Essai : Range Rover Evoque Cabriolet. Le soleil est près de moi.

Une des choses qui m’intéresse le plus quand j’essaye des voitures, c’est de me faire surprendre par elles. En bien ou en mal, peu importe au final, tant qu’elles se révèlent totalement différentes de ce que j’imaginais. L’Evoque Cabriolet frappe en plein dans le mille.

Mes sourcils se froncent au fur et à mesure de la lecture de la fiche de prêt. Elle sera blanche en jantes noires ? Heureusement que je n’habite pas loin du Camp des Loges, je pourrai me fondre dans la masse… Car, il faut bien l’avouer, l’Evoque Cab ressemble dans cette configuration à une bonne caisse de (femme de) footballeur. Ceci dit, je fais la paix quand je le découvre en vrai : il a quand même une sacrée allure. La couleur est très jolie, avec un blanc qui tire sur le gris et des détails noirs qui permettent un bon contraste. Capote en place, la ceinture de caisse très haute rend l’allure ultra ramassée et on se dit que l’Evoque vieillit tout de même remarquablement bien. Une fois décapotée, le résultat est quand même assez particulier : on n’a clairement pas l’habitude de voir un engin si haut sur patte et si massif sans toit… Pour autant, je me suis décidé à bien l’aimer. Avec sa teinte et sa ceinture de caisse à 3m du sol, je l’appelais « ma grosse baignoire » – c’était purement affectif, comprenons-nous bien. Ça ne ressemble à rien d’autre, OK, mais ça a un pur charisme et c’est ça que j’aime.

En revanche, c’est plus l’intérieur qui porte le poids des années. Même si l’écran central a bénéficié d’un rafraîchissement, le rendant réactif et ergonomique, je tique sur la console centrale pullulant de boutons. On se croirait dans une voiture d’il y a dix ans –ou dans une Lexus actuelle, selon vos références. La finition, en revanche, est au top, même s’il faut prendre en compte que mon exemplaire possédait un habitacle quasi entièrement tendu d’un somptueux cuir…en option, vous vous doutez bien. La seconde bonne surprise, c’est la place à bord : chose rare pour un cabriolet, deux adultes peuvent prendre place à l’arrière sans pour autant se scier la tête et/ou les épaules et/ou les jambes. Reste le coffre qui, avec ses 250 litres, n’est pas franchement raccord avec les 4,37 m de l’Evoque.

Mais il est temps de démarrer. Je vous dresse le tableau : il fait gris, une légère bruine me glace les os, la température est de 11°C et je quitte la zone industrielle d’Argenteuil pour rejoindre l’A15 –de mon point de vue l’autoroute la plus laide de France. Au vu des éléments, j’ai bien évidemment…décapoté. Merde quoi, j’ai un cabriolet, et j’ai comme règle de ne jamais rouler avec le toit tant que 1) il ne pleut pas des cordes 2) je ne prends pas l’autoroute sur une durée prolongée 3) il fait plus de 8°C. N’empêche que je n’en mène pas large. Malgré le siège et le volant chauffants, je me caille un peu, le paysage ne fait clairement pas rêver et le ballet des camions me vrille les oreilles. Mais voilà, au premier feu rouge après être sorti de l’autoroute, un artisan en Berlingo s’arrête à mon côté, baisse sa vitre et me lance « elle est super votre caisse ! Quelle allure ! », le tout avec un grand sourire et un pouce bien tendu. Et c’est là que je me rappelle pourquoi j’aime tant les voitures qui sortent du lot : pour leur capacité à égayer le paysage quotidien et mettre un sourire sur le visage des gens. Et c’est bien cool.

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Je m’enfonce donc dans la ville et un fâcheux détail me saute à la figure : le moteur. Car mon Evoque est doté du 4 cylindres turbo diesel maison de 190 ch. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait aucun effort pour cacher sa nature : ça siffle, ça grogne, ça claque. Et ça gâche quand même un peu l’expérience. C’est là que je rêve d’un cabriolet électrique, pour glisser sans bruit l’été en Provence, simplement dérangés par l’odeur de la lavande et le crissement des grillons…mais je m’égare. Revenons dans notre morne région parisienne. Le moteur, donc, est beaucoup trop grognon pour être agréable toit baissé. Dommage car, à part ça, l’Evoque se débrouille bien en ville. Il braque bien, la boîte auto est douce sans être lente et, l’avantage d’un bazar pareil, c’est que les autres vous laissent passer sans discuter. L’amortissement est sec, mais les divins sièges comblent le désagrément. Ah, ces sièges… Tendus d’un cuir de la meilleure qualité, réglables dans tous les sens, maintenant admirablement bien le dos, j’en garde un souvenir ému.

Sur l’autoroute, capote baissée, changement radical : l’Evoque se transforme en salon roulant. Et c’est là qu’on s’aperçoit des progrès réalisés dans l’isolation phonique des capotes : à 130 km/h, pas un seul bruit aérodynamique ne vient perturber ce joli moment. Le Range glisse sur la route, les relances sont suffisantes et –encore une fois- les sièges s’occupent de vous choyer le popotin. Mon seul petit regret, finalement, concernerait le système hifi. Ma finition haut de gamme HSE Dynamic disposait d’un Meridian crachant 380 W via ses 10 haut-parleurs. Alors autant la qualité est juste correcte toit fermé, autant elle devient vraiment mauvaise une fois le toit baissé (et donc avec le volume augmenté) : les aigus deviennent trop percutants, les basses caricaturales et le reste disparaît. Conclusion, Orgie de Gobelins sous Champignons Hallucinogènes rend très mal et c’est fort dommage.

Mais ne passons pas à côté de l’essentiel : l’Evoque, c’est quand même un Range ! Fût-il cabriolet et conçu avant tout pour les contre-allées du XVI° et de Kensington. Partons donc dans le fin fond du 77 pour voir ce dont il est capable.

Bon OK ça peut paraître impressionnant comme ça mais clairement j’ai juste roulé dans des flaques –au pire des cas, dans des chemins de terre un peu boueux. Pas sûr que la sophistiquée transmission intégrale ait été particulièrement mise à l’épreuve dans ces conditions… Mais bon, c’est toujours rigolo de rouler dans la boue les cheveux aux vents.

Car c’est ça, l’essence de l’Evoque Cabriolet. Un truc tellement dingue et inutile qu’il en devient génial. Quelle autre voiture vous permet de regarder (littéralement) de haut un conducteur de MX-5 tout en ayant à la fois les cheveux au vent et la carrosserie couverte de boue –je parle en connaissance de cause ? De plus, il se dégage de l’Evoque un réel sentiment de différent : même capote fermée, à n’importe quelle vitesse, on sent qu’on conduit quelque chose de radicalement excentrique, radicalement unique, radicalement…hors de prix. Comptez 49 550 € minimum, et rien de moins que 78 320 € pour mon exemplaire (motorisé par un quatre cylindres diesel de 190 ch, pour rappel). Mais bon, si vous pouvez vous l’offrir, foncez ! Vous aurez la chance de conduire quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre et vous kifferez la vibe. Alors, forcément, les gens qui n’aiment pas les trucs qui sortent un peu du lot vous cracheront à la gueule et vous traiteront de tous les noms, mais vous savez quoi ?

Les autres, on s’en fout.

Crédits photos : Ugo Missana, Jean-Baptiste Passieux

Merci à Land Rover France pour l’aimable prêt.

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