Essai Audi A6 Avant 50 TDI quattro : traité du zen

Si l’on admet que ses origines remontent à l’Audi 100, alors l’A6 en est désormais à sa huitième génération. Essai de sa nouvelle version Avant 50 TDI quattro…

Imaginons la scène suivante : la barrière de péage s’ouvre après que vous soyez acquitté de votre gabelle à ces nobles compagnies qui ont réussi, grâce à l’aval de notre bon gouvernement, à prendre les Français en otages pour plusieurs décennies. D’une gentille pression sur l’accélérateur, vous remettez l’automobile en marche. Gentiment, comme le ferait un papillon butinant une goutte de rosée sur un rhododendron (je ne suis pas botaniste, veuillez excuser par avance les anachronismes et erreurs conceptuelles), je pose un orteil délicat sur l’accélérateur. En douceur, le V6 émet un léger feulement et la boîte automatique égrène chacun de ses 8 rapports avec une certaine forme de volupté. Cinquième, 1600 tr/mn, sixième, 2500 tr/mn, septième, 1900 tr/mn, huitième, 2200 tr/mn : et là, c’est le drame : nous sommes déjà à 180 km/h. Et, pourtant, vraiment, c’est tranquille.

Evidemment, tout ceci n’est que pure fiction et je vais aller me flageller avec des orties et des glaçons sous le portrait de Chantal Perrichon et d’Emmanuel Barbe pour avoir risqué d’avoir eu de telles pensées impures. Evidemment, la scène décrite ci-dessus est aussi improbable dans notre bel hexagone radarisé qu’une invasion de martiens se jetant sur la terre au rythme de la 9èmeSymphonie de Beethoven reprise par un chœur d’accordéons dirigés par Yvette Horner. Improbable. Malgré tout, la nouvelle A6 est assez proche de l’ancienne A6, esthétiquement parlant. C’est aussi vrai que les Allemandes (Mercedes mis à part) font évoluer leurs autos avec parcimonie. On notera avec plaisir que BMW, en deux-roues, est lui, en free-style (en témoigne ce nouveau scooter C400X).

Zen, restons zen

Néanmoins, ceci explique ce dont est capable la nouvelle Audi A6. Si le slogan n’était pas si connoté mitterandien, j’aurais dis, c’est la force tranquille.

En même temps, c’est quand même le cas : à une allure edouardo-philippo-compatible, le V6 de ma version 50 TDI, sur un faux-plat favorable, ronronne à à peine plus de 1100 tr/mn en huitième. Sur autoroute, comptez moins de 1500 tr/mn en huitième pour ne pas vous faire radariser. De là, deux options : soit cette voiture « tire trop long » même si au final, c’est au bénéfice de la consommation (les 620 Nm de couple savent gérer l’économie des changements de rapport), soit plus la technologie avance, et plus notre écosystème régresse. C’est peut-être ça…

Parce que question techno, la nouvelle A6 se pose là. Certes, comme toute bonne Audi, son esthétique évolue avec parcimonie. C’est en même temps le cas de tous les constructeurs « premium » allemand, à part Mercedes qui ose des choses avec les novelles CLS et Classe A (essai de la A 200 ici), mais on pourrait avoir du mal à distinguer la nouvelle de l’ancienne si l’on ne se focalise pas sur les feux à LEDs et les prises d’air de la calandre. L’A6 new gense distingue aussi par ses rétroviseurs qui ne sont plus posés sur le montant de pare-brise mais sur la portière et, en Allemagne ou sur la grande ligne droite du circuit du Castellet, on remarque que des bruits aérodynamiques deviennent assez présents au-dessus de 190 km/h.

Sinon, cela reste un bon gros morceau de 4,94 m de long. Et de plus, même si mon auto d’essai n’est « qu’un » Diesel, avec ses roues de 21 pouces et les ailes arrière renflées, merci le quattro, elle a quasiment des airs de RS6 ! Peu importe : le volume du coffre va de 565 à 1680 litres selon que l’on rabat les sièges ou non ; c’est en phase avec les capacités de la dernière génération de BMW Série 5 et reste un poil inférieur à ce qu’offre la Mercedes Classe E – essai de la E break All Terrain ici !). 

Donc, côté techno, la nouvelle A6 assure : à l’intérieur, on retrouve la nouvelle ergonomie avec le grand Virtual Cockpit sous les yeux, complété par les deux grandes dalles tactiles de la console centrale, telles que j’ai déjà eu le plaisir de vous détailler avec les essais des dernières générations d’Audi A8 50 TDI quattrod’Audi A7 50 TDI quattroet d’Audi Q8 TDI quattro. Tiens, on dirait que j’ai pris un abonnement au Vorsprung durch Technik 

Une vraie bête à abattre des kilomètres

Certes, on peut parier que notre A6 Avant se vendra plus en version 40 TDI : selon la nouvelle numérotation Audi, il s’agit en fait du 2.0 TDI qui peut délivrer jusque 204 ch. Le 50 TDI, c’est le bien connu V6 3.0 du groupe VAG, et qui développe donc ici 286 ch à 3500 tr/mn et 620 Nm dès 1250 tr/mn : ça dépote salement, avec une vitesse de pointe de 250 km/h chrono et le 0 à 100 couvert en seulement 5,7 secondes.

Mais au volant de cette A6 Avant, je n’ai jamais vraiment eu envie de signer des chronos. Par contre, et dans des conditions d’essai hivernales un peu compliquées, je n’ai pu que louer la grande facilité avec laquelle elle m’a permis d’avaler des kilomètres en toute simplicité, sans jamais forcer, et en étant toujours, potentiellement, largement au-dessus de la vitesse moyenne du trafic. 

En même temps, on sait pourquoi : construite sur la dernière plateforme MLB EVO, disposant en option d’un amortissement piloté, de modes de conduite et de roues arrières directrices, l’Audi A6 de dernière génération enroule les virages d’une manière qui fait totalement oublier son gabarit. 

Du coup, ce qui est totalement bluffant, c’est ce grand écart permanent entre une auto qui peut servir à un antiquaire, qui survole le bitume dans le feulement de son V6, et qui peut emmener la famille fissaaux sports d’hiver dès que tombent les premiers flocons. Forcément, tout ceci a un prix : si la gamme A6 commence à 53760 €, il faut plutôt compter à partir de 71830 € pour la configuration de mon modèle d’essai. Et si la consommation officielle mixte annonce 5,8 l/100, il faut mieux compter 3 litres de plus en réalité… 

Photos : Gabriel Lecouvreur

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