Pour moi, l’histoire de VinFast a débuté en 2023 lors d’un voyage au Vietnam où j’ai découvert cette marque qui s’est très rapidement implantée sur place. Le constructeur vietnamien a été fondé en 2017 et a débarqué en France fin 2023 justement, avec le VF8 que je n’ai pas encore essayé. Mais on va se concentrer aujourd’hui sur le second modèle du constructeur : le VF6, un SUV urbain 100 % électrique.
Avec le VF6, VinFast rentre dans une concurrence féroce sur le segment des B-SUV, où s’affrontent déjà des références telles que la Renault Mégane E-Tech et la Peugeot e-2008, pour ne citer que les françaises. Mais le petit SUV vietnamien ne manque pas d’atouts pour se faire une place, entre un positionnement tarifaire agressif et sa jolie petite bouille.
Car visuellement, le VinFast VF6 adopte un style réussi, à la fois moderne et équilibré. Grâce au coup de crayon du studio italien Torino Design, il évite l’extravagance tout en affichant une identité propre, marquée par une belle signature lumineuse aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Les projecteurs sont positionnés plus bas dans le bouclier, séparés de ces fameux feux de jour qui reprennent le V de « VinFast ». Compact et ramassé, il mesure 4,24 m de long, 1,83 m de large et 1,57 m de haut, avec son profil plongeant vers l’avant qui apporte une certaine dynamique dans la ligne. A l‘inverse, les passages de roues et les jupes en plastique accentuent son appartenance au monde des SUV, tandis qu’une légère touche de chrome vient agrémenter l’ensemble. Tout comme ses jolies jantes de 19 pouces qui participent à son allure travaillée. Même la trappe de recharge est bien intégrée et les assemblages soignés offrent une impression qualitative. Seul l’arrière peut sembler un peu fouillis en photo, mais l’ensemble fonctionne bien en réalité.
À bord, le VinFast VF6 affiche une présentation moderne, dominée par un grand écran tactile de 12,9 pouces implanté au centre de la planche de bord. L’interface intègre Apple CarPlay et Android Auto sans fil, tandis qu’un affichage tête haute est proposé de série pour compenser l’absence d’instrumentation face au conducteur. L’ergonomie générale souffre cependant de plusieurs défauts, avec une navigation peu naturelle et divers bugs d’affichage. Le petit volant, façon Peugeot i-Cockpit, adopte une jante particulièrement épaisse, ce qui correspond peut-être aux préférences du marché asiatique, comme observé sur le XPeng G6 essayé juste avant. Si les assemblages paraissent bien réalisés et l’ensemble flatteur à l’œil, la qualité des matériaux soulève quelques interrogations. De nombreux plastiques durs sont présents, et le revêtement présenté comme du cuir d’origine végétale (une matière issue de la peau d’ananas selon le constructeur, un clin d’œil sûrement aux premiers amours de VinGroup) laisse craindre une durabilité perfectible. En revanche, la dotation est généreuse, avec des sièges avant chauffants et ventilés, ainsi qu’une connectivité bien fournie grâce à quatre prises USB-A et une prise 12V.
À l’arrière, l’espace pour la tête est préservé grâce à la présence d’un toit panoramique qui libère de la hauteur. En revanche, l’espace aux jambes plus restreint peut poser problème aux passagers de grande taille, notamment si vos adolescents commencent à bien pousser. Le confort est également pénalisé par des assises encore plus fermes qu’à l’avant. Côté rangement, le VF6 ne propose pas de frunk à l’avant, mais dispose d’un coffre arrière annoncé à 423 litres. Cette valeur inclut toutefois tous les petits recoins, ce qui peut compliquer le chargement de bagages encombrants, comme des valises rigides.
Sous son capot et son plancher, le VinFast VF6 cache une motorisation 100 % électrique. Ici, pas de transmission intégrale : ce SUV urbain est une simple traction, avec un moteur positionné sur le train avant. Ce dernier développe 204 ch pour 310 Nm de couple, de quoi présager des accélérations vives en usage quotidien. Enfin, il est alimenté par une batterie lithium-ion d’une capacité de 59,6 kWh, dans la bonne moyenne de la catégorie. Promesse ? Une autonomie de 379 km dans la finition Plus ici à l’essai. Hum, nous verrons ça…
Après une petite pichenette sur la commande « D », il est temps de s’élancer au volant de ce VinFast VF6. Ce qui m’a le plus chagriné, et dès les premiers mètres, c’est la position de conduite. Impossible de trouver un réglage vraiment satisfaisant : on est assis trop haut, avec un siège raide dans le bas du dos et un maintien latéral quasi inexistant. Quoiqu’il arrive, une fois en mouvement, on comprend vite que ce SUV n’a pas été conçu pour un pilotage dynamique. Avec plus de 200 ch, on pourrait s’attendre à être collé au siège, mais le ressenti est assez lisse. Le 0 à 100 km/h est exécuté en 8,9 secondes, une valeur correcte mais loin d’être impressionnante. Surtout, son poids à vide de 2 038 kg le place bien au-dessus de la concurrence, avec un écart de 300 à 500 kg selon les modèles. Il en résulte par ailleurs qu’en sortie de virage, ou lors de franches accélérations, le train avant peine à encaisser la puissance, même sur le sec. Pourtant, la tenue de cap reste rassurante, grâce à une direction suffisamment ferme et informative. Les pneus Bridgestone assurent une bonne adhérence, et malgré un léger sous-virage ou un roulis perceptible, je ne me suis jamais fait peur à son volant.
Ce VinFast VF6 semble avant tout conçu pour une conduite urbaine et détendue. Ses suspensions souples absorbent bien les irrégularités, notamment les ralentisseurs, mais sur route secondaire, l’amortissement devient plus flottant et les secousses sont bien présentes. Un comportement pas forcément inconfortable en soi, mais qui, combiné à la fermeté des assises, peut vite fatiguer sur long trajet. La visibilité est globalement bonne, et en ville, il se manie facilement. Les relances et dépassements sont vifs, même si le démarrage manque un peu de réactivité, comme je le sous-entendais plus haut. Sinon, l’insonorisation est soignée et fait oublier les sons extérieurs, seuls des bruits d’air au niveau des rétros se font entendre sur autoroute. Sur ce type de trajet d’ailleurs, les ADAS font bien leur travail, maintenant le véhicule dans sa voie et à bonne distance des autres automobilistes. En revanche, l’expérience de conduite souffre de quelques lacunes, en particulier l’absence de véritable frein moteur, même en activant le réglage « haut » du freinage régénératif. On lève un peu plus le pied que dans une voiture thermique, mais l’auto ne s’arrête jamais complètement et le ressenti reste aléatoire. Dommage, car le mode « one pedal » est une des qualités des véhicules électriques que j’apprécie le plus. À cela s’ajoute l’absence de fonction Auto Hold, ce qui impose de garder le pied sur le frein à l’arrêt. Parfois, pour certaines voitures, plus que d’autres, je vous invite vivement à les essayer afin de vérifier si elles vous conviennent. Je réitère ici mon conseil. Ce typage très moelleux et axé sur le confort n’est peut-être pas ma tasse de thé, préférant des voitures plus dynamiques, mais il pourra totalement convenir à certains conducteurs.
Je vous le disais précédemment, le VinFast VF6 Plus est annoncé pour 379 km d’autonomie (410 km pour le VF6 Eco). Dans la vraie vie, c’est un peu plus nuancé que ça. Là encore, on se rend compte qu’il est vraiment fait pour la ville. Avec une conso d’environ 15 à 17 kWh/100 il pourra réaliser entre 350 à 400 km dans ces conditions. Comme toutes les voitures électriques me direz-vous. Oui, mais c’est encore un peu plus flagrant avec le VF6. En quittant les métropoles, la conso s’envole facilement à 22 kWh/100 (270 km d’autonomie), et on se stabilise à 24/25 kWh/100 sur autoroute (250/240 km). Côté recharge, le SUV est censé encaisser jusqu’à 150 kW en DC. Pour ma part, je n’ai jamais dépassé les 50/60 kW (sous 6°C), mais des collègues ont déjà franchi la barre des 100 kW. De quoi passer de 20 à 80 % en moins de 30 minutes. Peut-être qu’une mise à jour des bornes utilisées vers chez moi doit être faite afin de communiquer correctement avec ce modèle. Dommage aussi qu’il n’y ait pas de système de préchauffage de la batterie, c’est d’autant plus étonnant car l’écran affiche la température de la batterie en temps réel dans le menu dédié à la recharge.
Au tout début de l’article, je parlais de tarifs serrés, mais dans les faits ce n’est peut-être pas si flagrant. Car, si la VF6 débute à 33 990 €, la finition Plus ici présente s’affiche quant à elle à 37 990 €. Certes cossue et bien équipée, elle ne se distingue pas non plus par des options particulièrement haut de gamme ou des équipements très spécifiques. En plus, elle ne peut bénéficier d’aucun bonus écologique en raison de sa production hors des frontières européennes. Car une fois le bonus déduit sur ses concurrentes, à l’image de la Peugeot e-2008 (dès 36 000 € en GT 156 54 kWh) ou de la nouvelle Skoda Elroq (dès 36 000 € en Clever 204 ch 59 kWh), il ne paraît plus si bon marché. Sa garantie 7 ans (+ durée illimitée pour la batterie) devrait cependant rassurer, et il peut compter sur le gros réseau Norauto pour assurer son entretien. Avec sa plus petite autonomie, et sa puissance de seulement 177 ch, le VinFast VF6 Eco pourrait probablement être la version la plus judicieuse. Grâce en prime à son équipement déjà bien fourni : jantes alu 17 pouces, éclairage LED, démarrage mains libres, caméra 360° et toutes les aides à la conduite.
Si le bilan final s’avère assez mitigé sur quelques points, cela ne fait pas de la VinFast VF6 une mauvaise voiture pour autant. Ce SUV compact électrique propose un design moderne, un intérieur bien équipé et un agrément de conduite globalement satisfaisant. Certes, un certain nombre d’ajustements pourraient améliorer l’expérience, notamment en matière de confort ou d’autonomie, mais l’ensemble reste cohérent pour qui recherche un modèle différent des offres traditionnelles. Reste à voir comment VinFast parviendra à s’imposer sur un marché aussi concurrentiel.
Crédits photos : Thomas Donjon (Fast Auto)
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