Certaines professions passent leur vie sur la route et certaines autos sont juste faites pour ça. Rencontre avec la Skoda Superb Combi TDI 150, une voiture qui donne envie de devenir représentant de commerce !
Elle n’est pas simple, ta vie, ami représentant de commerce ! Pas facile du tout, même. Ce soir tu es à Verdun. C’est pas très drôle, Verdun. La nuit, pendant que tu dors dans un Campanile anonyme avec comme seul espoir des rediffusions tardives un peu sympathiques sur Canal +, les âmes d’une jeunesse fougueuse et tragiquement disparue enveloppent d’un brouillard saumâtre, funeste et glacial l’architecture grisâtre de cette ville morte plus d’une fois. Ça te donne des frissons.
Demain midi, ami représentant de commerce, tu essayeras de trouver du réconfort dans l’assiette de pieds de cochons, seul plat servis dans la peu riante ville de Sainte-Menehould. Le soir, tu seras dans un autre hôtel Campanile de Langres, une ville si pleine d’espoir et d’enthousiasme que l’hiver, les chiens se pendent. Et il est long, l’hiver, là-bas. Le jour d’après, ami représentant de commerce, tu bifurqueras vers la Moselle, une terre bénie des Dieux et surtout de la Vierge, puisqu’elle a engendré des figures féminines contemporaines du calibre de Patricia Kaas et Nadine Morano (on imagine mal ce que Gustave Courbet aurait peint s’il avait vécu en Moselle !). Rien que d’y penser, ami représentant de commerce, ça te fout le bourdon et tu peines à finir l’andouillette de ta formule « soirée étape ». De toute manière, Standard & Poor’s avait déjà dégradé son triple AAA…
Que veux-tu, tu es un homme de la Route et rouler, tu aimes ça. Alors tu en as fait ton métier, quitte à essuyer les mêmes refus polis, les mêmes devis qui se ramassent en taux de conversion minables, les mêmes argumentaires commerciaux usés jusqu’à la corde. Mais c’est ta vie, ami représentant de commerce. Tu sillonnes la France avec des prospectus et des échantillons. Le break, c’est ta maison. Tes petites joies, elles sont au nombre de 4 : ton indépendance et ta liberté d’action, les Grosses Têtes sur RTL quand tu as la chance de ne pas avoir des rdv en fin d’après-midi, la Route, et ta voiture.
Chaque changement de véhicule de fonction est source d’excitation. Alors quand tu as vu la nouvelle Skoda Superb au catalogue, conçue sur la même plateforme MQB que la Passat du directeur marketing de ta boîte, tu as sauté au Ciel avec la même joie candide que Chantal Perrichon découvrant l’installation d’un nouveau radar automatique dans une descente d’autoroute limitée à 110 km/h.
Certes, ton chef de zone a d’abord proposé de te filer une version 1.6 TDI 120, alléché par ses 105 g de CO2 en version DSG, synonyme d’une TVS réduite et d’économie pour l’entreprise. Mais toi, ami représentant de commerce, tu as surtout vu un couple de 250 Nm à 1500 tr/mn, ce qui t’a paru faiblard pour une auto d’1,5 tonne, sans la cargaison. Alors comme tu as menacé de te syndiquer, ton chefaillon est revenu à des perspectives plus raisonnables et finalement, tu as obtenu la crème de la crème de la VRPmobile : une TDI 150 ! Le graal, mec, le graal !
Bon, petite mesquinerie de la hiérarchie : on t’a sucré la boîte DSG dans l’opération. En BVM6, ta Skoda Superb Combi 2.0 TDI 150 est quand même promise pour 109 g de C02, ce qui reste tout à fait acceptable. Et, outre le gain en puissance (les 150 ch sont obtenus à 3500 tr/mn), c’est surtout le couple qui grimpe à 340 Nm, à 1750 tr/mn, ce qui va te simplifier la vie sur la Route, les relances en sortie de villages et les dépassements de VRP débutants qui roulent dans des breaks de 105 à 120 ch, les cafards. Car la Route a ses codes. Sa hiérarchie. Ses rites. Sa noblesse.
Le vrai luxe, c’est l’espace…
En plus, tu la trouves carrément canon, ta Skoda Superb Combi, ami représentant de commerce. Qu’il est loin, le temps de tes débuts, avec ta Peugeot 405 Break 1.9D toute pourrie ! Et qu’il est tout aussi loin, le temps des Skoda qui portaient sur elles toute la fantaisie du plan quinquennal et le stylisme débridé des ex-Pays de l’Est.
Tu as vu comme ils déchirent, ces feux à LEDs à l’avant comme à l’arrière. Et ces plis sur la ligne de caisse, qui laissent augurer d’un vrai dynamisme. En tout cas, ça rend le design moins consensuel que celui de la Passat Variant de ton N + 1. On aime ou pas, mais au moins, c’est tranché.
Et puis c’est un vrai cargo, cette auto ! Le volume du coffre peut varier de 660 à 1950 litres, soit 57 litres de plus que la génération précédente, qui était déjà la plus généreuse de son segment ! En plus, la modularité est facile, avec deux boutons dans le coffre qui aident à replier les sièges. Tu vas pouvoir caser quelques goodies supplémentaires, ami représentant de commerce, pour récompenser le client généreux. Certes, la Superb Combi fait désormais 4,86 m de long, ce qui t’a valu quelques sueurs froides lorsque tu as essayé de la garer dans la vieille ville de Mouzon, près du Musée de la Feutrine. En même temps, la Superb Mk III ne fait que 2,8 cm de plus que la précédente ; c’est peu, tandis que l’empattement, lui, a gagné 8 cm, à 2,84 m.
Tu es d’autant plus excité que tu avais lu le premier essai sur notre magnifique blog de la version berline en version 1.4 TFSI 150 ch dans son troisième niveau de finition, « Style », ici. Sur cet article fort complet (en toute modestie, ndla), tu avais découvert avec une certaine joie que la Superb Mk III avait perdu de sa tchéquitude grâce à une technologie de pointe, des assemblages de grande qualité et surtout, une ambiance intérieure qui frôle l’univers du premium, avec des sièges cossus en Alcantara® beige, de large placages d’aluminium sur le tableau de bord, des lumières d’ambiance différentes (blanc, bleu, vert), et je dois te dire que la dernière confère un sentiment assez zen à l’habitacle. Et en ton for intérieur, tu sais que la Passat de ton patron ne lui apporte pas grand chose (voire, rien) de plus. Du coup, s’il savait, il se la pêterait moins, d’autant qu’il a le 150 ch comme toi et pas la version biturbo de 240 ch, un moteur auquel Skoda n’a pas droit, pour respecter la hiérarchie des marques au sein du Groupe VAG…
Du coup, ami représentant de commerce, tu te vois déjà prémiumisé et dans ta profession, c’est carrément important. Sauf que, ami représentant de commerce, faut pas trop t’emballer non plus. Car la finition réservée aux gens de ton espèce, en l’occurrence appelée fort justement « Business Plus », offre l’essentiel sans les fioritures.
Parce que là, ta finition Business Plus, elle est synonyme de sièges noirs, de tableau de bord noir et de grossiers plastiques noirs sur la console centrale, les contre-portes et le haut du tableau de bord. C’est à peu près aussi gai que Hénin-Beaumont un soir d’hiver. Là, ami représentant de commerce, tu oublies carrément le premium et tu retombes direct dans la tchéquitude, telle qu’on la connaissait avant. Certes, l’essentiel pour toi est d’avoir tous les équipements de sécurité, vu que tu fais 60 000 km par an sur la route.
Basée sur le second niveau de finition « Ambition » qui offre déjà la climatisation automatique, les feux automatiques avec fonction éclairage de virages, le radar de stationnement arrière (bien utile au vu du gabarit de l’engin), l’infodivertissement avec système Smart Link, le volant multifonction et les parapluies dans les portières avant, ta finition « Business Plus » offre en plus la caméra de recul, le radar de stationnement à l’avant, l’ordinateur de bord en couleur, les phares bi-xénon directionnels et auto-adaptatifs, ainsi qu’une prise 230 V intégrée au dos de l’accoudoir central avant. Avec ça, ami représentant de commerce, tu es paré pour affronter la France profonde par les chemins de traverse. Par rapport à une « Ambition », la finition « Business Plus » nécessite un surcoût de 1500 €, ce qui nous place ta Superb à 33 690 €. Tu vois, ils se moquent pas de toi, dans ta boîte !
Simply clever
Ah, ça, tu la kiffes, ta Superb. Dedans, c’est à peu près aussi vaste qu’un Airbus A300-600 ST, dit « Beluga ». Elle est vraiment immense, cette Skoda Superb Combi, largement plus que toutes les autres concurrentes de sa catégorie. En plus, tu apprécies les attentions « simply clever » chères à Skoda : l’autre jour, tu as pu snober tous les autres représentants de commerce sur le parking du Courtepaille de Troyes Saint André, quand tu as dégainé le parapluie logé dans la portière et, sous une pluie battante, tu as pu rejoindre le restaurant sans mouiller ton costume tout neuf de chez Devred. Côté aspects pratiques, tu aimes également les multiples rangements disposés un peu partout dans l’habitacle. Et la semaine précédente, en découvrant ta voiture pleine de givre au pied du magnifique château de Sedan, tu avais apprécié le grattoir présent dans la trappe à essence, alors que tes collègues, des représentants de commerce débutants, essayaient de dégivrer leur pare-brise avec des cartes de visite. Les nazes.
Tu aimes ça, la Route. Et ta Superb aussi ! Le 2.0 TDI (nom de code EA288) est une vieille connaissance au sein du Groupe VAG, mais il est toujours aussi efficace et n’a cessé d’évoluer au fil des années. Malgré sa sonorité encore un peu rocailleuse à froid et à bas régime, tu apprécies sa rondeur et sa souplesse de fonctionnement, qui lui permet de fonctionner sans broncher à bas régime malgré la longueur des rapports de boîte, boîte actionnée par un levier aux débattements un petit peu moins amples que sur la version 1.4 TSI 150. En reprises, s’il donne le meilleur de lui-même et un regain de vigueur au-dessus de 2500 tr/mn, il répond malgré tout présent avec une bonne volonté certaine dès le plus bas du compte-tours. Avec lui, tu n’as jamais l’impression de manquer de ressources ; ses performances sont tout à fait honorables, avec 218 km/h en pointe et le 0 à 100 couvert en 8,9 secondes. T’es un VRP express !
L’autre point fort (voire LE point fort !) de ton auto, ami représentant de commerce, c’est son confort. Un véritable tapis volant, cette Superb Combi ! Maîtrise des bruits aérodynamiques, enrobé des sièges, moelleux des suspensions : la Superb Combi est un vrai canapé à roulettes. Presque trop, d’ailleurs : par rapport à la version 1.4 TSI 150, les différences de comportement sont notables. Certes, le confort global et la stabilité en ligne droite et en grande courbe restent des valeurs impériales, mais l’agilité et la rigueur ont régressé d’un chouilla. Est-ce à mettre sur le surpoids du 2.0 TDI par rapport au 1.4 TSI (il y a 90 kilos d’écart, principalement sur le train avant ) ? Ou a la présence de roues de 16 pouces au lieu de 17 ? Ou à la combinaison des deux ? Toujours est-il que la Superb Combi 2.0 TDI est moins engageante à la conduite que la berline 1.4. La preuve est que le break peut toucher le spoiler du nez sur le bitume après le passage de méchants dos d’âne, alors que la berline montrait un peu plus de retenue dans le même exercice. Cette version Business Plus n’a pas droit à l’amortissement piloté qui peut équiper certaine Superb, pour lui donner confort ET rigueur en fonction des circonstances…
En même temps, un break Diesel de VRP n’a jamais eu vocation à gagner le Tour de Corse.
Bref, à bord, c’est la sérénité absolue. Et côté efficience, ami représentant de commerce, ta Superb va t’aider à gagner le concours du représentant le plus sobre de ta boîte, avec pour premier prix, un dîner tous frais payés à l’Hippopotamus de ta banlieue. Donnée pour 4,1 l/100 en conso officielle mixte, ta Superb n’est bien évidemment pas aussi vertueuse dans la vraie vie, mais tu parviendras sans soucis à rester autour des 6 l/100 en conso mixte voire à frôler les 5 l/100 sur route à vitesse légale, même avec ton chargement. Pas mal pour un break de 4,86 m de long.
Allez, ami représentant de commerce, voici un message d’espoir : encore quelques années de dur labeur et tu pourras devenir chef régional des ventes, et ainsi prétendre à une Superb Combi TDI 190 DSG 4×4 (à partir de 41 090 €, 228 km/h et le 0 à 100 en 7,7 sec). L’aboutissement d’une carrière de représentant de commerce ?
Photos : Benoît Meulin (© Blue Door Prod)