Essai : Citroën C3 Aircross. TiK ToK

Les gens veulent des monospaces ? Ils auront des monospaces. Les gens veulent des SUV ? Ils auront des SUV. Si on veut vendre des voitures, il faut un moment s’écraser et faire ce que les clients désirent. C’est ainsi qu’en juillet 2008, on découvre un petit cube vert pomme dessiné avec malice par Frédéric Duvernier. Tout y est : le pare-brise en trois parties, l’immense vitrage, le toit vitré, la place à bord, la conduite lymphatique. Mais voilà, nous sommes en 2017 et le monospace c’est carrément ringardos. Les SUV, eux, ont trop la côte et tout le monde en veut un. Vos désirs sont des ordres : ces machins surélevés envahissent les catalogues, les concessions et les rues. Ciao petit Picasso, bienvenue au C3 Aircross !

Histoire d’assurer le carton, on va mettre tout ce qui plaît. La carrosserie surélevée ? Check. Les grosses roues ? Check. Les protections en plastique ? Check. Le biton ? Check. Dit comme ça, le C3 Aircross n’est pas forcément très excitant. Mais en vrai, il a une sacrée bonne bouille, l’asticot. En même temps, il regroupe tous les codes Citroën…et je les aime bien ! Ainsi, le capot haut, les phares à double étage, la bouche centrale et les montants A peints sont bien là, et lui donnent un regard plein de malice. Et c’est surtout les volumes qui me plaisent : c’est déjà quelque chose que j’avais apprécié avec le Cactus et la C3, mais cette façon de n’avoir quasiment aucune arête sans que la voiture ne fasse molle n’impressionne. Et quelques détails terminent de me mettre de bonne humeur, comme cette belle idée des packs de couleurs, habillant cabochons de roues, encadrement des optiques, barres de toit et -surtout- ces très originales persiennes sur la troisième vitre latérale qui apportent énormément à la perception globale de l’auto. Et qui permettent vraiment de jouer sur différentes personnalités : ma première version sable / toit noir / ponctuelles oranges pétillait à souhait, tandis que mon second exemplaire gris souris / toit sable / ponctuelles blanches aspirait à bien plus de chic.

Après, tout n’est pas rose dans ce dessin extérieur. Malgré l’amoncellement de lignes horizontales, l’arrière manque tout de même d’épaules et donc d’assise, rejoignant le Fiat 500L sur ce terrain. Le profil, lui, est vide, bien trop vide. Mais où sont donc les Airbump ? Je n’ai aucune réponse à vous donner, chaque département de la marque m’ayant assuré d’une raison complètement différente de celle du voisin. Un coup c’est le procédé d’assemblage qui serait trop coûteux, un autre c’est que la voiture n’en n’avait pas besoin… Le dernier truc qui me chiffonne, c’est que le C3 Aircross ressort très bien en ultra haut de gamme, blindé d’options, et sous le beau soleil corse. On commence à en croiser dans la rue dans des configurations plus basiques, et c’est malheureusement loin d’être aussi excitant… Sans les persiennes, le profil se transforme en vide intersidéral. Si vous considérez l’achat, cochez un Pack Color dans la liste d’options, ça coûte 250 € et mes yeux vous en remercieront.

Pas grand-chose à redire en revanche concernant l’intérieur. On commence par cette superbe planche de bord qui donne un sacré coup de frais dans le milieu. C’est joli, c’est simple mais quali, ça fait bien plaisir. Ici aussi, et à l’image de la C3, plusieurs harmonies sont proposées et apportent beaucoup à l’ambiance générale. Mes deux préférées (et photographiées) : la Metropolitan Grey, une sellerie beige claire avec tableau de bord assorti et détails oranges ; et la Hype Colorado, avec un TEP caramel assorti d’un tissu pied de poule et de quelques touches de chrome.

Le reste de l’habitacle est tout aussi accueillant, et l’impression d’espace…n’est pas qu’une impression : la grande surface vitrée et le toit ouvrant panoramique secondent à merveille l’habitabilité généreuse. Dommage cependant que les bonnes astuces soient au rayon options, parmi lesquelles la mise en tablette du siège passager et la banquette coulissante. Mais, même dans sa version de base, le C3 Aircross est bien généreux, avec de la place en quantité suffisante à tous les rangs –attention tout de même, le toit vitré réduit bien la garde au toit à l’arrière- et un coffre oscillant entre 410 et 520 litres –à comparer aux 377/455 litres du Captur ou aux 360 litres du 2008. Et les aspects pratiques répondent aussi présents, avec pas mal d’endroits où se vider les poches et quelques bonnes idées, comme la recharge à induction de votre téléphone chéri.

Allez en route ! Aucune surprise sous le capot du C3 AIrcross, puisqu’il reprend toutes les motorisations actuelles des autos PSA : les trois cylindres essence PureTech de 82, 110 et 130 ch et  les BlueHDi de 100 et 120 ch. Pour cette première entrevue corse, c’est à bord du 110 essence BVA et du 120 diesel en boîte méca que j’ai parcouru les si belles routes du côté d’Ajaccio. Quelque chose qui m’a étonné à bord de ce petit SUV, c’est la différence de comportement par rapport à la C3 que j’avais essayé à Barcelone : là où la citadine privilégiait clairement le confort, tant du point de vue des sièges que des suspensions, l’Aircross est bien plus ferme. Attention, j’ai dit « ferme », pas « tape-cul » : en aucun cas il est inconfortable. Et après tout, avec un centre de gravité aussi haut, il serait assez mal venu de laisser la voiture prendre autant de roulis que sa sœur citadine. Du coup, et c’est assez étonnant vu la prédisposition de la bête, mais le C3 Aircross ne s’avoue pas vaincu dès que la route commence à twister ! Au contraire, il réagit sainement, sans se vautrer ; certes, ça gigote un peu dans les longues courbes en appui, mais avec une telle carrosserie et des pneus M+S, on pourrait s’attendre à bien pire.

Ah oui, il a des pneus M+S parce que c’est un super SUV et que donc il a des super capacités tout-terrain. Le chouchou reçoit donc -en option, cela va de soi- le Grip Control avec le Hill Assist Descent, qui s’occupe de la vitesse dans les chemins pentus. J’ai testé les chemins de terre et les prés, ça passe sans problème, d’autres ont essayé les plages de sable, ça l’a moins fait. Bref, revenons sur les bonnes routes bien bitumées. Même si son dynamisme le rapproche plus de Thierry Beccaro que de Cyril Hanouna, le diesel de 120 ch est largement suffisant, et il suffit de le coller en troisième pour avaler les twists corses sans arrière-pensées –et c’est tant mieux, vous aurez moins à manier le levier de vitesses aux débattements trop longs. Concernant l’association PureTech 110 BVA6, elle est fidèle à elle-même, puisqu’on retrouve les mêmes caractéristiques que sur toutes les autos pareillement motorisées : moteur pétillant mais sonore, boîte toute douce mais qui a trop tendance à se reposer sur l’élasticité du moteur plutôt que de changer de rapport. C’est un bloc que j’aime beaucoup, mais je ne sais pas s’il vaut mieux l’associer à une boîte manuelle pour le coup… Terminons sur deux petites observations : le repose-pied est trop petit pour qu’on puisse s’y poser confortablement et la vision tête-haute, en plus d’être claire et de très bonne facture, est le premier système de la sorte qui reste visible à travers des lunettes polarisées. Je ne sais pas trop comment c’est possible mais toutes mes félicitations sur le coup.

Terminons sur le nerf de la guerre : les tarifs ! Le C3 Aircross débute à 15 950 € avec le PureTech 82, embarquant de série l’allumage auto des phares, le régulateur-limiteur de vitesse, l’AFIL et la reconnaissance des panneaux de vitesse. Au global, à équipements et motorisations identiques, il se situe dans les mêmes tarifs qu’un Captur et un chouille en-dessous d’un 2008.

Concluons donc. Comme vous l’avez peut-être remarqué, je ne suis pas un grand fan des SUV compacts… Pour autant, je serais de la pire mauvaise foi si je ne disais pas que cet Aircross est une bonne caisse ! En fait, il coche les cases. Le p’tit look, la bonne habitabilité, les motorisations suffisantes, je n’ai objectivement pas grand-chose à lui reprocher. D’un point de vue « touchage de nouille », je trouve simplement dommage qu’il n’apporte pas sur son segment la fraîcheur qu’a apporté la C3 chez les citadines : pour moi, elle a vraiment quelque chose de nouveau, de différent. L’Aircross, lui, n’est qu’un SUV compact « de plus ». Réussi, sans aucun doute, mais à qui il manque ce petit truc qui fait pour moi toute la différence. Ceci dit, si vous recherchez une voiture compacte, habitable et dans l’air du temps, vous seriez complètement stupide de ne pas vous arrêter chez votre concession Citroën.

Un grand merci à la Gentille Madame de chez Citroën pour le prêt de sa pince à épiler.

Je suis sur Twitter : @JBPssx.

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