Un cabrio qui scintille, un moteur qui pétille, une boîte auto qui brille. La DS 3 en promet beaucoup, de quoi se demander si ce pas la meilleure façon de se déplacer cet été ? Et le reste de l’année ?
Faut que je vous avoue un truc. À l’été 2014, j’ai fait une double découverte. Le genre d’essai duquel on n’attend pas grand-chose et dont on repart tout guilleret. La Citroën C4 Cactus était rouge avec les Airbumps noir. Jolie.
Elle avait le nouveau moteur 3 cylindres 1.2 PureTech en 110 ch (nom de code : EB2 DT pour les puristes). Je me souviens avoir été doublement séduit par le confort, le côté zen et épuré de la C4 Cactus, et avoir particulièrement apprécié ce nouveau petit moteur, qui lui convenait assez bien (dans la foulée, j’avais essayé une Cactus grise en 1.6 Hdi 92 avec boîte robotisée ETG6 et là, c’était pas la même histoire ni le même agrément).
Dans le Cactus, le 3 cylindres PureTech était associé à une classique boîte manuelle à 5 rapports et, dans son ascétisme revendiqué, l’auto ne disposait pas de compte tours. Il n’empêche : j’avais trouvé que ce bloc souple, coupleux, relativement vif et sobre s’accordait particulièrement bien à cette voiture fraîche et agréable à vivre.
Du coup, la perspective de retrouver ce moteur dans la nouvelle DS 3 cabrio, assorti à la boîte auto EAT6 avait tout pour me mettre en joie et ce, pour plein de raisons. Au moins cinq. La première, c’est que depuis son restyling du modèle 2015 et l’abandon de sa citroénitude (sauf sur la calandre, curieusement, avant une nouvelle refonte a priori prévue l’an prochain), je trouve que la DS 3 n’a pas vraiment pris de ride et reste toujours attirante malgré ses cinq ans de présence sur le marché, marché qu’elle ravive de sa grande variété de combinaisons de couleur qui donne le sentiment de ne jamais trop voir la même.
Je trouve même que la déclinaison de mon modèle d’essai, en blanc à toit turquoise, est plutôt pimpante. La seconde raison, c’est qu’une boîte auto sur une citadine, c’est plutôt cohérent : donc, a priori, viva l’EAT6, et viva les ingénieurs d’Aisin qui ont conçu ce modèle ! La troisième raison, c’est que les bons souvenirs laissés par le 1.2 PureTech 110 lors de l’essai du C4 Cactus me mettent dans les dispositions les plus positives quant à sa pertinence à remplacer le précédent 1.6 VTi 120 qui équipait la Citroën DS 3 parce que ses 10 ch de plus ne compensent pas son couple plus faible et nettement plus haut perché (160 Nm à 4250 tr/mn contre 205 Nm à 1500 tr/mn) et, de surcroît, sa conso plus élevée (6,5 l/100 et 150 g de CO2 en moyenne normalisée contre 4,7 l/100 et 108 g de CO2, ces valeurs s’appliquant aux versions à transmission auto, l’ancienne ayant en plus une boîte 4 toute pourrie).
La quatrième raison, c’est que j’ai toujours considéré qu’il était aussi intelligent de mettre un moteur Diesel dans une citadine que de nommer un jihadiste président d’un Salon de la caricature et que, du coup, un petit moteur essence punchy et efficient, c’est top. La cinquième et dernière raison, c’est que pour faire suite à l’excellent essai par mon non moins excellent collègue le sémillant Victor d’une DS 3 Cabrio en version THP 165 Ultra Prestige (pour le lire, c’est par ici), il faut admettre que cette version un rien élitiste risque ne pas constituer le gros des ventes, tandis que la combinaison PureTech 110 + EAT6 paraît assez judicieuse pour son compromis agrément / performances. Du moins, c’est ce que je me propose de voir avec vous.
Alors, heureux ?
Donc tu vois, petite DS 3 cabrio blanche et turquoise, comment j’étais content de faire un tour à ton volant. J’ouvre ta porte, je m’installe dans ton généreux siège en cuir. Oups, c’est haut ! Un petit coup de molette et me voilà bien installé. Planche de bord raccord avec l’ambiance extérieure, c’est frais, c’est gai. C’est bleu. Le graphisme des compteurs est plaisant, le joli volant est d’une préhension agréable avec sa partie inférieure façon aluminium. La logique des menus de ton nouvel écran tactile de 7 pouces est plutôt logique, ça tombe bien. J’apprécie l’économie de boutons sur la console centrale, même si elle demande un court temps d’acclimatation. Petit bémol, le plastichrome du sélecteur de vitesse et son entourage en full plastic font assez cheap. Bon, en route.
Ton 3 cylindres est discret. Très discret. Il faudra une oreille attentive pour déceler sa spécificité architecturale. Ceux qui n’y connaissent rien ou qui s’en foutent royalement (soit plein de gens, en fait), se contenteront d’apprécier le véritable silence de fonctionnement. À froid, on entend juste la turbine se déclencher dès les plus bas régimes, en prêtant un peu l’oreille. La direction est hyper légère en manœuvres. Ça y est, je suis sorti du parking de chez Citroën France. DS 3 Cabrio, vient croquer la vie avec moi !
Enfin, pas tout de suite. Ça bouchonne un peu. La progression se fait à 5 km/h. Le stop & start entre en jeu. Le moteur se coupe. Je dois faire dix mètres. Je relâche la pédale de frein. Le 3 cylindres reprend vie en s’ébrouant. La boîte auto mord avec un petit à-coup. Y’a de la vie, là-dedans ! Bon, tu as tes petites humeurs, DS 3 Cabrio, je pensais que tu serais plus douce que ça en ville. Parce que là, c’est quand même un petit peu saccadé et je connais des citadines automatiques un peu plus zen que toi dans les embouteillages.
Enfin, un peu d’espace. Je vais pouvoir sortir les chevaux. C’est marrant, d’ailleurs, parce que de voir 110 ch dans une citadine de moins de 4 mètres de long, ça évoque en moi des souvenirs de GTI de mon enfance et ça laisse augurer d’un vrai plaisir de conduite. Mais ne nous emballons pas trop, la déception se cache souvent dans l’ombre de la nostalgie. J’appuie un peu plus sur ton accélérateur, DS 3 ; le PureTech démontre sa disponibilité dès les plus bas régimes. Les rapports s’enchaînent rapidement. Minute, je n’ai pas senti un petit à-coup, là ? Si. Un tout petit. Étonnant. DS 3 Cabrio, ton PureTech 110 ch montre immédiatement l’une de ses grandes qualités : la bonne disponibilité de son couple dès les plus bas régimes. C’est plutôt une bonne chose, car l’EAT6 ne fait pas trop de zèle sur le kickdown, laissant les trois petits pistons démontrer qu’ils ont du couple. Du coup, l’EAT6 monte un max de rapports le plus possible, et après, elle glande. En conduite apaisée, ça va, mais lors d’un petit dépassement a faire à 80 km/h sur une petite route de campagne, ça ne translate pas trop dans le paysage. L’aiguille reste collée en bas de ton compte-tours, DS 3 Cabrio, et tu fais du surplace. Il faut se rendre à l’évidence. Tu tires trop long et ton EAT6 est trop paresseuse. Tu n’as pas la ouate ni les watts et ça me surprend un peu.
D’ailleurs, je m’insurge. Donnez une brouette pleine d’enclumes à Usain Bolt et vous verrez qu’il aura du mal à faire le 100 mètres en 10 secondes. Là, c’est franchement n’importe quoi : un bon 90 km/h à 2000 tr/mn en sixième, ça donne une vitesse de pointe théorique de 250 km/h au régime de puissance maxi et de 290 km/h aux 6200 tr/mn de la zone rouge. Petits bras, les ingénieurs : pourquoi ne pas avoir carrément visé les 300 km/h ? Comme ça, cheveux au vent, la petite DS3 Cabrio aurait pu aller taquiner une Ferrari 458 Spyder en descente avec le vent dans le dos !
En vérité, la DS 3 Cabrio PureTech 110 EAT6 est donnée pour une vmax de 188 km/h et le 0 à 100 en 10,2 sec.
Pauvre petite DS3, tu ne demandais qu’à t’exprimer et de vilains pervers t’en empêchent ! Moi, si j’étais réincarné en bloc moteur EB2 DT PureTech 110, je porterais plainte contre l’EAT6 pour obstruction. Voire pour harcèlement. Non mais ! Ma théorie, DS3 PureTech mais je peux me tromper, c’est que ta nouvelle boîte a été d’abord développée pour s’accoupler avec toutes sœurs HDI de chez PSA et qu’elle n’a pas été trop aménagée pour tenir compte des spécificités et des régimes de rotation de ton petit 3 cylindres turbo essence. La preuve, c’est qu’avec la bonne vieille boîte manuelle à 5 rapports qui n’a rien de sportif dans son maniement ou dans sa démultiplication, tu ferais du 190 km/h en pointe et tu avalerais le 0 à 100 en 9,8 sec, tout en faisant économiser 1450 € à ton propriétaire en finition So Chic (le PureTech 110 n’est pas dispo avec le premier niveau de finiton), en plus de consommer 0,4 l/100 de moins en norme officielle mixte (4,5 au lieu de 4,9). La vielle boîte manuelle 5, c’est le beurre et l’argent du beurre, en somme.
Cerise sur le gâteau, DS 3 Cabrio, tu me fais un plantage de l’infotainment en roulant. Alors que, d’une pression sur l’extrémité du commodo des essuie-glace, je souhaite voir ma conso et l’autonomie restante s’afficher sur ton écran central, Mr Freeze prend les commandes. Je gagne un peu et je perds beaucoup : la conso s’affiche sur l’écran central, mais la radio se bloque, presque à fond avec une fréquence entre deux stations. Ça donne : « scriiitch / méteo : alerte orages en vue sur 17 départements / whiiizzzhhh / découverte : les Roux sont des gens comme les autres…/ scriiithchhhh / info ou intox ? une Volvo C70 cabriolet a été vue sur le Nürbrugring / whiiizzzhhh / elle met du vieux pain sur son balcon, pour attirer les moineaux les pigeons / griiiypoouuuu / les Français partent en vacances : il va y avoir du monde sur les routes / gruuzz / le 8 août, c’est la journée mondiale du chat… donc, DS 3 Cabrio, je me suis arrêté, je suis descendu de toi, j’ai fermé ta porte et je t’ai verrouillé avec la télécommande, mais cela n’a pas suffi à débloquer la radio qui crachouillait son charabia sans se démonter. Une fois, deux fois, trois fois. J’ai donc continué ma route avec ce vacarme dans les oreilles, avant d’être excédé et de devoir attendre plusieurs minutes sur le bas-côté que la radio s’éteigne. Sur ce coup-là, DS 3 Cabrio blanc turquoise, t’as vraiment eu du bol que je sois non-fumeur et que je n’avais pas d’allumette sous la main.
Après cette mise en bouche qui confine à l’enterrement de première classe, me voilà sacrément bien embêté. Putain, j’avais envie de t’aimer, DS 3 Cabrio PureTech 110 EAT6 ! Comment je fais, maintenant ? Hein, comment ? Comment je fais, moi, pour expliquer aux gens que ce n’est pas juste si tes immatriculations françaises ont reculé de 11,7 % sur le premier semestre 2015, passant de 10 273 à 9 074 unités, et qu’en vrai, tu mérites mieux que ça ? Hein, comment ?
Point S
Bon, reprenons les fondamentaux. Je te trouvais mignonne, DS 3, et ça n’a pas changé. C’est déjà ça. Dans ta finition So Chic, tu es déjà bien équipée, même s’il faut passer par quelques options : les sièges en cuir (noir, blanc ou bleu à 1410 €), les jantes « Aphrodite » de 17 pouces (440 €, sinon c’est du 16 d’origine), les projecteurs DS Leds Vision qui sont étonnants d’efficacité de nuit et qui soulignent ton identité visuelle (950 €), ton bandeau de couleur sur le tableau de bord (130 €), le pack Navigation tactile avec DS Connect Box (fonction SOS et assistance) à 1050 €.
Par contre, un peu lassé de sortir les biftons, je n’ai pas pris l’Active City Braking qui me permet de ne pas abîmer ton beau museau en ville sous 30 km/h, et là je reconnais avoir été un peu radin de ne pas avoir sorti les 300 € demandés. On devrait rarement se priver de cette petite sécurité complémentaire.
En gros DS3 Cabrio, telle que tu es tu me coûtes 29 420 € mais je te kiffe toujours même si tu me coûtes un peu. Là, je me fais plaisir, mais tu pourrais être à moi pour 20 450 € (en PureTech 82 ch et finition Be Chic) et déjà m’en offrir beaucoup.
D’autant que j’ai pris une décision : d’un coup de fer à souder, j’ai définitivement connecté le bouton « S » près du sélecteur de ta boîte EAT6, oui, celui au-dessus du bouton « neige », et ça a changé la donne. Carrément. Quand on lui explique un peu la vraie vie, EAT6 s’en sort déjà mieux : en mode sport, ta boîte n’est pas caricaturale et ne va pas chercher la zone rouge bêtement, par principe. Un pied léger sur l’accélérateur, elle change de rapport entre 3 et 4000 tr/mn, souvent aux environs de 3500, ce qui correspond à un moment où ton 1199 cm3 respire déjà mieux. Et là, petite DS 3 Cabrio blanc turquoise, tu as retrouvé la joie de vivre. Tes accélérations deviennent soutenues, les dépassements se font sans trop réfléchir, tu rétrogrades toute seule quand je freine (de quoi faire oublier le maniement « au levier » de ta boîte, qui au final, n’apporte rien de plus). En mode « sport », la transition 4ème/5ème se fait juste au-dessous de 90 km/h ; ta sixième, je l’oublie. Ton dynamisme retrouvé permet d’apprécier les qualités de ton châssis dans le sinueux ainsi qu’au quotidien, la petite fermeté ressentie n’ayant rien de rédhibitoire, surtout au regard des prestations de tes concurrentes d’inspiration anglaise et italienne. Reste une direction encore un peu légère à mon goût, mais là, je chipote.
Quant à ton petit caprice d’infotainment, il faut aussi relativiser : une petite saute d’humeur en 6 jours d’essai, ça reste 12 fois moins d’ennuis qu’avec le portable Lenovo T430 qu’un de mes multiples employeurs a eu la générosité de m’attribuer. Allez, on passera pour cette fois.
Petite DS 3, la conso moyenne de mon essai à ton volant, dont une bonne partie, souviens toi, a été effectuée toit grand ouvert (ce qui pénalise forcément l’aéro), s’affiche à 6,9 l/100. Cela prouve la sobriété intrinsèque de ton 1.2 PureTech, qui ne rechigne pas à l’effort en devant traîner la longueur de ses rapports de boîte comme d’autant de boulets. C’est un poil moins que deux autres citadines de puissance similaire essayées précédemment, la Mazda 2 1.5 115 ch (ici) et l’Opel Adam Rocks 1.0 Ecotec 115 ch (là), qui m’ont toutes deux gratifiées de 7,0 l/100 de moyenne.
Du coup, tu ne me coûteras pas trop cher à l’usage, et je vais pouvoir savourer ton agilité en ville, ton silence de fonctionnement et tes performances sur route, le peu de turbulences que ton toit ouvert fait subir à ma chevelure généreusement frisée jusqu’à 110 km/h, et la joie de redécouvrir ta petite bouille pimpante chaque matin dans mon parking. Et c’est déjà beaucoup.
Petite DS 3 Cabrio, dire que ça a failli ne pas matcher entre nous. Mais en mode sport obligatoire, ça va bien le faire.
Photos : Benoît Meulin