Seulement quelques jours après mon premier essai, me voici déjà à bord d’une nouvelle voiture ! Et je ne quitte pas le groupe Renault-Nissan, puisque je me retrouve dans une… Infiniti Q30, le tout nouveau modèle de la marque présenté au salon de Francfort en septembre dernier.
Avec cette Q30, le constructeur se lance sur un tout nouveau segment, les compactes premiums. Il faut bien appuyer sur ce dernier point, en effet, il est important de rappeler qu’Infiniti est à Nissan ce que Lexus est à Toyota, une branche luxe. Malgré tout, Infiniti est allé chercher du côté de la Mercedes Classe A pour le châssis et la majorité des moteurs.
Une stratégie de croissance mondiale
Cette marque, plutôt confidentielle en Europe et notamment en France, s’apprête à s’installer durablement dans les têtes d’une clientèle premium.
Grâce à ce modèle, le constructeur souhaite se rapprocher des leaders mondiaux de véhicule premium. En effet, le voeux des dirigeants est de faire de la Q30 un modèle à volume, ajouté à la gamme afin de considérablement augmenter les ventes et donc améliorer visibilité et rentabilité. En France, Infiniti vendait environ 250 voitures par an. Leur stratégie de croissance a fait passer ce chiffre à 728 en 2014, et déjà 1100 pour les 10 premiers mois de 2015. La marque espère atteindre les 1300 unités cette année, puis à terme doubler voire tripler les ventes, et tout cela en grande partie grâce à la Q30. Au niveau mondial, la marque a déjà écoulé 154 600 unités lors des neuf premiers mois de 2015, soit une augmentation de 16% par rapport à l’an passé.
Pour atteindre ses objectifs la marque a misé gros, elle a investi près de 350 millions d’euros dans une usine à Sunderland au Royaume-Uni. La Q30 sera alors la toute première Infiniti à être assemblée en Europe. 2016 sera donc une année très remplie pour Infiniti. La Q30 dès janvier, la présentation du coupé Q60 ainsi qu’une petite surprise à Genève en mars prochain, et la QX30 qui sera disponible au cours de l’année.
La Q30 bouscule les codes
En voyant les premières photos avant de fixer la date de l’essai, je pensais avoir à faire à un beau 4×4. Et je me suis rendu compte au fil des jours en faisant quelques recherches qu’il s’agissait plutôt d’une berline compacte. Et c’est effectivement le sentiment qu’Infiniti a voulu créer avec ce modèle. Les designers ont souhaité bousculer les codes de ce segment en proposant une petite berline aux allures de crossover. Pour cela, il aura suffi de dessiner une voiture aux proportions identiques à ses rivales (Audi A3, BMW Série 1 et Mercedes Classe A) et d’augmenter la garde au sol de 21 cm. Cette nouvelle approche lui permet de se placer à la hauteur d’un Mercedes GLA tout en restant très compact, cette garde au sol renforce le sentiment d’une plus grande sécurité et sérénité.
Ce qui me plait le plus dans cette voiture, soyons francs, c’est sa « gueule ». Je la trouve personnellement très expressive et impressionnante à regarder. Totalement à l’opposé des concurrents qui restent vraiment classiques, l’Infiniti Q30 bouscule les codes du segment. Pour la petite info, Infiniti a voulu s’inspirer de l’œil humain pour ses phares.
Ses lignes sont très dynamiques, et les touches de chrome – présentes de série dès la première finition – renforcent le côté premium voulu par le constructeur. L’exemplaire que j’ai pu essayer était habillé d’une robe blanche, plutôt très classe, mais qui fait perdre le visuel d’une grande partie des lignes agressives et des chromes.
Un reproche que je pourrais lui faire, la lunette arrière étant trop étroite, la visibilité s’en trouve réduite.
Pour ceux qui voudrait une voiture qui se démarquerait encore plus du reste, avec un air de petite sportive, il existe la version Sport qui adopte un style légèrement différent, avec des ailes plus affirmées, un diffuseur et des sorties d’échappement plus sportifs, etc…
Côté chiffres, la Q30 fait 4425 mm en longueur (soit 13 cm de plus que la Mercedes Classe A), 1805 mm de largeur (+ 2,5 cm) et 1495 en hauteur (+ 6 cm et 1475 pour la sport). Preuve d’un beau coup de crayon, l’Infiniti Q30 est en lice pour le prix de la « Plus belle voiture de l’année » organisé dans le cadre du Festival Automobile International avec à ses côtés par exemple la Jaguar F-Pace ou la Renault Talisman.
Un large choix de motorisation
Au niveau des motorisations l’Infiniti arrive directement sur le marché avec 5 motorisations très complètes, s’étalant de 109 à 211 ch.
Le constructeur propose donc 2 moteurs diesel, un premier de 1,5 l de cylindrée et 109 ch (d’origine Renault) pour le modèle de base et un plus puissant 2,2 L de 170 ch. Ainsi que 3 moteurs essence, avec moteur turbocompressé de 1,6 L et deux niveaux de puissance (122 et 156 ch), et une version Sport de 211 ch (2.0 L). Selon Infiniti, les ingénieurs ont souhaité concevoir des moteurs qui développent leur puissance en douceur, cela afin d’offrir aux conducteurs des possibilités d’accélération à n’importe quel moment et instantanément. Selon le moteur vous pouvez bénéficier d’une boite de vitesse manuelle à 6 rapports ou boite automatique à double embrayage DCT 7 rapports.
Un intérieur à la hauteur ?
Au premier abord, l’intérieur n’impressionne pas mais on s’y sent vite très à l’aise. Et au fil des heures passées dedans on y découvre de nouvelles petites choses qui font toute la différence…
Ma première phrase peut faire peur, mais l’intérieur est très joli et se trouve être une belle invitation à prendre place à son volant. On retrouve quelques éléments de la Mercedes Classe A, mais le dessin général en forme de vague rappelle que nous sommes dans une Infiniti et tout y est plutôt bien assemblé.
J’ai eu entre les mains la version Premium Tech Gallery White qui offre un niveau de luxe assez élevé avec un magnifique Cuir Nappa blanc recouvrant une partie du tableau de bord et des poignées de porte ainsi que les sièges. Le toit était quant à lui recouvert de Dinamica, du plus bel effet. A noter également la présence de surpiqûres blanches sur le volant et rouges sur les sièges. Il reste encore tout de même quelques plastiques disgracieux, notamment derrières les sièges ou sur les portes, mais tout l’intérieur résiste parfaitement aux griffures d’ongles ou aux clés.
J’ai eu la chance d’avoir la voiture pendant 3 jours, me permettant d’effectuer plus de 300 km, et je n’ai pas eu à me plaindre du confort. Les sièges sont très confortables et tout semble agréable dans cette Q30. Malgré cela, je pense que cette voiture n’est pas adaptée à de très grands gabarits. Avec mon banal mètre 83 et dans ma position de conduite préférée ma tête touchait le plafond, j’ai alors dû m’adapter. J’imagine donc que des personnes bien plus grandes seraient obligées de s’enfoncer. De plus, la 5ème place est vraiment là pour dépanner, très étroite, elle ne permettra de transporter un adulte que sur une très courte distance et sera simplement utile pour les familles ayant 3 enfants en bas âges.
La Q30 manque cruellement de rangement, mais bénéficie d’un des coffres les plus importants du marché avec 368 litres. Celui-ci donne sur une trappe à ski très pratique, et la banquette arrière peut se rabattre très facilement (moins d’une minute à une main – essai approuvé ! ) pour offrir un plancher presque plat.
De nombreux petits trucs dans cette voiture renforcent son côté premium et améliore le quotidien :
– Une belle ambiance qui se dégage la nuit avec des petites touches de lumière un peu partout, et qui n’éblouissent pas du tout le conducteur
– Fixations Isofix doubles à l’arrière
– Sièges avant chauffants, réglables à volonté, et à mémoires de positions
– Nombreux porte-gobelets, même à l’arrière (dans l’accoudoir)
Même chose pour la sécurité :
– Détecteurs d’angle-mort de série sur tous les modèles
– Limiteur de vitesse et régulateur de vitesse intelligent (ICC – maintient une vitesse et une distance de sécurité)
– Système d’avertissement anticollision frontale
– Et une super caméra de recul avec la vue 360° aperçue sur le Navara, Around View Monitor
Le grand écran tactile 7 pouces, inédit dans sa catégorie, est très agréable et réactif. Il permettra à terme de télécharger des applications comme sur son smartphone. Le GPS était également présent sur cette finition, agréable et surtout très réactif lors du calcul d’un nouvel itinéraire. La voiture bénéficie également de la commande vocale, malheureusement à chaque demande l’horrible phrase « Dites le nom d’une commande ou sélectionnez la » se répète sans cesse, il en devient donc bien plus rapide d’utiliser l’écran.
Après un retour dans ma voiture personnelle, que je pensais bien insonorisée, je me rends véritablement compte du calme qu’il pouvait y avoir dans cette Infiniti Q30. J’avais véritablement apprécié le peu de bruit qu’il pouvait y avoir à son volant. Et en lisant le communiqué de presse, je m’aperçois que les équipes de conception ont énormément travaillé sur cet aspect. L’intérieur possède plusieurs matériaux et innovations pour réduire l’impact des bruits indésirables. De plus, un ingénieux système était installé, l’Active Noise Cancellation. Celui-ci émet des ondes sonores à partir des 4 enceintes afin de neutraliser les sons à basse fréquence. Pour en bénéficier il faut opter pour le système audio BOSE, qui offre un son de bonne qualité, et dont le caisson de basse est situé en lieu et place de la roue de secours.
Malgré toutes ces qualités pour l’intérieur quelques petites choses que je n’ai pas appréciées mais qui peuvent vraiment se baser sur un avis personnel ou un besoin d’habitudes. Le mode plein phare automatique souffre cruellement de réactivité, et les rétroviseurs anti-éblouissement deviennent trop sombres.
Une conduite pleine de plaisir
Côté conduite l’Infiniti se comporte parfaitement bien et est très agréable. Une sensation de douceur et fluidité se dégage de la voiture, même si grâce au moteur 170 ch que j’ai pu essayer, une fois le pied au plancher une vraie bête peut se réveiller. En effet, le moteur peut s’avérer très joueur notamment avec la boite DCT 7 rapports qui permet de simplement appuyer sur l’accélérateur sans se soucier d’autre chose. La présence de palettes au volant vous offre même un jeu encore plus sportif.
Le moteur délivre sa puissance le plus naturellement possible, la boite de vitesse est plutôt réactive et offre des reprises très plaisantes. Je n’ai pas senti de réelle différence en étant seul ou à 4 dans la voiture.
Ma version d’essai disposait d’une transmission intégrale, 4 roues motrices, gage d’une meilleure tenue de route mais aussi un poids et une consommation en hausse. Pour être franc, il était vraiment difficile de lui faire décrocher le train arrière. La direction est très précise, ce qui donne une sensation de sportivité accrue, la voiture se place où l’on veut, quand on veut. Les freins Brembo vous offre un freinage fluide, précis et sans à-coup.
Question confort, il n’y a pas grand-chose à redire. En faisant mes photos devant le petit château j’ai pu voir passer de nombreuses voitures sur les pavés, cela semblait totalement inconfortable. Pourtant en passant dessus avec la Q30, le son était très présent mais il n’y avait aucun mouvement désagréable. De plus, la voiture passe les petits dos-d’âne et autres trous sans broncher.
Pour ceux qui opteraient pour la boite de vitesse manuelle à 6 rapports, je n’ai malheureusement pas eu la chance de l’utiliser, mais j’ai pu l’essayer à l’arrêt et celle-ci semble vraiment très agréable, courte et sans accro.
La version d’entrée de gamme, le 1,5 L de 109ch est homologuée pour 3,9 L au 100 km en mixte contre 4,7 L pour ma version d’essai. Dans la réalité, avec une conduite assez nerveuse il est vrai, j’étais plutôt aux alentours des 10 L. Il est donc sûrement envisageable de descendre à 7/8L avec une conduite rythmée et aux alentours des 5 L en mode éco avec une conduite souple.
Des tarifs sans surprise
Seulement quelques jours après mon essai la première Q30 de série sortaient des lignes de production de Sunderland. Les premiers modèles vont être tout d’abord livrés aux USA et en Chine avant l’Europe d’ici quelques semaines (courant Janvier). Vous pouvez donc d’ores et déjà vous rendre en concession pour passer commande.
Les tarifs débutent à 26 300 € et s’étalent jusqu’à 44 570 € (hors options évidemment).
Concernant les options justement, il y en a en fin de compte assez peu, le choix se fera plutôt au niveau des nombreuses finitions. Mais vous pourrez tout de même opter par exemple pour le pack InTouch (écran tactile) à 1570 €, le pack sécurité à 2050 €, un toit en verre à 650 euros ou encore des jantes 19 pouces à 1000 euros. La Q30 que j’ai eu entre les mains s’élevait donc à 48 070 € avec un prix de base à 43 000 €.
Concernant l’écotaxe, la Q30 n’est relativement pas touché par le malus écologique. En effet de nombreuses versions sont à moins de 130 g de CO2 par km. Seuls les 1,6t sont touchés avec de 150 à 250 € de malus et évidemment le 2.0t qui lui atteint les 2200 €.
Se lancer les yeux fermés ?
Vous l’aurez compris, j’ai bien accroché avec cette Infiniti Q30. Son design d’un genre nouveau et sa parfaite tenue de route m’ont bien aidé à prendre plaisir à son volant. Sans parler de son intérieur qui offre un confort irréprochable malgré quelques points de finition à améliorer. Les tarifs se situent dans la moyenne du segment premium visé par la marque. Pour réaliser l’entrée fracassante que souhaite Infiniti on aurait pu s’attendre à une meilleure surprise, malgré les finitions et options proposées parfois en hausse face aux concurrents.
Même si Infiniti est passé de quatre succursales en France à quinze ces derniers mois, et compte utiliser des réparateurs agréés (du côté de Renault et Nissan), restera toujours ce problème de réseau, un frein potentiel pour les clients. Il en reviendra donc à vous, acheteur, de faire le choix final…
Je souhaite évidemment remercier Infiniti pour l’invitation et mon contact sur place pour son agréable accueil et le prolongement du prêt.
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto) / Copyright SETE – illuminations Pierre Bideau