Renault Floride et Caravelle : Pour se laisser transporter

Le Bois de Boulogne n’est pas seulement un lieu cosmopolite à deux pas de la maison, c’est aussi l’opportunité de faire d’exotiques rencontres : pour l’occasion, elle avait même enlevé le haut. Si certains font de la barque sur le Lac Inférieur, d’autres préfèrent la Caravelle. Un bon prétexte pour  revenir sur une voiture dont l’Histoire aura principalement retenu… Sa rivale, la VW Karmann-Ghia.

Au milieu des années 50, la Régie Nationale des Usines Renault entend bien continuer sa percée à l’exportation. Portée par le lancement prometteur de la Dauphine aux USA (la voiture se payant le luxe en 1959 d’y dépasser les parts de marché de la VW), Renault cherche à développer sa gamme en se dotant d’un modèle susceptible de plaire au marché Nord-Américain. Il s’agit aussi d’éviter la monoculture. Les coupés et cabriolets sur base Type 1 de VW sont clairement en ligne de mire. Ghia est d’ailleurs commissionné sur le design des coupés et cabriolets de la marque au losange mais en raison du contrat qui lie l’entreprise italienne à Karmann pour la production des VW, c’est Frua qui se chargera d’adapter et d’industrialiser le design originel de Ghia. La paternité de la voiture est ainsi attribuable à ces deux noms.

Adoptant le soubassement de la Dauphine dont elle dérive étroitement, la Floride est présentée au public au Salon de Paris en 1958. Elle prend le nom de Caravelle sur certains marchés et notamment aux USA où elle est présentée début 1959 au salon de New York. Affichant une ligne élégante et assez originale, la face avant de la voiture est même allée jusqu’à inspirer celle de la MG B. Le duo Floride et Caravelle est disponible en coupé ainsi qu’en cabriolet, disposant de 4 places (et de 2 ceintures de sécurité dans le meilleur des cas…).

Côté moteur, c’est le 845 ccm « Ventoux » qui s’y colle, épaulé par une boite manuelle 3 rapports (BVM 4 vitesses et BVA3 en option) : les 40 chevaux étaient ralentis par un quatuor de tambours plus ou moins à l’aise pour stopper les 712 kilos de la bête. Une autre époque, vous dis-je. 4 freins à disques remplaceront cet ensemble dès 1962, inaugurant alors cette solution parmi la production française.

L’offre de moteur évolue également avec l’adoption du bloc « Sierra » en 1962 (Sierra, Ghia… Nous ne sommes pas chez Ford nonobstant). Forte de 48 chevaux, la nouvelle motorisation se retrouvera dès l’année suivante sur la R8. A noter que les cabriolets Floride S doivent leur existence au manque de moteurs Ventoux nécessitant l’adaptation des Sierra sur des caisses de Floride première génération. La Dauphine arrivant en fin de carrière en 1962, les coupés et cabriolets se voient profondément modifiés pour adopter le soubassement de la R8. Conséquence la plus visible, le radiateur migre à l’arrière (il se trouvait auparavant entre le tablier et le moteur), les ouïes latérales sont obturées tandis que le volet arrière se voit perforé de multiples stries. La ligne générale de la voiture est subtilement modifiée pour accommoder plus de place aux passagers arrières et bien que l’esthétique soit proche, il s’agit pourtant d’un nouveau duo de véhicules : le coupé se nomme désormais Caravelle.

Pour l’anecdote, le moteur (produit à Cléon) évoluera pendant 52 ans avant de finir sa carrière en 2004 sous le capot d’une Dacia, non sans avoir équipé une multitude de Renault (mais aussi des Volvo et des Škoda)… Rien ne se perd.

Tout rentre dans l’ordre en 1963, les voitures se voient toutes nommées Caravelle sur l’ensemble des marchés, tandis que le moteur se voit réalésé à 1108 ccm pour développer 56 chevaux. En 1966, la puissance s’envole et atteint les 57,5 chevaux grâce à l’adoption d’un carburateur Solex. C’est la 1100 S. Jouissant d’un comportement plus abouti que la rivale de VW, la Caravelle peinera à se bâtir une aura sportive, éclipsée par la R8 Gordini.

Tandis que l’époque est plus propice aux embrassades de platanes en Ford Mustang, la voiture peine à s’inscrire dans l’Histoire comme icône de son temps : à l’ombre des nombreuses muscle cars qui naquirent durant les années 60 et n’ayant ni la durabilité, ni la sonorité si particulière d’une VW Karmann-Ghia, la voiture cesse d’être produite en juillet 1968 après 34 244 exemplaires (au cumul des deux générations). Il faudra attendre 1985 pour revoir apparaître un cabriolet dans la gamme Renault (qui comporte désormais deux découvrables). On notera enfin le clin d’œil à son aïeule dont s’est récemment fendue la Mégane CC à travers une série limitée.

Via Wikipedia, Renaultcaravelle.com, Flickr

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