Un mois après la fermeture des portes de Rétromobile 2023, on a voulu se pencher à nouveau sur l’événement. On en a tiré quelques conclusions. On avoue, cela nous permet également de vous proposer quelques clichés inédits de la manifestation. Pour les étourdis, vous pouvez également retrouver l’article de l’excellent Thomas, publié il y a quelques semaines.
On le répète mais les salons automobiles sont en crise. Le Mondial 2022 a été l’ombre de ce qui fut le plus grand salon du monde. Francfort a déménagé, Genève annulé puis transféré aux Emirats (retour possible en 2024). Rétromobile 2021 n’a pas eu lieu et l’édition 2022 a souffert du Covid avec une exposition très réduite. C’est Simon Kidston, la star incontestée de l’an dernier, qui l’a sauvée.
Nos craintes ont été rapidement balayées par les confirmations successives des grands marchands et le retour des exposants dans le hall 1 de la Porte de Versailles. Difficile de ne pas y voir la mutation inexorable des événements automobiles. Le salon en mode concession XXL n’intéresse plus grand monde et encore moins les constructeurs. Le Mondial de Paris a réussi a attirer du public grâce à la présence de youtubers et à une exposition de Ferrari de qualité. Cela a permis de compenser l’absence des stands les plus visités, Lamborghini, Bugatti ou Porsche. En résumé, c’est le rêve qui fait venir. C’est en ça que Rétromobile offre une expérience différente. Rares sont les voitures présentes que l’on croise à chaque coin de rue. L’exception est partout, même dans les voitures populaires. Peugeot n’a assemblé que 150 exemplaires de cette 405 Mi16 Le Mans !
La mise à l’honneur de la Twingo de première génération par Renault était également fort intéressante avec des versions rares dans un état parfait. Après la R5 l’an passé, l’ancienne Régie a joué à fond la carte Rétromobile 2023.
A l’opposé, les grands noms du négoce de voitures de collection rivalisent pour offrir le stand le plus remarquable. Le flux des acheteurs est guidé par les mêmes instincts que celui du simple public : l’émotion. Il faut donc en mettre plein les yeux avec un stand travaillé et une certaine cohérence dans le choix des automobiles exposées. A ce petit jeu, tous ne sont pas aussi brillants, faute probablement de moyens alloués. Il suffit de s’attarder sur le stand Movendi pour constater que le salon n’avait pas pour but de faire parler d’eux. La présentation était indigente malgré la qualité extrême des modèles (BMW 507, Ferrari F40 soit disant LM, Diablo GT, …). Collé, serré, barrières : le triptyque infernal.
A l’opposé, Lukas Hüni offre depuis très longtemps une exposition à thème mais pas cette année ! On oublie vite avec une disposition correcte de plusieurs trésors malgré une lumière pas au niveau. Girardo aura retenu “Ferrari” comme sujet majeur : ce n’est pas très original mais diablement efficace, surtout avec quelques modèles rares. Peu avaient déjà pu admirer une 599 GTZ Nibbio Spyder ou une 400 SWB Superamerica. Kidston s’est concentré sur une certaine idée de la Dolce Vita avec des carrosseries élégantes italiennes mais aussi une Mercedes 540K Roadster. Un hors sujet que l’on accepte.
Le thème de la course était également très présent chez de nombreux exposants cette année. Si certains sont des pur players (JMB Classic, Ascott), d’autres un peu moins sans pour autant négliger la qualité (Girardo, Fiskens).
Donc, ce que Rétromobile 2023 offre, c’est avant tout du rêve et du spectacle. C’est à ce prix que les salons pourront aller de l’avant. Un bémol toutefois pour la nouvelle organisation : le prix des billets pour le grand public. Passe encore la possibilité de payer double pour assister à la soirée d’inauguration mais à 24€ le billet d’entrée, on commence doucement à approcher une limite haute. Il ne faudrait pas non plus que le salon se transforme en manifestation uniquement destinée aux acheteurs. N’oublions pas que Rétromobile est un salon aux origines populaires. Si le basculement vers le gigantisme et l’aura mondiale est une franche réussite, il ne faudrait pas que cela coupe la manifestation de son public, même si ce n’est pas celui qui apporte le plus gros chiffre d’affaires. 125 000 visiteurs offrent de la visibilité.
Crédit photos : Pierre Clémence