Après un premier aperçu en juin dernier, il est grand temps de passer derrière le volant de cette nouvelle Peugeot 408. En sortant de la voiture, je suis certain d’une chose : elle va cartonner…mais il ne faudrait pas que Peugeot s’endorme sur ses lauriers. Je vous explique pourquoi.
Autant notre avis lors de la première découverte de la 408 ne pouvait se baser que sur nos impressions à chaud, autant cette deuxième rencontre nous voyait débarquer avec tous les éléments possibles pour nous forger un avis déjà bien tranché. Et, autant je restais tout à fait certain du futur succès de la Peugeot, autant j’ai été assez surpris de l’accueil plutôt frais que lui réservaient les autres blogueurs de ma session d’essai. En premier, le style.
Parce que oui, son design, c’est quand même quelque chose. C’est notamment sur l’arrière de la 408 que les avis divergent : il y a un consensus sur le côté archi massif de ce pare-choc, certes, mais certains jugent l’intégration au dessin général réussie là où d’autres opposent un refus total -je me range dans la première famille, mais je conçois parfaitement que ce méga bloc de plastique dérange un peu.
La deuxième source de divergence se trouve à l’avant, puisqu’on parle de la calandre de nos versions GT. Personnellement, je n’ai jamais trouvé quoi que ce soit à y redire ; j’aime même plutôt bien le côté assez novateur de ce fondu de la carrosserie, désacralisant le mythe de la calandre béante, comme une annonce de la transition vers l’électrification de la gamme. Mais j’étais manifestement assez isolé, nombre de mes confrères préférant de loin les calandres “normales” que Peugeot propose sur les autres finitions Allure et Allure Pack.
Dernier point d’achoppement : les jantes 20″ “Monolithe”. Là aussi, j’ai toujours été un grand grand fan de ce dessin certes pas très catholique mais qui apporte vraiment quelque chose de nouveau et pas mal de fraîcheur dans ce petit monde qui a une certaine tendance à tourner en rond. Mais sur place, drame, je me rends compte que quasiment personne n’accroche (préférant les jantes “normales” des versions GT que je trouve personnellement hideuses). Après vous avoir questionné sur Twitter, vous êtes moins tranchés, et plusieurs d’entre vous m’ont trouvé des rappels loin d’être déconnants aux enjoliveurs des années 80 genre Citroën BX 4TC ou Renault Fuego. Et toi, ami lecteur, qu’en penses-tu ?
On l’aura donc compris : niveau design, la 408 divise. La bonne surprise de cet essai, selon moi, fut la découverte de la voiture en blanc nacré qui rend pour moi le profil encore plus spectaculaire. Autrement, le Bleu Obsession est toujours aussi joli et, comme c’est la teinte gratuite, il va falloir se préparer à ne croiser que ça ; le Rouge Elixir, en revanche, m’a un peu déçu -chose qui m’a d’ailleurs étonné, vu que je l’avais adoré sur une 308 SW. J’ai en revanche un peu de doute sur le vieillissement de ce design quand même ultra chargé… Rendez-vous dans quelques années !
A bord, rassurez-vous, beaucoup moins de surprises nous attendent. Déjà parce que la planche de bord est entièrement partagée avec la 308 (et la 308, on la connaît), mais aussi parce qu’on avait quand même bien pu tourner autour lors de sa révélation en avant-première. Donc oui, le dessin de la planche de bord est toujours aussi agréable, oui, le sentiment de qualité est toujours présent, oui, il y a de la place à l’arrière, oui, le coffre de 536 litres est toujours plus grand que celui du 3008 (520 l) ou de la 508 SW (530 l) mais moins que l’irremplissable soute de la 308 SW (608 l).
Côté tech, pas de surprise non plus. L’écran central de 10″ est capable de recevoir Android Auto/Apple CarPlay sans fil, même si la navigation connectée fait fort bien son travail. On fonctionne toujours avec cette logique de “widgets” qu’on positionne où on veut sur les différentes pages disponibles, tandis que le second écran tactile juste en dessous permettra de configurer cinq raccourcis accessibles d’une touche. Des prises USB-C sont disponibles un peu partout, un port de charge de téléphone par induction est présent, bref, toute la famille peut se sentir à l’aise à bord. En route !
C’est au final sur la partie dynamique que je m’attendais à avoir le moins de surprise -la 408 reprenant tout de même l’intégralité des sous-bassements et des motorisations de la 308. J’avais ainsi prévu de ressentir une synthèse préférant le confort à la précision de conduite, un peu moins aiguisée donc que la merveille qu’était la 308 précédente. Vous savez quoi ? J’ai bien aimé – j’ai même été assez surpris. Surpris déjà par le confort, ce qui n’était pas forcément gagné vu les méga jantes et l’absence de suspensions pilotées (privilège réservé à la 508), mais également surpris par le dynamisme de la caisse. Alors n’espérez évidemment pas être à bord d’une Caterham, mais la voiture arrive à suivre un rythme assez élevé sans vraiment grogner ou faire sentir ses limites. Plaisant !
Et quand le rythme se calme ? En ville, on profite de l’excellent rayon de braquage classique de la plateforme EMP2 qui, couplé à la vision 360°, permet de manœuvrer sans l’ombre d’un souci. Niveau batteries, la 408 reçoit le pack classique de 12.4 kWh promettant jusqu’à 64 km en 100% électrique – comptez un bon 40 avec les jantes 20″ de notre modèle d’essai. Sur autoroute, on peut profiter du système de conduite semi-autonome globalement bien ficelé (même si j’ai noté une certaine tendance à vouloir prendre les sorties d’autoroute lorsqu’on est sur la voie de droite), système qui sera d’ailleurs étendu très prochainement avec l’aide au dépassement. Toujours sur autoroute, on profite de la bonne insonorisation (pare-brise acoustique de série, vitres avant feuilletées sur Allure Pack & GT) et de la conso finalement dans la moyenne : batteries vides, on a relevé des chiffres aux alentours de 7 l/100 km.
Des défauts ? Franchement, pas grand chose de ne vient à l’esprit. Ah si, notons peut-être l’affichage de l’i-Cockpit 3D qui ne m’a pas vraiment convaincu : trop petit, trop confus, trop d’infos (et je trouve ce mix de jaune et de bleu assez hideux). A tel point que j’ai préféré l’affichage 2D des versions inférieures. Pour le coup, je l’ai trouvé moins utile que celui de la 208, mais peut-être n’ai-je tout simplement pas passé suffisamment de temps avec…
Donc voilà. Un style qui divise, certes, mais incontestablement innovant, un habitacle généreux et dans le coup niveau tech, une conduite plaisante : jusqu’ici, la 408 coche pas mal de cases. Mais voilà, quelques points me font quand même grimacer.
Commençons par le prix. La 408 est chère. Le premier prix à 37 350 € peut faire tousser, même s’il est à pondérer avec une dotation assez riche (caméra de recul, phares & essuie-glaces auto, éclairage d’ambiance, démarrage mains-libre, navigation connectée & co) ; mais bon, on se retrouve quand même avec un 3 cylindres de 130 ch. De fait, à équipements équivalents, la 408 se retrouve presque 3 000 € plus chère qu’une 308 SW pourtant déjà pas donnée, tandis que le 3008 la talonne (scandale d’ailleurs vu son âge avancé). Mais bon, vous me direz : la mode, ça se facture. L’avantage de la 408, ceci dit, c’est qu’elle est difficilement comparable à d’autres modèles ; on peut citer le Renault Arkana, bien moins cher, mais de mon point de vue un cran en-dessous -ne serait-ce que par sa planche de bord de Captur. Le premium, lui, reste quand même au-dessus niveau tarification…et niveau motorisations.
Et c’est justement de motorisations dont j’aimerais parler. La gamme est quand même plus que réduite : un bloc essence de 130 ch, deux hybrides de 180 & 225 ch, terminé bonsoir. Qu’il n’y ait pas de diesel, OK, je peux éventuellement comprendre (et encore, le 3008 et la 308 en proposent en 130 ch), mais qu’il n’y ait rien au-dessus en thermique est quand même un peu limite. PSA avait deux excellents moteurs de 180 ch, en essence comme en diesel, et je trouve vraiment qu’ils manquent alors que Peugeot court après son statut de “généraliste ++”. Je suis également un peu sceptique quant aux hybrides, leurs performances étant difficilement démarquables : les deux partagent la même valeur de couple, tandis que la version 180 ne rend que 0.3 s au 0 à 100 km/h et 0.6 s au 80 à 120 km/h par rapport à la version 225. Quant au futur, la version 100 % électrique qui arrive l’année prochaine propose des specs tout juste dans la moyenne, tandis que l’hypothétique version PSE est morte et enterrée. Fais-moi rêver, Peugeot !
Mais bon, je m’égare sûrement dans des détails dont seul un blogueur névrosé trouvera à redire. La 408 va-t-elle marcher ? Sans le moindre doute. La voiture en elle-même est bien née, tandis que sa carrosserie propose de l’inédit, du nouveau, du scintillant, bref, tout ce que les gens veulent aujourd’hui. Un boulevard s’ouvre à elle dans la gamme Peugeot actuelle ; l’arrivée du nouveau 3008 en 2023 pourra peut-être rebattre un peu les cartes, mais comme il sera sans nul doute encore plus cher, les clients pourront sûrement trouver leur compte dans cette berline d’un nouveau genre. Bien joué Peugeot, bien joué.
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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