Renault fait peur… Le nouveau Scenic fait peur… A tel point que certains constructeurs ont anticipé son arrivée. C’est le cas d’Opel qui, en 2016, a sorti une version restylée de son célèbre Zafira, trois ans après sa sortie. Ce nouveau coup de crayon et les quelques améliorations apportées suffiront-ils à le laisser dans la course au leadership ?
Qu’il a bien changé le Zafira depuis sa sortie, il y a bientôt 20 ans ! Avec un nom faisant penser à un personnage tout droit sorti de Kirikou, c’était le premier monospace à proposer 7 places avec une modularité ingénieuse qui permettait de faire coulisser les sièges, de les replier ou déplier selon les besoins. Le Zafira nouvelle mouture est donc sorti en octobre dernier dans notre contrée avec quelques retouches esthétiques (bienvenues) et des améliorations technologiques pour tenter de le mettre à la page. Exit l’appellation Tourer mais le système d’assises Flex7, les sièges avant ergonomiques certifiés AGR ou le châssis adaptatif FlexRide sont toujours de la partie. Le nouveau Zafira dévoile une nouvelle face avant et un intérieur repensé, “sensation d’espace et connectivité au top” nous dit-on chez Opel ! Concernant le lifting extérieur, c’est clairement une réussite. La précédente version, je la trouvais fade, très fade. Limite ratée. Moche. Elle ne m’a jamais excité. Alors que là, on retrouve des lignes bien plus dynamiques qui collent bien mieux à son profil ! Les similitudes avec la nouvelles Astra sont évidentes, les gars ont bien bossé ! Les phares qui rejoignent la calandre, c’est assez sympa je trouve. On peut bien entendu avoir des LED en option.
A l’intérieur, quelques changements aussi : le volant est devenu plus petit, plus typé sport, la planche de bord, épurée, intègre maintenant un écran tactile de 7 pouces qui permet la suppression de très nombreux boutons et ça, c’est cool ! (Et ça me rappelle la concurrence, tiens donc !) Parce que les boutons, c’est bien mais quand il y en a trop, on se perd très vite… On est dans une voiture, pas dans un Airbus ! La finition de cette nouvelle planche de bord apparaît de très bon niveau : les plastiques sont moussés et les assemblages semblent bien ajustés : Deutsche Qualität, vous vous souvenez de la pub ? Au niveau de la console centrale, celle-ci est divisée en trois : en bas, les fonctions liées à la conduite et aux passages de vitesse, au milieu les commandes de climatisation et celles concernant le multimédia et la connectivité sont en haut. On passe moins de temps à chercher les commandes, es ist klar !
Au chapitre des nouveautés, le système multimédia IntelliLink d’Opel est compatible avec Apple CarPlay ET Android Auto, c’est plutôt une bonne nouvelle. Peu importe donc votre smartphone (les constructeurs considèrent que Windows Mobile est mort, c’est triste…), il sera vite reconnu. Par contre, pas de GPS sur la finition de l’essai, j’avoue avoir mis un certain temps en repartant de chez Opel à comprendre que la seule façon de pouvoir rentrer chez moi, c’était de brancher mon smartphone sur la prise USB… La honte pour un mec qui se dit high-tech ! Ou alors la fâcheuse habitude de trouver un GPS sur les gros écrans et de penser que c’est partout pareil ? Vous trouverez également au chapitre des nouveautés un assistant personnel pour la connectivité et les services Opel OnStar (one again bis to fly), proposés de série ou en option selon les finitions, ajoutent une borne Wi-Fi haut débit 4G/LTE pour les occupants, ce qui peut s’avérer pratique lors des longs trajets. Même si j’ai un doute concernant son efficacité au fin fond du Cantal ou de l’Aveyron.
Une fois au volant, la position de conduite optimale est vite trouvée, le compteur est très lisible avec toutes les infos importantes sur l’odb, même si on aurait préféré un compteur digital. Bref, on se sent bien. Et puis ce qu’il y a de bien avec le Zafira, c’est qu’il y a de la place ! Punaise, ce que c’est easy à bouger tous ces sièges. On se prend à faire joujou et on peut ainsi passer à une configuration 2+2 très facilement, ce qui peut donner encore plus de place à deux passagers à l’arrière, avec au choix un accoudoir central d’A380 ou pas. Opel a bien entendu conservé le rangement des sièges pour obtenir un super plancher plat. Cerise sur le gâteau, les 7 places sont de série. Si jamais vous n’en avez pas besoin, Opel a pensé à vous et offre une configuration 5 places et vous redonne 500 balles. Pas mal…
Sous le capot de mon véhicule de prêt, on retrouve le nouveau moteur 2.0 l diesel de 170 ch. Nouveau car apparu sur le Zafira Tourer en 2015, ce moteur se montre plutôt volontaire, sans faire trop de bruit (le travail d’insonorisation a été bien effectué) mais on sent très vite le poids de la bête se faire sentir. Les 1775 kg de l’engin se rappellent à nous subitement. Aie aie aie, c’est quand même beaucoup plus que la concurrence et j’imagine qu’une famille de 5 personnes chargée à bloc partant au ski en février (pour ceux qui ont encore un peu de thunes après Noël…) va le ressentir encore plus que moi. Du coup, les 170 chevaux, c’est presque limite… On est obligé de le solliciter assez fréquemment et la consommation s’en ressent, avec presque 8l/100 de moyenne, ce n’est clairement pas un chameau ! Heureusement, la tenue de route est rassurante, le châssis semble faire son job avec aisance et le confort est excellent grâce à bon amortissement. La précision du train avant est suffisamment sécurisante pour un monospace. Au même titre que le moteur, les bruits de roulage, notamment à haute vitesse sur autoroute, se font discrets.
Au bilan de cet essai, cette mise à niveau du Zafira est pour ma part une réussite esthétique. Il me plait ce Zafira. C’est vrai que pour le reste, les améliorations technologiques inévitables me laissent un goût d’inachevé. Face à une concurrence très rude dans ce segment et des modèles complètement revus (C4 Picasso, Grand Scenic et autres jeunes impertinents), face à la montée en puissance des SUV, le Zafira risque de souffrir sur le marché français et européen. Non pas qu’il soit mauvais ce Zafira. Il garde pour lui son excellente habitabilité, ses 7 places de série et sa modularité exemplaire. Mais son poids de pachyderme et son équipement technologique en retrait comparé aux “vraies” nouveautés de 2016 risquent de l’handicaper. D’autant que son tarif, à partir de 32000€, ne lui permet pas vraiment de se démarquer de ses confrères. Sans doute Opel ne devra-t-elle pas trop attendre avant de proposer une toute nouvelle version de son monospace. Kann die Kraft mit ihnen sein…
Merci à Opel pour le prêt.
Crédit photos : S. Lecomte