Ce soir chez le couple Perrichon-Got, c’est la fête ! On a sorti les flûtes en plastique, le mousseux, les crackers au fromage et le reste de bûche glacée du nouvel An.
L’AFP a pris connaissance ce samedi d’un rapport d’experts qui été commandé en février dernier par le député socialiste du Bas-Rhin Armand Jung qui est aussi le président du Conseil National de la Sécurité Routière. Une quinzaine de chercheurs et de professionnels du secteur de la Sécurité Nationale qui étaient réunis dans un comité des experts du CNSR ont rendu leur rapport le 30 septembre dernier. Dans ce fameux dossier qui devait rester secret jusqu’à la prochaine séance plénière du CNSR (29 novembre 2013), on découvre que les experts et les pros de la sécurité en auto partent du principe que les mesures passées et actuelles de sécurité routière, comme le contrôle sanction automatisé continueront à produire leurs effets dans les prochaines années mais de manière insuffisante pour atteindre le fameux objectif de 2000 morts/an sur les routes françaises en 2020. Selon leurs calculs et probabilités, ils estiment à 2800 le nombre de tués d’ici à 2020 si rien de nouveau se produit ou si aucun électrochoc n’intervient dans la conscience des automobilistes.
Aussi pour parvenir à cet objectif, ils préconisent quatre axes principaux :
1- La réduction de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles nationales, départementales et communales où elle est actuellement limitée à 90 km/h constitue la mesure la plus efficace pour réduire la mortalité. Elle permettrait de réduire le nombre de morts d’environ 450 par an. Pour parvenir à ce résultat, ils disent qu’il faut impérativement un redéploiement et une intensification des contrôles de vitesse sur toutes les infrastructures routières du pays. Bien évidemment, sans réelle étude et analyse, ces experts près le CNSR estiment (à la louche, à la pelle ou au microscope ?) qu’environ 1000 personnes meurent tous les ans sur les routes actuellement limitées à 90 km/h, hors agglomération.
2- Les experts suggèrent ensuite de lutter contre l’alcool au volant notamment en réfléchissant à la mise en place obligatoire d’éthylotests anti-démarrage (EAD) dans certains cas. Les EAD pourraient ainsi être proposés (voir imposés !) aux jeunes conducteurs contre une réduction de leur prime d’assurance mais aussi comme alternative aux sanctions pénales traditionnelles chez les personnes contrôlées avec plus 0.8 g/L et chez les multi-récidivistes. Mais les experts oublient que les assurances sont des compagnies privées qui fixent elles même le montant des primes d’assurances de leurs clients et que l’état n’a aucun rôle à jouer dans la fixation des tarifs. Ces fameux experts stigmatisent une fois encore les jeunes conducteurs ce qui laisse entendre qu’il vaut mieux avoir plus de trente ans, boire et conduire qu’être jeune et sobre ! Un raisonnement débile…
Ces sages rappellent qu’en 2012, on a dénombré quelques 839 accidents mortels impliquant un taux d’alcool supérieur au taux légal chez au moins des deux conducteurs concernés.
3- Il faut également éliminer les obstacles situés au bord des routes (arbres, murs, poteaux ou fossés), impliqués dans environ 1370 décès en 2012. Les experts conseillent au moins de les isoler soit avec des glissières de protection ou alors de les éliminer purement et simplement. Je vous laisse imaginer le coût financier d’une telle mesure (à la charge des départements), la durée de sa mise en oeuvre et les conséquences pour l’environnement et la vie des gens. Une telle mesure devrait être mise en oeuvre en priorité sur les routes secondaires supportant le plus gros trafic. Toujours selon les 15 “sages” qui ont travaillé sur ce dossier cela permettrait de sauver entre 120 et 270 vies et ils disent qu’une telle mesure doit être financée par les recettes du CSA ce dont on peut légitimement douter quand on sait ce que cela rapporte à l’état.
4- Les rapporteurs proposent de renforcer le management de la sécurité routière dans le cadre d’une réorganisation du processus de décision politique en matière de Sécurité Routière, d’adjoindre une communication plus réactive et pertinente notamment à destination des jeunes. Bien évidemment ils appellent à développer et renforcer le contrôle sanction automatisé au travers de l’installation de nouveaux systèmes de surveillance routière.
Voilà !
Rien au sujet de l’utilisation des portables au volant, de la conduite sous l’emprise des médicaments ou de produits stupéfiants, rien sur la formation, rien sur la somnolence au volant et étonnamment on constate que l’affaire des éthylotests est presque risible puisque leur mise en place est prévue par la loi française depuis le décret paru au J.O de début septembre 2011. Rien sur le coût budgétaire, les délais de mise en place de telles mesures ou un chiffrage fiable des retombées.
Beaucoup font déjà remarquer, surement à raison, que la mise en oeuvre de la baisse de la limitation de vitesse serait un joli coup pour le montant des PV dressés perçu par l’état puisque le nombre de conducteurs qui se feraient prendre par le simple manque d’habitude à la nouvelle Vmax autorisée serait en augmentation s!
Toutes ces “excellentes” propositions seront présentées puis débattues dans un peu moins de deux mois lors de la grande réunion annuelle du CNSR où se rendra le ministre de l’intérieur. On nous rappelle aussi que fin novembre prochain, le CNSR abordera les sujets des boites noires, de l’abaissement du seuil du taux d’alcoolémie et quelques autres babioles destinées à faire de la France un pays autophobe non seulement envers ces automobilistes mais aussi envers son industrie et les centaines de milliers d’emplois qui en dépendent.
Via AFP, LeFigaro.