C’est toujours l’exposition No Limit! à l’Atelier Renault des Champs Elysées, et ce jusqu’au 17 avril prochain. Cependant, quelques modifications ont été apportées au début du mois de mars : l’arrivée -prévue- du Captur, et celle -inattendue- de la doyenne de Renault, la Voiturette de 1898. Du plus récent au plus âgé, du plus ancien au plus moderne, leur présence en un même lieu méritait bien un petit article !
Pour découvrir les origines de Renault, il faut remonter deux siècles en arrière. Au crépuscule du XIXème, en 1897, Louis Renault, cinquième fils d’une famille spécialisée dans les tissus et les boutons, est passionné par la mécanique et par ce nouveau mode de transport naissant : l’automobile. Il a alors 19 ans et, après un échec au Baccalauréat, il travaille comme dessinateur chez le constructeur Delaunay-Belleville. Cet intérêt déplaît à ses parents, qui le laissent néanmoins aménager un petit atelier, “dans l’appentis, au fond du jardin” (la formule est de Bernard Saint-Jacques). Il y conçoit un petit véhicule pour ses déplacements personnels, et y découvre le principe de la boîte de vitesse à prise directe avant d’envisager celui de la suralimentation du moteur.
A la nuit de Noël 1898, Louis se rend avec sa “Voiturette” chez des amis qu’il impressionne en montant la rue Lepic, à Montmartre, particulièrement escarpée. La facilité de conduite de l’engin fait merveille. La voiture réussit l’épreuve, et le jeune homme de 21 ans enregistre 12 commandes fermes avec un acompte de 60 Louis d’Or. C’est décidé, Louis Renault sera industriel dans l’automobile. Deux mois après, le 25 février 1899, ses frères Fernand et Marcel Renault fondent la société “Renault Frères” à Boulogne-Billancourt ; Louis brevette la boîte à prise directe qui, reprise par tous les constructeurs, fera sa fortune.
La voiturette Renault de 1898 est révélée au public en juin 1899. Elle assoit ensuite sa réputation en remportant, le 27 août, la course Paris-Trouville : Louis se classe premier et Marcel termine deuxième de la Coupe des Chauffeurs amateurs ! A la fin de l’année 1899, 71 Voiturettes auront été produites et vendues. On rebaptise à partir de 1903 la “Voiturette” en “Type A”. Le numéro “48” présent sur les deux côtés du capot est un numéro de course, peut-être celui du Paris-Trouville.
Techniquement, la Voiturette Renault Type A possède un monocylindre De Dion Bouton à 4 temps, d’une puissance de 1,75 cheval pour 273 cm3 refroidi par air. La transmission se fait aux roues arrière, avec une boîte 3 vitesse dont le troisième rapport est en prise directe, tandis que l’on peut disposer aussi d’une marche arrière. Ses dimensions la rendent très compacte (L : 1,86m ; l : 1,10m), elle est par ailleurs très légère (200 kg à vide). Sa vitesse de pointe est de 32 km/h.
Précédemment à l’Atelier Renault, c’était la Type K de 1902 qui était exposée. La raison de son remplacement est que cette dernière doit participer prochainement aux journées presse du Festival de vitesse de Goodwood. Quant à l’inscription “48” sur le capot moteur, elle reste pour l’instant inexpliquée. La question a néanmoins été posée à Renault qui y répondra bientôt.
Faisons un bon de 114 ans et revenons au temps présent : Renault a noué une Alliance avec le japonais Nissan, et après avoir connu la nationalisation est devenu un groupe mondial. Son nouveau modèle, exposé à l’Atelier Renault, c’est le petit SUV de ville “Captur”, destiné au remplacement du minispace Modus, qui propose un garde au sol surélevée et un design dans la veine de la nouvelle identité voulue par Laurens Van Den Acker.
Frédéric vous a parlé hier de sa tarification, c’est pourquoi je n’entrerai pas dans les détails de ce véhicule. Il a pour lui un intérieur spacieux et une originale boîte-à-gants tiroir, et fait montre de couleurs chatoyantes extérieurement. Toutefois, la concurrence sur ce nouveau segment est rude, et déjà Peugeot dégaine un 2008 très prometteur également, tandis que le Captur déçoit au premier abord par une qualité de fabrication intérieure en deçà de la concurrence. Le verdict commercial pourra être dressé à la fin de l’année et nous pourrons alors savoir si ce Captur est digne de son Losange ou non.
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En bonus, quelques clichés supplémentaires de la RedBull RB8 de Sebastian Vettel, qui remet à partir de ce week-end son titre de Champion du Monde des pilotes en jeu. Les plus observateurs remarqueront que ce n’est pas la même F1 que celle de l’article “No Limit!” : les rétroviseurs ont migré sur les ailettes avant, et l’aération moteur est différente. Sous la houlette d’Adrian Newey, la RedBull-Renault évolue dans les détails et ne reste jamais figée.
Source : www.renaultclassic.com
Crédit photographique : François M.