Essai : Ford Fiesta ST, la surdouée

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Les week-ends du mois de mai se suivent mais ne se ressemblent pas. Après avoir eu le privilège d’avoir entre les mains la belle Giulietta QV Launch Edition, me voici cette semaine au volant de la pétillante Ford Fiesta ST.

Julien avait essayé il y a quelques mois la déclinaison « Black Edition » de la Fiesta, équipée d’un moteur inédit développant 140 ch, mais dont seule la robe était réellement sportive. Voyant l’essai de Gabriel de la Focus ST sur le Nürburgring et ses bonnes impressions quant à la grande sœur de notre jouet, je me suis dit : « Tiens, et si on partait en week-end avec la petite Fiesta ST ? ». Et c’est ainsi que Ford nous a gentiment confié l’ultime version de sa citadine compacte.

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Son plumage se rapporte à son ramage…

On ne va pas passer par quatre chemins : cette Fiesta ST a une sacrée gueule, surtout dans la déclinaison noire pailletée à laquelle j’ai eu droit. Disposant d’un kit carrosserie lui donnant bien plus de caractère que les versions flotte d’entreprise et auto-école traditionnelles, on ne peut pas dire qu’elle fasse dans le raffinement. La Fiesta ST est une voiture tape-à-l’œil et exubérante, mais elle l’assume jusqu’au bout et se distingue de certaines de ses concurrentes bien trop sages à mon goût.

Notre version d’essai, équipée du pack Performance (190 €), s’habille ainsi de boucliers re-dessinés, d’un imposant becquet prolongeant le hayon et le toit au-dessus de la vitre arrière, d’une double sortie d’échappements placée à droite d’un faux diffuseur et de très belles jantes 17 pouces grises anthracites derrières lesquelles se cachent des étriers rouges vifs. La calandre en nids d’abeilles ainsi que les phares s’étirant le long du capot et soulignés d’une ligne de LED rappellent quant à eux le faciès des Aston Martin et entretiennent le lien de parenté avec la Focus ST et la nouvelle Mondeo.

L’ensemble des modifications apporté à l’extérieur de la Fiesta pour la faire muter en ST est une réussite. Le tout donne une certaine homogénéité à la voiture et à ses lignes massives. La parer d’une robe en adéquation avec ses performances était une évidence mais je dois avouer que Ford a fait plus fort que ses concurrents en radicalisant le design de sa compacte sans la défigurer et tomber dans le tuning. Les designers ont ainsi su doser justement les ajouts de style pour ne pas rentrer dans le cercle très fermé mais redouté des voitures aux couleurs pétantes garées sur les parkings des supermarchés le dimanche matin…

L’intérieur est lui aussi sympa que l’extérieur : les touches sportives sont présentes un peu partout dans l’habitacle, à commencer par les imposants sièges baquets Recaro noirs et rouges (chauffants) ou le volant à méplat orné du logo ST. Ford a même poussé le bouchon encore plus loin en ajoutant quelques petits détails sympas sans tomber dans le « too much »à sa citadine : c’est ainsi que seuils de portes, boite à gants et portes-gobelets se parent de rouge grâce à des diodes disséminées dans l’habitacle une fois l’obscurité tombée (et le pack Performance choisi).

La console centrale est identique à celle d’une Fiesta traditionnelle : dotée d’autant de boutons (même si Ford a fait un petit effort) mais toujours aussi bien présentée et sympa avec ce noir laqué rappelant la peinture de la carrosserie. L’ensemble de la planche de bord est également convaincant : les matériaux sont de bonne qualité et les assemblages et finitions d’excellente facture. Les plastiques moussés viennent s’échouer dans les inserts en aluminum, mais l’usage de faux cuir et de plastiques cheapos sur certains éléments viennent assombrir ce si beau pas en avant effectué par le constructeur au niveau du soin apporté à l’intérieur de la Fiesta.

Le système SYNC, présenté comme étant un vrai plus pour l’utilisateur, est, en 2015, plutôt fastidieux à utiliser. Jumelé au petit écran trônant sur la console centrale, le tout se manipule depuis la multitude de boutons et de molettes présents au centre de l’habitacle et/ou sur le volant. L’interface du système est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en terme d’expérience utilisateur et procure une quasi-appréhension à l’idée de devoir l’utiliser. On se perd dans les menus et dans les différentes façons d’interagir avec les différentes fonctionnalités alors que l’écran de contrôle est hors d’âge et qu’aucun rappel de ce qui se passe au milieu n’apparait entre les compteurs. La partie GPS (facturée 490 €) est à l’image du reste et fait l’affaire pour aller d’un point A à un point B mais on lui préférera en toute logique les multiples apps existant aujourd’hui sur nos téléphones… Contrebalançons ce procès en évoquant l’âge avancé de la technologie embarquée et en attendant que Ford équipe la prochaine génération de la Fiesta du très réussi système SYNC 2, lancé sur la dernière Mondeo et proposant une interface/expérience aux antipodes de celle-ci.

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La Fiesta ST est dans l’ensemble bien équipée, même si quelques pingreries sont à déplorer à ce niveau de prix comme le régulateur de vitesse ou les capteurs de luminosité et de pluie, proposés en option. Elle fait également l’impasse sur les raffinements embarqués lancés sur les dernières Focus et Mondeo et accuse ainsi un petit retard technologique.

Au quotidien, la Fiesta est une citadine spacieuse et pratique. Elle permet de transporter sans problèmes quatre adultes, et bien que l’accès aux places arrières soit compliqué, elle offre une bonne habitabilité pour la catégorie. Le coffre est lui dans la moyenne (290 L de chargement) alors que les rangements sont nombreux et spacieux (surtout sous l’accoudoir, avec la possibilité d’y stocker une bouteille d’eau debout !).

Le poste de conduite est ergonomique et bien conçu : une fois installé dans les imposants baquets, vos mains se poseront sur le superbe volant spécifique à la ST et vos yeux iront se tourner vers les deux jolis compteurs (montant jusqu’à 8000 trs / min. et 260 km/h s’il vous plaît).

Que demande-t-on à une petite sportive ? Du fun. Et bien, figurez-vous que la Fiesta ST remplit parfaitement le cahier des charges à ce niveau-là…

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Son ramage se rapporte à son plumage…

Alimentée par son 4 cylindres 1,6 L EcoBoost développant 182 chevaux et proposant 240 Nm de couple entre 1600 et 4500 trs / min, la Fiesta ST est sur le papier moins puissante que ses concurrentes directes (Peugeot 208 GTI, DS3R ou Clio RS pour ne citer qu’elles). Toutefois, les ingénieurs de Ford l’ont équipé d’un overboost qui permet, une fois la pédale de droite enfoncée, de la doter de 200 ch et de 290 Nm de couple (275 Nm pour une 208 GTI à titre de comparaison). Résultat : elle est homologuée pour ne proposer “que” 182 chevaux, alors qu’elle en développe la plupart du temps 20 de plus. Intelligent.

La Fiesta ST accélère fort (0 > 100 km/h en 6,9 secondes) et propose d’excellentes reprises. La zone rouge se situe à 6500 trs / min, mais il faut noter que le moteur (tant au niveau du couple que du bruit) montre son vrai visage à partir de 4000 trs / min. En parlant de ça, la partie sonore a été largement travaillée : pour la petite histoire, Ford a placé une membrane dans l’admission qui amplifie les sonorités du moteur dans l’habitacle. Ce dispositif participe au folklore en émettant des vocalises de plus en plus rauques au fil des tours et des accélérations. On ne se lasse pas de sa douce mélodie et les relances sont à chaque fois un plaisir acoustique pour le conducteur et ses passagers (à tel point que je ne vous ai même pas parlé de la très bonne qualité du système audio SONY).

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Le bloc moteur est épaulé par une très bonne boîte de vitesse manuelle à 6 rapports. Excellemment bien guidée et étagée, cette dernière n’accroche pas et propose des changements de rapports furtifs. J’ai pris un réel plaisir à utiliser cette boîte et il faut avouer qu’elle contribue en grande partie au caractère joueur et fun de la Fiesta. Croisons les doigts pour les constructeurs continuent à produire de si bonnes boîtes mécaniques sur leurs petites sportives alors que la tendance est au combo boîte auto’ + palettes au volant. La dernière boîte qui m’avait autant plu et convaincu par sa réactivité et son efficacité était celle de la S1…

L’EcoBoost est coupleux à tous les régimes et sans pour autant être aussi radicale qu’une Cosworth, cette Fiesta ST procure de véritables coups de pied au cul à chaque titillement prononcé de la pédale de droite et passage de rapport au-delà de 4000 trs/min. On peut toutefois (et heureusement pour son permis) rouler en toute tranquillité à son volant, et là se trouve l’une de ses forces : elle fait preuve d’une certaine polyvalence en restant tout à fait agréable à conduire dans une circulation dense et à basse vitesse.

Bon, on ne va pas se mentir, j’étais bien content de quitter les étendues urbaines pour aller m’aventurer à ses côtés sur les sinueuses routes des campagnes bretonnes et yvelinoises car son terrain de prédilection, c’est là. La Fiesta ST est une bombinette à tous les niveaux et propose une efficacité rarement vue à ce niveau de prix. Ici pas le choix entre différents modes de conduites, Ford va à l’essentiel en optimisant le fonctionnement de sa citadine vers une conduite dynamique et amusante tout en restant sécurisante.

La direction est extrêmement précise et permet de placer la voiture où bon vous semble, alors que le châssis offre une rigidité impressionnante tout en restant sain. Le centre de gravité rabaissé de 15 mm par rapport à une Fiesta traditionnelle et son poids relativement modéré (1080 kg) lui permettent de ne quasiment jamais prendre de roulis et de proposer ainsi une tenue de route bluffante. Les suspensions sont fermes et ne filtrent en toute logique que très peu les aspérités de nos si belles routes (les roues de 17 pouces n’aident pas), mais nous sommes dans une sportive et le confort n’est à vrai dire pas la première chose que l’on recherche à son volant… La façon dont est suspendue la Fiesta a le mérite de nous faire ressentir parfaitement ce qui se passe sous nos roues, et c’est ce qui compte (pour les sensations, pas pour les vertèbres) dans ce segment.

La ST peut compter sur un différentiel électronique analysant la route plusieurs dizaines de fois par seconde (près de 100 fois selon les dires de Ford) qui dose aux petits oignons le couple fourni aux roues avant sans craindre une quelconque perte d’adhérence. Concrètement, le train avant reste cloué au sol grâce ce système qui répartie intelligemment la puissance et ralentit même la roue en perte d’adhérence. Cela permet à la voiture de ne jamais prendre de sous-virage et d’offrir une motricité bluffante pour une traction, que ce soit sur routes sèches ou humides.

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La petite bombe sait être rassurante et sécurisante mais elle sait aussi être joueuse et n’hésite pas à se trémousser une fois les aides paramétrées/désactivées. Vient ainsi la principale force de cette Fiesta boostée : sa capacité à offrir du fun par rapport à ses concurrentes souvent trop aseptisées. Pour ne citer qu’elle, la 208 GTI propose selon moi une approche décevante de la sportivité en ne renvoyant finalement que très peu de sensations à son conducteur. Que demande-t-on à une citadine sportive ? Tout le contraire. La Fiesta colle à cette vision et permet de prendre du plaisir à son volant sans pour autant être un pilote confirmé. On peut ainsi compter sur un excellent ESP qui, une fois désactivé, rend la voiture extrêmement joueuse. Alors qu’avec le système enclenché le train arrière de la Fiesta est verrouillé, une fois l’aide annulée, la voiture se met à glisser lorsqu’on la brusque un peu. Un régal.

Le freinage est lui confié à quatre disques (dont deux ventilés à l’avant) qui ne chauffent pas malgré le fait qu’on les sollicite fréquemment. Ces derniers offrent un excellent mordant tout en restant progressif grâce à une pédale extrêmement bien calibrée. Ils sont d’une efficacité bienvenue tant la voiture nous incite à hausser le ton rapidement…

Dernière excellente surprise : sa consommation. Ford annonce pouvoir atteindre les 5,9 L / 100 km, mais ne nous voilons pas la face ce score est utopique en s’amusant avec la voiture. À la fin de nos aventures, la Fiesta ST afficha une consommation moyenne tout à fait honorable de 8,4 L / 100 km alors que ma conduite fut tout sauf tournée vers l’économie de carburant…

Proposée à partir de 24 300 €, la Ford Fiesta ST se retrouve face à une concurrence affichant des tarifs équivalents (Clio RS : 25 490 € / 208 GTI : 25 100 €). Notre version d’essai, plutôt bien dotée, atteint elle les 26 600 €.

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Vous l’aurez compris, ma partenaire automobile du week-end m’a enchanté. Elle a été une vraie source d’amusement et de fun tant elle procure des sensations à son volant en se démarquant de ses concurrentes françaises trop aseptisées. Ford tient ici une véritable voiture-passion qui ne demande qu’à passer en version 2.0 de façon à intégrer les dernières technologies embarquées lancées sur le reste de la gamme. Une fois mise à jour, cette petite bête sera véritablement parfaite. La côtoyer a été un plaisir, la rendre me fit un pincement au cœur. Bref, elle m’a conquis.

Merci à Ford France pour le prêt et à Charlotte pour sa disponibilité.

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