Le mercredi 11 avril dernier, nous étions invités à l’Audi Driving Experience. Il s’agit d’une journée à laquelle sont conviés, par leur concessionnaire, les propriétaires d’Audi RS. Au menu, l’essai de l’Audi R8 V10 RWS et de l’Audi R8 V10 Plus sur le circuit de Dijon-Prenois, durant deux sessions de 15 minutes chacune. Nous avons également pu prendre le volant des Audi RS3, TT RS et RS3 LMS mais nous reviendrons là-dessus dans un prochain article.
Le circuit de Dijon-Prenois
Ce circuit est situé à Prenois, à 30 minutes de Dijon (ça ne s’invente pas). Il est célèbre aussi bien pour son tracé que pour son histoire. Dijon-Prenois est long de 3,8 kilomètres et possède la particularité d’être probablement l’un des circuits les plus rapides de France. C’est un enchaînement de grandes courbes avec de gros changements d’appuis et un dénivelé assez important. Le record du tour a été effectué à plus de 200 km/h de moyenne.
L’Audi R8 V10 RWS en piste
Je sors des stands sur un rythme modéré. Même si j’ai déjà le circuit en tête, avec mes précédentes expérience en Audi TT RS et Audi RS3, j’ai basculé dans un tout autre monde. Je prends mes marques pendant le premier tour avant que l’instructeur m’encourage à remettre gaz très tôt dans la courbe de Pouas, qui précède la ligne droite.
L’Audi R8 V10 RWS de 540 chevaux, propulsé par ses deux roues motrices, arrive au bout à 262 km/h. Le moteur parcours le compteur jusque près de 8 000 tours et va chercher la puissance très loin dans ce V10 atmosphérique. Le point de freinage apparaît. Je freine fort, en dégressif jusqu’au point de braquage et je remets du gaz en arrondissant la trajectoire sur ce rapide et long virage à droite. L’arrière s’est placé au freinage et l’avant travaille. Je l’entends mais surtout…je le sens. La voiture me communique immédiatement que l’avant est en train de batailler. C’est le signal pour remettre du gaz et charger l’arrière. À ce moment là, on récupère de la vitesse tout en soulageant l’avant.
Vient ensuite le S des Sabelières, dont les changements d’appuis se font sans broncher sur un filet de gaz. L’Audi R8 V10 RWS est dynamique. Son centre de gravité, très bas, l’aide beaucoup. Par ailleurs, elle s’allège de 50 kilos avec la perte de l’arbre de transmission, de l’embrayage multi-disque et du différentiel central. Résultat : 1 590 kilos ! Un freinage pour amorcer le gauche de la Bretelle, en dévers. On plonge tard et on élargit très tôt pour la parabolique, le virage le plus lent du circuit. Je me laisse surprendre, le point de sortie de ce virage est en aveugle à cause du dénivelé. J’accélère trop tôt dans ce virage en montée ce qui écarte le nez de la voiture, très léger, vers la sortie.
Puis, vient le double gauche de la Bretelle. On freine pour asseoir la voiture et là, l’Audi R8 V10 RWS, de façon très neutre, se campe sur ses appuis. À la sortie de la courbe des Gorgeolles, qui se négocie à fond, j’oublie de remettre les roues droites pour le freinage avant le virage de la Combe. Comme un rappelle à l’ordre, saine et prévenante, la poupe de la voiture s’écarte. A l’entrée de la courbe de Pouas, même chose, on freine pour placer la voiture. On patiente, moi pas, je remets gaz trop tôt. L’arrière, très mobile, s’écarte à plus de 130 km/h. D’un vif coup de volant, je corrige, la voiture reprend du grip immédiatement. Puis gaz à fond à mesure qu’on s’écarte du point de corde et on arrive de nouveau dans la ligne droite des stands.
Bilan de l’Audi R8 V10 RWS
Quelle voiture ! Je viens de vivre un moment absolument exceptionnel. L’avant est léger, peut être un peu trop mais tellement communicatif. L’arrière est mobile mais prévenant, il laisse gérer une dérive sainement et vous informe du point de rupture. Il ne décroche pas violemment. La voiture en elle-même est un savant mélange entre train avant et train arrière que vous devez gérer au volant et à l’accélérateur. Le tout sans jamais se faire peur. C’est un pur moment de pilotage comme il en existe rarement. Le moteur est absolument divin et pousse avec rage jusqu’au fond du compte tour. Attention juste à laisser le régime bien haut, c’est là où ce V10 atmosphérique s’exprime le mieux. Le grip offert en sortie de virage par cette pure propulsion est impressionnant et aide beaucoup à sortir tôt et fort. On s’amuse, on sourit, on exulte. En bref, on prend du plaisir.
Pour la rendre parfaite, il aurait fallu trois choses. Tout d’abord, un freinage plus communicatif. En effet, on a du mal à vraiment sentir ce qui se passe dans les freins acier de l’Audi R8 V10 RWS. Ensuite, on aurait aimé une direction avec un meilleur feeling. Si le châssis est très lisible en appui, ce n’est pas le cas de la direction. Enfin, les palettes au volant manquent franchement de consistance, on a du mal à vraiment comprendre le moment où l’on enclenche un rapport.
L’Audi R8 V10 plus en piste
Le choc est brutal, les 605 chevaux (+ 65 chevaux) et les 560 Nm (+ 20 Nm) de couple vous sautent au visage. Le moteur semble avoir été libéré d’une bride, comme s’il bénéficiait d’un second souffle. Juste un chiffre : le 0 à 100 km/h passe de 3,7 secondes à 3,2 secondes dans cette version… Le freinage offre un mordant tout autre également. Et pour cause, pour freiner le poids et la puissance en plus, cette Audi R8 V10 Plus embarque des carbones céramique. Si sur route ouverte je ne suis pas un grand partisan de ce système – ils manquent de mordant à froid -, force est de constater que sur piste, ils résistent beaucoup mieux à la chaleur. Surtout, ils freinent fort, très fort, là où les aciers peuvent s’évanouir plus rapidement.
Le comportement de l’Audi R8 V10 Plus est également bien différent. Les quatre roues motrices ont radicalement modifié sa façon de voir la piste. Point de train avant baladeur, au revoir le train arrière mobile, on est sur un équilibre des plus parfait. On emmène la voiture à des allures folles avec une facilité déconcertante. On remet du gaz encore plus tôt, le train avant est rivé au sol, l’arrière suit sans broncher. Dans la Parabolique, ouvrir trop tôt les gaz ne vous éloigne plus tant que ça du point de sorti. Si d’aventure vous freinez avec encore un peu d’angle au volant, la poupe sera beaucoup moins fâchée que sa variante deux roues motrices. Elle pardonne tout et en redemande, l’expérience n’a plus rien à voir avec la RWS. La limite est dure à atteindre, on ne l’atteint qu’en se crachant dans les mains.
Bilan de l’Audi R8 V10 Plus
L’Audi R8 V10 Plus offre une expérience de conduite totalement différente. On passe d’une voiture très mobile et engageante à une voiture facile et verrouillée sur ses appuis mais diablement rapide. Bien plus rapide que la version deux roues motrices. Elle semble moins engageante, en réalité elle l’est. Mais lorsque vous la poussez vraiment, vous pouvez sentir cet arrière qui commence à doucement prendre de l’angle. Bien sûr, pas au niveau de la RWS mais on sent qu’il se passe quelque chose. Mais quand vous en êtes là, vous allez déjà vite, très vite. Elle conserve en revanche les défauts de l’Audi R8 V10 RWS, à savoir le manque de feeling dans les freins (malgré les carbones céramique), le manque de ressenti dans la direction et les palettes qui n’ont pas de consistance.
Bilan final
Qu’on soit clair tout de suite, je signe pour une Audi R8 V10 RWS, sans aucun doute possible. Pour ce qu’elle communique, pour l’engagement et l’éveil qu’elle demande. Cette sensation de tenir l’équilibre de la voiture du bout des doigts et des pieds, cette gratification qu’elle vous offre lorsqu’un virage bien négocié la pose sur de parfaits appuis. Mais aussi pour ces moments où vous faites une erreur et vous le pardonne tout en vous le faisant comprendre. Un peu comme votre maman qui vous donnerait une tape sur la main. Et ce moteur, tout bonnement jouissif et symbole d’une ère probablement révolue…
Ses défauts ne me feront pas changer d’avis, c’est probablement l’une des meilleures expériences de conduite que j’ai pu avoir. En outre, le prix de 143 800 € est inférieur de 30 000 € à la V10 “classique” et même 60 000 inférieur à une V10 Plus… Malheureusement, un nombre limité de 999 exemplaires sera produit.
Ça n’enlève rien à l’Audi R8 V10 Plus, qui conviendra probablement à un autre type de conducteur. Celui qui cherche un mélange de performance, de sécurité et de facilité de conduite. Dans ce cadre là, cette version survitaminée de l’Audi R8 est le compagnon idéal. Elle communique moins, certes, mais elle offre aussi beaucoup. Les sensations du V10 y sont décuplées et facilement exploitables. Puis, la vitesse de passage en courbe avec cette neutralité, comme si rien ne pouvait la perturber… C’est aussi un sentiment bien particulier.
Quelle que soit la version, l’Audi R8 V10 est une vraie supercar à l’expérience de conduite incroyable. Il vous faut seulement choisir entre l’hyperactive et la studieuse. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour mais, va pour l’hyperactive.
Merci à Sabrina, Alexandre et Florian pour l’organisation de cet essai au timing millimétrique. Merci également à toute l’équipe sur place et aux instructeurs pour leur confiance et leurs conseils.