Pour moi, l’histoire commence en 2009 avec la réinterprétation du mythe allemand par la Mercedes SLS AMG. Cinq ans plus tard, elle sera remplacée par la Mercedes-AMG GT. Moins exclusive à mon sens, mais toujours aussi captivante et nerveuse. Deux autos que je rêvais de conduire… il aura fallu attendre cette deuxième génération dévoilée en 2023 pour que cela se réalise. Essai !
Si globalement je préfère le design de la précédente, qui pour moi paraît plus extravagante, plus « supercar », ces cinq jours en sa compagnie se seront révélés être un coup de cœur stylistique. Surtout dans cette configuration Rouge Patagonie à 1 500 €. À chaque regard en se retournant (on fait tous ça non ?), ou en l’apercevant au loin, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire « ah ouais quand même ! ». Déjà, elle est plus charismatique que la version roadster désormais nommée SL 63 que j’ai essayée il y a tout juste un an. Les feux triangulaires et fins, au regard tombant, n’arrivaient pas à me séduire à 100 %. Ici, tout est différent. Les nouveaux optiques, plus larges et mieux intégrés, apportent à l’avant une vraie personnalité. La calandre Panamericana, signature aujourd’hui incontournable d’AMG, domine le bouclier avant avec ses lamelles verticales chromées, ajoutant un caractère résolument sportif. Le capot long et plongeant, traversé par deux nervures marquées, lui confère un air féroce et l’ensemble acéré contribue à cette agressivité visuelle, tout en étant subtilement équilibré par des lignes plus fluides. En la regardant de profil, on apprécie particulièrement son allure sculptée. La ligne de toit plongeante vers l’arrière, digne des plus belles GT, allonge la silhouette et renforce son dynamisme. Les hanches larges et musclées, accentuées par les passages de roues plus prononcés, donnent un sentiment de stabilité et de puissance, tandis que les jantes de 21 pouces apportent une prestance incontestable. Bien que je les aurais préféré grises. Enfin à l’arrière, la silhouette s’affine davantage par rapport à l’ancienne génération. Le diffuseur agressif et les quatre sorties d’échappement rectangulaires, renforcent le côté bestial sans être ostentatoire. Sans oublier l’aileron animé ou le carbone un peu partout qui sont tout un tas d’éléments pensés pour maximiser la performance, sans compromettre l’harmonie générale du design. Bref, c’est beau !
Un style qui prouve bien son appartenance à la catégorie des « non accessibles », les regards et interactions ne manquent pas. Même si nombreux sont ceux qui, en l’absence d’un logo Porsche ou Ferrari sur le capot ne lui attribueraient que 100 000 € de budget. Hé bien non Messieurs-Dames, il faut compter le double. La Mercedes-AMG GT 63 débute à 199 750 €, et 220 850 € pour notre exemplaire qui ajoute, entre autres, un pack carbone intérieur et extérieur, un essieu avant relevable ou encore des jantes 21 pouces. Malheureusement, avec un rejet de C0² de 319 g/km, il est nécessaire d’additionner 60 000 € de malus. Soit un total de 280 850 €.
Au volant, c’est la fermeté de la direction, dévoilant une précision exceptionnelle, qui donne le ton dès les premiers tours de roue. Il ne faut cependant pas se faire avoir par le mode Confort, qui outre la montée des rapports trop précipitée et les valves fermées, laisse apparaître un roulis qui pourrait refroidir. Mais heureusement, en tournant la molette jusqu’au mode Sport+, voire Race, c’est un tout autre caractère qui apparaît. Le V8 biturbo de 4,0 litres, avec ses 585 chevaux, la transforme en véritable machine à sensations. Chaque accélération est fulgurante, et la montée en régime, bien que légèrement filtrée par une sonorité désormais plus artificielle, reste grisante. Le bruit rauque qui émane des échappements, ponctué par des déflagrations à chaque rétrogradage, parvient encore à titiller les sens dans un monde de plus en plus aseptisé. La transmission intégrale 4MATIC+ et les roues arrière directrices transforment cette GT imposante en une voiture étonnamment agile. Bien qu’un puriste y trouvera sûrement à redire sur circuit. Car avec ses 300 kg de plus que la précédente génération (1 970 kg), on peut s’attendre à des performances en retrait, mais à mon humble niveau c’est presque totalement invisible. Le 0 à 100 km/h est avalé en seulement 3,2 secondes, battant ainsi toutes les versions précédentes. Et quelle sensation aux décollages ou relances ! Chaque pression sur l’accélérateur libère une décharge de puissance presque instantanée, propulsant la GT 63 avec une certaine brutalité. Son gros moteur délivre ses 800 Nm couple de façon linéaire, mais sans jamais se détourner de son caractère explosif, ce qui rend cette machine véritablement addictive. La boîte automatique à 9 rapports complète l’ensemble avec son excellente réactivité au passage de rapports, moins à la descente, et renforce franchement cette immersion de pilotage quand la pédale de droite se fait plus lourde. Quand on apprend à maîtriser son comportement aux palettes, elle nous gratifie de quelques coups de pieds dans le dos, et elle nous tire vers l’avant avec force. Puis à chaque sortie de courbe, la voiture semble rugir, prête à bondir avec une vivacité presque inattendue pour un véhicule de cette taille. La poussée ressentie est non seulement grisante, mais dégage aussi une émotion brute qui rappelle que, malgré l’électrification progressive, ce genre de bloc thermique peut avoir encore de beaux jours devant lui. Certes, dans les virages vraiment serrés, la masse se rappelle parfois à nous, notamment lorsque le rythme devient soutenu sur des routes sinueuses. Heureusement, le système de freinage est à la hauteur. Avec les disques composites de série, le mordant est impressionnant, offrant une endurance qui inspire confiance, même après plusieurs freinages appuyés. Elle n’est absolument pas là pour renier ses origines sportives !
Avec cette furieuse envie de voir ce qu’elle a dans le ventre, je n’ai pas pris le temps de découvrir son habitacle. Enfin découvrir, pas tant que ça, il reprend les derniers codes stylistiques de la gamme et bien évidemment de la cousine découvrable. Mais ici, c’est le toit panoramique qui apporte de la lumière. Quand on grimpe dedans, on ne peut que se sentir parfaitement bien accueilli. Lové dans des sièges à la fois confortables et enveloppants, on profite d’une planche de bord à l’assemblage et au choix des matériaux irréprochables. C’est assez classique, et peu sportif, mais l’ambiance est raffinée et luxueuse. Le cuir, les inserts en alu, le carbone bien placé et l’alcantara sur le volant renforcent l’idée que cette AMG GT sait marier élégance et dynamisme, offrant à la fois une atmosphère feutrée pour les longs trajets et les qualités nécessaires pour des escapades plus sportives. Ce qui frappe également, c’est l’attention portée aux détails, avec par exemple des aérateurs en forme de turbines ou les commodos chromés. L’éclairage d’ambiance personnalisable permet aussi de moduler l’atmosphère selon les envies, qu’on cherche une ambiance apaisante ou plus dynamique. Tout comme la qualité sonore du système audio Burmester qui vient sublimer l’expérience en cabine. En prime, l’écran de 11,9 pouces est bien intégré et ne fait pas tomber la planche de bord dans une modernité démesurée. Il est d’ailleurs assez bien pensé, de quoi presque nous faire oublier l’absence de boutons grâce aux commandes de clim toujours visibles et aux touches faciles à comprendre sur le volant. Le combiné d’instrumentation numérique quant à lui, est entièrement paramétrable, permettant d’afficher les informations essentielles selon ses préférences. Enfin, elle offre un grand volume de coffre de 321 litres, qui peut être en plus complété par les sièges arrière. Car oui, c’est une 2+2. Mais je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de personnes dans le monde qui occupera un jour cette place, tant ils sont plus symboliques que pratiques.
Vous l’aurez compris, c’est un intérieur qui colle bien à sa vocation de GT. Car ce qu’elle perd en radicalité, invisible pour les non-pilotes comme moi, elle le gagne en confort, et c’est plutôt une bonne chose pour la sortir encore plus au quotidien. Sur nos routes habituelles, la Mercedes-AMG GT 63 se révèle étonnamment docile. En mode Confort, les suspensions pilotées Active Ride Control AMG absorbent efficacement les imperfections de la route, offrant une expérience de conduite qui demeure plaisante même sur les revêtements dégradés. Les sièges typés baquets sont bien étudiés pour permettre aux occupants d’enchaîner les kilomètres sans fatigue excessive. Dès lors je retrouve bien le moelleux que j’ai toujours plébiscité chez la marque à l’étoile. Et ce n’est pas tout. Le V8, bien qu’expressif, sait se faire plus discret en conduite souple, tandis que la boîte à 9 rapports gère cette fois les transitions en douceur. Les 800 Nm de couple vont alors se faire oublier, tout en étant prêts à bondir très rapidement. Du coup, les trajets urbains ou les longues heures d’autoroute se font au final sans effort, et c’est dans ces moments-là que cette GT montre sa facette plus « Grand Tourisme » qui la rend appréciable dans la vie de tous les jours. Son insonorisation maîtrisée et son système de transmission intégrale 4MATIC+ contribuent à une stabilité exemplaire, permettant à la voiture de naviguer aisément sur tous types de tracés et d’inspirer confiance sur chaussée glissante. Par ailleurs, Par ailleurs, les roues arrière directrices renforcent cette agilité et améliorent nettement la maniabilité, rendant chaque manœuvre plus facile et intuitive. Tandis que la consommation va se montrer plus raisonnable en affichant un score entre 10 et 13 litres aux 100 km, contre près de 30 l/100 en arsouillant.
Une personnalité qui colle bien à ce que j’aime beaucoup faire depuis l’essai d’une certaine McLaren GT : une nuit au château, des visites culturelles, des petites routes virevoltantes entre tout ça, en somme la recette d’un excellent week-end. Elle permet de jongler facilement entre des passages à basse vitesse dans nos beaux villages, où la douceur de la boîte et l’insonorisation créent un climat de douceur, jusqu’à une stabilité remarquable sur les longs rubans d’asphalte, tout en révélant une férocité presque insoupçonnée dès que la route se met à serpenter ; avec une agilité qui tranche avec son gabarit. En fait, on oublie vite ce long capot interminable qui intimide à la première rencontre. Et en un petit tour de molette au volant, elle passe de confortable berline à supercar agressive, changeant totalement d’attitude pour s’adapter à nos envies de conduite, qu’elles soient plus tranquilles ou pleines d’adrénaline.
Je ne suis pas sûr qu’une conclusion soit bien utile tant mon essai de la Mercedes-AMG GT 63 regorge de qualités. Oui, les plus férus de pilotages ne seront pas totalement conquis avec ce genre d’autos de plus en plus lourdes. Cependant, elle parvient à préserver des performances sensationnelles, offrant une expérience de conduite exaltante ; tout en dévoilant un visage plus civilisé qu’attendu, ce qui souligne sa polyvalence sur route. Sans compter que sa silhouette pleine de charme pourrait simplement réussir à convaincre les potentiels acheteurs.
Crédits photos : Thomas D. (Fast Auto)
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