Essai Caterham Super Seven 600 : faire mieux avec moins

Voilà désormais tout juste 50 ans que la marque Caterham a repris les brevets de fabrication de la mythique Seven à Lotus. Afin de célébrer cet anniversaire, l’artisan anglais à dévoilé en début d’année au salon Rétromobile les version européennes des Super Seven 600 & 2000. Nous essayons la plus petite des deux, sans pour autant prendre moins de plaisir !

Retour en fanfare d’une appellation bien connue

Si les versions “rétro” de la Seven 165 reprenaient les patronymes Sprint & Super Sprint à leurs ancêtres, Caterham a depuis la 1600 en 2020, choisis de relancer la dénomination Super Seven, bien connue des amateurs de la marque. Le concept est simple : reprendre une base mécanique existante et apporter au modèle en question quelques touches de finition so british un peu partout. Ainsi en 2020, la Super Seven 1600 reprenait la base d’une Caterham Seven 275 (1.6 L Ford Sigma de 135 ch) pour y appliquer la fameuse recette du “back-dating”, à la mode depuis quelques années désormais. Si les créations uniques sur base de modèles emblématiques sont nombreuses, on peut citer néanmoins les créations de Singer qui semblent rencontrer un franc succès, malgré des prix s’élevant à plusieurs centaines de milliers d’euros. Point de facture extravagante ici, Caterham facture au plus juste ses modifications, bien que le prix de ces engins à la finition artisanale puisse être discutable.

La Super Seven 600 qui nous occupe dans cet article repose ainsi sur une base de Seven 170 et dispose d’éléments de cosmétique spécifiques des plus craquants :

Il vous est également possible de choisir parmi une sélection de 11 teintes héritage exclusives ainsi que parmi 6 couleurs pour l’habitacle, dont l’association couleur des sièges/moquettes/tableau de bord peut être modifiée à l’envie. Notre modèle d’essai arbore ainsi une teinte extérieur Windsor Blue tandis que l’habitacle accueille des sièges Birch White, des moquettes Cream et des soufflets de levier de vitesse et frein à main Admiralty Blue. Une configuration à l’esprit yachting qui me rappelle celle du cabriolet Lexus LC500 que mon collègue Thomas avait eu le plaisir d’essayer.

Super Seven … 600 pour la cylindrée

Le suffixe “600” est, tout comme pour les Super Seven 1600 & 2000, un rappel de la cylindrée du modèle en question. Si ces deux dernières utilisent respectivement des moteurs 4 cylindres d’origine Ford (1.6 L Sigma et 2.0 L Duratec), la 600 fait appel à la motorisation d’entrée de gamme, à savoir le 3 cylindres turbo d’origine Suzuki de 658 cm3, développant désormais 84 ch. Désormais ? Oui, car ce petit 3 pattes a déjà été aperçu dans la gamme Caterham, entre 2014 et 2018 sous le capot de la Seven 165 reconnaissable (d’origine en tout cas) à ses adorables roues tôle de 14 pouces et ses pneus en 155. Si la monte pneumatique n’a pas changé, le 3 cylindres a quant à lui bénéficié de plusieurs améliorations pour répondre aux normes européennes et ainsi lui permettre d’être de nouveau commercialisé sur le vieux continent.

La puissance passe ainsi à 84 ch à 6500 tr/min (contre 81 ch à 7000 tr/min pour la 165) et le couple gagne 9 Nm pour atteindre 116 Nm entre 4000 et 4500 tr/min (contre 107 Nm à 3400 tr/min sur la 165). Un couple maximum plus haut perché et disponible plus longtemps, et une puissance maximale atteinte plus tôt, des améliorations qui vont dans le sens d’une meilleure souplesse d’utilisation. Les légères modifications apportées aux rapports de boîte (d’origine Suzuki) vont aussi dans ce sens, avec un trou entre le 3ème et le 4ème rapport qui se font moins prononcés. La vitesse de pointe dépasse désormais les 170 km/h en cinquième selon les chiffres officiels, contre 161 auparavant. Nous avons pour notre part pu constater 167 km/h réels (sur route fermée comme vous pouvez le deviner) avec encore une marge de progression. Les chiffres nous semblent donc presque pessimistes. Si ces derniers peuvent paraitre ridicule à une époque où la vulgarisation de la puissance est devenue légion notamment avec l’arrivée des voitures électriques, la Super Seven 600 n’en demeure pas moins ultra addictive sur le plan du fun au volant. Mon camarade de jeu pour une journée, habitué à la conduite de sportives light et par ailleurs propriétaire d’une R300 Superlight est ressorti conquis de cet essai avec une seule phrase à la bouche : “c’est une vraie Caterham”. Allons vérifier ça.

Des sensations compatibles avec la sauvegarde de votre permis

Si le look de cette Super Seven 600 invite plus au cruising qu’à la grosse arsouille, celle-ci sait pourtant se montrer très fun à la moindre sollicitation. Caterham a ainsi réussi le tour de force de proposer une copie parfaitement homogène, avec une monte pneumatique et des réglages châssis en adéquation avec la puissance mesurée de son modèle d’entrée de gamme. Assis sur l’essieu arrière, les jambes allongées, le regard posé sur les petits feux ronds trônant de part et d’autre du long capot droit et entourés des longues ailes, l’ambiance nous fait automatiquement retomber dans les années 60. Cet âge d’or révolu des roadsters anglais, époque où la mythique MG B régnait en maître sur ce marché disputé pour devenir le roadster le plus vendu au monde, avant l’arrivée d’une certaine Mazda MX-5 en 1989.

Évidemment, les sensations de conduite et le comportement semblent dater de la même époque : zéro assistance, le train arrière qui rebondit à chaque imperfection (merci l’essieu arrière rigide) et une tenue de route plus que légère alors que les températures matinales au moment de cet essai ne franchissent pas la barre du 0 degré. Quelques détails trahissent pourtant la modernité de notre Super Seven 600, à commencer par le turbo qui se fait très sonore et nous gratifie d’un pschiiit à chaque lever de pied de la pédale de droite ou bien en phase d’accélération, entre deux rapports. La boîte 5 bien que très dure surtout à froid est terriblement addictive. Les débattements sont ultra courts et le verrouillage quelque peu musclé. Le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 7 secondes.

Avec ses pneus en 155 de large, la Super Seven 600 n’a nul besoin d’un différentiel autobloquant (néanmoins disponible en option) pour glisser à l’envie. Soigneusement placée sur les freins (à disques / tiers 2 pistons à l’avant et tambours à l’arrière) avant un virage, l’arrière se dérobe gentiment et il vous est même possible d’entretenir une légère glissade avec un peu de pratique. Joueuse mais pas piégeuse, elle constitue la porte d’entrée de la propulsion sportive et donne envie à son conducteur (ou heureux propriétaire) de passer à l’étape du dessus, à savoir la Caterham 340. Gare à la montée en gamme, le mode d’emploi diffère quelque peu !

Une réponse à la morosité ambiante ? Pas seulement !

Cette Super Seven 600 n’inspire que joie et bonne humeur dès que votre regard se pose dessus, en témoignent les nombreuses réactions enthousiastes et les téléphones brandis en un temps record à la vue de notre Caterham. Croiser le regard de batracien d’une Seven enjolive indéniablement votre journée. De plus, avec seulement 109g CO2/km, cette déclinaison de la Seven échappe même en 2024 à tout malus écologique. Cette Super Seven 600 n’en reste pas moins exclusive. Le prix à payer pour un exemplaire ainsi optionné dépasse les 50 000 €, sans compter sur au minimum une année d’attente entre la configuration/commande de votre exemplaire et sa livraison. Si ces deux aspects ne vous effrayent pas en plus d’une polyvalence proche de zéro, foncez ! Il y a fort à parier qu’un bien pensant nous trouve un de ces jours une parade pour interdir l’homologation de ce genre de jouet.

Quelques chiffres

Dimensions Lxlxh : 3180x1470x1165 (avec capote) mm
Poids à vide : entre 440 et 495 kg à vide selon version
Volume coffre : 120 L
Volume réservoir : 32 L
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   4.8 L / 100 km
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 109 gCO2 / km
Moteur : 3 cylindres turbo 658cc
Puissance max combinée : 84 ch à 6500 tr/min
Couple max : 116 Nm de 4000 à 4500 tr/min
Vitesse max : 170 km/h
0 à 100 km/h : 6.9 s

Crédits Photos / Vidéo : Maurice Cernay

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