Essai BMW M3 Touring : est-ce toujours bien de rencontrer ses héros ?

Chez BMW, les breaks s’appellent Touring. C’est une appellation qui n’a que très rarement été associée à la branche M de la marque. Il y a bien eu quelques M5 Touring, mais jamais de BMW M3 Touring. Depuis quelques mois, BMW a corrigé cette erreur avec la voiture que nous allons essayer aujourd’hui.

Personnellement, je possède un Touring, vous avez pu le voir dans l’essai comparatif avec la dernière génération. La motorisation de ma version est loin de celle de la M3, avec seulement 143 chevaux. Elle offre pourtant déjà un vrai plaisir de conduite. La position de conduite est très basse et on fusionne parfaitement avec la voiture. De plus, je n’ai pas la version M Sport, mais uniquement la version Luxury, qui se veut plus confortable.

BMW F31

Cela montre bien la capacité de BMW à produire des véhicules plaisants avec peu de puissance. J’ai donc très hâte de découvrir cette M3 Touring qui me fait rêver depuis son lancement. Est-ce que je vais être déçu en rencontrant mon héroïne ?  

Rendez-vous est donc pris au siège de BMW France, je gare ma voiture en face de la M3 Touring. Quelle claque ! La M3 dégage une bestialité sans égale, comparée à ma F31 Luxury. Sa musculature presque caricaturale est d’une beauté incomparable. Nous sommes vraiment en présence d’une véritable M. 

Que ce soit à l’avant ou à l’arrière, la M3 ne laisse aucune place au doute. Elle dévore littéralement le bitume ! Le bouclier avant, avec ses deux grands haricots qui ont tant fait couler d’encre, est beaucoup plus équilibré sur cette version Touring.

La largeur des trains avant et arrière trahit également la nervosité de la bête. Il faut savoir que la M3 berline et la BMW M3 Touring sont toutes deux conçues sur la base d’une M4. La Série 4 étant plus large que la Série 3, c’est pourquoi l’arrière est si large sur une M3.

Le profil, avec ses jantes de 19 pouces à l’avant et de 20 pouces à l’arrière, est diablement sportif. À travers elles, on devine des étriers de freins dorés, synonymes de freins M Carbon céramique. Ces derniers sont inclus dans le coûteux Pack M Performance Piste.

Enfin, l’arrière est large à souhait. La voiture est solidement plantée sur la route, il n’y a aucun doute là-dessus. De plus, on conserve toute la praticité de la Série 3 berline avec ce coffre à deux ouvertures, que j’affectionne tant. Il y a l’ouverture traditionnelle et celle qui ne soulève que la lunette arrière. C’est très pratique lorsque vous transportez de longs objets ou avez besoin d’ajouter ou de retirer un bagage rapidement. Malheureusement, cette ouverture sera abandonnée sur la prochaine Série 5 Touring.

Cet extérieur est sublimé par cette teinte Dravitgrau (2 150€) qui mélange un gris très sobre avec des paillettes dorées, offrant ainsi une voiture passe-partout mais pas trop. Quel dommage pour les jantes noires, elles ne me plaisent pas du tout. Vive les jantes grises ou dorées !

À l’intérieur, on entre dans un tout autre univers. Quelle explosion de couleur ! Les sièges optionnels (pack M Performance Piste à 16 650€) en carbone sont déjà superbes, mais recouverts d’une teinte Kyalami Orange, c’est juste époustouflant ! De quoi être réveillé en permanence sans avoir besoin de café !

L’ambiance sportive à l’intérieur est incontestable. Outre les sièges, les inserts en carbone sont omniprésents. Que ce soit sur la planche de bord, sur la partie centrale avant ou encore sur le volant, cela ajoute un effet des plus réussi !

En parlant du volant, celui-ci est, à mon goût, proche de la perfection ! La jante est d’une épaisseur idéale et les palettes en carbone imprimées en 3D tombent parfaitement sous les doigts. Dommage qu’elles ne soient pas fixes, mais elles sont suffisamment hautes pour être très bien placées sous les doigts. Enfin, les boutons M1 et M2 viennent renforcer le côté sportif de la bête. Pour rappel, ils permettent de personnaliser des réglages techniques de conduite en raccourci.

La position de conduite est quant à elle aussi proche de la perfection. On est assis bas, bien que pas assez à mon goût, mais c’est un détail. On fusionne parfaitement avec la voiture, ce qui est terriblement agréable. De plus, l’amplitude de réglages en profondeur du volant permet de le rapprocher suffisamment de soi, même si vous avez de grandes jambes comme moi.

Concernant le confort des sièges en carbone, il faut dire qu’une fois installé dedans, vous êtes très bien maintenu, quel que soit votre gabarit. Cependant, le problème avec ces sièges réside surtout dans leur montée et leur descente. La partie latérale des jambes est extrêmement efficace pour vous maintenir, mais elle est tellement rigide que vous devrez fournir des efforts à chaque fois pour passer cette partie. Étant donné que la M3 Touring est une voiture destinée à un usage quotidien, je choisirais plutôt les sièges de base du modèle pour un plus grand confort au quotidien.

À l’arrière, les places sont très accueillantes et deux adultes peuvent facilement s’y installer. La place du milieu est davantage destinée à un enfant, et attention au tunnel de transmission dû à la transmission.

Enfin, le coffre est spacieux, offrant un espace de 500 litres, qui reste inchangé par rapport à une Série 3 classique. La version essayée disposait en plus du système de caoutchouc gonflable qui maintient vos bagages en place lors de la fermeture du coffre, ce qui est idéal sur une voiture de plus de 500 chevaux. En rabattant les sièges arrière, on peut facilement transporter des articles volumineux chez IKEA avec un espace de chargement de 1510 litres !

En ville, la BMW M3 Touring n’est pas forcément à l’aise au premier coup d’œil. Son petit défaut réside dans sa suspension calibrée pour une conduite très sportive. Malheureusement, sur un revêtement citadin souvent dégradé, cela peut ne pas être très agréable. C’est dommage car la visibilité dans cette voiture est excellente et malgré sa taille, elle offre une très bonne maniabilité grâce à un rayon de braquage assez favorable pour une voiture sportive.

Sur autoroute, la M3 Touring est à son aise, voire trop. La puissance démentielle de la voiture, avec ses 510 chevaux et 650 Nm de couple, vous propulse rapidement à des vitesses répréhensibles. Et cela se fait sans effort, et surtout avec un minimum de bruit grâce à une insonorisation de très bonne qualité. En réalité, on s’ennuie presque dans la M3 Touring sur autoroute. Pour mon trajet habituel vers Caen, j’ai pris l’autoroute à l’aller, mais je me suis tellement ennuyé que pour le retour, malgré le temps supplémentaire, j’ai opté pour les routes secondaires afin de profiter pleinement de cette voiture fabuleuse.

En parlant de cet autre terrain de jeu, je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir avec cette M3 Touring. Pour mon retour à Paris, j’ai configuré la voiture en mode Sport Plus pour le moteur, en mode simple pour la boîte de vitesses avec une loi de passage de rapport la plus douce possible, et une suspension en mode “confort”. Équipée de série de la transmission MxDrive, qui permet de passer de la traction intégrale à la propulsion pure, j’ai choisi un compromis. Le mode 4WD Sport, qui fonctionne avec un ESP dégradé, sera plus permissif, permettant théoriquement des légères dérives. De quoi bien s’amuser sur une route détrempée et avec une température ambiante de 5°C.

Premier rond-point avant de sortir de Caen, la route présente une légère déclivité. J’arrive avec un rythme modéré, je place un léger coup de frein pour mieux positionner le train avant, et là, l’arrière me passe un coup de fil pour m’avertir qu’il a envie de passer devant. Un petit contre-braquage et hop, nous repartons sur la bonne voie. C’est assez incroyable à quel point la voiture est joueuse malgré ses grandes dimensions. Un vrai bonheur !

Au fil des kilomètres, le plaisir ne cesse de croître. C’est vraiment sur ce genre de route que l’on comprend pleinement le potentiel de cette voiture. On peut facilement transporter trois personnes en plus de vous, avec les bagages de tout le monde, et mettre la voiture en travers à chaque rond-point. De quoi vous mettre de bonne humeur dès le matin. La BMW M3 Touring est une véritable M.

En ce qui concerne le freinage, avec les températures lors de mon essai et étant donné que je n’étais pas sur circuit, il m’a été difficile de les solliciter suffisamment. Cependant, il est important de noter que les freins fonctionnent sans liaison mécanique entre la pédale et les étriers. Tout se fait By Wire, c’est-à-dire électroniquement. Vous pouvez ainsi ajuster la puissance de freinage selon vos préférences dans le menu de la voiture. Cela peut être un peu déroutant au début, mais c’est incroyablement efficace, surtout avec les freins en carbone céramique de mon modèle d’essai.

Du côté de la concurrence, Mercedes a abandonné son merveilleux V8 au profit d’un moteur 4 cylindres hybride rechargeable. C’est vraiment dommage… Ce choix ne semble pas être à la hauteur du remarquable 6 cylindres en ligne de BMW. De plus, la Mercedes est beaucoup plus chère que la BMW avec un tarif de base de 135 850€. En ce qui concerne le poids, le break de Stuttgart est annoncé à 2 190 kg à vide, soit plus de 300 kg de plus que la M3 Touring.

Audi continue à vendre la RS4 Avant, qui était pour moi la référence jusqu’à aujourd’hui. Depuis la sortie de la M3, c’est terminé. La Munichoise est beaucoup plus incisive, beaucoup plus plaisante à conduire. La M3 peut être configurée en propulsion ou en MxDrive, ce qui procure encore plus de plaisir au volant. Un vrai bonheur. En termes de tarif, le break d’Ingolstadt est à quelques euros près aussi cher que la M3. Mais le plaisir de conduire une M3 réside dans un châssis d’une précision folle, une chose moins présente sur une RS4.

Nous sommes donc face à la nouvelle référence du secteur, mais pour combien de temps ? Les politiques européennes et françaises en termes d’émissions de CO2 ont porté un coup dur aux voitures sportives. Au prix de cette M3, par exemple, vous devrez vous acquitter d’un malus confiscatoire de 60 000€, soit la moitié du prix de base de la voiture. Une honte, à mon humble avis. Ce type de voiture est une ode à la performance et à la perfection automobile, et aujourd’hui, sous l’égide de l’écologie, nous sommes en train de tuer le plaisir de conduite. Vivement que les carburants de synthèse à un prix proche des 2€ arrivent. Nous pourrons alors continuer à profiter de ces voitures qui ravissent les amoureux de la conduite automobile traditionnelle.

En résumé, rencontrer ses héros est parfois une expérience fantastique, surtout quand il s’agit d’une BMW M3 Touring. Pour une conduite quotidienne, je conseillerais les sièges sport classiques pour une plus grande polyvalence. Mais sinon, si vous en avez les moyens, foncez, vous ne le regretterez pas.

Merci BMW France pour le prêt de la voiture

Crédit Photo : Ugo Missana

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