour être préservée. Dans le cas du 986, accessible au plus grand nombre, il faudra plus spécifiquement :
- être attentif à l’état de la capote et de sa vitre arrière. Elle est en mica sur les premières versions, en verre ensuite.
- Ne pas se mélanger dans les versions et les options, certaines pouvant modifier significativement le comportement de la voiture.
- Préférer un professionnel plutôt qu’un particulier. Ce dernier n’a aucune obligation de garantie contrairement au premier. La voiture n’en sera que plus sérieuse même si les surprises ne peuvent être exclues.
La peur des réseaux sociaux
Diantre, déjà 417 mots sur une Porsche 986 et pas une seule allusion à l’IMS ? Tous les possesseurs de 911 type 996 (sauf la Turbo et la GT3) et de 986 (sauf les toutes premières) ont des nuits hantées par ces trois lettres. Elles désigne un arbre intermédiaire dont une des extrémités est pourvu d’un roulement à bille. Ce roulement a provoqué la casse d’un certain nombre de moteurs. Le chiffre exact étant inconnu et sujet à controverse, on ne va pas s’y attarder. Dans le cadre d’un achat, il faudra s’assurer des points suivants :
- Le moteur a tourné régulièrement et les temps de chauffe respectés
- Le moteur a connu de manière répétée les hauts régimes
- Le moteur a dépassé allégrement les 100.000 km.
Si ces trois conditions sont remplies, vous devriez pouvoir dormir tranquille. La lubrification du roulement est probablement correctement assurée (alors que ce n’était pas prévu à l’origine) et le moteur ne devrait pas céder.
Est-il absolument nécessaire que le roulement soit changé pour un modèle en céramique, réputé plus solide ? Honnêtement, je ne le pense pas. Des cas de casse ont été signalés sur des moteurs à roulement d’IMS changé. C’est la conception même de cet arbre qui pose un potentiel problème. D’un autre côté, si c’est indispensable pour votre santé d’esprit, profitez d’un changement d’embrayage pour réaliser l’opération. La dépose moteur étant nécessaire dans les deux cas, mutualisez la main d’œuvre. Il faudra tout de même continuer à utiliser correctement un moteur conçu et pensé pour être piloté comme il se doit et pas comme un diesel. Un moteur sous-utilisé aura plus de risque de casser.
Et pourtant, IMS est le terme qui assure à toute publication sur un groupe Porsche un succès d’audience. Les débats font rage, sous couvert d’une action judiciaire aux USA. Revenons sur terre : si les casses moteurs existent, elles sont relativement rares et aucune marque n’est à l’abri d’une faiblesse structurelle. Il faut vivre avec et savoir quoi faire pour limiter le risque.
L’utilisation
Quand on a une famille, rouler dans une stricte 2 places, ce n’est pas l’idéal. Élargissons toutefois notre point de vue. Un Boxster 986 peut-il faire office de voiture unique ? La réponse est plutôt oui. Si pour ma part je l’utilise en voiture d’appoint et de loisirs, la 986 n’en demeure pas moins utilisable au quotidien. Tout d’abord, son double coffre est particulièrement pratique. Ce sont 250 dm3 au total qui s’offrent à vous dans deux formats bien différents.
Celui de l’avant est très profond, parfait pour des valises cabine quand celui de l’arrière est plus plat mais très large. Logez-y les éléments les plus résistants, la proximité du flat 6 favorise la montée en température du lieu. Ce sera la même chose pour la petite trappe située entre les sièges, encore plus exposée. Les coffrets CD ne supportent pas la chaleur, expérience vécue. Quoi qu’il en soit, il est tout à fait possible de faire entrer les courses d’une semaine pour 5 personnes. Qui a encore besoin d’un SUV de nos jours ?
Côté confort, le Boxster reste une voiture de sport du début des années 2000, c’est assez ferme. C’est d’autant plus ferme en version S (-10mm) et en version S option Sport (-10mm supplémentaires). Votre dos pourrait ne pas apprécier les routes mal entretenues. Si la voiture ne se désuni pas, elle vous fera sentir que ce n’est pas un terrain fait pour elle. Sur les nationales et départementales au revêtement soigné, elle vous procurera en revanche un plaisir rare.
La direction est précise et informative, la position de conduite met vos hanches à proximité immédiate du centre de gravité, la voiture pivote autour de vous. Les limites d’adhérence sont repoussées relativement loin et les vitesses de passage en courbe impressionnent. En revanche, soyez toujours prudent sur sol humide, l’arrière pouvant décrocher assez brusquement. Pour les non pilotes, mieux vaut anticiper et éviter de se retrouver de travers au milieu de la chaussée.
Les trajets longs peuvent être envisagés, le bruit ambiant, présent, fatigue un peu mais sans excès. L’autoroute ne lui fait évidemment pas peur mais ce n’est pas le terrain qui mettra le plus en avant ses qualités.
Le coût d’usage
Concluons ce billet par le sujet qui décide de tout : le budget.
Tout d’abord, le Boxster 986 est une voiture relativement courante, produite à plus de 100.000 exemplaires. Le marché est donc vaste, l’offre abondante et les prix sont à l’avenant. Il y a quelques années, il était relativement simple de trouver un Boxster 2.5 à moins de 10.000€ dans un état parfaitement acceptable. Le temps faisant son œuvre, les exemplaires les plus remarquables se font plus rares et la voiture commence doucement à entrer dans le monde de la collection et quitter celui de l’occasion. Les prix des voitures grimpent doucement mais sûrement. La fourchette se situe plutôt entre 12.000 et 25.000€ désormais, selon la motorisation, les options, phase 1 ou phase 2 (recherchée surtout pour sa lunette en verre).
A l’usage, la Boxster n’est pas un gouffre financier. Si vous avez la possibilité de l’assurer en collection (il n’est pas nécessaire d’avoir la carte grise collection pour cela), comptez environ 700€ par an de prime, en tout risque, incluant la possibilité de faire des sorties circuit.
L’entretien doit se faire obligatoirement en Centre Porsche (c’est cher) ou chez un spécialiste. Il est hors de question de laisser un mécanicien sans connaissance du modèle effectuer les opérations de maintenance prévues. Les préconisations du constructeurs sont un peu justes, prévoyez plutôt une petite révision tous les ans et une grande une année sur deux. Un spécialiste vous facturera de 600 à 1000€, tout inclus.
La consommation moyenne dépendra énormément du poids de votre pied droit. Sur un long trajet autoroutier, on peut descendre facilement à 10 litres / 100km (du 98 bien évidemment). Une conduite raisonnable mais sportive tournera plutôt aux alentours de 13 litres / 100km. Le réservoir de 60 litres permet une autonomie tout à fait acceptable.
Conclusion
A l’heure des ZFE de plus en plus grandes et nombreuses, le choix d’une voiture Crit’Air 3 peut paraître hasardeux. Toutefois, les exceptions multiples et la prochaine perspectives d’une carte grise de collection devraient permettre aux 986 de continuer à rouler aisément dans le cadre d’une utilisation de loisirs. Cela en fait un objet au coût certain mais relativement maîtrisé et une source de bonheur automobile sans cesse renouvelé.
Crédit photos : Pierre Clémence