Simca 1307/1308/1309 -Talbot 1510/Solara : Une berline française normale

1975 : Accords de Lomé et décès de Pierre Dac en février, naissance de Microsoft et chute de Saïgon en avril, réouverture du Canal de Suez et naissance de Djamel Debouzze en juin, Accords d’Helsinki et assassinat d’Hailé Selassié 1er, empereur d’Ethiopie et en septembre lancement au salon de l’automobile de Paris des Simca 1307/1308 (exactement Simca-Chrysler 1307/1308) qui doivent prendre la succession des vieillissantes 1301/1501 elles mêmes étroitement dérivées des 1300/1500 du début des années 60. Pour bien se mettre dans le bain, sachez que la 1307 était une…7 chevaux fiscaux et la 1308, une 8 ch fiscaux et la 1309…

Présentée à la  presse durant l’été, la 1307/1308 est officiellement lancée lors du salon de l’auto de paris qui se tient à la rentrée. Avec cette  nouvelle berline moyenne Simca joue gros car il passe du conservatisme des 1301/1501 qui sont des berlines tricorps, propulsion, avec pont arrière rigide à une modernité très seventies avec la 1307/1308 qui emprunte un peu de l’esprit d’un concurrente française qui réussi à l’époque, la Renault 16. Ainsi la 1307/1308 se présente sous la forme d’une berline bicorps traction à moteur implanté transversalement avec hayon. L’apparence plutôt légère est dans l’air du temps notamment avec sa large surface vitrée, ses pares chocs en plastique ou même son feu de recul qui est encore une rareté au milieu des années 70. Ci dessous, une première approche des spécifications globales de la voiture.

Berline 5 portes puis 4 portes
Traction
Moteur transversal à 4 cylindres (1.3 L, 1.4 L, 1.6 L)
Vmax : 150km/h à 165 km/h selon les versions
Boite à 4 rapports synchronisés  (BVM5 et BVA3 optionnelles)
Direction à crémaillère (DA optionnelle selon les millésimes)
Freins : Disques à l’avant et tambours à l’arrière avec assistance.
Suspension : 4 roues indépendantes, barres de torsion à l’avant, ressorts hélicoïdaux à l’arrière.
1050kg
Longueur 4.25m
Largeur 1.68m
Hauteur 1.40m
Empattement 2.604

Coffre : 370 dm3

Pneumatiques : 155 SR13 sur les premiers modèles

Si le physique est moderne, la technologie du chassis dans la bonne norme, on est un peu moins enthousiaste quand on se penche sur les mécaniques des 1307 et 1308. Les moteurs 1.3 L et 1.4 L ne sont pas des foudre de guerre ni des monstres d’agrément mais chez Simca-Chrysler on juge ces blocs suffisants et en adéquation avec la demande du marché. Ainsi dès son lancement avec le millésime 1976, la nouvelle berline est proposée en 3 versions :

1307 GLS : 1294 cm3, carburateur simple corps, 68 ch, BVM4, Vmax : 150 km/h

1307 S : 1294 cm3, 2 carburateurs double corps, 82 ch, BVM4, Vmax : 162 km/h (cette version se transformera en 1978 en 1308 S avec le 1.4 L 85 ch)

1308 GT : 1442 cm3, carburateur double corps, 85 ch, BVM4, Vmax : 165 km/h

Et bien sur dès le lancement, la nouvelle venue est proposée avec 3 niveaux de finition, un par puissance et voici un rapide coup d’oeil sur les équipements.

1307 GLS :  pas d’enjoliveurs centraux de roues, pas d’appuies têtes, sellerie en tissu ou en skaï (option), feu de recul, feu de brouillard, pas de pré équipement radio. 1307 S : enjoliveurs de roue, compte tours, sellerie tissu, console centrale, ampoules H4, compte tours, montre, éclairage du coffre, câblage radio. 1308 GT : Là c’est le luxe avec équipement 1307 S + tapis moquette, appuies têtes, pare brise en verre feuilleté, essuies phares, LVE Av.

Les 1307/1308 font un très bon début de carrière puisque début avril 1976, le cap des 100.000 exemplaires produits est atteint et mi novembre de la même année c’est le cap des 250.000 exemplaires qui est passé. 1976 est une année faste pour ce modèle qui a très vite pris sa place sur le marché et qui est récompensé par le titre de Voiture de l’Année 1976. 1976 et 1977 sont deux excellentes années pour Simca Chrysler qui fait quasi carton plein avec la 1100 restylée et le couple 1307/1308. En 1977, la 1307/1308 détient à elle seule plus de 7% des ventes sur le marché automobile français !A l'époque les carnets de commandes de Simca sont pleins et sur le site de Poissy, les chaines des 1307/1308 tournent à plein régime pour pouvoir livrer les clients. 1978 est encore une très bonne année et chez Simca on fête l'arrivée de la nouvelle compacte Horizon qui va doucement prendre la suite de la vieillissante 1100. La version 1308 de 85 ch se décline désormais en finition simplifiée S identique à celui de la 1307 mais en cette année 1978, Chrysler va mal et 8 ans après avoir racheté Simca, le constructeur US est contraint de se replier sur ses bases dès le mois d'août; il est donc obligé de revendre l'ensemble de ses filiales européennes : Chrysler France (ex-Simca), Chrysler United Kingdom (ex-Rootes) et Chrysler España (ex-Barreiros). Elles sont reprises par Peugeot S.A sous l'œil bienveillant du gouvernement français qui aide même à l'opération. Ainsi et alors que la marque est tout de même à bout de souffle par la faute de l'absence d'investissements faits par Chrysler, Simca devient enfin une entreprise 100 % française. En fin d'année 1978, Peugeot désormais aux commandes change les clignotants qui deviennent orange, installe des ceintures de sécurité à l'arrière et restructure la gamme (disparition de la 1308 S) avec la mise sur le marché d'une vraie version luxueuse qui prend le nom de 1309 SX. On retrouve le moteur 1.4 L 85 ch mais ici plus de BVM, place à une BVA3 et à un équipement de série qui comprend une belle sellerie velours, des jantes alu (au passage les jantes alu pas cher se trouvent facilement), un essuie glace arrière, un ordinateur de bord, le prééquipement radio et un régulateur de vitesse. BVA3 et régulateur de vitesse seront les dernières traces de Chrysler sur une Simca. En mars 1979 le constructeur présente une série spéciale Jubilé destiné à fêter les titres de voitures de l’année acquis par les 1307/1308 et Horizon. On retrouve donc le toit ouvrant, la sellerie velours, les jantes alliages, la peinture biton métallisée (gris, vert ou champagne-marron), boucliers couleur carrosserie, les vitres teintées bronze et ce période voit aussi l’arrivée des premières traces de la maladie des 1307/1308, la rouille, qui va irrémédiablement ronger la voiture mais  aussi sa bonne image auprès de la clientèle et des carrossiers.

Mais l’association Peugeot-Simca sera de courte durée puisque 11 mois plus tard, en juillet 1979, le constructeur sochalien, prend la décision de quasiment faire mourir la marque Simca, de la supprimer pour la remplacer par la marque Talbot qui sera présente sur les autos dès le millésime 1980. On parle alors de Talbot-Simca. C’est à cette période que la 1307/1308/1309 évolue en Talbot 1510 qui profite de l’occasion subir un restylage qui modifie les faces avant, arrière et la planche de bord.

Avec le millésime 1980 (juillet 1979), apparaissent donc les Talbot Simca 1510 qui prennent les appellations LS, GL, GLS et SX  et la même structure de gamme que du temps de Chrysler et des 1307/1308. Le millésime 1980 voit l’arrivée en avril 1980 de la version tricorps de la 1510, la Solara, qui se positionne sur le marché en concurrente des R18 ou 305. La ligne est légère, élégante et elle séduit aussi bien la presse que les clients qui apprécient ce genre de carrosserie. La Solara proposera à la clientèle une gamme légèrement différente faite comme suit :

Solara LS : Finition de la 1510 éponyme mais moteur 1.4 L 70 ch.

Solara GL : idem avec un entourage du pare-brise chromé, des enjoliveurs centraux, des baguettes latérales plus larges.

Solara GLS : Nouveau moteur 1.6 L 88 ch, BVM5 ou BVA3 (option), appuis-tête confort à l’avant, jonc chromé sur les boucliers

Solara SX : Moteur 1.6 L 88 ch, BVM5 ou BVA3 (option) + un haut niveau d’équipement pour le début des années 80 : 4 appuis-tête, condamnation centralisée, sellerie velours, vitres teintées bronze, enjoliveurs “Luxe”

Le millésime 1981 marque un tournant dans la vie de ces voitures puisque le nom Simca disparait définitivement des logo des autos  qui sont désormais uniquement des Talbot 1510 et des Talbot Solara. 1982 voit l’arrivée de la première voiture GPL de série française avec une Solara GPL qui, pour ceux qui ne savent pas, possédait une belle bonbonne qui mangeait la moitié du coffre et appuyait fortement sur les suspensions arrières. Entre 1982 et fin 1984, la gamme Solara évolue peu si ce n’est qu’on note la disparition du modèle 1510 et du moteur 1.4 L qui laisse la place au 1.6 L dans différentes puissances selon le niveau de finition. En juillet 1983 apparait tout de même un fameuse série spéciale avec la Solara Executive qui est en fait une Solara avec la motorisation 70 ch de base mais un dotation en équipement digne de la finition SX présentée précédemment. Les années 84 et 85 n’annoncent guère de changement si ce n’est une nouvelle calandre, des pares chocs gris mat/couleur carrosserie, de nouveaux enjoliveurs, la disparition des chromes autour du vitrage, la généralisation de la BVM5 type BE1 (moins de débattement, plus de précision et moins de vibration) et la version SX adopte de nouvelles jantes alu que certains appelleront jantes “gruyère” à cause des nombreux trous présents sur la jante. En 1986, seules les versions qui se vendent le mieux (GL et SX) subsitent avec le millésime mais malgré l’adoption d’enjoliveurs quasi pleins, rien n’empêchera la discrète disparition en cours d’année modèle de la Solara. En 1986 la Solara sera, avec le Samba, la dernière Talbot produite par le groupe automobile français.

Les 1307/1308 puis 1510 et Solara furent de bonnes autos  qui étaient appréciées pour leur confort, leur bonne tenue de route, l’endurance et la qualité de leur freinage mais les performances qui furent estimée à l’époque comme suffisantes devinrent vite trop juste dans les années 80 et quand on achetait une 1510 ou Solara c’est qu’on était pas un fou du volant et de la vitesse. Pour les malades de la puissance et du mano de turbo il y avait la R18 Turbo qui brillait par son moteur mais pas par son comportement routier et son freinage plongeant…

Ces voitures furent fabriquées sur le site français de Poissy mais aussi en Grande Breatgne dans l’usine de Ryton (1307/1510 = Alpine et Solara = Rappier) et en Espagne où elle était vendue sous le nom de Chrysler 150 afin de créer une filiation avec la grande Chrysler 180 qui connut un certain succès au delà des Pyrénées. Il y aura aussi la fameuse Aleko s russe née en 1986-197 qui s’inspirait beaucoup de la 1307 mais on ne sait pas réellement si c’est une copie soviétique ou si les éléments industriels de la 1307/1510 furent vendus par Peugeot à Aleko. Une chose est sure l’Aleko S disposait d’un moteur longitudinal ce qui n’était pas le cas de la Simca. On n’oubliera pas que les 1510 et Solara furent au centre des violents conflits sociaux des années 80 avec comme point d’orgue l’année 1982 qui verra une production réduite à seulement un peu plus de 10000 exemplaires du modèle 1510. On dit qu’en 1984 les 1510, Solara et Horizon dormaient par milliers sur les parcs de stockage de PSA et dans le cadre de la mise en place d’un retour dans leur pays natal de certains ouvriers et pour faciliter leur départ, PSA offrait alors une de ses voitures qui restaient sur les parkings des usines.

Cette voiture bien née, assez compacte pour une familiale (4.25 m x 1.68 m x 1.40 m) fut mise à mal par la situation critique de Chrysler qui ne put réellement développer de nouveaux moteurs et qui dut se séparer de sa filiale française mais dans des conditions un peu rocambolesque car il se dit que c’est le gouvernement Barre qui fit pression sur Peugeot pour qu’il fasse l’acquisition de Simca car dans la seconde moitié des années 70, on craignait au delà de tout que le groupe américain ne vende Simca à un “horrible” constructeur japonais du genre Toyota ou Nissan. Le constructeur fut donc presque fourgué de force par l’état à PSA qui ne voulait pas de Simca et qui se retrouva bien embêté avec un tel bébé sur les bras et pas vraiment de projet industriel pour lui.

Pas sur que beaucoup d’entre vous aient quelques souvenirs de cette voiture peut être ceux qui ont plus de 35 ans ont eu un oncle, un parrain qui ne jurait que par Simca et qui troqua sa pompidolienne 1510 pour une giscardienne et contemporaine 1308. la voiture fut tout de même assez courante au début des années 80 mais une fois sa production achevée, elle disparut assez vite de nos routes. Les disparitions successives des marques Simca puis Talbot n’ont pas aidé à faire perdurer ces autos qui ont très souvent fini mangées par la rouille ou dépecées au fond d’un casse ou d’un poulailler d’une ferme !

Pour retrouver les modèles quelques vidéos (ceux qui ont connu les Simca et les Talbot retrouveront avec plaisir le bruit typique des moteurs Simca) :

Le kit de formation interne pour les vendeurs Chrysler UK.

Petit retour vers les modèles Simca :

Voilà une familiale normale française que l’on a déjà presque totalement oublié mais qui mérite un petit coup d’oeil dans le rétro car elle fut une auto importante pour les dernières années de vie de Simca. Si vous avez des précisions, des remarques, n’hésitez pas, j’ai tenté d’être assez complet mais je dois aussi avouer que ce n’est pas la voiture au sujet de laquelle je suis vraiment au point ! Par contre si cela vous intéresse je suis plus au fait sur la Simca Chrysler 160/180/2.0 L /1610… 😀

Via Youtube, OsmagTV, Jensen de F.A. Forum Simca.

Merci à Premium pour les photos de sa belle Solara SX.

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