Les variantes Cross Country, c’est pas non plus une grande nouveauté au sein de la gamme Volvo, puisque la première itération du break baroudeur est apparue en 1997. Depuis, c’est devenu tellement mainstream que même Mercedes-Benz en commercialise un. Bref, on ne change pas une équipe qui gagne : prenez un break Volvo, augmentez sa garde au sol (+ 6.5 cm, ici), entourez la carrosserie de protections, éventuellement un petit sabot sur les pare-chocs en authentique faux alu et banco, vous avez votre Cross Country. Un mariage qui prend bien avec ce V90. Alors vous pouvez dire que le résultat est réussi, élégant, raffiné, classieux, qu’il a du chien, de la prestance, tout ce que vous voulez : on tombera sûrement d’accord sur le fait que ce break baroudeur est beau, tout simplement. Le séduisant Brun ténébreux Érable et les jantes de 20’’ contribuent sûrement à cette impression.
Passons donc aux éléments plus factuels : malgré la garde au sol rehaussée, on peut trouver une position de conduite aux petits oignons, avec une large amplitude de réglage des sièges et du volant. La banquette arrière est ultra accueillante, avec des passagers aux petits soins : en témoignent les quatre buses d’aération proposées, les deux places latérales chauffées (en option) et les désormais célèbres strapontins intégrés. Sans compter la place, plus que convenable : le toit ouvrant panoramique n’interdit pas ici les passagers de plus de 1.35m et c’est heureux. Terminons sur le coffre, qui pêche un peu. Alors 560 litres, dit comme ça, ça paraît énorme…mais une Classe E break de même taille en propose 640 et une Superb Combi 660, tout en mesurant 8 cm de moins. Sans compter que le hayon incliné, c’est certes très joli, mais ça pénalise le volume jusqu’au plafond, domaine où les breaks Volvo étaient jusqu’à présent maître en la matière.
Allez, en route. Vu que j’étais parti sur un essai pas mal kilométré, j’ai opté pour la même recette qu’Ancelin avec son A5 cab : un duo voiture confortable / moteur raisonnable. En l’occurrence, le D4 maison, un 4 cylindres 2.0 diesel biturbo développant 190 ch et 400 Nm dès 1 750 tr/min. Commençons par ce qui frappe en premier : la sonorité. De l’extérieur, on a droit à quelque chose entre le Massey Ferguson en pleine charge et l’Aixam 400 tunée par gégé_du_59. Ni glam, ni quali, ni agréable. Heureusement, l’insonorisation intérieure fait totalement disparaître ce vilain bourdonnement. Passons donc au deuxième point : 190 ch pour un bestiau de 1 840 kg à vide, c’est pas un peu juste ? En un mot comme pour cent : non. Ce fut d’ailleurs une belle révélation : coupleux, souple et volontaire, ce bloc m’a totalement séduit. Associez-le à une BVA8 toute douce et suffisamment douée pour se trouver au bon rapport au bon moment et nous sommes clairement en présence d’un groupe moto-propulseur de première qualité. A tel point que je ne vois pas vraiment l’intérêt de taper dans le D5 de 235 ch, voire le T6 de 320. Cerise sur le gâteau : une consommation très raisonnable. Après un peu plus de 1 600 km, majoritairement réalisés sur autoroute, l’ordinateur de bord m’affichait un joli 7.1 l/100 km. Pas mal pour une auto à transmission intégrale permanente qui doit taper dans les deux tonnes avec les pleins faits.
Un moteur agréable, donc, mais l’expérience à bord va bien au-delà de ça. Le confort général est assez splendide, malgré les jantes de 20 pouces (et probablement grâce aux suspensions pneumatiques, une option à 1 980 € dont était équipé mon modèle). Les sièges font honneur à la tradition de la marque en permettant aux occupants d’abattre les bornes sans aucune gêne ou inconfort ; ma version Luxe les rendaient même chauffants, ventilés et massants –il faut que je précise que c’était la première fois que je ne désactivais pas cette option au bout de 30s : les différents programmes sont réellement agréables et relaxants. Quant aux aides à la conduite, elles sont satisfaisantes. Dans les bouchons, le Pilot Assist a la présence d’esprit de garder sa position sur la voie (en clair, si on se pousse sur la droite/gauche pour laisser passer les motos, la voiture ne se remettra pas au centre), en plus de ne quasiment jamais demander au conducteur de toucher le volant. Sur les grands axes, cependant, on se dit que ce système est bien un assistant, rien d’autre : dans la majorité des cas, les courbes sont bien lues et tout se passe bien, mais, de temps en temps, la voiture va se dire « oh j’ai pas envie » et commencera à tirer tout droit. Sans compter les sorties d’autoroute quand on se trouve sur la voie de droite : j’avais systématiquement droit à un début de sortie, avant que le système ne se ravise et se replace d’une petite impulsion sur la direction. Mis à part ça, encore une fois, RAS 97% du temps, et le Pilot Assist contribue à apaiser encore un peu plus le trajet.
Terminons la partie bien-être à bord avec l’incontournable sono Bowers & Wilkins, toujours aussi chère (3 400 €, déguste) mais toujours aussi remarquable. Alors que j’étais seul sur une autoroute déserte, un soir très tard, j’ai craqué et demandé à Spotify de passer mon pêché mignon : la psytrance. Et j’ai été absolument époustouflé par le rendu du truc : à aucun moment les basses n’ont saturé. A cette satisfaction auditive s’ajoutait un plaisir un peu plus cérébral : celui d’écouter de la pure musique de drogué via une installation hifi hors de prix, le tout dans le confort, le cuir et le bois d’une voiture de luxe.
Oui oui, j’ai bien utilisé le terme « luxe ». Pas « haut de gamme », pas « premium », « luxe ». Car pour moi, la Volvo V90 Cross Country en est bien une, de par son élégance, sa sophistication et sa façon bien à elle de rendre chaque trajet agréable, comme une petite bulle dans l’enfer du quotidien. L’exemplaire que Volvo m’avait prêté dépassait allégrement les 75 000 € -pour, rappelez-vous, un 4 cylindres diesel de 190 ch. Mais figurez-vous que la voiture respirait le luxe, comme une évidence ; le moindre élément rappelant et justifiant la somme demandée. Au pire, dites-vous que le malus est de « seulement » 353 € et que la consommation est extrêmement raisonnable.
Merci à Volvo pour l’aimable prêt.
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