Chantilly rime depuis 10 ans désormais avec Concours d’élégance, Concours d’Etat, Concours des clubs et passion automobile à la française. L’excellent Maurice Cernay vous a déjà fait part de son compte rendu des rallyes et de la journée du dimanche. Pour cette 7e édition, j’ai eu envie de vous raconter des histoires, celle qui, mises bout à bout, font l’évènement.
La fierté du propriétaire
Venir exposer à un concours, c’est bien évidemment avant tout une question de passion. Le propriétaire dépense des sommes parfois conséquentes pour acheminer sa voiture, la préparer, la documenter. La logistique personnelle compte également. Mais, à voir tous ces yeux admiratifs, cette passion partagée, cette ambiance unique, le prix n’est finalement pas si important que cela. Un weekend un peu hors du temps et de la vie un peu grise de son bureau, l’objet banal pour certains, exceptionnel à ses yeux, posé sur une pelouse. Le château de Chantilly, lieu prestigieux, si français en arrière-plan, impose sa présence et cautionne la qualité du concours. Si Chantilly n’est pas Pebble Beach ou la Villa d’Este, le concours n’a pas à rougir face à ses prestigieux ainés.
La désespérance de l’agent de sécurité
Difficile de ne pas en parler : les prestataires en charge d’aiguiller les véhicules en provenance de Paris ont eu fort à faire. Le soleil était au rendez-vous, la billetterie était un succès, trop peut-être. Le flot ininterrompu de voitures a provoqué un bouchon de plus de 3km dont il fallait bien plus d’une heure pour s’extirper. Pire encore, il a fallu fermer le parking de proximité (VIP notamment), parce qu’il était saturé. Seule l’autorité de la gendarmerie accourue à la rescousse pour fluidifier le trafic a permis aux lève-tard de profiter de l’ambiance hors du temps du concours.
Le pique-nique de la petite fille
Au sein des familles, on ne partage pas toujours la passion automobile et pas toujours avec la même intensité. Alors il arrive régulièrement que les pères, ce sont souvent les pères…, convainquent leurs jeunes enfants de les accompagner pour un dimanche à la campagne et à l’odeur d’essence. C’est ainsi que l’on a pu croiser de charmants bambins s’extirpant du baquet d’une Ferrari F355 ou d’une Porsche 911 pour tirer la veste de papa vers le buffet petit-déjeuner. La petite fille fut définitivement conquise une fois installée pour le pique-nique champêtre au milieu des voitures du club.
La solitude du mannequin
La résurrection du concours d’élégance il y a désormais 10 ans, a été accompagnée d’un principe intangible : les voitures présentées doivent défiler avec un mannequin qu’un couturier habille dans le thème. Si certains ne se foulent pas, d’autres jouent largement le jeu et nous offrent des tenues remarquablement dessinées. S’il y a bien une chose invariable, c’est la solitude apparente des mannequins embauchés pour l’occasion. La probabilité qu’elles apprécient les voitures est faible, leur rôle dure environ 5 minutes dans la journée, un peu plus si la marque souhaite un shooting dans le cadre majestueux du parc. Le spectateur n’en a cure, le défilé des “concepts-cars” est un moment prisé, faisant plus que le plein de curieux. Cette année, c’est Lancia qui emporte la mise, avec un véritable concept. L’honneur est sauf.
L’épopée du londonien
Je ne peux nier, c’est mon histoire préférée. Remettons un peu de contexte : la plupart des voitures engagées au concours d’Etat s’échangent a minima contre des sommes à 5 zéros et parfois plus. Les concurrents les conservent religieusement dans de beaux endroits sécurisés et les font transporter sur les lieux d’exposition par des professionnels. Certains n’aiment pas faire comme tout le monde. C’est ainsi que le propriétaire de la Ferrari 250 GTO a confié sa voiture à quelques connaissances pour la descendre depuis Londres par l’autoroute ! Je vous laisse imaginer votre tête à se faire doubler par la plus légendaire des Ferrari sur l’A1. Evidemment, sa participation au rallye du samedi et le fait de la trouver négligemment garée devant l’hôtel à plusieurs reprises sont peu de choses à côté de ce road-trip d’exception.
L’émerveillement du passionné
Je termine par l’essentiel : cette journée est une ode au plaisir automobile et à la passion partagée. Chacun à sa manière, collectionneur, adhérent de club, photographe ou un des plus de 20 000 spectateurs, aura plus profiter d’une façon ou d’une autre du concours. Chantilly demeure un événement majeur du calendrier français et européen. La patine du best of show d’avant guerre est une merveille qui valait à elle seule le déplacement.
Crédit photos : Pierre Clémence
