Plus de 70 ans après l’apparition de la mythique 300 SL, la classe Sport Leicht a bien changé. Mais toujours dans une optique de plaisir de conduire et de sportivité, la Mercedes-AMG SL 63 4Matic+ est née en 2021. Essai sur les routes normandes !
Belle.
Bien qu’on ait hâte d’entendre le moteur se réveiller, la première chose qui frappe en voyant la nouvelle SL63 AMG, c’est son design. Cette auto est d’une pure splendeur, avec des lignes à la fois fluides et élégantes ; mais aussi un coup de crayon qui se veut sincèrement agressif. Certes la SL ne révolutionne pas les codes de la marque, mais elle les magnifie. La calandre Panamericana, désormais caractéristique des modèles AMG, y joue forcément pour beaucoup. On a face à nous une bouche béante qui cherche à dévorer de l’asphalte. Elle est en plus mise en valeur par des phares LED matriciels au regard perçant. Le profil de la voiture n’est pas en reste également. Il est élancé et dynamique, donnant de la prestance, avec un long capot et une poupe musclée. À l’arrière on sait ce que ne plaisante pas non plus, grâce à un aileron actif et surtout les 4 grosses canules d’échappement de part et d’autre du diffuseur. Les feux arrière à LED sont en prime très élégants eux aussi. Puis au fil des ans, la taille du modèle a bien évolué. Par rapport à sa devancière, la génération R231 disponible au catalogue de 2012 à 2021, elle est nettement plus massive. Sa longueur dépasse les 4,7m (+8 cm), pour une largeur de 2,1 m et 1,35 m de haut. Cette prise de volume contribue beaucoup au charisme de l’engin, elle intimide dès le premier regard. À l’inverse, le retour de la capote en toile, outre le joli gain de poids, permet d’alléger visuellement l’ensemble. Et finalement, quel bonheur d’avoir tout simplement sous les yeux un véhicule qui ne semble pas dictée par quelconque règle aéro !
Le réveil des cylindres.
C’est le moment de faire vrombir le moteur. Une fois chaude, je ne tarde pas à l’envie de goûter au mode Sport. Sous le capot de la Mercedes-AMG SL 63 se cache un monstre de puissance. On découvre un V8 biturbo de 4,0 litres qui ne délivre pas moins de 585 chevaux et un énorme couple de 800 Nm. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, et sur la route, elle ne déçoit pas. L’accélération est impressionnante, passant de 0 à 100 km/h en seulement 3,6 secondes. La transmission AMG Speedshift à 9 rapports offre des changements de vitesse rapides et fluides, tandis que le moteur rugit avec une mélodie rauque à chaque pression sur l’accélérateur. Sa conception entièrement confiée à la division AMG facilite aux sorciers d’Affalterbach de vraiment obtenir une recette aboutie. Donnant une véritable identité, et un véritable dynamisme à l’engin. Pourtant il faut le reconnaître, j’ai eu beau essayer, je n’ai pas particulièrement réussi à ressentir d’émotions derrière le volant de cette nouvelle machine. Avec une zone rouge atteinte après à peine plus de 6000 tr/min seulement, on ne profite pas assez des envolées lyriques avant de se faire rappeler à l’ordre par le rupteur. Ensuite, la direction, bien que précise, ne renvoie pas au conducteur autant d’informations qu’elle ne devrait. Peut-être la faute aussi aux 4 roues directrices qui perturbent mes habitudes. Mais à l’inverse, ces fameuses roues arrière directrices donnent lieu à une agilité déconcertante. Puis même si le typage propulsion pourrait offrir un caractère joueur sur circuit, les 4 roues, motrices cette fois, la rendent incroyablement soudée au sol. Sans oublier les pneus Michelin Pilot Sport 4S qui génèrent un gros grip. Sur un petit filet de gaz, on se surprend à enrouler les courbes à des vitesses bien trop élevées. Et, dès qu’on souhaite s’envoyer en l’air, elle répond présent sans effort. Le petit temps de latence, juste le temps que les turbos se gorgent d’air et ajoute quelque chose à l’ambiance sonore, se fait vite oublier. Une extrême poussée se fait alors ressentir, et bon dieu, les accélérations et reprises sont tellement canons qu’on ne voudrait jamais s’arrêter.
Un peu de repos.
Malgré ses performances très (très) sportives, elle a tout d’une GT très confortable. Bien plus qu’une McLaren du même nom (déjà très douée dans ce domaine) essayée quelques semaines auparavant. En effet, le périple en Normandie n’aura eu aucun effet sur mon dos, ou ma fatigue. Elle profite du système Active Ride Control qui commande les suspensions avec une stabilisation active du roulis. Cela contribue à atténuer les imperfections de la route, offrant une conduite relativement lisse même sur des surfaces plus difficiles. Alors certes, l’amortissement typé Sport pourra secouer un petit peu plus qu’en Classe S, et les énormes jantes créent des soubresauts assez désagréables. Mais il y a tout un tas d’arguments qui donnent envie de voir défiler les kilomètres à son volant. D’abord, les sièges au maintien parfait, ne poussent pas à faire des pauses tous les quarts d’heure. Puis, en mode confort le silence est de mise, avec un échappement qui se montre discret et une isolation phonique bien travaillée. Alors oui, capote fermée, des bruits de vent peuvent apparaître à haute vitesse, sans être foncièrement gênants. On allume l’excellente sono Burmester, et c’est oublié. Surtout qu’à contrario, une fois cheveux au vent, les courants d’air sont vraiment très bien gérés, et on peut continuer à discuter, sans hurler. Ensuite, le parfait réglage de la boîte procure des passages de vitesses totalement invisibles. La SL 63 sait placer le bon rapport, au bon moment, sans secouer les occupants. L’ensemble fait preuve d’une grande souplesse, et le couple disponible très tôt (dès 2500 tr/min), permet de cruiser tranquillement, tout en se laissant l’occasion de taper pied dedans si besoin.
Beauté intérieure.
Ce confort nous emmène découvrir l’intérieur de notre Mercedes-AMG SL 63. Le constructeur est à mon sens, l’un des piliers dans ce domaine. Que ce soit stylistiquement ou qualitativement. En se glissant derrière le volant, on jouit d’un habitacle imprégné d’une qualité de fabrication exceptionnelle avec des matériaux haut de gamme, créant une atmosphère luxueuse et soignée. La planche de bord évolue petit à petit en fonction des modèles mais conserve le style habituel depuis quelques années. Les aérateurs turbines au design soigné sont de la partie, tout comme le combiné d’instrumentation de 12,3 pouces face au conducteur. On retrouve ensuite désormais un grand écran central de 11,9 pouces qui regroupe toutes les fonctionnalités de la voiture. Pour contrer les reflets en cabriolet, il est d’ailleurs capable de s’incliner jusqu’à 32 degrés. Et même si, comme toujours, on aurait voulu garder quelques boutons physiques, l’ergonomie reste bien pensée pour parvenir à le faire oublier.
Cependant, certains pourraient noter que l’espace intérieur, bien que généreux pour son segment, peut sembler modeste par rapport à des véhicules plus orientés vers le Grand Tourisme. Le coffre, en raison de la nature convertible de la SL63, peut également être limité en termes de capacité de chargement. Il offre uniquement un volume 213 litres, ou 240 litres avec la capote fermée. Je profite alors de l’occasion pour évoquer rapidement les deux places arrière… qui seront très pratiques pour glisser des bagages supplémentaires. Ne comptez pas dessus pour caser des passagers. Les passagers avant quant à eux, seront parfaitement choyés. Avec beaucoup d’espace, mais surtout des sièges ventilés, chauffants, massants et même un chauffe-nuque !
Et si on en veut plus ?
Sur un parcours exigeant, le mode Sport+ saura montrer une nouvelle facette de cette Mercedes-AMG SL 63. Il modifie à nouveau la réponse de l’accélérateur, la suspension et la transmission pour offrir une expérience de conduite encore plus radicale. En l’activant on pourra déjà vraiment profiter de la sonorité, mais aussi de tout son potentiel. Dès-lors, le bolide accélère avec une brutalité impressionnante. On se sent comme tiré en avant, tant le moteur semble vivant. Le premier virage arrive à une vitesse stratosphérique et il est temps de taper dans les freins. Par chance, et malgré l’absence ici des carbone-céramiques, les disques aciers mordants ajoutent à la confiance du conducteur. Permettant de dompter la bête avec assurance. La bonne motricité tolère en outre de rentrer fort dans la courbe, et de ressortir avec panache. Oui le poids, 2 tonnes sur la balance, se fait ressentir, mais n’entraîne pas de sortie de trajectoire excessive. La supercar, car elle a bien le droit à ce titre, demande en fait de l’engagement et va commencer à octroyer un vrai plaisir de conduire. L’aileron actif qui s’anime, et les gros pétards au rétrogradage, vont en plus donner envie de réitérer l’exercice à chaque fois qu’une route sinueuse déroule sous nos roues.
C’est le moment de la rendre !
Je ne vais pas trop m’étaler concernant la consommation. On achète un V8 AMG en connaissance de cause. Mais voici tout de même quelques chiffres. En 20 000 km au compteur, aucun journaliste n’aura remis à zéro le compteur principal. L’ordinateur de bord affichait alors une consommation de 18,2 l/100, c’est un bel ordre d’idées. Pour ma part j’ai pu relever jusqu’à 25 l/100 en conduite sportive. Et aussi 10 l/100 sur autoroute, ou même 8,5 l/100 sur un parcours mixte de quelques dizaines de km.
Côté prix, la Mercedes-AMG SL débute à 149 300 € en version SL 43 de 395 ch. Pour obtenir notre version SL 63, il faudra en revanche débourser au minimum 201 350 €. En optant pour une peinture à 1 500 €, des jantes à 4 000 €, un pack extérieur en carbone à 5 800 € et d’autres options supplémentaires (8 400€), on obtient un modèle comme celui-ci à 221 050 €. À cause des émissions de CO₂ homologuée à 293 g/km, on y ajoute le malus maximal. Soit 50 000 €, ou 60 000 € dès le 1er janvier 2024.
La Mercedes-AMG SL 63 propose un bel équilibre entre le raffinement d’une Grand Tourisme et la sportivité attendue d’une AMG. Les compromis sont présents bien évidemment ; néanmoins la combinaison globale crée une atmosphère accueillante, invitant les occupants à profiter de chaque kilomètre avec un mélange harmonieux de luxe et de performance. On aimerait certes un ressenti plus authentique dans le volant, mais l’efficacité n’est pas en reste. Tout en faisant face à de longs trajets, sans sacrifier le bien-être. En somme, la R232 redéfinit peut-être ce que signifie conduire une voiture de sport haut de gamme aujourd’hui. Avant malheureusement la disparition de ces jolis blocs thermiques…
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)