C’est un fait, c’est incontestable, indiscutable, indubitable : la Peugeot 508 II est belle. Le restylage de mi-carrière en devient donc assez risqué. Est-il réussi ? Nous sommes partis l’essayer pour en avoir le cœur net.
Je m’en souviens encore : nous sommes à Monaco en juin 2018 et Peugeot nous avait invité aux essais presse de la 508 II. Là-bas, j’avoue avoir ressenti un petit quelque chose en découvrant tout un parking rempli de ces berlines rutilantes : qu’est-ce qu’elle est réussie. Les équipes de la marque avaient même eu l’idée de ramener une 504 et les similitudes sautaient aux yeux. De fait, cinq ans plus tard, dans le train qui m’emmène découvrir la version restylée, je ne peux qu’avoir des doutes : certes, les photos officielles étaient déjà connues, mais comment était-elle en vrai ?
Qu’est-ce qui change ?
Niveau style, je dirais qu’ils ont rationalisé. Là où les différentes finitions recevaient calandres, phares et feux spécifiques, tout est remis à zéro : tout le monde reçoit des phares full LED matriciels avec une nouvelle signature lumineuse à trois petites griffes (contre une seule XXL auparavant), tandis que la calandre reçoit le dernier traitement à la mode avec des inserts couleur carrosserie s’y fondant. A l’arrière, idem : plus qu’un seul type d’optique, avec trois griffes plus inclinées. A l’instar du 2008 restylé, le logo Peugeot disparaît de la malle, remplacé par un lettrage en gris foncé sur le bandeau reliant les optiques. Seule la version Peugeot Sport Engineered la joue fancy avec une calandre (un peu) spécifique, qu’elle accompagne d’un masque noir. Niveau coloris, notons l’arrivée du Blanc Okénite, du Bleu Éclipse et du Gris Titane, tandis que le Gris Sélénium, autrefois réservé à la PSE, est désormais disponible sur toute la gamme.
A l’intérieur (là aussi, comme le 2008), c’est bien plus discret : seulement pourra-t-on trouver le nouveau sélecteur de rapports, en lieu et place du levier “cobra”, ainsi que la nouvelle génération d’écran central. Au programme : nouvelle interface à base de widgets personnalisables, mises à jour à distance et caméras de recul HD. Ah, et il y a des nouvelles selleries !
Niveau motorisation, là aussi, pas grand chose à signaler. Tout juste notera-t-on l’arrivée d’une version hybride rechargeable de 180 ch en renfort de celle de 225 ch -la partie électrique reste identique avec un moteur de 81 kW/110 ch & 320 Nm de couple alimenté par une batterie de 12.4 kWh, seul le PureTech essence est dégonflé de 180 à 150 ch-, tandis que la version BlueHDi de 130 ch reste disponible au catalogue. La version Peugeot Sport Engineered, forte de 360 ch via l’ajout d’un second moteur électrique sur l’essieu arrière, est elle aussi reconduite.
Qu’est-ce que ça change ?
La question numéro 1, bien entendu, c’est de savoir si cette 508 restylée est toujours belle. Ma réponse ? Oui. Oui car les proportions sont toujours là. Concernant la face avant, si je suis impressionné par la finesse et l’architecture en un seul bloc des nouveaux projecteurs, je ne suis pas sûr que le Rouge Elixir aille particulièrement bien avec cette nouvelle calandre ; je peux en revanche vous dire que ce fondu passe bien mieux avec le Blanc Okénite. Ah, et en parlant de Blanc Okénite, le masque noir de la PSE dans cette couleur la rend salement MÉCHANTE. Quel charisme ! Je suis simplement un peu chagrin concernant la perte des optiques arrière haut de gamme, avec toutes ces lamelles qui se découvraient au fur et à mesure qu’on tournait autour de la voiture, à mon goût d’une sophistication rare. Là, on a quelque chose de beaucoup plus simple, mais la version d’accès y gagne. Voyons le bon côté des choses…
Concernant l’habitacle, le nouvel écran et les nouveaux graphismes permettent à la 508 de se remettre dans le train et d’asseoir sa position de haut de gamme de la marque. Pour le reste, on retrouve cette planche de bord toujours aussi belle et charismatique, avec les fameuses touches piano et l’imposant placage qui peut s’orner de bois sur les versions les plus huppées. L’habitabilité reste suffisante, du moins en SW (remercions la garde au toit relevée par rapport à la berline), tandis que le coffre, avec 530 litres pour la version SW, est dans la bonne moyenne -35 litres de moins que la VW Arteon Shooting Brake, certes, mais cette dernière est 10 cm plus longue que la 508 !
Partons rouler. J’ai commencé par m’installer au volant de la nouveauté mécanique de cette 508 restylée, le PHEV 180. Alors, comme pour le reste de la gamme Stellantis, je ne vois pas vraiment l’intérêt de préférer la version 225 à celle-ci : même valeur de couple et performances quasi-identiques (8.2 s vs 7.9 s au 0 à 100 km/h, 4.8 s vs 4.4 s au 80-120 km/h) pour 1 900 € de moins, la question me paraît être vite répondue. Et ce n’est qu’après quelques mètres que le constat s’impose : qu’est-ce que j’aime cette caisse. Là où ce satané “toucher de route” Peugeot me semble bien compromis sur les dernières 308 & 408, ici, c’est parfait. La direction est précise -d’autant plus que le petit volant renforce cette sensation-, le châssis est brillant dans sa façon de combiner efficacité et confort, le GMP est d’une douceur absolument remarquable, bref, quand bien même l’essai fut court, j’ai a-do-ré. Niveau conso, le relief prononcé de la boucle m’a fait rendre l’auto avec 3.2 l/100 km affichés et une batterie aux ¾ consommée après 60 km parcourus en mode “Hybrid”.
Me voici de retour au camp de base, petit coup d’œil au planning : j’ai 1h30 devant moi avant mon départ. En face de moi, une 508 SW PSE se recharge paisiblement. “Je peux faire un tour avec ? -Bien sûr !”. Bon, ce n’était vraiment pas prévu, étant donné que j’avais déjà testé la PSE en juin 2022 lors du Mans Classic et que le restylage n’a rien apporté mais bon, comme on dit, l’occasion fait le larron. Pour rappel, la 508 Peugeot Sport Engineered, c’est une 508 avec un PureTech de 200 ch, deux moteurs électriques (110 ch AV / 113 ch AR) et un châssis revu : garde au sol abaissée (-10 mm AV / -1 mm AR), voies élargies (+ 24 mm AV / + 12 mm AR) et liaisons au sol retravaillées avec amortisseurs, trains roulants, ressorts et barres anti-dévers spécifiques.
La véritable raison pour laquelle je n’avais pas prévu de retester la PSE…c’est que je n’avais pas spécialement accroché lors de mon essai précédent. Et cette nouvelle expérience à son volant ne fera malheureusement que confirmer mon manque d’intérêt. La première chose qui m’a frappé, ce sont les bruits de roulement, là où l’hybride 180 était un modèle de silence. Même à basse vitesse, c’est audible -et assez pesant. Et lorsque le rythme s’accentue, pareil, je ne saute pas au plafond ; la faute notamment au moteur manquant totalement de caractère. La montée en régime s’effectue de manière hyper linéaire, dans un bruit franchement pas bandant. Le châssis ? Il est indéniablement réussi…mais souffre de la comparaison avec ses sœurs “normales”, déjà bien affûtées -comme on a pu le constater plus haut. De fait, les 16 000 € supplémentaires demandés par rapport à l’hybride 225 font quand même mal. Tout ça pour une jolie calandre, ça fait beaucoup… Non, clairement, restez avec l’hybride 180.
Et combien vous coûtera-t-elle, d’ailleurs ? La décision de Peugeot d’abandonner l’entrée de gamme impacte fatalement sur le tarif d’accès de la 508 restylée : comptez au minimum 45 900 € pour une berline BlueHDi 130 en finition Allure, heureusement bien équipée (phares matrix, surveillance d’angle morts, accès & démarrage mains-libres, navigation connectée etc) -pour la version SW, c’est 1 300 € supplémentaires. Passer à la GT (+ 2 300 €) vous fera bénéficier, entre autres, des jantes 18″, du régulateur adaptatif et de la caméra avant. Et si vous voulez goûter aux joies de l’hybride rechargeable, il vous faudra remettre encore 4 300 € sur la table. Pour faire la 508 de vos rêves, vous pouvez accéder au configurateur en cliquant ici pour la berline et là pour le SW.
Conclusion ?
Un restylage, ça gomme rarement le caractère intrinsèque d’une voiture. Celui de la 508 n’échappe pas à la règle : alors, certes, quelques détails cosmétiques lui permettent de refaire parler d’elle et la mise à jour technologique bienvenue lui fait du bien, mais elle reste cette bagnole formidable en versions “civiles” -et totalement oubliable en Peugeot Sport Engineered. Une voiture bien née, ça tient sur la longueur !
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux, Peugeot
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