L’exposition de concept-cars et belles voitures en plein Paris avait lieu du 29 janvier au 2 février. Voici ce que l’on pouvait y voir…
Première partie : les Concepts Cars.
Le Festival International Automobile a de nouveau élevé sa tente derrière les Invalides pour exposer les plus beaux concepts-cars et véhicules de sport de l’année passée. Un lieu emblématique pour voir ou revoir des belles de salon dont on se lasse difficilement, à l’image de la Porsche 918 Spyder qui faisait là sa première apparition à Paris, mais aussi des concept-cars Kia Provo, DS Wild Rubis, le duo Renault TwinRun et TwinZ, ou bien encore l’Onyx dans une version… oxydée ! C’est aussi l’occasion de retrouver des bolides qui ont marqué les esprits (Peugeot 208 T16 Pikes Peak) ou qui les marqueront certainement (Citroën C-Elysée WTCC), de quoi faire le lien entre une saison 2014 qui commence à peine sur les braises encore fumantes de 2013, et de tirer un trait d’union entre ces concept-cars d’un passé proche qui ébauchent l’automobile d’un futur encore lointain.
Les concept-cars Français
Cette année 2014, les constructeurs français étaient au rendez-vous des Invalides et sont chacun venus avec plusieurs concept-cars. Cela permet de voir les différences de design, plus ou moins profondes, entre différents concepts, qui montrent comment les designers s’adaptent aux formats de véhicules sur lesquels ils travaillent, mais aussi les évolutions d’inspirations suivies au fil du temps.
C’est particulièrement flagrant avec Renault. Le constructeur français a, au moyen de 7 concept-cars, tissé une “Marguerite” propre à montrer comment les codes de son nouveau style, insufflé par Laurens Van Den Acker, allaient s’adapter à chaque volume de la gamme au Losange, à chaque “moment de la vie” décomposé en 6 moments. En 2013 furent présentés les deux derniers pétales du Cycle de la Vie, mais sans nul doute les équipes de “LVDA” bruissent encore d’inspiration puisqu’ils ont décidé de dédoubler le 5ème concept. En effet, “Play” est censé représenter le moment du jeu mais aussi préfigurer la future Twingo III. Une Twingo dont le début du nom, “Twin” (jumelle), a poussé les designers à dédoubler le concept “Play” :
– avec TwinZ, conçue avec Ross Lovegrove et préfigurant la Twingo 5 portes ZE ;
– avec TwinRun, dessinée par Czaba Wittinger, réinterprétation de la R5 Turbo.
Si la réalisation est sympathique, on pourra déplorer toutefois qu’en présentant TwinRun les designers aient mis l’eau à la bouche de tout le monde, alors même qu’aucune déclinaison à 3 portes -ni de version RS d’ailleurs !- n’est prévue pour sur le programme Twingo III.
Troisième concept au Losange présent au Festival International Automobile, le sixième pétale : Initiale Paris. Interprétation de la “sagesse” (Wisdom), il préfigure la révolution de l’Espace, qui connaîtra bientôt une cinquième génération, sous la forme d’un véhicule élancé et plus sportif que “camionnette”. Avec cette silhouette, on pourrait même penser qu’il s’agira d’un crossover, alors que tout porte à croire qu’il s’agira d’un monocorps typé Ford S-Max. D’un violet assumé (et beau !), ce concept Initiale Paris est aussi l’initiateur d’une future ligne de produit chez Renault, à haute valeur ajoutée, bref, premium, sous le logo “Initiale Paris”. Et pour faire corps à son patronyme, il rend hommage à la capitale française au moyen d’un plan de Paris fraisé sur son plafond, ainsi qu’avec des décorations en dentelles métalliques que n’auraient pas renié les auteurs du Paris de la Belle Epoque.
Côté Peugeot, deux lionnes concept-cars étaient exposées : l’Onyx et la 308 R. Elles n’ont en commun que la “coupe franche” latérale, insufflée avec le Peugeot Design Lab, et une calandre qui marque le retour du Lion dans la grille ! C’est là un détail que l’on retrouvera à n’en pas douter très prochainement sur les futurs modèles de production… une production que devrait connaître la 308 R ! Son moteur, le THP 270 chevaux, existe déjà sur la RCZ-R ; et pour aller chercher la confrontation avec la VW Golf, il faut venir l’attaquer au moyen d’une gamme aussi lisible que la sienne.
L’histoire est en revanche différente pour l’Onyx: nulle production à attendre -on n’en attendait aucune de toute façon- mais une vie qui s’accélère. Recouverte partiellement de cuivre non-traité, la belle du Mondial 2012 a fait le tour du monde, des Champs-Elysées à Francfort. Au crépuscule de son existence médiatique, ce concept-car prend une autre allure, puisque le cuivre s’est oxydé -bien aidé par de l’acide nitrique- et revêt une teinte turquoise qui la change du tout au tout ! La manipulation était voulue et prévue par les designers Peugeot, qui souhaitaient faire “vivre” ce concept, au moins autant que son intérieur (composé de papier recyclé) et donc réussir à marier durabilité et ultra-performance. On peut être étonné du résultat, mais la démarche a le mérite d’innover. Dans un monde où l’apparence compte plus que tout, l’Onyx n’hésite pas à montrer son “âge” naissant. Espérons qu’elle ne se cache pas trop vite pour mourir.
Citroën présentait deux concept-cars : Cactus, et DS Wild Rubis. Mais, pour cette dernière, peut-on encore parler de Citroën ? Sans Chevrons, mais avec les deux lettres mythiques, dans sa calandre, le Wild Rubis est la préfiguration du futur SUV “DS” réservé au marché chinois et qui sera présenté en 2014. C’est aussi l’occasion pour “DS” de montrer son design, après un concept Numéro 9 qui avait ébauché les codes stylistiques tout en conservant les doubles chevrons. Le divorce consenti avec la maison mère est désormais plus que concret : il se fait même plus flagrant une fois mis en opposition avec le concept Cactus, salué par André et son chapeau !
Car ce Cactus, qui ne pique pas (encore !) la concurrence, annonçait trait pour trait lui aussi le crossover Citroën de segment B+. D’allure nouvelle pour Citroën, c’est surtout dans son esprit qu’il innove : “essentiel”, le C4 Cactus sera un véhicule compact (4m15), dépouillé, mais pas low cost, afin de répondre à une demande pressante des automobilistes qui est de ne plus être absous par l’équipement électronique embarqué notamment. Le retour à la simplicité du C4 Cactus va innerver la gamme Citroën, qui va de plus en plus désormais répondre aux logiques “essentielles”, tandis que le pendant luxueux et haut-de-gamme sera assuré par la Ligne DS. Un pari d’ampleur pour clarifier les positionnements stratégiques de Peugeot et Citroën, trop souvent concurrents sur les mêmes segments, et qui permettra peut-être de retrouver des Citroën pétillantes de jeunesse (bien que les chromes et le sérieux de la Ligne DS leur aillent tout aussi bien).
Les concepts-cars du monde entier
Deux concept-cars “binationaux” étaient présentés également au Festival International : la BMW Gran Lusso et la Kia Provo. Pourquoi “binationaux” ? Parce que la Bavaroise doit ses traits aux Italiens de Pininfarina, et parce que la Coréenne est née en Allemagne ! Cependant, ces deux coupés, qui n’ont de comparable que le nombre de portes, propose l’un et l’autre de belles interprétations modernes du plaisir de conduite. La BMW, avec force luxe, faste et lustre, s’impose comme vaisseau amiral d’une possible déclinaison coupée de la limousine Série 7, propre à menacer la Mercedes S-Coupé ; la Kia, avec une face avant mutine, un format compact et des roues repoussées dans les coins, suscite bien plus l’envie de jouer et badiner à son volant. Signalons au passage que Kia était venu avec une maquette 1/1 et une maquette 1/5 en clay de la Provo, pour montrer le processus de design d’un concept-car au grand public.
Reste l’Opel Monza : le grand concept du Blitz pour Francfort avait pour but de montrer le changement stylistique en cours chez Opel, en ressuscitant un patronyme célèbre, celui du coupé Monza, sous la forme d’un large véhicule bicorps à 4 places et doté de deux immenses portes papillon articulées sur le toit. L’intérieur n’est pas en reste, en grande partie tactile, permettant à ce véhicule une certaine légèreté visuelle que son profil ne supposait pas de prime abord. Une belle réalisation… à confirmer pour Opel qui montrait là une possible vision de la remplaçante de l’Insignia (qui a parlé de Signum ?) mais qui est encore trop loin de la production pour présenter des traits concrets de futurs modèles. Alors certes, c’est une critique facile : nous ne boudons cependant pas notre plaisir de voir que les constructeurs sont encore capables de véritables études de styles sans lendemain.
Autre véritable concept-car sans lendemain, le Giugiaro Parcours. Depuis que le cabinet de design est dans le giron du groupe Volkswagen, ses affaires vont mieux, et ce Parcours a en partie servi d’inspirateur au concept-car Audi Nanuk. Espérons de futures autres réalisations toute aussi originales de la part de Giugiaro.
Crédit photographique : Ugo Missana et François Mortier pour BlogAutomobile.fr