Initiation : au volant de l’Audi RS3 LMS

À l’occasion des 40 ans d’Audi Sport célébrés par Audi France sur le circuit de Pau Arnos et dans ses alentours, l’occasion m’a été donnée pour la deuxième fois en quelques mois de prendre le volant pour quelques tours de piste à bord de l’Audi RS3 LMS. Retour sur une expérience au volant d’une véritable voiture de course !

En décembre dernier, Audi avait déjà convié un certain nombre de médias, dont Blogautomobile, sur le circuit du Castellet dans le cadre d’une opération presse répondant au doux nom “Audi : l’avance par la technologie”, soit la traduction exacte de la devise allemande du constructeur Vorsprung durch technik. Outre des ateliers sur la mise en avant des capacités du système quattro dans des situations de pertes d’adhérence, sur les technologies Audi en termes de conduite semi-autonome ou encore sur le thème de signatures lumineuses, le choix du circuit Paul Ricard n’était pas anodin : nous avions eu la chance de pouvoir effectuer plusieurs roulages à bord des Audi RS e-tron GT, R8 V10 Performance RWD, Audi RS3 dernière génération chaussées en Pirelli Trofeo R ou encore, Audi RS3 LMS de 2017 dont nous allons parler dans cet article.

Audi RS3 LMS : qu’est ce que c’est ?

Dans le cadre de son programme Customer Racing initié en 2009, Audi Sport propose à sa clientèle depuis 2017 l’Audi RS3 LMS qui n’est autre qu’une Audi RS3 préparée pour la course et obéissant aux exigences du championnat TCR. Ainsi, comme son nom ne l’indique pas du tout, l’Audi RS3 LMS a troqué son fameux 5 cylindres contre un 4 cylindres 2.0 L maison, associé à une boite séquentielle à 6 rapports (ou une boite double-embrayage 6 rapports avec palettes au volant disponible en option, comme sur nos modèles d’essai) et développant 330 ch à 6200 trs/min pour 410 Nm à 2500 trs/min. Elle perd également par la même occasion sa transmission intégrale pour ne devenir qu’une simple traction, comme le reste des concurrentes disputant le même championnat. Les performances restent toutefois à l’avenant car avec seulement 1160 kg à vide sur la balance, la bête abat le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et atteint les 240 km/h en vitesse de pointe. D’autre part, toute la partie châssis est ajustable à l’envie : hauteur de caisse, pincement, carrossage, à l’avant comme à l’arrière. C’est selon les sensations du pilote et bien évidemment selon le type de tracé.

Le plus important dans tout ça reste l’ambiance “voiture de course”. La voiture est évidemment entièrement vidée et sauf pour les besoins de nos essais, ne comporte qu’un seul baquet intégral à la place conducteur. On remarque que seuls subsistent quelques détails de série, à l’image de la coque supérieure de la planche de bord ou encore quelques détails des contreportes d’origine (remarquez les poignées de porte). À même la tôle, un arceau intégral, destiné à protéger le conducteur en cas de lourd crash sur la piste. Dans ces conditions, harnais type aviation, combinaison ignifugée intégrale, casque avec intercommunale et hans obligatoires. Tout est différent à bord, la position de conduite, celle du volant (le volant en lui-même aussi d’ailleurs) et celle du pédalier, très déroutante. 

Mise en bouche au Castellet

Malgré une première expérience il y a de ça quelques années (essai 308 Racing Cup à Ascari à l’été 2017), lorsque je suis monté à bord de l’Audi RS3 LMS en décembre dernier au Castellet, ce n’était que ma seconde expérience dans une véritable voiture de course. Fort heureusement, le circuit ne m’était pas inconnu et j’avais donc pu me concentrer sur les sensations au volant. Il faut vous imaginer le tableau : vous vous retrouvez, après avoir conduit d’un doigt et en t-shirt une RS e-tron GT à 260 km/h sur le Paul Ricard, collé dans un baquet, en full-équipements course, à bord d’une voiture dont le niveau d’assistances à la conduite n’a plus rien en commun avec ce que vous avez pu essayer jusqu’alors. Si l’ABS subsiste, aucun freinage assisté au programme et il vous faudra mettre plusieurs dizaines de kg de poids sur la pédale de freins pour daigner ralentir la RS3 LMS. Mais nous en reparlerons.

Cette première initiation au Castellet m’avait permis de prendre quelques premières marques avec la voiture, appréhender son caractère, savoir où placer mes pieds, comprendre la résistance du volant pour mettre suffisamment de mouvement au moment voulu, ne pas avoir peur d’aller trouer le plancher à l’attaque des freins pour doser le dégressif au mieux jusqu’au point de corde. En bref, on oublie tout ce que l’on connait et on recommence pour se concentrer sur une conduite plus pure, où l’erreur pardonne moins. Mon erreur à moi cette fois-ci, c’était d’avoir relâché les gaz trop brutalement en plein milieu d’une courbe rapide, et cela à deux reprises ! La sanction fut immédiate à chaque fois, l’arrière se dérobait allègrement et mes quelques notions de pilotage d’une traction se rappelant à mon bon souvenir m’ont permis de corriger le tir en remettant godasse sur la pédale de droite, supprimant ainsi le survirage mais me faisant sortir complètement de la trajectoire en l’élargissant au moment où il fallait resserrer. À noter qu’au Castellet comme à Pau, les voitures étaient équipées de pneus routes, les sessions de roulage étant assez courtes et les arrêts prolongés nombreux. Des pneus slicks n’auraient vu le rythme des participants (moi le premier !) jamais eu l’occasion de monter suffisamment en température et auraient pu se révéler plus piégeurs en cas d’erreur. 

Développement des sensations à Pau Arnos

Ces souvenirs au Castellet en décembre 2022 m’étaient revenus comme une bombe en pleine face lorsqu’au début de cet été, je découvrais dans ma boîte mail une nouvelle invitation, cette fois pour fêter les 40 ans d’Audi Sport, avec entre autres au programme, de nouveaux ateliers au volant de la RS3 LMS. Si la voiture m’impressionnait un peu moins (attention, l’appréhension était belle et bien là à chaque fois que je m’installais derrière le volant !), je ne connaissais cette fois-ci pas le tracé. Quelques vidéos embarquées de la Caterham Academy notamment m’ont tout de même permis d’appréhender les types de virages que j’allais cette fois-ci devoir affronter.



On reprend la même équipe et on recommence : j’ai eu la chance de retrouver la même instructrice qu’en décembre qui par chance, se souvenait de moi. Des conditions rêvées pour espérer progresser au volant d’une même voiture. Les conditions de roulage étaient idéales : grand soleil, 25 degrés et une ambiance détendue pour attaquer mes nouveaux tours au volant de la RS3 LMS. Je m’étais bien repassé mes sensations précédentes dans ma tête la veille, me souvenait du piège d’un transfert de masse trop brutal sans assistance à la conduite, mais aussi de l’écart prononcé entre la pédale d’accélérateur et celle des freins, résolument adapté à un freinage pied gauche que je n’ai pas osé expérimenté, n’étant pas du tout maître en la matière. 

C’était en synthèse, mieux partout. À la fois au niveau de mes sensations de conduite que de mes gestes techniques. J’avais cette fois-ci apporté mes propres chaussures de conduite pour me sentir comme dans des chaussons et sentir les pédales au mieux pour doser le dégressif comme il faut. Je me suis mis progressivement à freiner un peu plus tard, ré-accélérer un peu plus tôt tour après tour à la sortie de chaque virage bref, j’ai vraiment pris du plaisir à manier une telle voiture de course. Une sorte d’entrée en la matière qui ferait rire n’importe quel pilote mais pour moi, c’était déjà exceptionnel. Dès les stands, le bruit du moteur sans filtre dans l’habitacle dénué de toute insonorisation, les consignes de l’instructeur à la radio comme en F1, les palettes en matière si brute qu’on s’abimerait les doigts au bout d’une course à conduire sans gants. Les performances de la voiture ne sont pas les plus démonstratives, le moteur reste assez plat en comportement et il est inutile de pousser les rapports au delà des 6500 trs/min. Il vous faut être académique avec la voiture afin de ne pas provoquer de réaction non-désirée bien plus dure à rattraper qu’au volant d’une voiture de série. 

Je suis allé définitivement plus vite sur le tracé de Pau Arnos en RS3 de dernière génération chaussée de Pirelli Trofeo R mais pour autant, ces sensations de voiture de course sont totalement uniques, tout comme les souvenirs qui vont avec. Quel plaisir de sentir dans le fessier les effets d’un châssis taillé pour la piste, aux débattements de suspensions ultra limités, d’appréhender dans le bout des bras les informations du train avant, de subir les changements de reliefs plus que la voiture ne les subit tant sa rigidité est exacerbée avec la présence d’un arceau, bref, de sentir que l’on ne fait qu’un avec une voiture, une véritable voiture de course, une Audi RS3 LMS.

Crédits Photos : Maurice Cernay

 

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