Cher lectorat, à force de vous faire voyager à l’Est, vous vous êtes peut-être demandés si j’étais capable de vous emmener ailleurs qu’ici ou là. Histoire de vous changer les idées et de vous faire oublier les affres de la rentrée, je vous propose cette fois une petite virée estivale à l’Est… des Etats-Unis. J’avais deux jours à tuer. Suivez-moi, on part en Floride, en direction de Key West (itinéraire : ici). Et pour cruiser sur les Highways américaines, rien de tel qu’une…
… Pardonnez-moi, j’ai été radin
Et je le regrette, pour à peine deux fois plus cher, j’aurais eu une Dodge Charger (hors carburant…). J’espérais sincèrement avoir la nouvelle Corolla, manque de chance, le loueur n’avait que l’ancien modèle. « Vous la voulez noire ou blanche ? » me lance-t-il avant de me tendre les clés. Me voici donc à vous emmener à bord d’une Toyota Corolla modèle 2013, en finition LE (second degré d’équipement), motorisée par un 1,8 l de 130 ch associé à une BVA à 4 rapports (oui…). Le tarif d’une telle voiture était d’environ 18 000 $, ce qui, ramené en Euro et avec une TVA à 20% nous donnerait un tarif proche de 15 300 €. En France et à titre de comparaison, la Toyota Auris 100 ch de base avec l’option climatisation revient à près de 19 500 €. Sans écran tactile et sans boîte automatique. Les voitures sont donc bien moins chères aux USA. Sont-elles pour autant moins bien ? Il est temps de le vérifier : l’heure est venue de partir de Fort Lauderdale sous la chaleur déjà écrasante de ce début de matinée. Nous sommes en pleine saison humide, la climatisation devient soudainement votre meilleure amie.
Packard : belles
Avant de quitter Fort Lauderdale, je vous propose de faire un petit tour par l’une des rares attractions de la ville : son musée automobile. Les autres centres d’intérêts étant les outlets en cette saison des soldes ainsi que Cheesecake Factory (essayez le Kobe Burger). N’est pas New York qui veut. Faisons donc une brève étape au Fort Lauderdale Antique Car Museum, accueillant une collection de près d’une trentaine de Packard. Qu’en retenir ? Une marque fondée en 1899 par les frères Packard, le premier V12 de série (Packard Twin-Six), la première voiture de série dotée de l’air conditionné en 1939, la fusion avec Studebaker en 1954, le premier restylage utilisant des pièces plastiques en 1957 et la fin de la marque en 1958. La visite peut s’effectuer très rapidement, les lieux n’étant pas immenses. Et ça tombe bien, on a de la route à faire.
Welcome to Miami
Benvenuto a Miami. Je vous propose un passage express par une des villes les plus célèbres des Etats Unis et la seconde plus grande de Floride. Elle n’est pas la capitale de cet Etat, le rôle étant tenu par l’inconnue Tallahassee. Je vous permets de ne pas vous en rappeler. Première déception en abordant Miami : la musique des Who ne retentit pas tandis qu’aucun rouquin n’ôte ses lunettes en inclinant l’encéphale. La ville, dont le développement urbain a eu lieu dans les années 1920, abrite toutefois quelques attractions comme Ocean Drive, une grande plage et un quartier art déco. Retenez simplement que le siège de Burger King se trouve à Miami. Il est temps de sortir de la ville tandis que la batterie du Lumia qui me sert de GPS décède prématurément : la prise USB de la Corolla ne charge pas les accessoires… Direction Key West, autrement dit : plein Sud, vu qu’il n’y a pas grand-chose d’autre comme direction à suivre.
Just cruisin’
Si le GPS m’a lâché, l’iPhone connecté via la prise Jack est encore proprement chargé et trouve sa place dans la voiture, assez généreusement dotée en rangements aux places avant. C’est moche, copieusement couvert de plastiques durs, mais fonctionnel et doté d’un écran tactile : tout le contraire d’une Citroën DS5, en fait. Côté musique, la Floride n’a pas produit énormément de merveilles à moins que vous n’aimiez le gros son qui tache façon Pitbull. Je me ferai donc un plaisir d’écouter autre chose pour égayer le trajet à bord de cette insipide voiture. A commencer par un peu de Motown. De la bonne musique et de beaux paysages, il en faudra pour oublier que je suis au volant de l’ancienne Corolla : si l’ergonomie générale est bonne (à l’exception de l’ordinateur de bord que l’on commande depuis le combiné) et les rangements, nombreux, vous devrez composer avec une direction qui fera le minimum i.e. tournez le volant à gauche pour aller à gauche, inversement pour aller à droite mais n’espérez aucune remontée d’information, tout y est très artificiel. Derrière ledit volant se trouvent des comodos au contact on ne peut plus cheap, à l’image de la platine de clim. La boîte automatique 4 vitesses réussit l’exploit de me faire presque regretter une BVM du fait de sa propension à oublier de rétrograder sans intervention humaine. Heureusement que les américains ne connaissent ni les ronds-points ni les vitesses élevées, ça aurait achevé cette vieille BVA. Et mis en exergue l’insono un brin légère de la voiture (notez l’absence de pare-boue à l’arrière…). Rassurez-vous toutefois : la traditionnelle horloge digitale moche que Toyota nous sert depuis 30 ans est bien présente, trônant au sommet de la planche de bord. Il y a de fortes chances pour que cette horloge ne soit pas au courant de la chute du Mur de Berlin.
Go [Key] West
Mes souvenirs d’enfance ne me trompent pas : les nombreux ponts reliant les différentes cayes [French for Key] sont conformes à l’image qui était restée dans ma mémoire. Les 200 kilomètres séparant la pointe Sud de la Floride de Key West sont reliés par une grande route (Overseas Highway) enjambant la mer à de multiples reprises. On dénombre environ un millier d’îlots s’étirant du Nord-est au Sud-ouest. Je vous propose de faire un premier arrêt dans les Upper Keys, à Islamorada. Le temps de faire une pause dans le superbe Morada Bay Cafe pour lequel les images parlent d’elles-mêmes, tandis qu’un van Chevrolet vous accueille à l’entrée. J’offre 10 $ à la personne qui identifiera le modèle. Ajoutez les concerts sur la plage à certaines heures et un grand choix de cocktails pour les piétons de l’étape. Inutile de trop tarder sur la plage de ce merveilleux endroit : la température m’incite fortement à régler l’addition pour retrouver le mièvre habitacle climatisé de la Corolla pour la suite du road trip en compagnie des Allas-Las dans l’autoradio.
Direction Duck Key, dans les Middle Keys, pour visiter un coin assez joli où il n’y a rien à faire si ce n’est y posséder une maison dispendieuse. Faute de rémunération suffisante avec ce métier de blogueur, je renonce à tout projet immobilier sur cette île. Direction Marathon pour refaire le plein de boissons, mes portes-gobelets ne contenant plus que du plastique. Un Burger King fera l’affaire et une Porsche 928 blanche en décore le parking. La suite se passe le long de Seven Mile Bridge, qui, comme son nom le laisse aisément supposer, est un ouvrage d’art long de 10 887,5 mètres (donc presque 7 miles). Un pont ? Pas tout à fait, il y en a deux, en réalité, reliant les Middle Keys aux Lower Keys. Le premier, Overseas Railroad, construit entre 1910 et 1912 a été reconverti en pont automobile suite à l’ouragan de 1935. Désormais désaffecté, le pont sert essentiellement aux pêcheurs et enjambe Pigeon Key. Le pont actuel, maintes fois primé du fait notamment de sa livraison en avance de 6 mois sur le planning originel, a été inauguré en 1982. Steven Tyler et ses amis siègent désormais dans les haut-parleurs et l’on poursuit notre route vers Key West.
L’île méridionale de Key West a été découverte par l’espagnol Ponce de Leon en 1521. Les indiens Calusa y vivaient alors. L’île change ensuite régulièrement de nom et de maître. Je passe sur les méandres de l’Histoire, Wikipedia s’en chargera bien mieux que moi. Retenez simplement que Key West est bigrement proche de Cuba, au point d’avoir eu quelques sueurs froides en 1962. Il est intéressant de noter que Key West a brièvement pris son indépendance en protestation aux barrages de police instaurés en 1982 afin de contrôler chaque voiture circulant sur Overseas Highway, à la recherche d’immigrés illégaux. Impactée économiquement du fait des embouteillages induits par les contrôles, Key West s’est autoproclamée Conch Republic en optant pour une malicieuse devise : « we seceded where others failed ». Habile. Cet épisode est célébré tous les 23 avril. Côté architecture, des demeures victoriennes se mêlent aux shotgun-houses tandis que côté célébrités, Ernest Hemingway y a vécu (on peut y visiter sa demeure). Key West a également quelque chose en elle de Tennessee Williams qui y a élu domicile durant de nombreuses années. Jouxtant la base aéronavale se trouve le fameux Southernmost Point, la borne indiquant que Cuba n’est qu’à 90 miles de là. Il est temps de garer la Corolla et de se reposer un peu, au son de l’album Turn Blue des Black Keys (après tout, on est dans les Keys).
Le lendemain, petit déjeuner au Six Toed Cat à côté du phare : il est l’heure de ramener la Toyota chez le loueur. Verdict : à aucun moment, je n’ai eu l’impression d’avoir 130 ch sous le capot. La conso moyenne s’est établie à 35 mpg sur le parcours soit 6,7 l/100, ce qui n’est pas si mal pour une voiture dont la clim n’a pas arrêté de tourner et dont la BVA4 était loin d’être au top. On peut remercier les limitations de vitesse déraisonnablement basses et la circulation relativement fluide. Que retenir de cette voiture ? Si elle est sensiblement moins chère que l’Auris, son homologue européenne, ce n’est pas sans raison : entre l’insonorisation légère, le manque singulier de raffinement dans l’aspect de l’habitacle et de la carrosserie, elle ne correspond pas aux standards européens. Il n’y a pas de secret : tout a un prix. La prochaine fois, promis, je louerai un truc sensiblement moins mièvre.
Prochain voyage de l’été ? Notre ami Eddy vous emmènera carrément plus à l’Est… A suivre.
Via Wikipedia, Lonely Planet. Merci à Doud et à Sid pour les conseils.