Essai : Mazda 2 1.5 SkyActiv-G 115 ch BV6

Dans sa déclinaison haut de gamme, la nouvelle citadine Mazda 2 SkyActiv-G de 115 ch revendique quasiment des performances de grande routière. Promesses tenues ? Voyons voir…

C’est avec une grande joie que j’ai découvert l’essai de la Mazda 2 90 ch BVA publié fin avril sur ce magnifique blog par mon éminent collègue Victor (ici : https://blogautomobile.fr/essai-mazda2-1-5-90ch-bva-linattendue-260044#axzz3cN8POLVf).

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L’essai était aussi frais et plaisant que la Mazda 2 arborait une bonne bouille et une couleur pimpante et disait beaucoup de bien de cette nouvelle petite Mazda, une marque pour laquelle j’ai des sentiments plutôt positifs. En effet, pour avoir essayé longuement plusieurs de leurs modèles (le CX5, la dernière génération de 6 et le MX5, sans parler, dans ma jeunesse, d’une virée épique autour du lac Malawi dans une vieille et increvable 323 de la fin des années 70’s, telle qu’on en trouve encore des milliers au fond de l’Afrique), j’ai toujours apprécié cette marque japonaise. Principalement parce que les ingénieurs de chez Mazda ne font pas de la technologie pour le plaisir de faire de la technologie. Ils assument le fait de penser différemment et le plaisir de conduite n’est pas oublié : ça donne des autos peut-être pas aussi grand public que Son Excellence le Directeur Général des Ventes de Mazda le souhaiterait, mais qui s’apprécient vraiment dans la durée et qui possèdent une personnalité attachante et subtile à la fois sachant parler à ceux qui font primer la cohérence de conception et l’agrément général sur le simple éclat du badge.

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Du coup, l’essai de Victor avait carrément titillé ma curiosité et j’ai eu envie de vous proposer un petit complément d’information sur cette auto sympathique, mais en intégrant deux différences majeures. Un : exit le coloris « Smooky Rose » (on a sa dignité) ; deux : nous prendrons la version la plus puissante (le SkyActiv-G de 115 ch, le Diesel, SkyActiv-D, n’offrant lui que 105 ch), dans la finition haut de gamme Sélection.

Petite séance de rappel

Victor vous ayant proposé par le menu la présentation détaillée de la Mazda 2, je ne vais pas revenir dessus pour aller plutôt à l’essentiel. On va juste rappeler que la gamme Mazda 2 se nourrit de 2 moteurs (deux 4 cylindres 1.5, nommés SkyActiv-G en essence et SkyActiv-D en Diesel), 4 niveaux de puissance (75, 90 et 115 ch pour l’essence, 105 pour le Diesel), 3 transmissions (deux BV manuelles à 5 (pour les 75 et 90 ch) et 6 rapports (sur les 105 et 115 ch), la BVA6 n’étant dispo que sur la version 90 ch) et 4 niveaux de finition (de la plus modeste à la plus cossue : Harmonie, Elégance, Dynamique et Sélection). Ça pourrait être simple mais ce ne l’est pas tant que cela, puisque toutes les combinaisons possibles ne sont pas disponibles. Cependant, Mazda vous facilite la vie en simplifiant les choix : vous voulez la moins puissante ? Elle n’est dispo qu’en finition « Harmonie ». Vous voulez la plus puissante : dans ce cas, c’est « Sélection » obligatoire.

Confort, équipements et sécurité

Dans notre version haut de gamme, le constat s’impose immédiatement : l’équipement est pléthorique et la présentation est carrément de bonne facture. Elle a tout d’une grande, la Mazda 2 Sélection ? C’est ça !

Jugez plutôt : la Sélection vous place dans une ambiance assez cossue, avec un bourrelet de cuir surpiqué qui traverse la planche de bord, sur laquelle trône l’écran tactile HMI de 7 pouces dont le maniement ne mérite que des éloges pour sa logique et son intuitivité, à la petite réserve près d’une molette de commande éventuellement placée un peu trop en arrière. Il n’empêche qu’une telle interface d’infotainment, c’est unique parmi les citadines de constructeurs généralistes. On mentionnera aussi la clim auto efficace, les sièges chauffants tout également, le régulateur de vitesse et la connexion Bluetooth® de qualité. La connectivité est à la page avec moult prises devant le levier de vitesse.

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C’est top. Ce qui l’est moins, c’est le petit usage de Carboplast® sur les branches du volant et l’intérieur de console centrale. C’est moche. Il y en a même sur le haut des optiques de phares, ce qui laisse perplexe. Si encore on était sûrs que c’est ça qui fait gagner du poids…

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Bien calé dans de bons sièges en tissu noir à surpiqûres rouges (à ce propos, pour aller au bout du bien-être à bord, je ne saurais que trop vous conseiller l’option cuir « off white » à liséré rouge, d’autant que le surcoût de 750 € est finalement assez modique), je fais face à un tableau de bord moderne avec un gros compte-tours en position centrale (la version 90 ch met en avant le compteur de vitesse). Le tableau de bord est riche d’informations et la lisibilité est à citer en exemple, d’autant que là aussi, la Mazda 2 fait encore parler d’elle en offrant dans cette finition le seul affichage tête haute du segment. Vitesse, maintien de file (avec un son très « sci-fi » en cas de dévoiement) et directions du GPS tombent alors directement dans le champ de vision.

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Côté sécurité, donc, ça ne rigole pas non plus puisque notre Mazda 2 embarque également des capteurs TPMS, un système d’alerte et de reconnaissance de véhicules en approche ainsi que des feux automatiques avec un inverseur code/phare carrément impressionnant d’efficacité quant à sa réactivité face au trafic. Sans oublier un dispositif de freinage d’urgence, que j’ai pu tester grâce à la lenteur de la barrière d’accès chez Mazda France !

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Finissons avec l’extérieur : des jantes alu de 16 pouces font partie de la dotation de série, tout comme les feux avant à Leds qui ajoutent une touche d’expressivité à un museau qui est déjà assez volontaire. La Mazda 2 a de la personnalité, je trouve. Et une dotation impressionnante parmi les citadines, même si à 19 750 € dans cette configuration, elle ne fait pas de cadeaux.

115 ch pour 980 kg : le rapport poids / puissance d’une GTI !

Elle n’a pas que ça : avec 115 ch pour 980 kilos, la Mazda 2 a aussi un rapport poids / puissance proche de celui d’une GTI d’il y a trois décennies. D’où la double question : les perfs sont-elles en rapport ? Et l’agrément de conduite est-il du genre joueur ?

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Avant d’y répondre, petit topo sur la philosophie SkyActiv, qui aura sa pertinence pour la suite de l’exposé. Pour lutter contre les émissions, la grande tendance est de réduire les cylindrées : c’est le downsizing, et sur les concurrentes de la Mazda 2, ça se concrétise par une pléthore de 3 cylindres turbo d’un litre de cylindrée, parfois associées à des transmissions longues comme un jour sans bière. À cela, Mazda répond par le rightsizing : sans aller jusqu’au fameux nothing replaces displacement américain (auquel, à titre perso, j’adhère assez), ça consiste à dire que la bonne cylindrée dans la bonne auto, ça fait encore sens, si tout est pensé pour obtenir la meilleure efficience possible. Côté moteur, le taux de compression est abaissé en Diesel et réhaussé en essence, via une alliance de pistons bombés, d’injection directe à six orifices et de frottements réduits au maximum visant à maximiser les performances en réduisant l’énergie dépensée. Côté châssis, la conception ingénieuse permet de limiter le poids de cette version à 975 kilos à vide : certaines citadines comparables pèsent facilement 150 kg de plus.

En attendant, les perfs de la Mazda 2 115 ch sont carrément pétillantes : la vitesse de pointe est donnée pour 200 km/h chrono et le 0 à 100 en 8,7 s. Sachant que la frontière symbolique entre les engins qui avancent et ceux qui ne font que se déplacer est fixée aux 10 sec. pour le 0 à 100, ça vous situe le dynamisme de cette petite citadine qui cache bien son jeu.

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Mais les chiffres ne font pas tout. Car si je vous ai brossé les différences entre la version d’essai de mon collègue le mirifique Victor et la mienne, il y a aussi un point commun : que ce soit dans sa version 90 ou 115 ch, le bloc SkyActiv-G a le même couple dans les bielles. Soit 148 Nm à 4000 tr/mn. C’est peut-être là où le righstizing affiche sa limite face au downsizing : par rapport à un bon bloc comme le 1.0 Ecotec Opel (essayé ici par votre serviteur : https://blogautomobile.fr/essai-opel-adam-rocks-1-0-ecotec-esprit-de-synthese-259725#axzz3cN8POLVf) et qui affiche aussi 115 ch mais surtout 170 Nm à 1800 tr/mn, ça change un peu la donne.

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Pour aller droit au but, la Mazda 2 115 a de bonnes accélérations mais des reprises moyennes. C’est un problème ? Pas vraiment. Évidemment, pour dépasser efficacement sur nationale, il faudra rétrograder : au régime du couple maxi, à 4000 tr/mn, on est quand même à 160 km/h en sixième.

La bonne nouvelle, c’est que l’on retrouve dans la rigueur de la conception de la Mazda 2 quelques éléments réjouissants de l’ADN typiquement japonais.

Un : une direction bien calibrée, quoique un peu trop démultipliée à mon goût, mais permettant de savoir ce qui se passe sous les roues et de bien sentir les réactions du châssis. Ce n’est pas rien : combien de citadines concurrentes ont une colonne de direction en Chamallow ?

Deux : l’agrément de la boîte de vitesse est top ! Commande rapide, verrouillages directs et francs, ce qui se passe au levier est précis, efficace, et donne envie de jouer. Ce n’est pas rien : combien de citadines concurrentes ont des bagues de transmission en Caramel au beurre salé ?

Trois : en bon moteur japonais, le bloc 1.5 SkyActiv-G sait prendre des tours. Certes, on constate d’abord sa souplesse et sa bonne volonté. Testé pour vous dans une circulation un peu dense : passer devant un radar automatique sur le périph (1800 tr/mn en 6) sans se faire flasher et repartir sans rétrograder. C’est possible, et dans un trafic chargé, vous n’aurez pas l’impression d’être hors-jeu. D’ailleurs, 90 % du couple sont dispo dès 2000 tr/mn. Ensuite, la montée en régime est gentiment linéaire, mais soudain, de 5 à 6000 tr/mn, le pic de puissance est bien réel, les pistons reprennent leurs aises dans leurs chemises, les soupapes chantent et découvrent la Note Bleue, le 4 cylindres démontre son brio. Ce n’est pas rien : combien de citadines comparables ont le caractère moteur d’un groupe électrogène ?

 

Pour qui, pour quoi ?

En relisant l’essai de Victor je me dis que la version 90 ch BVA est peut-être la plus polyvalente, la boite auto lissant le petit reproche concernant le couple moteur et rendant la Mazda 2 hyper cohérente au quotidien. À qui s’adresse donc cette version 115 ch ?

À ceux qui veulent le meilleur de l’équipement aujourd’hui disponible dans une petite citadine, mais aussi à ceux qui valorisent encore le plaisir de conduite à l’ancienne, avec des commandes précises et un moteur qui, s’il assure raisonnablement au quotidien, dévoile sa vraie personnalité en haut du compte-tours.

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Dans tous les cas, la Mazda 2 115 ch m’a séduite par sa souplesse en ville avec son stop & start réactif et presque transparent, son confort sur route (sièges, suspensions et bruits de roulements offrent des prestations qui sont quasiment au niveau d’une auto de gamme supérieure), son excellent niveau d’équipements, son châssis sain, et son ensemble moteur / boîte joueur à l’occasion.

Sur plusieurs centaines kilomètres d’essai répartis de manière équitable dans un mix route / autoroute / ville, ma conso a été de 7 l/100, soit 2,1 de plus que ce qui m’a été officiellement promis dans la brochure publicitaire. Néanmoins, c’est exactement la même valeur relevée au volant de l’Opel Adam 1.0 Ecotec, alors que j’ai été plus joueur avec le moteur et la boîte de la 2. Morale de l’histoire : le rightsizing permet de ne pas consommer plus que le downsizing. L’efficience à la Mazda a du sens. CQFD.

Photos : Benoît Meulin

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