Si le cru 2025 ne fut pas aussi flamboyant que celui de l’année 2024 (mais aurait-ce été possible ?), le salon Rétromobile a une nouvelle fois confirmé son statut d’évènement phare dans le monde de la voiture de collection. Après le top 10 de Thomas, quelques voitures et quelques reflexions personnelles sur cette édition qui a attiré plus de 146 000 visiteurs, un nouveau record.
Première réflexion
Le salon s’appelle toujours “Rétro” mais a clairement basculé depuis quelques années désormais en “Collection”. Les vendeurs vont un peu au delà de l’adaptation naturelle à leur clientèle qui est principalement née des années 60 à 80 en exposant quelques modèles qui font plus que flirter avec les limites de l’esprit du salon. Il est très sympathique de croiser deux (!) Mercedes AMG GT One mais la voiture est encore en production. De même, deux Aston Martin Valkyrie (!) dénotent. On pourra tout aussi bien discuter les McLaren P1 et Senna et les Ferrari LaFerrari, Monza SP2 ou F12 TdF. Il est probable que l’organisation ne fixe aucune réelle limite pour assurer la cohérence de son plateau et certains vendeurs jouent assez mal le jeu. En plus du côté élitiste (parfaitement assumé je pense), on pourrait voir grandir un débat sur la philosophie du salon.
Y a-t-il une solution à cela ? La plus logique serait de sous-titrer de manière plus directe le nom du salon pour insister sur le caractère “collection” déjà utilisé dans les communiqués de presse de Rétromobile. La plus radicale serait de tordre un peu le bras de certains vendeurs en limitant à 15 ou 20 ans l’âge de production des voitures les plus jeunes. J’ouvre le débat, je n’ai pas d’avis tranché, moi aussi j’aime bien voir des supercars très récentes.
Deuxième réflexion
Le choix par RM Sotheby’s de vendre une des Ferrari les plus importantes de l’histoire à Paris est un signe qui ne trompe pas. Rétromobile fait partie des très grands événements. La Ferrari 250 LM #5893 a longtemps été la dernière Ferrari a avoir triomphé aux 24h du Mans. Elle avait quitté l’Europe en 1970 après une longue carrière en course pour n’y revenir que ce mois de février et être vendu pour plus de 34 millions d’euros. Elle entre dans le top 10 des voitures les plus onéreuses jamais passées sous un marteau.
Troisième réflexion
Les deux autres maisons de vente ont été beaucoup plus modestes dans leur catalogue, loin des feux d’artifice des années passées. Volonté de ne pas se bruler les ailes – la 250 LM de l’an passé – ou conséquence directe du ralentissement du marché ? Quoi qu’il en soit, s’il y avait quelques jolis lots (166MM, EB110, 550 Barchetta, 250 GT/L ou 275 GTB/4), aucun ne rivalisait avec le feu d’artifice RM (Centodieci, Agera, 512M, 507, LaFerrari, Huyara R, …) et de sa tête d’affiche.
Quatrième réflexion
Cela fait plus de 15 ans que je viens à Rétromobile tous les ans et je ne m’en lasse toujours pas. C’est clairement un de mes événements préférés. Entre une ambiance qui reste largement conviviale malgré le gigantisme et l’élitisme (kudo au stand Macari), un accès autorisé à toutes les voitures si on le demande gentiment (kudo à Huni, Kidston, Girardo, Macari, Fiskens et tant d’autres et très mauvais point à Daytona 73 et pire encore au Riva Lounge en partenariat avec le Supercar Owners Circle) et un plateau de voitures toujours aussi exceptionnel et varié, difficile de ne pas tomber sous le charme du salon.
Dernière reflexion
Tentons désormais de ne retenir que quelques modèles parmi le bon millier de châssis présents, tâche aussi herculéenne que subjective.
Max Girardo a fait très fort avec son stand 100% Ferrari (à nouveau) dont plusieurs modèles significatifs et très rares comme les deux 340 Mexico bien accompagnés par la 375 Plus. Bien que déjà vues, je ne peux que saluer la présence de deux McLaren F1 chez Kidston et Macari. La Ferrari 250 LM du Peninsula Classic était une excellente surprise, ce modèle reste l’un de mes préférés depuis très longtemps. L’Alfa Romeo Disco Volante, fort mal mise en valeur et à côté de laquelle il était possible de passer sans la voir est une merveille typique de Rétromobile. Evidemment, il y en a d’autres et si j’avais écrit cela deux jours plus tôt, la liste serait probablement différente, c’est la rançon de l’abondance.
Crédit photos : Pierre CLEMENCE
