Essai Renault Megane Estate dCi 110 EDC : un bon break bien normal

Même animé par une boîte à double embrayage, est-il possible de kiffer sur un break Diesel de 110 chevaux ? Eléments de réponse avec la Renault Megane dCi 110 EDC.

C’est l’époque des vœux : santé, prospérité, bonheur, amour, tout ça. Sauf que la prospérité, ben, dès fois, elle se fait attendre un peu. Et du coup, en corollaire direct, au lieu de rouler dans une Bentley Bentayga / Ferrari F12 TDF / Audi RS7 / Lamborghini Espada (rayez la ou les mentions inutiles), vous devez jeter votre dévolu sur une bien brave auto familiale bien normale.

Du coup : (re-) bienvenue sur terre, et bienvenue dans un monde normal fait de choix rationnels. Et ça tombe bien, car la Renault Megane a plutôt vocation à s’exprimer sur ce créneau. D’ailleurs, en tant que fidèle lecteur de notre mirifique blog, vous commencez à bien la connaître, la Megane IV : la version TCe 100 a été essayée par Stephane et la GT 205 par Victor, alors qu’en Diesel, c’est le brillantissime Régis qui s’est collé à la dCi 130 tandis que dans la foulée, rien ne l’arrêtant, il est parti examiner la version Estate sous toutes ses coutures. A mon tour de poursuivre l’exploration de cette vaste gamme avec la version dCi 110 EDC en finition Intens. Car telle est notre mission : de la passion dans l’information et de la rigueur dans le divertissement. Ou un truc dans le genre.

Merci Laurens !

Toujours est-il que s’il y en a un qui a l’air aussi passionné et rigoureux, c’est Laurens van den Acker, fan de baskets colorées et aussi directeur du style Renault depuis 2009 et qui a bien réussi à la fois à donner une identité de marque plus cohérente sur quasiment toute la gamme, et à rendre des voitures somme toute banales un rien agréable à regarder. Quand on sait que l’esthétique peut représenter jusque 70 % de la motivation d’achat et que la version Estate représentera environ 40 % du mix de la Megane, mieux vaut ne pas se tromper.

Après, tous les goûts sont dans la nature, mais moi je la trouve plutôt réussie dans son genre, la Megane Estate ayant assurément mis le style dans son cahier des charges, quitte à ne pas être le plus gros cargo de la catégorie (Peugeot 308 break et Skoda Octavia sont devant si vous cherchez des mètres-cubes avant tout). Dans la finition Intens, il y a les feux avant à LEDs et les jantes de 17 pouces. Cool.

Le physique de l’auto, ses aspects pratiques, ses mensurations et moult autres spécifications vous ayant déjà été décrypté dans le détail par Régis, je ne vais pas revenir dessus. Par contre, c’était mon premier essai d’une Megane IV après avoir un peu roulé en Espace TCe 200 et en Talisman dCi 130 et Estate TCe 200, et je retrouve évidemment mes marques notamment au niveau de l’infodivertissement auquel on s’habitue à la longue, même si je trouve que certaines commandes ne sont pas toujours intuitives.

Et je retrouve les mêmes critiques, avec quelques plastiques qui font toc et l’utilisation de plastique granuleux et un peu bas de gamme sur la partie inférieure de la planche de bord. C’est un tout petit peu dommage, parce que le reste fait plutôt bonne impression : entre le compteur digital et ses différentes ambiances, l’éclairage intérieur qui apporte une belle atmosphère de nuit et la qualité des sièges, à moitié en cuir et en Alcantara, on est plutôt bien dans cette Megane.

Contact : le 4 cylindres de 1461 cm3 à 8 soupapes prend vie dans une relative discrétion. La boîte EDC6 est douce, sans aucun à-coups, mais elle laisse parfois un léger et curieux sentiment de patinage lors des relance à bas régime en seconde. Bref, tout se passe bien, mais rapidement, il y a un problème. En effet…

Chantal me brise les rouleaux

En effet, donc et comme le laisse entendre cet intertitre à la tournure très directe, Chantal me brise les rouleaux. Mais qui est donc Chantal, vous demandez-vous ? C’est la voix de Coyote, pardi. Enfin, c’est comme ça que j’ai baptisée la mienne, libre à vous de l’appeler Ségolène, Nabila ou Mireille Mathieu, comme ça vous chante.

Avoir un système Coyote intégré, c’est vachement bien. Sans même parler de l’univers radarisé qui est le nôtre, être averti du trafic et des zones de danger, c’est un plus, car la sécurité, c’est important. J’ai écris cette dernière phrase avec la main sur le cœur et des trémolos dans la voix, ce qui n’est pas facile quand on est aussi au clavier.

Sauf que Chantal prend cette mission à cœur, un peu comme si sa vie en dépendait, et en plus elle me prend, moi, pour un demeuré, en me répétant trois fois les mêmes indications. Et en plus, Chantal, faut que je te dise un truc : ta voix, elle pue. Elle n’a aucune once de suavité, aucun zeste de sensualité. Chantal, vu le nombre d’heures que l’on va passer ensemble dans cette bagnole, fait un effort, putain, parce que là tu as l’allant d’une standardiste du service réclamation d’un opérateur téléphonique. Apprête toi un peu, va faire des stages avec des hôtesses de l’air. Parce que là, jamais tu ne m’as donné l’envie que l’on s’arrête sur le bas-côté et que je te choppe sur le capot ou sur la banquette arrière. Sache d’ailleurs, Chantal, que la banquette est plus inclinée dans le break que dans la berline, au bénéfice de l’habitabilité (27° au lieu de 25°) et qui sait, peut-être que l’accès à des parcelles ultimes de bonheur se cachait dans ces 2° supplémentaires ? Ou dans les 2,70 mètres disponibles en surface plane de chargement, une fois le siège passager avant rabattu ? Parce que non, il n’y a pas qu’Ikea dans la vie.

Chantal, donc, fait du zèle. C’est gentil de me rappeler trois fois de suite que je suis dans un ralentissement, Chantal, car ça fait dix minutes que je n’ai pas dépassé 14 km/h. Et ça, encore, c’est pas le pire. Car en plus je ne peux même pas rouler comme un connard de base. Mais là encore, qu’est-ce qu’un connard de base, vous demandez-vous ? C’est très simple : l’un des talents du connard de base (il en a plein d’autres, rassurez-vous), c’est d’arriver à bloc sur un radar automatique, de sauter sur les freins pour passer juste à la vitesse légale, puis de re-souder le pied à la planche ensuite. Eh bien, ça, Chantal, elle aime pas ! Mais alors pas du tout.

Déjà, elle peut vous prévenir 4 bornes avant la cabine du radar. Pas fun, la fille, mais prévoyante. Ensuite, si vous dépassez de 5 km/h la vitesse autorisée, elle bipe. Fort. Et ce, même si vous vous trouvez à l’instant présent dans une zone où la vitesse est plus autorisée que celle du radar à venir. Et la torture continue car Chantal adore signaler des « zones de danger » juste dans la continuité d’un radar automatique, avec force bips et messages. Du coup, vous êtes obligé de rouler à la limitation de vitesse sur tout le segment en question, ce qui fait de vous un créateur d’embouteillage et donc de pollution. C’est horrible.

Vous me direz, il nous les gonfle le scribouillard avec sa Chantal, il a qu’à la désactiver. Eh bien, non, j’ai pas réussi. Je suis pourtant allé dans tous les réglages et paramètres de l’écran tactile de 8,7 pouces, à chaque fois, elle revenait à la vie toute seule. Une pure cyborg, cette Chantal ! Donc soit je suis particulièrement débile (l’hypothèse, bien que foncièrement désagréable, est malheureusement plausible), soit en Megane, t’es marié avec Chantal pour la vie !

Sauf que : une fois rapportée au parc presse Renault, je m’émeus et me fais expliquer qu’en fait on peut créer plusieurs profils d’utilisateurs et que l’on paramètre ses priorités et que si l’on veut moins de Chantal et plus de biips, eh bien Chantal, museau ! En fait, c’était simple.

Une hystérie peu justifiée

A la bonne heure (et quant à la première hypothèse énoncée ci-dessus…) ! Si l’hystérie de Chantal démontre aussi à quel point on est surveillés et radarisés dans nos trajets quotidiens (moi, par exemple, dans les 40 km a/r que je fais souvent au quotidien, je dois déjà échapper à 8 radars automatiques, ce qui me laisse assez peu de temps pour écouter la radio, Chantal reprenant le dessus), elle est en même temps peu justifiée car si il y a une voiture qui n’est pas un engin de hooligan, c’est aussi cette brave Megane dCi 110 EDC.

Au contraire : c’est une bonne auto familiale dont les qualités premières sont d’être douce et confortable. La double alliance moteur / boîte et confort / silence à bord donne une vraie satisfaction dans le cadre d’une conduite responsable qui tient compte des limitations et de la réalité du trafic. Le couple de 250 Nm est disponible à 1750 tr/mn (j’ai même l’impression qu’une proportion importante de cette valeur maxi est déjà disponible bien plus bas) et grâce à la boîte à double embrayage, les relances sont correctes au point que j’étais assez épaté des prestations compte tenu de la fiche technique de l’engin : 188 km/h en pointe (je n’y pensais même pas, à cause de Chantal !) et le 0 à 100 couvert en 12,7 secondes, des chiffres modestes dans l’absolu mais qui passent au second plan grâce à la bonne volonté de l’auto.

Un peu plus tard, je me retrouvai en retard et donc pressé, sur une petite route du Vexin. Plutôt ouvert au courant de pensée validant la courbure de l’espace-temps, je me suis dit que j’allais le rattraper, le temps. Avant de me rendre compte qu’en Megane dCi 110, même EDC, ça allait être compliqué et que le temps redevienne linéaire. Pas très sci-fi, cette Megane dCi 110.

Car si le moteur n’a que des qualités au quotidien, il n’a rien de flamboyant quand on le provoque, avec une montée en régime molle entre 3 et 4000 tr/mn et pas grand chose de 4 à 5000, et ce même avec les compteurs fâchés tout rouge en mode sport. La boîte fait plutôt bien le boulot et le châssis reste excellent, avec une direction précise, peu de roulis et des suspensions qui évitent les effets de pompage tout en restant confortables, ainsi que des sièges qui maintiennent bien, mais le constat s’est vite révélé évident. Le sport ne fait pas partie de son programme. Ce qu’il faut donc retenir, c’est son grand confort, son silence et sa véritable homogénéité au quotidien. Cela conviendra au plus grand nombre même si pour ma part, j’aurai plus d’attirance vers les version dCi 130 (on gagne 20 ch mais surtout 70 Nm) ou dCi 160 (+ 50 ch et 130 Nm).

La Megane Estate commence à 20 100 €, mais elle est à 30 300 € dans cette motorisation et finition, à laquelle il faut ajouter quelques options (audio Bose, affichage tête haute – bien réalisé cela dit – , pack easy parking…). La Megane Estate dCi 110 EDC est donnée pour 3,7 l/100 de conso officielle mixte (et 95 grammes de CO2). J’ai fait une moyenne de 6,8 l/100. Et ce même avec Chantal.

Photos : Gabriel Lecouvreur & SJ

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