Trabant 601 : Tout un symbole du XXe Siècle

La Trabant 601 est à l’ex-RDA ce qu’est la 2CV à la France… Le symbole même d’un pays et d’une époque, celle du socialisme resplendissant (enfin c’est une question de point de vue) est-allemand, et paradoxalement, un symbole également de liberté via un événement historique incontournable dont nous célébrons aujourd’hui le 25eme anniversaire, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.Trabant 601 J’étais bien jeune, pourtant la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 m’a marqué, je me souviens encore du rassemblement devant le poste de télévision. C’est pourquoi, 25 ans après, en cette date anniversaire, nous ne pouvions pas passer à côté d’un petit sujet sur la Trabant, ou Trabi pour les intimes, c’est-à-dire à peu près tout le monde désormais.

TRABANT signifie compagnon

La RDA (Deutsche Demokratische Republik) a été créée le 7 Octobre 1949 à partir de l’occupation soviétique en Allemagne suite à la conférence de Potsdam en juillet 1945 qui aboutit à la partition de l’Allemagne en quatre zones d’occupation : américaine, soviétique, britannique et française. Notre histo-rédacteur Eddy et notre passionné maison Eric pourraient vous en parler des heures et c’est d’ailleurs ce que va faire le premier un peu plus loin et ce que ne manquera pas de faire le second dès qu’il en aura l’occasion.

La Trabant 601 est une automobile fabriquée entre 1964 et 1990 par l’entreprise d’État est-allemande VEB Sachsenring Automobilwerk Zwickau (AWZ) qui succède aux P50 et P60

En 1961, le bureau d’étude d’AWZ repense la Trabant tant dans le style que la motorisation. Le cahier des charges reste toutefois identique :

  • Place pour 4 personnes
  • Longue durée de vie
  • Entretien minimum à l’usage

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C’est ainsi qu’assez proche des lignes de la Peugeot 404, apparaît la P601 qui perd en rondeur. Sa motorisation reste identique à celle de la P50, un petit bycilindres deux-temps de moins de 600 cm3 développant la bagatelle de 26 chevaux mais capable malgré tout de propulser l’engin, qui pèse à peine plus de 600 kg, à 110 km/h, pour peu que vous en ayez le courage et que vous disposiez d’une ligne droite suffisamment longue… Elle est présentée en mars 1964 et AWZ pouvait dorénavant prétendre concurrencer la Volkswagen Coccinelle ou la DAF Daffodil.

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La 601 s’affiche à son lancement à un prix d’entrée de 1 000 Ostmarks qui était en fait très théorique puisqu’il ne tenait pas compte des multiples options dont certaines ont largement de quoi faire sourire (encore qu’un acheteur d’allemande de nos jours ne verra pas forcément le côté comique de la chose). Les jantes (oui oui, vous avez bien lu !), les sièges dits « conforts », le volant « spécial » (en réalité il n’existait aucun siège et volant de série voilà tout), les ceintures de sécurité (obligatoires pour l’immatriculation), le coloris brun, jaune ou jaune clair Sahara (les différences sont énormes n’est-ce pas). Vous en rêviez ?? Ils l’ont fait ! Le système de la cuisine équipée toute en options supplémentaires avait trouvé son maître en la matière. Pour autant la voiture n’est pas si ridicule qu’elle peut en avoir l’air, elle est par exemple nettement plus performante que notre Deuche, dispose d’un chauffage efficace et même d’essuie-glaces avec une position intermittente !! Quant au process industriel il était digne d’intérêt puisque la 601 recevait une carrosserie en Duroplast, un matériau thermodurcissable composé notamment de phénol (un produit dérivé de la distillation du charbon) et de fibres de coton, facilement malléable, AWS pouvait ainsi créer toutes les formes voulues (une seule donc…), à un détail près, c’est qu’il dégageait beaucoup de soufre lorsqu’il chauffait trop.

Cette Trabant fut d’ailleurs victime de son incroyable succès (enfin de “l’incroyable” façon régime communiste quand même) puisque 20 ans plus tard, les allemands devaient débourser entre 8 500  et 9 700 Ostmarks pour en acquérir une. Mais attention, à ce prix vous aviez droit à la gamme S, une sorte de Trabant 601 de luxe, un peu à la manière d’une S-Line chez Audi. Vous avez le droit de rire…. mais pas tant que ça car l’usine HORCH, située à ZWICKAU en Haute Saxe fut créée par August HORCH, l’un des pères de la marque aux anneaux. Un lien ? Un clin d’oeil ? Ou aucun finalement…

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Mais pour devenir l’heureux propriétaire (un bien grand mot dans l’ex-RDA) il faut toutefois préciser qu’il fallait se montrer très très gentil avec le gouvernement en place. Je m’explique, il existait en effet trois moyens d’accéder à la propriété d’une Trabant 601: soit l’automobiliste avait fait des B.A remarquables et remarquées soit il était un sycophante de haut vol (il n’y a pas vraiment une grande différence, à vous de choisir), soit enfin il obtenait un passe-droit de l’Etat.

L’acheteur devait de plus paisiblement attendre la chute du mur entre 10 et 15 ans pour avoir le plaisir de se mettre au volant de sa voiture. Oui, le retard de livraison était considérable, oui, la personne devait pouvoir se l’offrir en calculant sa dead-line et oui les occasions étaient bien plus chères et rares que les nouvelles, et pour cause ! Mais une fois la décennie passée, le futur propriétaire était accueilli en grande pompe à l’usine de Zwickau où une grande réception digne de ce nom était organisée pour la remise des clés. Glückwunsch !

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A partir de 1968, 500 000 Trabant sont livrées, mais il n’y aura plus d’améliorations réalisées. En 1982, 2 millions de Trabant 601 circulaient sur les routes est-allemandes.

Le 9 novembre 1989, les autorités de la RDA décident d’ouvrir une partie du Mur de Berlin. Les caméras du monde entier filment ces images incroyables d’une liberté retrouvée (et aussi pour beaucoup découverte) mais également des centaines de Trabant aux couleurs désuètes qui franchissent la frontière dans un nuage de fumée bleutée. La République Démocratique Allemande n’y survivra pas, son industrie automobile non plus.

Un peu d’Histoire pour finir sérieusement… avec Eddy P.

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Mais pourquoi le mur de Berlin s’écroule-t-il si soudainement le 9 novembre 1989 ?

Difficile d’apporter une réponse simple et catégorique sur une telle question historique. S’il est vrai qu’il y a eu en ce début novembre 1989 une forme d’accélération de l’Histoire qui a surpris assez largement les dirigeants des deux cotés du rideau de fer et a surtout effrayé la plupart des chancelleries européennes particulièrement réticentes à la perspective d’une réunification allemande, il ne faut pas pour autant voir cette chute du mur comme un événement totalement inattendu et déconnecté de son contexte. Comme pour tout moment majeur de l’Histoire du monde il y a des causes immédiates et des causes plus lointaines.

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Le 9 novembre 1989 doit tout d’abord être replacé dans le temps long qui le concerne, à savoir la Guerre Froide. Cette confrontation idéologique sans affrontement armé direct entre les deux superpuissances que sont les Etats-Unis et l’URSS éclate au sortir de la seconde guerre mondiale et prend forme « officiellement » en 1947 au travers des doctrines mises en place de part et d’autre (Truman et l’endiguement, Jdanov et l’anti-impérialisme, tout un programme…) qui vont dicter les politiques étrangères américaine et soviétique, et donc les relations internationales, pour le demi-siècle suivant tout en laissant planer en permanence sur l’ensemble de la planète le spectre de l’apocalypse nucléaire, seule guerre concevable à terme entre les deux grands. Pour autant il ne s’agit aucunement d’une confrontation linéaire et la guerre froide voit se succéder des périodes de tensions particulièrement fortes (la construction du mur en 1961 en est une) et des moments de réchauffement laissant penser à une normalisation des relations Est-Ouest.

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Précisément, au début des années 1980 et alors que la tension était retombée assez largement durant la décennie précédente, s’ouvre une période de Guerre Fraîche dans un contexte nouveau de crise économique internationale. Les Etats-Unis en difficulté durant les années 1970 (guerre du Vietnam, interventions discutables en Amérique du Sud, Révolution Islamique en Iran) décident avec Ronald Reagan notamment (America is back) de relancer la machine de guerre US et du même coup la logique de la course aux armements. Le problème c’est qu’en face on est à bout financièrement et le gouvernement américain en est parfaitement conscient. L’objectif est de faire craquer économiquement le bloc soviétique. Washington n’est d’ailleurs pas le seul à être au courant de l’état des finances soviétiques et le nouvel homme fort du Kremlin qui accède au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev découvre l’ampleur et l’étendue des dégâts, l’URSS est exsangue. Contrainte de consacrer près de 20 % de son PIB à la défense elle ne peut même plus assurer les dépenses courantes d’entretien sur son territoire et la catastrophe de Tchernobyl en 1986 en est hélas une terrible révélation.

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Gorbatchev se lance donc dans une politique de réformes pour maintenir son pays à flot et c’est ici que l’on peut véritablement le considérer comme l’un des artisans de la chute du mur de Berlin, même s’il ne l’avait aucunement envisagé ni même souhaité à l’origine. A l‘extérieur il est impératif de réduire l’arsenal nucléaire si couteux et l’URSS s’engage avec des Etats-Unis particulièrement méfiants sur la voie des traités de réduction des armes. Mais plus important pour notre propos il établi également en URSS une double politique réformiste aussi bien sur le plan économique, avec la Perestroïka, que politique et social avec la Glasnost. Cette volonté de libérer la parole et de redonner au moins en partie des libertés à son peuple va surtout assez largement déborder les frontières de l’URSS. Car outre le fait que ces réformes sont un échec en interne (l’économie soviétique rentre en récession et les nationalismes se déchaînent) elles vont inciter les pays du bloc soviétique à s’émanciper.

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Ainsi quand Gorbatchev se rend en RDA en octobre 1989 pour célébrer les 40 ans du régime est-allemand l’agitation est déjà forte dans les rues de Berlin-Est et il est acclamé presque comme un libérateur. Erich Honecker, au pouvoir en RDA depuis plus de 20 ans est totalement figé dans une posture révolutionnaire digne du stalinisme le plus conservateur que même Egon Krenz qui lui succédera brièvement et qui est un apparatchik de la première heure ne comprends plus vraiment. Depuis des semaines déjà les fissures apparaissent dans le bloc de l’Est car l’URSS de Gorbatchev applique la Glasnost à la lettre, ainsi dès mai 1989 la Hongrie a ouvert sa frontière avec l’Autriche et, comme avant 1961, les allemands de l’Est se précipitent en masse dans cette brèche pour tenter de fuir leur pays. En juin des élections libres sont organisées en Pologne et en Hongrie et les communistes sont battus. Et que ce soit à cette occasion où en octobre à Berlin-Est Gorbatchev ne réagit pas et ne réagira pas, bien au contraire. C’est un signal donné aux nombreux manifestants de la RDA, ils sont des centaines de millier dans les rues en novembre, ont obtenu le départ d’Honecker et font rapidement plier Egon Krenz qui démissionne le 7 novembre.

Il ne reste plus qu’à allumer la mèche, ce que fait Günter Shabowski secrétaire du Comité central de la SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, le parti socialiste allemand unifié au pouvoir) le 9 novembre en annonçant que « tous les citoyens de la RDA peuvent voyager à l’étranger sans aucune condition particulière ». Dès ce moment c’est la déferlante sur les postes frontières qui, très rapidement débordés, reçoivent l’ordre de ne pas intervenir et de laisser passer… Le mur de Berlin tombe, Rostropovitch joue, David Hasselhoff chante (oui tout n’est pas sous contrôle ce jour là), les Trabants débarquent…

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