Essai : Volvo V90 Cross Country D4. Pommes de Terre de Noirmoutier en écrasé, Chips de Morteau, servi comme à la Maison.

Nous sommes un vendredi après-midi. Le périphérique parisien, englué par les bouchons, suffoque sous la canicule ; un énième pic de pollution achève de rendre l’air parfaitement irrespirable. Et je suis bloqué dedans. Mais je ne me plains pas : Sia m’interprète un déchirant piano-voix de Chandelier depuis l’auditorium de Göteborg, la climatisation est finement réglée, les multiples filtres purifient l’air, le vitrage feuilleté m’isole du chaos extérieur. Je n’ai à gérer ni la vitesse, ni la direction : la voiture s’en charge pour moi. Le siège conducteur, lui, me masse les épaules tout en m’envoyant un doux filet d’air dans le dos afin que je ne transpire pas. Mes compagnons de galère, eux, ne voient qu’un break Volvo, sans s’imaginer que l’Éden se trouve juste derrière cette jolie carrosserie.

Eh oui, huez-moi, méprisez-moi, détestez-moi, mais j’ai passé mon week-end à bord du nouveau Volvo V90 Cross Country. Alors la famille 90, on commence à connaître sur le blog : que ce soit le XC90 (ici et ), la S90 (juste ici), le V90 (hop, hop et hop) ou même au complet (paf), elle a été largement couverte par nos soins. Seulement une nouvelle version vient de débouler dans les concessions : par pur professionnalisme, et uniquement pour vous faire plaisir, je me suis dévoué pour l’essayer.

Les variantes Cross Country, c’est pas non plus une grande nouveauté au sein de la gamme Volvo, puisque la première itération du break baroudeur est apparue en 1997. Depuis, c’est devenu tellement mainstream que même Mercedes-Benz en commercialise un. Bref, on ne change pas une équipe qui gagne : prenez un break Volvo, augmentez sa garde au sol (+ 6.5 cm, ici), entourez la carrosserie de protections, éventuellement un petit sabot sur les pare-chocs en authentique faux alu et banco, vous avez votre Cross Country. Un mariage qui prend bien avec ce V90. Alors vous pouvez dire que le résultat est réussi, élégant, raffiné, classieux, qu’il a du chien, de la prestance, tout ce que vous voulez : on tombera sûrement d’accord sur le fait que ce break baroudeur est beau, tout simplement. Le séduisant Brun ténébreux Érable et les jantes de 20’’ contribuent sûrement à cette impression.

Pour ce qui est de l’habitacle, je vais manquer cruellement d’originalité. Oui, c’est très beau, oui, c’est très bien fini, oui, le cuir est sublime, oui, le volant bi-ton est à la fois original et bien pensé. Tout ça, vous le savez déjà. Ce que vous savez aussi, mais ce que je vais répéter (parce que ça me semble important), c’est à quel point cette proposition tape dans le mille. Cet intérieur est incroyablement chaleureux et confortable. Le truc qu’on a tendance à oublier, en fait, c’est qu’on passe beaucoup plus de temps à bord de nos autos qu’à les contempler de l’extérieur. Du coup, quand je vois l’intérieur d’une concurrente fraîchement dévoilée (qui commence par Au et qui finit par di A8), je trouve ça tellement froid, tellement clinique, tellement chirurgical que je ne m’y vois pas dedans. Comme si l’humain était annihilé ; la Volvo, de l’autre côté, semble nous accueillir à bras ouverts. La technologie est omniprésente dans les deux cas, mais, dans le V90, on sent qu’elle est uniquement là pour notre confort et notre bien-être. C’est agréable 🙂 Ainsi, l’écran central est d’une ergonomie sans faille, la commande vocale performante, les compteurs numériques affichent les infos nécessaires et je pourrais encore continuer longtemps… Bref, vous avez compris ce que je voulais dire.

Passons donc aux éléments plus factuels : malgré la garde au sol rehaussée, on peut trouver une position de conduite aux petits oignons, avec une large amplitude de réglage des sièges et du volant. La banquette arrière est ultra accueillante, avec des passagers aux petits soins : en témoignent les quatre buses d’aération proposées, les deux places latérales chauffées (en option) et les désormais célèbres strapontins intégrés. Sans compter la place, plus que convenable : le toit ouvrant panoramique n’interdit pas ici les passagers de plus de 1.35m et c’est heureux. Terminons sur le coffre, qui pêche un peu. Alors 560 litres, dit comme ça, ça paraît énorme…mais une Classe E break de même taille en propose 640 et une Superb Combi 660, tout en mesurant 8 cm de moins. Sans compter que le hayon incliné, c’est certes très joli, mais ça pénalise le volume jusqu’au plafond, domaine où les breaks Volvo étaient jusqu’à présent maître en la matière.

Allez, en route. Vu que j’étais parti sur un essai pas mal kilométré, j’ai opté pour la même recette qu’Ancelin avec son A5 cab : un duo voiture confortable / moteur raisonnable. En l’occurrence, le D4 maison, un 4 cylindres 2.0 diesel biturbo développant 190 ch et 400 Nm dès 1 750 tr/min. Commençons par ce qui frappe en premier : la sonorité. De l’extérieur, on a droit à quelque chose entre le Massey Ferguson en pleine charge et l’Aixam 400 tunée par gégé_du_59. Ni glam, ni quali, ni agréable. Heureusement, l’insonorisation intérieure fait totalement disparaître ce vilain bourdonnement. Passons donc au deuxième point : 190 ch pour un bestiau de 1 840 kg à vide, c’est pas un peu juste ? En un mot comme pour cent : non. Ce fut d’ailleurs une belle révélation : coupleux, souple et volontaire, ce bloc m’a totalement séduit. Associez-le à une BVA8 toute douce et suffisamment douée pour se trouver au bon rapport au bon moment et nous sommes clairement en présence d’un groupe moto-propulseur de première qualité.  A tel point que je ne vois pas vraiment l’intérêt de taper dans le D5 de 235 ch, voire le T6 de 320. Cerise sur le gâteau : une consommation très raisonnable. Après un peu plus de 1 600 km, majoritairement réalisés sur autoroute, l’ordinateur de bord m’affichait un joli 7.1 l/100 km. Pas mal pour une auto à transmission intégrale permanente qui doit taper dans les deux tonnes avec les pleins faits.

Un moteur agréable, donc, mais l’expérience à bord va bien au-delà de ça. Le confort général est assez splendide, malgré les jantes de 20 pouces (et probablement grâce aux suspensions pneumatiques, une option à 1 980 € dont était équipé mon modèle). Les sièges font honneur à la tradition de la marque en permettant aux occupants d’abattre les bornes sans aucune gêne ou inconfort ; ma version Luxe les rendaient même chauffants, ventilés et massants –il faut que je précise que c’était la première fois que je ne désactivais pas cette option au bout de 30s : les différents programmes sont réellement agréables et relaxants. Quant aux aides à la conduite, elles sont satisfaisantes. Dans les bouchons, le Pilot Assist a la présence d’esprit de garder sa position sur la voie (en clair, si on se pousse sur la droite/gauche pour laisser passer les motos, la voiture ne se remettra pas au centre), en plus de ne quasiment jamais demander au conducteur de toucher le volant. Sur les grands axes, cependant, on se dit que ce système est bien un assistant, rien d’autre : dans la majorité des cas, les courbes sont bien lues et tout se passe bien, mais, de temps en temps, la voiture va se dire « oh j’ai pas envie » et commencera à tirer tout droit. Sans compter les sorties d’autoroute quand on se trouve sur la voie de droite : j’avais systématiquement droit à un début de sortie, avant que le système ne se ravise et se replace d’une petite impulsion sur la direction. Mis à part ça, encore une fois, RAS 97% du temps, et le Pilot Assist contribue à apaiser encore un peu plus le trajet.

Terminons la partie bien-être à bord avec l’incontournable sono Bowers & Wilkins, toujours aussi chère (3 400 €, déguste) mais toujours aussi remarquable. Alors que j’étais seul sur une autoroute déserte, un soir très tard, j’ai craqué et demandé à Spotify de passer mon pêché mignon : la psytrance. Et j’ai été absolument époustouflé par le rendu du truc : à aucun moment les basses n’ont saturé. A cette satisfaction auditive s’ajoutait un plaisir un peu plus cérébral : celui d’écouter de la pure musique de drogué via une installation hifi hors de prix, le tout dans le confort, le cuir et le bois d’une voiture de luxe.

Oui oui, j’ai bien utilisé le terme « luxe ». Pas « haut de gamme », pas « premium », « luxe ». Car pour moi, la Volvo V90 Cross Country en est bien une, de par son élégance, sa sophistication et sa façon bien à elle de rendre chaque trajet agréable, comme une petite bulle dans l’enfer du quotidien. L’exemplaire que Volvo m’avait prêté dépassait allégrement les 75 000 € -pour, rappelez-vous, un 4 cylindres diesel de 190 ch. Mais figurez-vous que la voiture respirait le luxe, comme une évidence ; le moindre élément rappelant et justifiant la somme demandée. Au pire, dites-vous que le malus est de « seulement » 353 € et que la consommation est extrêmement raisonnable.

En fait, cette V90 Cross Country, c’est un peu une saucisse-purée servie dans un restaurant étoilé. Alors je vous entends d’ici « nia nia nia on va pas dans un étoilé pour une saucisse-purée », mais laissez-moi vous expliquer. Imaginez un chef qui aurait envie de faire un plat authentique, convivial, réconfortant. Bim : saucisse purée. Mais notre petit chef, il va s’efforcer de trouver les meilleurs ingrédients possibles, de les cuisiner à la perfection et de faire quelques trouvailles pour une présentation originale. Le résultat : un mélange parfait entre l’exclusivité des ingrédients de toute première qualité et le côté « on est à la maison » de la recette, que notre chef a réussi à conserver. Vous voyez où je veux en venir ? Bah voilà. C’est ça, le V90 Cross Country.

Crédits photos : Ugo Missana.

Merci à Volvo pour l’aimable prêt.

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