Essai Caterham Seven 485 Final Edition : dernière du genre

Comme son nom l’indique, la Caterham Seven 485 Final Edition met à l’honneur la plus puissante des Caterham Seven homologuées en UE pour un dernier round et seulement 85 exemplaires (+10 pour le Japon). Une plastique intemporelle, une fiche technique qui laisse rêveur et surtout, un 4 cylindres 2.0 L Duratec qui prend plus de 8500 tr/min, bienvenue à bord de la plus extrême des Caterham Seven essayées sur le blog !

Un air de déjà vu

Dévoilée au printemps 2013, la Caterham Seven 485 répondait à la demande d’une clientèle européenne, avide d’une Seven aux hormones et surtout, envieuse des versions plus puissantes réservées alors au marché anglais. La 485 devenait ainsi la Caterham Seven la plus puissante homologuée pour l’union européenne avec jusqu’à 240 ch pour un poids total à vide de 525 kg dans sa version R la plus extrême, soit un rapport poids/puissance de moins de 2,2 kg/ch, proche de celui d’une Bugatti Veyron (2,1 kg/ch) ! Proposée jusqu’en 2021 en châssis S, R (chacune disponibles en versions S & R) et CSR, la 485 semblait vouée à une mort certaine, sacrifiée sur l’autel des sacro-saintes normes antipollution du vieux continent. Pendant 3 ans, un coup d’oeil sur le configurateur français du constructeur nous laissait (et laisse toujours d’ailleurs) entrevoir une 485 CSR grisée, sous laquelle l’annonce “coming soon” en faisait saliver plus d’un. 17 mai 2024, la messe est dite, la Seven 485 revient en France et ailleurs dans l’UE pour une série ultra limitée à 85 exemplaires dans une configuration unique, la Seven 485 Final Edition. C’est celle que nous essayons aujourd’hui !

Détail des forces en présence

La Seven 485 Final Edition vient, pour un temps plus que réduit, coiffer la gamme européenne Caterham en termes de performances pures. Si le trou laissé entre la petite Seven 170 équipée d’un 3 cylindres Suzuki de 660 cm3 et la Seven 340 embarquant déjà le 4 cylindres 2.0 L Ford Duratec semble important, la 485 Final Edition creuse l’écart en reprenant ce deuxième bloc, qui développe pour l’occasion 228 ch au régime de 8500 tr/min et 205 Nm au régime de 6300 tr/min. Comme ces chiffres vous le laissent deviner, la 485 est purement atmosphérique. Le moteur Ford est associé uniquement à une boîte manuelle à 5 rapports, issue de l’excellente Mazda Mx-5. Elle abat le 0 à 100 km/h en 4,1 secondes et atteint les 224 km/h en vitesse de pointe (si vous osez aller jusque là au volant d’une Caterham). Les performances semblent malheureusement en retrait par rapport à la 485 R de 2013 qui annonçait un 0 à 100 km/h en 3,4 secondes, mais aidée d’une boîte manuelle à 6 rapports. La vitesse maximale reste quant à elle identique. Caterham annonce un poids de 560 kg à vide pour cette déclinaison “Final Edition”, sans doute un peu moins pour notre exemplaire considérant sa configuration plus que “light”.

Pour emmener une telle cavalerie, la 485 Final Edition se décline en 3 configurations châssis : S3 & SV (limités à 60 exemplaires) et CSR (25 exemplaires), aux trains roulants avant & arrière modifiés. Notre exemplaire en châssis S3 (la “vraie” Seven à mon sens), dispose d’éléments spécifiques à cette dernière série limitée : triangles de suspensions profilés, suspensions sport et pneus semi-sticks Toyo Proxes R888 R. Le freinage fait appel à 4 disques, ventilés à l’avant, avec étriers à 4 pistons. 

Esthétiquement, la 485 Final Edition dispose d’un choix de 5 coloris à la finition dite “haut de gamme” (dixit Caterham). Notre exemplaire arbore le superbe Volcano Red McLaren, à la profondeur et aux paillettes dignes des plus belles GT de ce monde. On note aussi la présence d’un nez en composite à double ouverture au dessus, emprunté à la 620R réservée au marché anglais, d’une bande décorative noire satinée et de sigles spécifiques au modèle, sur les flancs du capot moteur et sur l’aile arrière droite. Le catalogue d’options traditionnelles est évidemment disponible, notre modèle d’essai en est bardé ! On retrouve ainsi des optiques avant à LED, des ailes avant carbone, des support de clignotants en carbone, un saute-vent dit “aeroscreen” en carbone avec rétroviseurs type F1 assortis en lieu et place du pare-brise d’origine, des jantes 13 pouces Apollo (à la place des Orcus 15″ de série) et un arceau peint couleur carrosserie du plus bel effet.

L’intérieur n’est pas en reste. Il propose de série des harnais 4 points, des sièges en cuir siglés “Final Edition”, de même que la poignée de frein à main ainsi que les cadrans du tableau de bord, livré de série en carbone lui aussi. On trouve De même qu’à l’extérieur, Caterham Cars UK a largement pioché dans le catalogue d’options pour notre exemplaire avec des sièges baquet en carbone ainsi qu’un volant extractible Momo à jante en Alcantara. Un coupe-batterie prend également place sur le flanc gauche. Options comprises, notre configuration s’affiche à 74 560 € ………. hors taxes ! Comptez donc environ 90 000 € TTC, avant malus en France (selon certains forums spécialisés, on parle de 176 gCO2/km, soit un malus à 15 736 € en 2024).

Au volant : pointue et exigeante !

Si la fiche technique de la 485 Final Edition invite à la plus grande humilité (rappelons que la Seven n’embarque AUCUNE aide à la conduite, ni ABS, ni ESP, ni contrôle de traction, assistance au freinage), les conditions de cet essai renforcent largement ce sentiment. Bruine, brouillard, chaussée détrempée et surtout, une Seven dépourvue de protection contre les intempéries ! Casque intégral obligatoire, blouson imperméable fortement recommandé pour résister aux projections des roues avant. Les premiers tours de roues se font avec un oeuf sous la pédale, le temps de se familiariser avec la bête qui intimide son conducteur. Ralenti légèrement instable, bruits de pont inquiétant en manoeuvre, inertie du 2.0 L lorsque je relève mon pied de la pédale d’embrayage, la 485 Final Edition semble avoir un sacré caractère ! En dessous de 4000 tr/min, le 2.0 L me donne tout d’abord une impression légèrement fade. Les accélérations sont certes franches, mais pas forcément bluffantes. 

Si ces premières heures au volant de cette Seven aux hormones me laissent l’occasion de m’exercer au contre-braquage à faible allure, le rythme reste tout ce qu’il y a de plus timide. À mesure que la journée avance, les routes de Champagne sèchent petit à petit, mais ne laisseront pas la Seven et son conducteur totalement indemnes à en voir les projections de boue jusque sur la visière de mon casque. Le rythme augmente, et chaque accélération est l’occasion d’aller explorer une nouvelle zone du compte-tours, chose possible uniquement en 1re et 2ème si vous roulez sur les routes de l’Hexagone, ces derniers rapports pointant à respectivement plus de 80 et 130 km/h une fois au rupteur. Je découvre également le bouton Sport, qui libère la totalité des chevaux disponibles sous la pédale de droite.

À partir de 4500 tr/min, le 2.0 L Ford se réveille franchement. Passé les 6000, c’est carrément le nirvana, la poussée sur les premiers rapports est totalement indescriptible. Elle vous colle littéralement au siège, aidée par le vent qui appuie sur la visière de mon casque. On comprend alors les exercices de renforcement musculaire des cervicales des pilotes de F1. Le caractère moteur de cette 485 et sa hargne totalement folle à l’approche des 8500 tr/min me rappelle finalement celui des moteurs Honda les plus légendaires ! À tel régime, la 485 Final Edition devient ultra nerveuse, mais aussi exigeante à piloter. À mesure que la confiance augmente, la moindre erreur de pilotage se paye cash. La 485 reste malgré tout fidèle à la marque en terme de comportement routier avec un équilibre admirable et des remontées d’informations inégalées, avec une mention toute spéciale pour le train avant, aussi léger que précis, avec un grip assez déconcertant malgré les semi-sticks et la météo automnale de cet essai.

Le moindre mouvement intempestif de volant entraine inévitablement une dérobade du train arrière, dérobade que vous pourrez entretenir aisément si l’envie vous en prend, grâce au différentiel à glissement limité livré de série. Gare à l’angle de glisse, qui augmente brutalement une fois dans les tours. La boîte 5, aux rapports longs comme un jour sans pain, est toutefois très agréable à manier. Les verrouillages sont francs, juste fermes comme il faut. La boîte semble même moins dure à l’usage que celle associée au bloc Suzuki, c’est dire ! Un mot enfin sur le confort des baquets, qui m’a une fois de plus bluffé. Après plusieurs centaines de kilomètres au volant en une journée, la fatigue se faisait largement ressentir avec un sacré bol d’air, mais pas une seule douleur dans le dos à signaler. 

Si la 485 Final Edition est une expérience à part entière une fois derrière le volant, on regrette néanmoins l’association d’un moteur si explosif à une boîte manuelle à 5 rapports si longs qu’il en devient difficile de garder un bon rythme en permanence. La conduite sur circuit à la recherche du meilleur chrono vous demandera une attention toute particulière lors des changements de rapport, nécessitant ainsi de pousser assez loin dans les tours pour qu’une fois le rapport supérieur engagé, la 485 reste dans la plage 6300-8500 tr/min, pour une perte de poussée la plus minime qui soit. Elle demeure ainsi pointue et exigeante à piloter, mais tellement récompensante !

Dernière chance !

Exclusive, intimidante, passionnante, les qualificatifs manquent pour décrire la Caterham Seven 485 Final Edition. Je me rends compte au moment d’écrire ces lignes la chance qu’il m’a été donnée de me voir confier un tel engin, dont les caractéristiques d’un autre âge semblent définitivement disparues du catalogue des constructeurs. Cet aspect m’empêche finalement d’être suffisamment critique vis à vis du prix, très conséquent, que demande l’acquisition de ce morceau d’histoire, dernier représentant d’une époque révolue. Signe que ce dernier ne semble pas déranger la clientèle visée : au 29 octobre, tous les exemplaires de la 485 CSR Final Edition sont déjà vendus, et il n’en reste que quelques uns en châssis S3 & SV. Adieu 485 !

Quelques chiffres

Dimensions : 3180x1470x1090
Poids à vide : 560 kg
Volume coffre : 90 L
Volume réservoir : 36 L
Consommation mixte constatée (WLTP) : entre 10 et 15 L/100 kms 
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 176 gCO2 / km 
Moteur : 4 cylindres atmosphérique 1999 cc
Puissance max combinée : 228 ch à 8500 tr/min
Couple max : 205 Nm à 6300 tr/min
Vitesse max : 224 km/h
0 à 100 km/h : 4,1 s

Crédits photos/vidéo : Maurice Cernay

Un grand merci à Caterham Cars UK ainsi qu’à SV Automobiles pour la mise à disposition de cette Seven d’exception.

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