Le confinement en Citroën Ami

Citroën Ami, acte III. Après sa présentation à Nanterre en février 2020 puis notre premier essai à Paris en août dernier, je pensais avoir fait le tour de la Citroën Ami. Que nenni : restait en moi bien des questions, dont la plus grande est sans nul doute : à quoi ça sert ? Je me suis servi des 10 km alloués par notre cher Président en cet énième confinement pour tenter l’expérience de la vie quotidienne à son volant.

Nous sommes début avril, sur le site de production Stellantis de Poissy. “La voilà. Je suppose que je n’ai rien à vous apprendre sur la voiture ?”, me lance le responsable du parc presse Citroën en me tendant les clefs. Effectivement, je commence à connaître la bête, ne serait-ce que par son exposition à la Fnac la plus proche de chez moi. Mais tourner autour et m’abreuver d’à-peu-près tous les articles et les forums traitant de l’Ami n’a pas étanché ma curiosité à son propos. A qui s’adresse-t-elle, quel est son usage ? La période étant propice au télétravail, je me suis réfugié chez mes parents dans ma résidence secondaire, bien idéalement située à moins de dix kilomètres de ladite usine, dans le nord-est des Yvelines. Le terrain : un ensemble de villes, parfois denses, parfois non, de quartiers pavillonnaires et de voies extra-urbaines pour relier le tout. C’est parti.

Un nouvel environnement intéressant à arpenter en Ami. D’abord parce que, suite à mon essai d’août dernier au cœur de Paris, je m’étais mis d’accord avec moi-même que la Citroën n’ajoutait vraiment rien au tissu hyperdense de métros, bus, RER, vélos, trottinettes, scooters et tant d’autres choses déjà présent dans la capitale. Dans mon petit coin yvelinois, en revanche, une voiture est à peu près vitale au quotidien : faire les courses, aller en cours, au sport, chez ses potes et tant d’autres choses du quotidien sont rapidement invivables si on s’en réfère uniquement aux transports en commun, tandis que les vélos et scooters avouent rapidement leurs limites en termes de praticité, de polyvalence, de confort et de sécurité. J’en suis persuadé : il y a un manque à combler et il me semble être à la portée de l’Ami.

Prenons place. On déverrouille avec une clef, la porte antagoniste s’ouvre, bienvenue à bord. Conduisant une Mini au quotidien, je dois vous avouer que la position de conduite de l’Ami est pour le moins étonnante : on est assis en hauteur, le dos droit comme un I, avec un volant très loin et très incliné -il va de soi que ce dernier est absolument fixe, le seul réglage à notre disposition étant l’avancée du siège. Deuxième étonnement, on a l’impression d’être assis très en arrière dans l’habitacle : le pare-brise quasiment vertical est carrément hors de portée de nos petites mimines, ce qui est étonnant vu la taille de la bestiole. On comprend mieux du coup l’intérêt du toit vitré qui permet d’avoir un minimum de visibilité en hauteur…

Pour le reste, il est toujours étonnant de comparer le gabarit de l’Ami à tout autre objet roulant. Je ne trouve pas que mon Clubman soit un monstre des rues mais la Citroën semble d’une échelle différente : avec ses 3.28 m² de surface au sol, trouver un engin à quatre roues plus compact relève du défi. Oui, on trouvera bien mon adoré Renault Twizy avec ses 2.88 m², mais ses deux places en tandem le placent tout de même dans une autre catégorie. Le photogénisme globalement limité de la petite Citroën se fait certes atomiser par le capital sympathie absolument imbattable du Twizy, mais elle se permet d’être tout de même infiniment plus pratique que le Renault, ne serait-ce que par son habitacle complètement fermé.

Mais bon, il est temps de quitter le parking. On démarre avec la seconde clef (eh oui, comme dans une Bugatti, il y a deux clefs pour utiliser l’Ami), petit bip indiquant le réveil de la bête, on sélectionne le mode Drive au niveau de l’assise du siège et en avant la musique. La première épreuve, sous la forme d’une superbe départementale à 70 km/h, m’attend dès la sortie de l’usine. Je m’élance et les premiers kilomètres/heure s’atteignent avec une certaine vivacité (on reste sur un truc de 8 ch et 40 Nm de couple, ne nous emballons pas)…avant que la Citroën ne coupe tous les gaz une fois arrivé à 45 km/h. Je serais pour le coup curieux de connaître les performances de la bête une fois débridée -même si je ne suis pas certain de vouloir rouler beaucoup plus vite que la vitesse initiale, la direction étant d’un flou difficilement croyable. Du coup…on attend, et on prie pour que les conducteurs derrière ne s’en prennent pas trop à ma descendance. Notons tout de même que les petites fenêtres s’ouvrant “à la 2CV” sont à la position idéale pour y poser son coude -fenêtres dont j’ai oublié de tester une fonction bien pratique : peut-on attraper un sac de fast-food à emporter à travers cette petite ouverture ?

Continuons sur la partie “performances” avec un petit bémol : il se trouve que mon coin des Yvelines est assez vallonné avec, en climax, le massif de l’Hautil et ses côtes tutoyant les 10 % qui m’ont fait voir de toutes les couleurs sur les vélos de ma jeunesse. Et l’Ami n’est franchement pas fan de ces déclivités, puisque, malgré une attaque vaillante sur les premiers mètres, la vitesse s’effondrait systématiquement au fur et à mesure de l’ascension, ne me faisant arriver qu’à des vitesses inférieures à 20 km/h. Je peux tout à fait comprendre que ce genre de situation n’ait pas occupé une place importante dans la rédaction du cahier des charges…mais tout de même, moins de 20 km/h quoi. J’arrivais au sommet plus vite en vélo… D’autant plus que l’Ami m’a joué un tour similaire en coupant une nouvelle fois toute puissance, mais cette fois-ci dans un faux-plat montant, ce qui est tout de même plus inquiétant. Pour sa défense, la voiture était froide et avait passé la nuit dehors sous des températures négatives, mais on frise tout de même la dangerosité. Pas fou.

Que vous dire d’autre ? L’Ami se révèle être, à ma grande surprise, d’un confort tout à fait honnête. Ne nous emballons pas : les suspensions à butées hydrauliques progressives typiques de la marque sont loin d’être présentes et la position de conduite est difficilement acceptable mais, comparé au bout de bois absolu qu’est le Twizy, la Citroën fait l’effort d’un minimum de prévoyance pour notre dos. Gardons aussi en mémoire que les durées d’utilisation de l’engin ne devraient pas souvent dépasser les 30 minutes pour arriver à cette conclusion : ça fait le taf.

Allez, on embarque sur un classique des électriques : la partie batterie. Si la plaquette commerciale annonce une autonomie de 75 km, j’estime pouvoir faire aux alentours des 65 km en conduite tout à fait normale. Attention cependant si vous allumez le chauffage : après un trajet de sept kilomètres avec le chauffage/désembuage activé, l’ordinateur m’indiquait avoir perdu 15 km d’autonomie. Reste à l’Ami un argument bien à elle : sa batterie de 5.5 kWh ne demande que 3h sur secteur pour être totalement rechargée, ce qui signifie que vous devriez pouvoir vous en tirer avec pas beaucoup plus de 2h de charge au quotidien. Et ça, c’est quand même pratique.

Praticité, tiens, parlons-en : la louloute est quand même sacrément pratique. Je m’en étais déjà rendu compte en août dernier lorsque j’y avais fait rentrer Gonzague et son vélo plié (le vélo, pas Gonzague), mais faire les courses à son bord est totalement jouable, mêmes si ces dernières sont conséquentes : deux packs d’eau rentrent facilement derrière le siège conducteur et trois gros cabas passent easy dans les pieds du passager. Terminons ce chapitre en vous annonçant le plus officiellement du monde que conduire une Ami lorsqu’on mesure 2.07 m de haut ne pose aucun problème. Difficile de faire plus logeable !

Sept jours et 180 km plus tard, il est temps de rendre l’Ami et de conclure. Ai-je réussi à lui trouver une utilité ? Je pense que…oui. De fait, je vais me resservir d’une expression déjà utilisé quelques paragraphes plus haut : au quotidien, la Citroën Ami fait le taf. Son minimalisme est à la fois sa plus grande force et son plus gros défaut : conduire l’Ami, c’est de partir dans une sorte d’excursion dans la low-tech. Alors que tous les constructeurs se ruent pour présenter des voitures électriques avec des écrans partout et milliards de kWh de batterie qui ne seront utiles que pour 0.05 % des trajets effectués à son bord, Citroën propose une solution basique à un problème basique : comment me déplacer le plus simplement possible dans un environnement péri-urbain où la voiture est obligatoire. L’Ami est là et propose, pour un tarif contenu, un déplaçoir sans chichi mais suffisant pour faire quelques courses/aller à l’école/sortir le soir/aller chez des amis. Avons-nous besoin de beaucoup plus au quotidien ?

Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux

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