Essai : Ford Focus ST EcoBoost, l’Athlète

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J’avais été particulièrement enthousiaste à propos de la Fiesta ST et de sa faculté à savoir donner du fun à ses occupants. Dans le jeu des sept familles, après la petite sœur, je demande… l’ainée. Voici donc entre nos mains et sous nos yeux aujourd’hui, la Ford Focus ST EcoBoost.

En ce beau vendredi du mois de juin, il n’y avait rien de mieux qu’une voiture amusante pour terminer la semaine en beauté et profiter du week-end comme il se doit. Me voici donc à la Maison Mère de Ford à attendre que ma compagne éphémère à quatre roues se prépare et à admirer les rutilantes Mustang de toutes les motorisations, couleurs et variantes fraichement revenues de leur road-trip en Normandie (dont Hervé vous parlera bientôt ici même)… Remise des clés par l’équipe de comm’ de Ford et direction un petit parking où sont entreposés les véhicules réservés aux essais, où m’attend la belle. Et là, surprise, l’exemplaire dont je prends possession le temps d’un week-end est le même que celui éprouvé sur le Nurburgring par mon cher collègue Gabriel quelques semaines plus tôt. Au moins, je sais que la voiture a pris quelques tours avant moi et que les plaquettes ont déjà été changées…

N’ayant pas l’expérience de conduite sur circuit de Gabriel, je vous laisse aller ici pour connaître les possibilités de la bête (la voiture, hein) sur piste. Pour ma part, je vais très humblement vous donner mes impressions sur la Focus ST au quotidien. Est-elle aussi polyvalente qu’efficace ? C’est parti !

Inutile de tourner autour du pot, la Focus ST, qui plus est dans cette robe jaune orangé « Tangerine Scream », est aux antipodes de la discrétion. Là où la Fiesta ST était un brun plus discrète (tout est relatif), Ford a décidé de mettre le paquet sur sa compacte pour la distinguer des TDCI grises que l’on peut croiser à quasiment chaque coin de rue. Le look de cette ST est ainsi travaillé et plutôt efficace : les lignes sont acerbes et les éléments de carrosserie dédiés à cette gamme sportive rendent la voiture bestiale, voire méchante. Entre sa calandre style Aston Martin noire, les jantes de 18 pouces, l’impressionnant becquet ou encore la superbe sortie d’échappement centrale, la Focus ST en impose et montre clairement ce qu’elle a dans le ventre sans aucune retenue. Même à l’arrêt, la voiture semble constamment en mouvement grâce à un dessin aérodynamique plus que réussi et une certaine homogénéité dans la répartition de ses proportions, et ce malgré une voiture imposante en version « traditionnelle ». Inutile de préciser que le look et la couleur de notre modèle a fait tourner plus d’une tête sur son passage…

En 2015, un élément a une importance prépondérante dans le design d’une voiture : la signature lumineuse. C’est grâce à elle que l’on va identifier (pour les plus aguerris) les A1, DS3, Classe C ou encore…Focus dans la pénombre. L’utilisation massive des xénons, LED et Laser a permis ce travail et je dois dire qu’après m’être régalé avec le clignotant progressif et les phares 100 % LED de la 308 GT la semaine dernière, ceux de la Focus ST ne m’ont, eux non plus, pas laissé insensible. Les projecteurs de notre canari endiablé sont ainsi aussi efficaces (ils ajustent l’angle et l’intensité des faisceaux selon la vitesse et l’angle du volant) que beaux, et permettent de renforcer le côté « brutal » de sa face avant. Concrètement, avec sa couleur, sa calandre et ses feux, notre Focus ST incite chaque automobiliste à se rabattre pour lui laisser la voie libre et laisser chanter ses fantastiques cordes vocales…

À l’intérieur, la Focus ST reprend les caractéristiques des versions traditionnelles en terme de qualité perçue, de finition et d’ergonomie générale de la planche de bord, tout en se distinguant par plusieurs éléments dédiés au sport et à la performance. ST oblige, Ford a, comme sur la Fiesta, installé d’énormes baquets Recaro assortis à la teinte de la carrosserie, un volant à méplat, un pédalier spécifique et tout un panel de diodes rouges disséminées dans l’habitacle qui l’illuminent une fois la nuit tombée (« Too much » ou détail qui tue ? Moi j’aime bien : ça participe au folklore et vous fait croire le temps d’un instant que vous êtes dans Need for Speed). Cerise sur le gâteau, les trois petits manomètres de pression/température d’huile et de pression du turbo trônant sur la planche de bord, plus gadgets qu’utiles mais toujours sympas dans un gros jouet comme celui-ci.

Mention spéciale à l’excellent, que dis-je, au grandiose, système multimédia SYNC 2. Ce dernier a permis à Ford de remédier à la poussée d’acné ergonomique dont était victime l’ado de la famille ST (la Fiesta), et d’améliorer considérablement l’expérience du conducteur et de son copilote en centralisant toutes les fonctions sur un écran tactile de 8 pouces en lieu et place des dizaines de boutons et du microscopique écran du SYNC 1. Merci Ford.

Concrètement, climatisation, téléphone, musique et GPS sont accessibles par le biais du système SYNC 2, dont l’interface est rassurante et bien conçue. Les menus sont enfin clairs et les différentes fonctionnalités accessibles en quelques secondes, soit via l’écran, soit via la très efficace commande vocale ; une évidence lorsqu’on conduit que malheureusement peu de constructeurs ont encore compris (coucou Mercedes notamment). SYNC se synchronise donc avec votre iPhone et intègre une prise en charge de Spotify plus que poussée avec une app dédiée en son sein qui permet par exemple de choisir un titre ou une liste de lecture grâce à la commande vocale. Ça, je suis fan. Le système son est lui plutôt bon (à condition d’aller fouiller un petit peu dans les paramètres), alors que le GPS fait correctement son job en proposant des itinéraires et indications aussi clairs que fiables. Un sans-faute.

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En parlant d’équipements, la Focus ST est une voiture bien dans son temps qui propose, en mettant la main au porte-feuilles, de bénéficier de presque tous les raffinements technologiques possibles en 2015. Ainsi, notre modèle d’essai pouvait par exemple compter sur le Pack Sécurité Intégrale qui inclue le freinage automatique en cas d’obstacle (humain ou animal), l’alerte de franchissement de ligne sous la forme d’une petite vibration dans le volant, la lecture des panneaux de signalisation, l’éclairage intelligent avec les feux de route automatiques, la surveillance de la vigilance du conducteur ou encore la surveillance active des angles morts (BLIS). Ce pack, facturé 1000 €, est utile mais pas indispensable sur une voiture qui préférera les grande étendues et routes à lacets aux embouteillages et paysages urbains. Même si je dois avouer que le BLIS et la lecture des panneaux (même ceux de chantiers !) sont deux fonctions extrêmement pratiques au quotidien qui devraient être de série sur tous les véhicules aujourd’hui… On préférera par exemple lui greffer un pack style la dotant de superbes jantes de 19 pouces et des étriers rouges (600 €), l’imposant becquet (150 €), les excellents phares bi-xénon dynamiques aussi utiles que beaux (1100 €), la caméra de recul (250 €), indispensable pour réussir à caser l’imposant arrière-train de la Focus sans l’égratigner en ville, et bien entendu le système multimédia SYNC 2 (1150 €).

Agréable à vivre grâce à sa pléthore d’équipements, la Focus ST peut également compter sur une habitabilité dans la haute moyenne de la catégorie, une multitude de rangements et une malle conséquente (363 L). Sans pour autant être une familiale, cette Focus sur-vitaminée permet de partir en vacances sans avoir à faire de concessions sur le nombre de valises et de personnes à emporter, là où par exemple une Mégane RS joue plus le côté look que le côté pratique.

Bon, et au volant, ça donne quoi ?

La Focus ST est une sportive. Une vraie, une affirmée, une pure et dure. Au diable la discrétion, au diable le confort, au diable Chantal Perrichon, c’est une machine à produire du fun et à vous offrir des montées d’adrénaline sans effort (la voiture, pas Chantal).

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Sous son imposant capot, la Focus ST renferme un 4 cylindres 2.0 EcoBoost de 250 chevaux dont je vous passe les caractéristiques détaillées car déjà présentées par notre ami Gabriel. Je ne peux qu’être d’accord avec les impressions de mon homologue sur la belle, même si j’avoue ne pas avoir eu l’occasion de titiller les 250 km/h et de faire fumer, au sens propre, ses plaquettes de frein.

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Je peux toutefois attester que cette Ford Focus ST est une sportive extrêmement saine. Elle propose un comportement homogène qui pardonne les erreurs qu’elle nous pousse à commettre tout en nous envoutant par un bruit phénoménal. Artificiellement reproduit sans tomber dans le ridicule (coucou la 308 GT et son faux vacarme dans les enceintes Denon), le rauque concerto fournit par la ST éveille nos sens et nous pousse à appuyer sur la pédale pour arriver aux alentours des 3500 tr/min, Saint-Graal de ce moteur EcoBoost puisque c’est à ce niveau que la belle lâche tout : des chevaux aux décibels.

Les impressionnants baquets Recaro sont à l’image de la voiture : exubérants. C’est non sans plaisir que j’ai retrouvé (puisque déjà éprouvés dans la Fiesta ST) ces imposants fauteuils qui enferment, littéralement, dans un univers de sportivité où seule l’efficacité est importante. Et figurez-vous qu’en plus d’être là pour le look, ils servent ces baquets… La Focus accélère très fort en abattant le 0-100 km/h en 6,5 secondes. Les 360 Nm de couple ne passent pas sans encombre dans les roues avant et l’on ressent, en appuyant de façon plus que prononcée sur la Sainte-pédale, des pertes de motricité conséquentes. Dommage que Ford ne lui ai pas greffé un vrai différentiel électronique, à l’image de l’excellent Q2 d’Alfa Romeo sur sa Giulietta QV (que j’ai essayé ici). Il faudra donc doser finement son accélération tout en jouant habilement avec la très bonne boîte de vitesse pour avoir une poussée linéaire et agréable vers le septième ciel.

La boîte, d’ailleurs, est l’une des principales qualités de cette Focus ST. À défaut d’avoir des modes de conduite pour changer le comportement de la voiture, c’est grâce à elle que la compacte boostée trouve sa polyvalence par une plage d’utilisation extrêmement large des rapports et une conduite qui se veut directe et efficace. Les rapports s’enchainent sans encombre (à condition d’avoir une jambe gauche musclée vue la lourdeur de la pédale d’embrayage, mais on s’y fait) et le moteur reste coupleux à tous les régimes. On peut ainsi la jouer « smooth » en les passant autour des 3000 tr/min et se contenter d’un ronronnement, ou alors écouter son cœur et voir l’aiguille monter, monter et encore monter jusqu’à ce que le 4 cylindres vous demande de lui donner un nouveau souffle une fois les 6000 tr/min atteints. Sixième vitesse passée, la Focus ST se transforme en routière et le moteur s’efface pour laisser le silence envahir l’habitacle ; un véritable bonheur sur autoroute. Surtout qu’en jouant le jeu et en conduisant tranquillement, elle ne consomme que 8 L/100 km (contre environ 16 L/100 km en s’amusant), une belle performance qui m’a permis d’obtenir une conso’ moyenne au cours de mon essai, ponctué de périodes d’accalmie puis de furie, de 11 L/100 km.

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Là où ça peut être moins cool, sur route, c’est au niveau du confort. Si votre objectif à son volant est comme le mien, vous amuser, le bien-être de vos lombaires ne sera que secondaire. Toutefois, votre passager ne sera peut-être pas de cet avis et fera de cette Focus ST sa pire ennemie. Sportive, même pour votre dos, cette petite bombe. L’amortissement comme la direction sont fermes (pourtant je suis habitué par mes divers essais et ma MiTo au quotidien) et vous permettent de goûter à la moindre aspérité de la chaussée. Bref, on sait ce qui se passe sous nos roues, on aime ou on déteste… Moi j’adore ! La chausse en 18 pouces ainsi que la fermeté de l’assise n’aident en rien au confort de la Focus ST. Il eût été judicieux, pour plaire au plus grand nombre et pour lui donner un peu plus de polyvalence, de la doter d’une suspension pilotée et de pouvoir choisir parmi un panel de modes de conduite de façon à rendre le confort de notre compact moins… radical. On achète une sportive, on a une sportive jusqu’au bout des ongles : voici en quelque sorte la philosophie de Ford, et je la partage.

Au diable le confort, place à l’amusement. Grand soleil, petite brise, Vallée de Chevreuse : cocktail de fun garanti en cette looooooongue journée du 21 juin. Si vous ne connaissez pas le coin, sachez que la Vallée de Chevreuse est un terrain de jeu à ciel ouvert à quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest de Paris, entre les Yvelines et l’Essonne. Mon circuit favori part de Rambouillet, passe par les Vaux de Cernay, Dampierre, la fameuse Route des 17 tournants (inutile de vous faire un dessin sur la topographie de cette portion) puis se termine sur l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. Et figurez-vous qu’en plus du côté « routes canons » fréquentées par tous les fans de mécanique à deux ou quatre roues le week-end (on y croise aux beaux jours les plus belles voitures d’hier et d’aujourd’hui), ce parc naturel compte des lieux aussi variés qu’impressionnants mais aussi quelques endroits sympas pour déjeuner des grillades sur des tables en bois (le Chalet des Cascades, pour ne pas le citer) ou se balader dans de pittoresques paysages (l’Abbaye des Vaux de Cernay). Voici en prime une petite promenade sur l’une de ces routes…

Revenons-en à notre bombinette. Me voilà donc parti pour une après-midi de fun à son volant… Le grip des GoodYear Eagle F1 est excellent, l’avant se place où bon nous semble et la Focus peut compter sur un châssis assez sain pour être bousculée sans se déhancher et sans prendre de roulis. Enchaîner les virages à son volant est un plaisir et relancer à chaque sortie de courbe en entendant ce moteur (ou plutôt ces enceintes) produit en nous ce petit quelque chose indescriptible qui donne naissance à un sourire sur nos visages. Hors Nürburgring, les freins ne montrent quant à eux aucun signe de faiblesse et l’on peut compter sur une pédale à la course suffisamment ample pour doser le freinage comme bon nous semble. Les lignes droites dans la pénombre de la Forêt de Rambouillet sont l’occasion de mettre le pied au plancher et de voir à quel point cette Focus ST accélère fort et libère toute sa puissance au-delà des 4000 tr/min ; le manomètre de pression du turbo s’affole alors au même rythme que votre palpitant, le pied quoi.

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Les 250 ch de la Focus s’expriment pleinement et sans retenue, là où les 240 de la Giulietta QV semblent maintenant être des poulains affamés. Comparer une vraie sportive à une GT n’est pas la plus intelligente des choses tant la philosophie des deux voitures est différente, mais il faut avouer que la Focus offre des sensations assez proches de celles d’une Mégane RS tout en étant plus compétitive et un peu plus polyvalente que la française…

Et là se trouve le gros avantage de la Focus ST : son prix. Affichée à partir de 29 000 €, il faudra néanmoins lui rajouter près de 4000 € d’options pour obtenir une voiture ayant de la gueule et suffisamment équipée, soit 33 000 €. Ce rapport performance/efficacité/prix est unique et fait de la Focus ST une voiture hyper compétitive et bien moins chère à l’achat qu’une Golf GTI, qu’une Mégane RS ou qu’une future Peugeot 308 GTI. Sachez enfin que Ford la propose également en version diesel (TDCI 185 ch) et en break, pour les papas pressés.

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Finalement, cette balade en Focus ST n’a fait que confirmer toutes les bonnes impressions que j’avais sur la Fiesta ST. Ford excelle dans la mise au point de sportives funs, faciles à prendre en main et ayant un look à la hauteur de ce qu’elles ont dans le ventre tout en les affichant à des tarifs plus qu’attrayants. La famille ST m’a mis l’eau à la bouche et je dois dire que l’arrivée prochaine d’une Focus RS (350 chevaux tout de même) m’enchante au plus haut point…

Merci à Charlotte de Ford France pour le prêt.

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