C’est parti pour la saison 2024 ! Les 3 jours d’essais de pré-saison viennent de se terminer à Bahreïn. Même s’il est difficile de tirer des conclusions fiables sans connaître les programmes des équipes, on peut déceler quelques tendances. Red Bull semble toujours être l’équipe à battre. Sergio Perez a seulement connu quelques problèmes mineurs jeudi lors de la 2e journée. Ferrari paraît rapide sur un tour, ce qui n’est pas une nouveauté. Du côté de McLaren, on est nettement plus confiant que l’année dernière époque. Mais impossible de dire s’ils seront la 2e force comme sur la 2e moitié de 2023.
Le principal enseignement de ces essais est probablement la fiabilité remarquable des nouvelles monoplaces. Les équipes les moins rapides devront compter sur des accrochages ou des conditions météos difficiles pour marquer des points… Les abandons mécaniques devraient encore être très rares en 2024.
Pour la première fois de l’histoire, on commencera 2024 avec les mêmes acteurs qu’à la fin de l’année 2023. 10 équipes, 20 pilotes… C’est parti pour un tour d’horizon des forces en présence.
Red Bull – Le favori pour 2024
Comme en 2023, Red Bull remet ses 2 titres en jeu. Après une année historique et une stabilité tant dans le règlement que dans les effectifs, tout laisse à penser que l’écurie autrichienne sera à nouveau l’équipe à battre et que Max Verstappen deviendra l’égal de Sebastian Vettel, lui aussi 4 fois Champion consécutivement avec Red Bull, et d’Alain Prost (1985, 1986 et 1989 avec McLaren, 1993 avec Williams). Pourtant, Red Bull ne s’est pas contenté de développer la RB19. La monoplace de 2024 apporte de nombreuses nouveautés, s’inspirant notamment de… Mercedes !
La seule vraie incertitude se trouve au niveau du baquet de Sergio Perez. Le Mexicain a sauvé sa place fin 2023, mais c’est sans doute par manque de candidat crédible pour le remplacer. S’il continue à multiplier les contre-performances et les erreurs, son volant sera menacé par Daniel Ricciardo. Evidemment, il faudra aussi que l’Australien donne satisfaction dans l’écurie sœur. Checo affirme toujours qu’il veut jouer le titre mais il ferait certainement mieux de se rendre à l’évidence… Il n’y a rien de déshonorant à être battu par Verstappen et à ramasser les miettes que le Néerlandais daigne laisser.
Mercedes – Rebond attendu en 2024
La saison n’a pas encore commencé que la marque à l’étoile tremble déjà. L’annonce surprise du départ de Lewis Hamilton a causé un véritable séisme chez Mercedes. L’Anglais sera cependant toujours là en 2024, à la recherche d’une première victoire depuis fin 2021. Une attente interminable pour le septuple Champion du Monde.
De son côté, George Russell doit profiter de l’occasion du départ de son encombrant coéquipier pour s’affirmer comme le leader de l’écurie. Personne ne sait encore qui il aura à ses côtés en 2025. Aura-t-il encore un gros poisson (Vettel et Alonso ont été évoqués), un pilote confirmé comme Ocon, Gasly ou Sainz, ou encore un débutant à former (Vesti ou Antonelli) ? Dans tous les cas, l’Anglais doit confirmer cette année qu’il a l’étoffe d’un futur Champion en faisant une saison pleine. Et ce que la Mercedes soit en mesure de gagner ou non.
Pour Mercedes, l’objectif est de redresser la barre après une fin de saison difficile et de bien gérer le duo de pilotes compte tenu des circonstances.
Ferrari – Nouvelles ambitions pour 2024
La Scuderia a une dynamique inverse à celle de Mercedes. La fin de saison dernière a été bien meilleure. L’avenir semble bien engagé avec un duo de pilotes Leclerc-Hamilton à partir de 2025. Encore faudra-t-il leur donner une monoplace capable de gagner régulièrement.
Pour 2024, le but sera de confirmer l’embellie des dernières courses de 2023, tant pour l’équipe que pour Charles Leclerc. Il sera alors envisageable de pouvoir jouer quelques victoires à la régulière. Viser plus haut semble irréaliste face à Max Verstappen et Red Bull.
Le Monégasque aura un objectif similaire à celui de George Russell, celui de s’affirmer comme le réel patron de l’équipe avant l’arrivée d’Hamilton, même s’il n’y aura certainement pas de n°1 désigné. Pour cela, il pourra toujours compter sur sa redoutable vitesse sur un tour de qualification mais devra faire moins d’erreurs. Sa mission est de battre largement Carlos Sainz, comme il l’a fait en 2022.
L’Espagnol, lui, devra donner le meilleur pour favoriser ses chances de décrocher un volant chez Audi ou Mercedes. Si de nombreuses rumeurs l’envoient chez la marque aux anneaux, peu importe le nom qu’elle aura en 2025, il devra montrer qu’il a le potentiel d’un vainqueur régulier. La présence de son père chez Audi, récent vainqueur du Dakar, pourrait jouer mais ne fera pas tout.
McLaren – 2024, l’année de la confirmation ?
L’écurie de Woking veut poursuivre sur sa lancée après sa formidable remontée depuis le GP d’Autriche 2023. Le podium du Championnat est largement envisageable si les tendances se confirment, les victoires sont à portée de volant.
La victoire, c’est tout ce qui manque à Lando Norris, qui a multiplié les 2e places l’an dernier, et voudra enfin monter le dernier échelon.
De l’autre côté du garage, Oscar Piastri devra poursuivre son apprentissage en gagnant en régularité. Pendant les courses, en gérant mieux les pneus, et sur la durée du Championnat. Il a déjà montré qu’il était capable de grandes performances, à lui de confirmer qu’il peut les répéter sur la durée.
Aston Martin – Une victoire en 2024 ?
Après un début 2023 en fanfare, les Verts ont pêché en 2e moitié de saison, l’objectif 2024 sera d’élever le niveau de performances en développant la monoplace plus efficacement, comme ils ont su le faire en 2022.
Si la perspective de décrocher le 2e baquet Mercedes ne le déconcentre pas, Fernando Alonso voudra saisir la moindre occasion de remporter sa 33e victoire, qu’il attend depuis si longtemps. Si toutes les planètes s’alignent, il saura montrer les dents pour aller la chercher, mais il faudra que l’Aston Martin soit au niveau de celle de début 2023, voire un peu meilleure.
Lance Stroll, de son côté, devra être plus régulier sur la saison. S’il est illusoire de lui demander de lutter avec Alonso, il serait bien plus utile à l’écurie de son père s’il parvenait à répéter les performances dont il est capable sporadiquement.
Alpine – Encore une année de transition ?
Après une saison 2023 très décevante, 2024 s’annonce une nouvelle fois comme l’année du renouveau. Après le ménage fait l’été dernier, il est difficile de savoir en combien de temps les changements vont faire effet… ni même s’ils vont être salutaires.
L’objectif affiché est d’avoir une monoplace homogène et efficace sur tous les circuits. Le chemin risque d’être long, il paraît peu probable de revoir les monoplaces bleues (ou roses… enfin, à dominante noire), sur le devant de la scène avant la nouvelle réglementation de 2026.
Du côté des pilotes, le but sera pour chacun de faire du mieux possible, avec l’ambition plus ou moins secrète de récupérer le baquet Mercedes libre.
Williams – 2024 pour continuer la remontée
A l’instar d’Alpine, les Williams doivent gagner en polyvalence. L’écurie de Grove semble gagner en stabilité et en organisation depuis quelques années, notamment depuis l’arrivée de James Vowles, l’ancien stratégiste de Mercedes. Viser mieux que la 7e place au Championnat sera difficile, mais c’est la progression en termes de points qu’il faudra surveiller. Il est complètement envisageable de doubler voire tripler le total de 2023.
Alex Albon devrait à nouveau tirer l’équipe à bout de bras. Et ce d’autant plus que contrairement à certaines annonces, son contrat court jusqu’à 2025. Si tout peut vite changer en F1, le Thaïlandais peut être le fer de lance de l’équipe à long terme. A condition que celle-ci continue à progresser et à se rapprocher des top teams.
Logan Sargeant devra quant à lui continuer son apprentissage et faire moins d’erreurs s’il veut avoir droit à une 3e saison en F1. Et qui sait, peut-être arrivera-t-il à devancer Albon au moins une fois ?
Visa Cash App RB – Vraiment nouvelle ?
Des multiples questions qu’on peut se poser sur cette équipe, la plus dérisoire est sans doute “Comment l’appeler ?” Certainement pas par son nom officiel complet Visa Cash App RB Formula One Team. RB a l’avantage d’être plus court, mais peut porter à confusion avec Red Bull, l’écurie mère (ou soeur, selon les jours). Mais RB signifie-t-il Red Bull ou Racing Bull (s) ? A moins de revenir au nom originel en voyant les couleurs choisies pour la VCARB 01… Toro Rosso.
Ces questions sémantiques mises à part, se pose la question des ambitions de l’équipe. La tendance est au rapprochement avec Red Bull, même s’il est réglementairement interdit de faire des copier-coller. L’objectif top 5 est annoncé mais ce ne serait pas la première fois que l’écurie de Faenza a les yeux plus gros que le ventre. La progression fin 2023 était très intéressante mais difficile de les imaginer terminer devant Aston Martin, McLaren voire Mercedes ou Ferrari.
Daniel Ricciardo doit combler les attentes suscitées par son retour s’il veut rester en F1. Mieux, il peut espérer retrouver un volant chez RB (enfin Red Bull, la vraie). Sa blessure à Zandvoort laisse du flou par rapport à son niveau réel actuel. Certainement meilleur que celui affiché chez McLaren, mais peut-il mériter à nouveau le siège de Sergio Perez ?
La présence de Yuki Tsunoda pose également question. Si la progression du Japonais est claire, il reste peu probable qu’il puisse candidater au remplacement du Mexicain. Dès lors, pourquoi rester 4 ans dans l’écurie junior ?
Stake F1 Team Kick Sauber – L’inconnue
Là encore, comment appeler cette équipe, qui doit devenir Audi en 2026 ? Avec la fin du partenariat avec Alfa Romeo, on pouvait se réjouir du retour du nom historique Sauber. Mais il semble que ça sera plutôt Stake, du nom d’une entreprise de paris en ligne. Le problème, c’est que Stake a été déclarée indésirable dans de nombreux pays. Et que ces pays incluent certains des GP inscrits au calendrier 2024… mais aussi en Suisse, le siège de l’équipe. Le nom de Kick (filiale du groupe Stake) serait alors utilisé pour les manches où Stake est interdit. Affaire à suivre.
Sportivement, difficile d’attendre quoi que ce soit après une saison déjà morose en 2023. Il y a fort à parier que Stake fera plus parler par sa réputation sulfureuse et sa livrée très… verte, que par ses résultats. Chaque point pourra être considéré comme une petite victoire.
La principale ambition de chacun des pilotes sera de faire mieux que l’autre pour espérer un baquet dans la future équipe Audi.
Haas – La fin en 2024 ?
Si l’écurie américaine n’a pas changé de nom pendant l’intersaison, le changement structurel n’en est pas moins important avec le départ inattendu du directeur historique de l’équipe Günther Steiner. La mascotte de Drive to Survive a été remplacée en interne par Ayao Komatsu. Cela pose des questions sur l’ambition de l’équipe, sur les projets à moyen terme et même court terme de Gene Haas. Vu d’aujourd’hui, le plus probable semble être une revente à Andretti/Cadillac. Mais les egos de Haas et Andretti et leur rivalité risquent de rendre cette opération difficile.
Comme les pilotes Stake/Kick/Sauber, Nico Hülkenberg et Kevin Magnussen n’auront pas grand-chose à espérer.
Crédit photos : F1.com