Le Groupe VAG est à fond dans une offensive tous azimuts sur le créneau des SUV. Il ne s’agit pas de laisser passer la moindre déclinaison ni la moindre niche. Voici donc l’essai du Skoda Kodiaq, en version 2.0 TDI 190 4×4.
Avant, c’était simple : on avait les Tiguan (essayé pour vous en 2.0 BiTDI 240 ici et en TDI 190 là) et les Touraeg (essayé pour vous en 3.0 TDI 204 chevaux là et en 262 chevaux ici) d’un côté, et les Q3, Q5 et Q7 de l’autre, avec moult essais sur le blog. Avant, donc, c’était simple, c’était lisible. Mais ça, c’est fini.
En effet, les deux autres marques grand public du groupe VAG ont décidé elles aussi de prendre leur grosse part du voluptueux gâteau des SUV. Seat a dégainé avec l’Ateca et Skoda avec le Kodiaq. Et ce n’est pas tout. Arona, Aroq, Q2, T-Roc, le groupe n’a pas l’intention de rater une vente potentielle et de laisser un client dans le doute !
Pour Skoda, le Kodiaq est le premier gros SUV (le Yéti avait permis de défricher un peu le terrain, disons…). Avec ses 7 places et ses 4,70 m de long (toujours sur la plateforme MQB, détail qui plaira aux puristes), il est sans complexes et n’hésite pas à toiser la nouvelle Audi Q5 (4,66 m). Et ainsi, Skoda a devancé Volkswagen, puisque le Kodiaq est, techniquement, hyper proche du prochain Tiguan Allspace.
Une sobriété de bon aloi !
On a dit que le groupe VAG allait cibler tous les clients potentiels. Néanmoins, il est une catégorie d’acheteurs qui restent encore, volontairement, en dehors du scope de Skoda : les patrons de cirque et les animateurs de music-hall. Hormis la flamboyante RS 230 , une Skoda, c’est sobre, point.
De fait, le Kodiaq est tout à la fois classique et sérieux, sobre mais un rien stylé. On apprécie les grandes surfaces vitrées de profil, tandis que les lignes, avec des effets de styles triangulaires au niveau des optiques, sont en pleine filiation des Ateca et Tiguan. Du classique, donc.
A l’intérieur, pareil. J’ai eu la chance d’essayer pour le blog, l’an dernier, deux Skoda Superb (celle qui, pour moi, est la Skoda du renouveau, l’engin qui permet à la firme tchèque d’aller se confronter aux acteurs majeurs de la catégorie), et dans deux finitions différentes : en Business (et 2.0 TDI 150 Combi, essai ici), c’était un peu tristoune (l’expression est polie : en fait, c’était profondément déprimant), mais en version Ambition (et en berline 1.4 TSI 150, essai là), c’était étonnement agréable, avec une belle luminosité et des sièges en velours agréables.
Eh bien mon Kodiaq d’essai était plutôt dans ce registre là, en finition haut de gamme Style, avec de jolis sièges, une ergonomie certes très classique mais efficace, et, par rapport à la Superb de l’an dernier, des commandes autour de l’écran central qui sont passées en mode digital.
Le Kodiaq est évidemment moderne, avec les fonctions CarPlay, MirrorLink et Android Auto.
Et puis, évidemment, il y a toutes les petites attentions propres à Skoda, mais qui peuvent faire la différence au quotidien : le grattoir dans la trappe à essence, les parapluies dans les portes, la prise 230V pour les passagers arrière, les protections de portière, la banquette coulissante à l’arrière. Bref, une voiture à vivre !
Plutôt du côté zen de la force
Outre les patrons de cirque, et à l’exception des versions RS (essayées en Octavia 230 l’été dernier, ici), les Skoda ne visent pas non plus une autre cible : celle des pilotes de course. De fait, le Kodiaq, essayé ici en 2.0 TDI 190 (une déclinaison qui vient forcément avec la boîte DSG7 et en 4×4) vise plus les pères de familles consciencieux. Et ce, même avec des caractéristiques qui n’ont rien de déshonorant : le 2.0 TDI, bien connu dans le groupe (tel qu’il est monté dans le Kodiaq, ce bloc n’a pas vraiment bougé depuis sa dernière évolution de 2015), il développe donc 190 ch au régime placide de 3500 tr/mn et un couple assez généreux, de 400 Nm à 1750 tr/mn. De fait, les perfs annoncées sont correctes, avec 210 km/h en pointe et surtout, le 0 à 100 couvert en 8,6 secondes.
Cela dit, on pourra mettre la boîte en mode éco pour profiter de l’effet roue libre, qui va bien avec le côté placide de l’engin. Mais même en mode « Normal » ou « Confort », les calibrages vont vraiment vers l’efficience. Du coup, soyons fou, basculons tout en mode « Sport ». Comme les réglages n’ont rien de caricaturaux, même dans la gestion de la boîte, c’est là que j’ai trouvé que le Kodiaq avait un niveau de dynamisme en phase avec la puissance annoncée. Rien de décoiffant, mais une certaine sérénité sur la route, en phase avec la position de conduite haute et l’amortissement, hyper confortable et qui, marié aux excellents sièges, font de cet engin un vrai tapis volant qui s’apprécie pleinement sur de longues distances.
S’agissant d’une Skoda, l’insonorisation a elle aussi fait des progrès. Du coup, la décontraction et le confort sont vraiment les qualités premières de cette auto, avec l’espace à bord, carrément gigantesque, même aux places du second rang. Ceux du troisième rang seront plus à l’étroit, mais pourront quand même participer aux conversations grâce à l’amplificateur de voix, qui prend celle des conducteurs grâce à un micro et qui la restitue dans les haut-parleurs. Comme dans une Caravelle, donc !
Une sobriété de bon aloi ! (bis)
Bref, le Kodiaq est fait pour rouler. Les démultiplications sont en phase avec la logique des Diesel modernes, sans être toutefois trop caricaturales : comptez un petit 1500 tr/mn en 7ème à 90 km/h, et 2200 à 130 km/h. On l’a dit, la boîte DSG7 est un rien paresseuse. En plus, comme le moteur est un peu linéaire (la puissance maxi arrive à 3500 tr/mn, ce qui est bas, et dans les faits, alors que la zone rouge commence à 5000 tr/mn, le 2.0 TDI a tout dit à 4000 tr/mn), du coup, on roule coulé. Et cool, aussi.
Ce, d’autant qu’avec 2,79 m d’empattement, on comprend vite dans le premier pif-paf que le Kodiaq est plus stable qu’agile. Et avec plus de 1700 kilos annoncés, on ne le brusque pas impunément. Mais, revenons aux faits : un gros SUV 2.0 Diesel, c’est d’abord fait pour trimballer des familles en toute sécurité, leur proposer plein de place et d’aspects pratiques. Et cela, le Kodiaq le fait très bien.
Dans cette version haut de gamme, en finition haute, il commence à 43 230 €, à mettre en parallèle avec, d’un côté, les 24 950 € que vous demandent un Kodiaq d’entrée de gamme, et de l’autre, avec les 48 050 € que demandent une Audi Q5 2.0 TDI Quattro (sans options et en finition de base). L’Allemande peut être plus techno et offre aussi le Virtual Cockpit, mais reste moins spacieuse que la Tchèque. Ces questions de blason sont intéressantes, car le bond qualitatif des Skoda leur amène de nouvelles concurrentes !
Côté conso : donnée pour 5,7 l/100 en moyenne officielle mixte, le Kodiaq 2.0 TDI 190 4×4 fait évidemment plus dans la réalité. Je m’en sors avec une moyenne de 8 l/100, avec des extrêmes allant de 6,7 à 8,7 sur route, selon le rythme, et 9,6 l/100 en ville, en mode « éco ».
Photos : Gabriel Lecouvreur