Après un GP des Etats-Unis disputé, le GP du Mexique a été le cadre d’un nouveau cavalier seul de Max Verstappen. Il s’était pourtant fait surprendre en qualifications par les Ferrari après avoir dominé les essais libres. En course, il a récupéré sa place habituelle, la première, dès le départ, et ne l’a lâchée qu’au jeu des arrêts aux stands.
Norris et Tsunoda font le spectacle
Pour voir du mouvement, il fallait regarder dans le milieu du peloton, comme souvent. Piégé en qualifications, Lando Norris partait seulement 17e sur la grille, et sa remontée était attendue. Celle de Yuki Tsunoda l’était moins sur une AlphaTauri bien plus modeste. Mais la petite sœur des Red Bull était rapide ce weekend, en atteste la surprenante 4e place de Daniel Ricciardo en Q3.
Après des arrêts précoces, l’un pour se débarrasser de ses pneus tendres, l’autre suite à un passage hors piste, Norris et Tsunoda ont ensuite effectué un festival de dépassements. Tournant dans des rythmes proches de ceux des leaders, Verstappen excepté, l’Anglais et le Japonais se sont faufilés jusque dans le top 10… avant que Kevin Magnussen ne vienne rebattre les cartes.
Magnussen annihile les stratégies
Au 31e tour, le Danois était sorti très large du dernier virage, et avait récupéré de justesse sa Haas. Avertissement sans frais. Mais quelques kilomètres plus loin, la monoplace américaine s’est violemment dérobée vers la gauche à l’entrée d’un virage… à droite. Le choc avec le mur était inévitable, heureusement sans gravité pour le pilote. La monoplace, elle, était détruite, provoquant l’entrée immédiate de la Safety Car, dont profita notamment Verstappen pour faire son 2e arrêt. Mais la neutralisation n’était pas suffisante, les protections en tech pro ayant été touchées, la course fut arrêtée au drapeau rouge pour réparer.
Dès lors, tous les pilotes avaient la possibilité de changer leurs pneus sans perdre de temps, la seule question qui se posait était le choix des gommes. A la mi-course, le choix des pneus les plus durs était l’option la plus sûre, mais chausser les médiums pouvait être tentant. Les pilotes Ferrari venaient d’ailleurs de montrer, une fois n’est pas coutume, qu’ils avaient réussi à emmener ces pneus médiums assez longtemps.
Une course en deux mi-temps, mais toujours Verstappen devant
Finalement, les deux choix étaient sensiblement équivalents. Les pneus durs étaient plutôt efficaces sur certaines monoplaces, et les médiums assez résistants sur d’autres. Norris et Tsunoda pouvaient reprendre leurs remontées. Mais celle de Yuki tournait court. Alors qu’il se battait pour la 7e place, il se rabattit trop tôt après avoir dépassé Oscar Piastri et toucha la McLaren. Cette touchette le contraint à un nouveau passage hors piste et à repartir en fond de peloton. Belle démonstration de comment gâcher sa course en une seconde.
A l’inverse, après un second départ prudent voire raté, Lando était redescendu à la 14e place et dut s’employer à nouveau. Si remonter dans les points fut une formalité face à des Alpine ou autres Haas bien moins efficaces, la suite fut plus spectaculaire. Handicapé par une McLaren rapide mais loin d’être parmi les meilleures en vitesse de pointe, l’Anglais trouvait des astuces pour dépasser ailleurs que dans la longue ligne droite. Auteur lui-même d’une très belle course, Ricciardo s’inclina ainsi sur une très belle manœuvre de Norris par l’extérieur, avant que George Russell ne subisse le même sort quelques tours plus tard.
Équipe par équipe
Red Bull – Max VERSTAPPEN (3e -> 1er) – Sergio PEREZ (5e -> abandon)
La Safety Car et le drapeau rouge n’ont pas permis de vraiment comparer l’efficacité des différentes stratégies, mais il y a peu de doute que Max aurait facilement récupéré la tête de course après son second arrêt dans tous les cas.
Après un début de weekend correct, Checo Perez s’est retrouvé juste derrière son chef de file sur la grille… Mais tout de même derrière l’AlphaTauri de Ricciardo en qualifications. Il a juste oublié de faire la course. Enfin il a bien pris le départ, un très bon départ même, au point qu’il pensait que tout le monde le laisserait passer pour qu’il gagne à domicile. C’est une caricature bien sûr, mais quand il dit après coup qu’il s’est rabattu sur Leclerc en pensant que ce dernier aurait freiné plus tôt, ça en dit long sur la pression que se met le Mexicain. Au moins s’est-il puni tout seul.
Bilan : Max domine et gagne, Sergio fait une grosse boulette. Weekend classique pour l’équipe autrichienne
Mercedes – Lewis HAMILTON (6e -> 2e) – George RUSSELL (8e -> 6e)
Pour les Mercedes, le GP du Mexique a été dans la continuité du weekend texan.
Hamilton s’est montré aux avants-postes, prenant facilement le meilleur sur les Ferrari après une qualification moyenne. Il était loin de pouvoir lutter avec Verstappen en revanche. De l’autre côté du garage, la tendance se poursuit également, George ne semble pas réussir à s’adapter à la dernière configuration de la Mercedes. Incapable de résister à Norris, il termine juste devant Ricciardo.
Bilan : la 2e force sur l’ensemble du weekend, mais George doit retrouver de la confiance s’il veut lui aussi remonter sur les podiums
Ferrari – Charles LECLERC (1er -> 3e) – Carlos SAINZ (2e -> 4e)
Après les essais libres, les Ferrari étaient attendues au niveau des Alpine… Mais au fil des qualifications, le rythme allait de mieux en mieux, au point de monopoliser la première ligne ! En course, il n’y avait pas grand-chose à faire de plus. Verstappen était intouchable devant et Hamilton trop rapide pour pouvoir résister à sa remontée.
Bilan : petite déception en course par rapport aux qualifs, mais le résultat final est bien meilleur que celui attendu
McLaren – Lando NORRIS (17e -> 5e) – Oscar PIASTRI (7e -> 8e)
Comme à Austin, Norris était très rapide et Piastri en retrait. Après son erreur en Q1, l’Anglais a fait une des remontées de l’année en course. Il avait clairement le rythme pour monter sur un 5e podium consécutif sans sa qualification ratée. L’Australien a été plus régulier mais aussi plus discret, battu notamment par Ricciardo.
Bilan : après avoir été clairement 2e force du plateau, la McLaren oscille entre la 2e et la 4e place selon les moments du weekend. Le rythme reste très solide, notamment entre les mains de Norris
Aston Martin – Fernando ALONSO (13e -> Abandon) – Lance STROLL (20e -> Abandon, classé 17e)
Weekend catastrophique pour les Verts, jamais dans le rythme. Après une course anonyme en queue de peloton, Alonso abandonne pour la 2e fois consécutive. Partant une nouvelle fois des stands, Stroll n’est pas parvenu à remonter très haut. Pour couronner le tout, sa course s’est terminée prématurément suite à un accrochage avec Bottas.
Bilan : rien ne va plus, les évolutions semblent aller dans le mauvais sens. Le début de saison semble loin, très loin
Alpine – Esteban OCON (16e -> 10e) – Pierre GASLY (11e -> 11e)
Le rythme était assez médiocre chez les Bleus ce weekend. Aucune qualification en Q3, et les deux pilotes sont restés bloqués dans le peloton pendant quasiment toute la course. Gasly a vu les échappements de la Haas de Nico Hülkenberg pendant une trentaine de tours sans tenter une attaque… Ensuite la sortie de la Safety Car a ruiné sa stratégie.
A l’inverse, Ocon a été un des grands gagnants du drapeau rouge. Non seulement il a pu changer de pneus gratuitement, mais un superbe 2e départ lui a permis de dépasser son compatriote et de se rapprocher des points. Et finalement, c’est lui qui fait sauter le bouchon Hülkenberg pour accrocher un point, juste devant Gasly.
Bilan : un point, c’est mieux que rien. Il y avait beaucoup trop de monoplaces plus rapides pour espérer mieux.
Williams – Alex ALBON (14e -> 9e) – Logan SARGEANT (19e -> Abandon, classé 16e)
Après des essais libres très prometteurs pour Albon, 2 fois 2e en 3 séances, le Thaïlandais a été plus discret en qualifications et en course. Il est suffisamment rapide et constant pour ramener 2 nouveaux points.
En fond de peloton, Sargeant a effectué quelques jolis dépassements, mais les points n’ont jamais été accessibles, et l’Américain n’a finalement pas vu le drapeau à damier. Il s’est surtout fait remarquer en qualifications, négligeant les drapeaux jaunes lors de la sortie d’Alonso en Q1 et manquant de peu d’accrocher l’Aston Martin à haute vitesse.
Bilan : une certaine stabilité. Albon assure toujours, loin devant son coéquipier
AlphaTauri – Yuki TSUNODA (19e -> 12e) – Daniel RICCIARDO (4e -> 7e)
Le renouveau se poursuit pour l’équipe de Faenza. Ricciardo a montré pendant toutes les séances d’essai que l’AlphaTauri était rapide… Et il a transformé l’essai en qualifs avec une superbe 4e place entre les Red Bull ! En course, il est resté très solide, même s’il n’a logiquement pas pu résister aux Mercedes et à Norris. Tsunoda aurait pu compléter la fête mais a tout gâché en se précipitant lors de son dépassement sur Piastri.
Bilan : 5 points en 17 courses, puis 5 points à Austin, et maintenant 6 à Mexico malgré la boulette de Tsunoda. Quelle fin de saison !
Alfa Romeo – Valtteri BOTTAS (9e -> 15e) – ZHOU Guanyu (10e -> 14e)
De bons essais, une qualification inattendue avec les 2 pilotes en Q3… Et un retour à la réalité dès le début de la course. Rapidement sorties du top 10, les 2 Alfa ont terminé loin, quasiment à un tour d’une course malgré le drapeau rouge. En fin de course, Bottas est jugé responsable d’un accrochage avec Stroll, ce qui le renverra à la dernière place.
Bilan : 14e et 15e seulement malgré les abandons… Difficile d’imaginer comment revoir une Alfa dans les points en 2023
Haas – Nico HÜLKENBERG (12e -> 13e) – Kevin MAGNUSSEN (16e -> Abandon)
Hülkenberg s’est fait remarquer – un peu – en résistant aux Alpine pendant presque toute la course. Magnussen s’est fait remarquer – beaucoup – en allant violemment taper le mur et en déclenchant un drapeau rouge.
Bilan : malgré les péripéties, c’est un nouveau zéro pointé assez logique pour les ouailles de Gene Haas
Le classement complet
Le point aux Championnats : Verstappen toujours plus haut
Cette fois, Hamilton a conservé sa 2e place et revient à 20 points de Perez. Derrière, Sainz a rattrapé Alonso, mais Norris et Leclerc restent en embuscade, avec respectivement 14 et 17 points de retard. En fond de classement, Ricciardo a débloqué son compteur pour monter directement à la 17e place derrière son coéquipier.
Chez les constructeurs, statu quo en haut, Mercedes et Ferrari ayant marqué 27 points chacune. En fond de classement, AlphaTauri double Haas et revient à hauteur d’Alfa Romeo, passant même devant grâce à la 7e place de Ricciardo.
Quelques stats : Verstappen et les autres
Max Verstappen a égalé Alain Prost avec 51 victoires. A noter qu’à l’âge de Verstappen aujourd’hui (26 ans) en 1981, Prost n’en était qu’à glaner ses premiers succès pour sa première saison avec Renault. Prochain objectif pour le Néerlandais, les 53 victoires de Sebastian Vettel.
Grâce à cette 16e victoire en 2023, Verstappen améliore le record établi en 2022 (15). Il améliore également son record de points (455 points en 2022). Et il reste encore 3 courses…
Avec 22 pole positions, Charles Leclerc est toujours le seul recordman des pilotes n’ayant pas remporté le titre mondial. Et son ratio de victoires/pole positions continue à se détériorer (5/22). En montant sur son 28e podium, le Monégasque reste en revanche très loin du record de podiums sans titre. (68 pour Rubens Barrichello, juste devant les 67 de Bottas).
197e podium pour Hamilton, qui pourrait atteindre la barre des 200 en fin de saison s’il fait un sans faute.
Nico Hülkenberg a lui atteint la barre des 200 GP, mais toujours sans podium pour sa part…
