Essai McLaren GT : Grand Tourisme, elle n’en a que le nom

A bord de la McLaren GT, pour notre essai complet de la supercar la plus civilisée !
Essai McLaren GT 2023/2024 - Photo

Lors des beaux jours, j’ai eu l’occasion de plonger dans l’univers de la McLaren GT, une voiture qui souhaite transcender les frontières entre la puissance brutale d’une supercar et le raffinement d’une Grand Tourisme. Essai !

Vite vite, démarre !

En relisant mon essai de la McLaren 720S Spider, je m’aperçois à quel point j’ai eu un sentiment identique au départ de la concession. Débuter la prise en main d’une telle auto n’est pas aussi spontané qu’avec une voiture dite normale. Il faut d’abord jouer avec les nombreux regards qui se posent sur nous, et apprivoiser ses formes imposantes dans les rétros. Mais il faut aussi comprendre tous les nouveaux bruits qu’elle produit, appréhender l’arrivée de la puissance, s’habituer au freinage difficile et se familiariser aux dimensions. Car la bête est clairement la plus grosse de la gamme, avec ses 4,68 m de long et 1,93 m de large. En revanche, grâce à sa garde au sol plus haute qu’habituellement (11 cm), et même jusqu’à 13 cm en activant le lift, il est plus rapide de prendre ses marques avec elle.

Une fois passé cette épreuve, il est alors temps de prendre la direction du Perche, afin de vivre la vie de château en McLaren… La première centaine de kilomètres dans un environnement tantôt urbain, tantôt fait de grands axes, est l’occasion de tester le mode confort de la GT. Le mode qui, si vous la choisissez pour votre quotidien, sera probablement le plus sollicité. Car oui, c’est clairement une McLaren qui pourra être utilisée tous les jours. Le système Proactive Damping Control lui permet de s’adapter en temps réel à la route grâce aux infos lues par des capteurs toutes les deux millisecondes, puis envoyées aux suspensions. Cela nous gratifie d’un amortissement plus souple, et par conséquent les irrégularités de la chaussée sont suffisamment lissées pour ne pas faire souffrir les lombaires. Quant à la direction, elle devient douce et nous laisse manœuvrer sans effort. Tout comme la boîte qui égrène rapidement et discrètement les 7 rapports, afin de rouler à très bas-régime. Telle une bête endormie, elle se dirige sincèrement avec une aisance déconcertante.

N’empêche que, c’est une McLaren, et on n’a qu’une seule envie : activer enfin le mode Sport. Sous le capot, le V8 maison placé en position centrale-arrière, ne demande qu’à se réveiller. Le M840TE, c’est son petit nom, développe 620 chevaux et ne sera pas là pour faire de la figuration. La puissance délivrée par le moteur était palpable dès le moment où j’ai enfoncé l’accélérateur. La poussée franche et linéaire nous propulse en avant avec une facilité remarquable. À mesure que les kilomètres défilaient sous mes roues, j’ai ressenti une union parfaite entre l’homme et la machine. La GT réagissant à chaque intention avec une agilité épatante, chaque courbe devenant une opportunité de sentir la précision de sa tenue de route. Les énormes freins carbone-céramique (390 mm à l’avant et de 380 mm à l’arrière), puissants et progressifs, viennent m’aider à accomplir cette mission sans peine. Bien encouragé en plus par la belle musicalité rauque orchestrée par l’échappement Sport, j’ai grand plaisir à claquer les rapports à la volée. Car les ingénieurs aiment forcer le pilote à rester dans les tours afin d’exploiter toute la cavalerie. Ainsi, la totalité du couple (630 Nm) est disponible à partir de 5500 tr/min. À chaque coup de palette, on se voit littéralement catapulté au virage suivant, atteignant les 100 km/h en moins de 3,2 secondes. Pour autant, malgré les performances de haut niveau que je viens de découvrir, certains pourraient trouver que la McLaren GT manque de cette brutalité intense que l’on attend de la supercar anglaise. Les sensations derrière le volant sont certes enivrantes, mais elles pourraient sembler quelque peu atténuées par rapport à des modèles plus extrêmes de la gamme. Cette nuance, qui ne m’a personnellement pas dérangé, a au moins l’avantage d’apporter une touche de caractère plus civilisé à l’expérience. 

De toute beauté ?

Si je n’ai pas voulu attirer votre attention directement par le design de cette auto, c’est que de prime abord je ne suis pas franchement conquis. Lorsque je l’ai découvert pour la première fois en photo, et même en vrai dans une configuration tristounette, c’était un grand non. Puis vint cette rencontre, qui peu à peu me fera changer d’avis. Dans cette teinte MSO Helios Orange qui varie au gré des rayons du soleil dansant sur la carrosserie, elle provoque un effet Waouh à chaque regard. C’est en fait le mariage entre les phares très effilés et le pare-chocs avant mastoc qui a un impact négatif sur moi. Mais son aura en face à face arrive à faire oublier cette fausse note. Déjà, on peut apprécier ses lignes globales plus élégantes que d’ordinaire, moins dictées par l’aéro finalement. Tout comme l’absence d’aileron actif qui fatalement, va la rendre plus policée. En conservant malgré cela les grosses prises d’air, les énormes jantes et surtout, mon coup de cœur, les impressionnantes portes en élytre, elle reste terriblement musclée. Surtout que le coup de crayon à l’arrière est quant à lui, une véritable réussite. J’apprécie le mélange entre les rondeurs ou la finesse de la signature lumineuse, et les grosses canules d’échappement qui ne sont pas là pour plaisanter.

Allez, remontons à bord pour prendre un peu plus le temps de découvrir l’habitacle. Un habitacle qu’on aurait pu imaginer radicalement opposé aux autres modèles de la gamme, mais il n’en est rien. Elle se veut GT, certes, mais ici point de cockpit raffiné au programme. Néanmoins, la qualité est au rendez-vous et des efforts ont été faits pour améliorer les finitions. Nous sommes bien dans une sportive qui conserve une planche de bord épurée et quelques boutons qui trahissent son origine. Pour la rendre plus accueillante, la monocoque en carbone est par exemple recouverte de moquette. Mais à l’inverse, on bénéficie de belles et longues palettes en alu. Au final, on a devant les yeux de beaux matériaux et un minimum de plastique, dans un poste de pilotage baigné de lumière grâce au toit vitré. Puis, la disposition ergonomique des commandes, contribue à oublier le côté daté de l’infodivertissement. Je retiens simplement que le constructeur accuse d’un poil de retard technologique. En fait, il n’y a pas particulièrement d’équipements de sécurité, ni même de régulateur ou de détecteur d’angles morts. Contrairement à d’autres véhicules de ce type, le constructeur a même fait l’impasse sur les sièges ventilés ou massants ; ils sont toutefois électriques et chauffants. Mais est-ce vraiment pour me déplaire ? Pas tellement ! On y gagne à la fois en authenticité dans la conduite, en simplicité d’utilisation, et puis en poids également.

On en redemande !

Ce fameux poids est un allié… de poids, quand on souhaite activer le mode Track ! Elle affiche un peu plus de 1500 kg sur la balance, contre minimum 2200 kg pour une Continental GT par exemple. Cette écart sera indéniable pour faire la différence sur un tracé sinueux. Le mode Sport vous faisait déjà un peu peur ? Attendez de voir ce que la McLaren GT vous réserve désormais. Après une simple pression sur le bouton magique, le mode Track réveille la véritable bête qui sommeillait en elle. Il n’y a qu’à effleurer l’accélérateur pour atteindre trop rapidement des vitesses répréhensibles. Eh bien imaginez le résultat lorsqu’on écrase notre pied droit. L’abondance de couple la propulse avec férocité, mon souffle se coupe alors à chaque respiration du turbo. Afin de ménager le corps, il est préférable d’éviter d’enchaîner les Launch Control. Parce que la puissance brute qui se déchaîne avec une intensité saisissante offre de véritables sensations fortes ; le moindre tournant de la route étant une invitation à explorer l’équilibre impressionnant de l’engin. Bien excité en prime par l’échappement devenu rageur, avec l’ouverture à pleins poumons des valves ! Alors toujours dans une mélodie enivrante, chaque commande transmise par mes mains était suivie d’une réponse immédiate. Elle pivote juste ce qu’il faut pour se sentir en pleine confiance et redonner l’envie de mettre pied dedans. Jusqu’à plus de 8000 tr/min, le 4 litres bi-turbo pousse sans cesse et n’est jamais essoufflé ; permettant avec joie de profiter de toute cette cavalerie. Oh là oui, je comprends tout de suite pourquoi elle monte à 200 km/h en 9 petites secondes, avant de pouvoir s’élancer vers une V-max de 326 km/h.

Vous l’aurez compris un peu plus haut, là où la McLaren GT est donc très forte, c’est que je vous ai un peu menti dans le titre de cet essai… Grand Tourisme, non, elle n’en a pas que le nom. Après avoir démontré tout son potentiel de supercar, certes peut-être sans la violence de certains modèles d’aujourd’hui, elle sait se montrer ensuite extrêmement docile. L’ambiance sonore baisse, le volant redevient léger, l’accélérateur moins sensible, et surtout le palpitant peut reprendre ses esprits. Tout en continuant de profiter du voyage paisiblement.

Et c’est vraiment cette polyvalence que j’aime avec elle. Se promener tranquillement, discuter avec sa copilote, visiter des monuments historiques, puis tout d’un coup une jolie route se dévoile. Je change de mode, je m’agrippe au volant, je me concentre, je claque la 2 et là, le pétard habituel à l’échappement annonce le top départ. C’est le moment d’enfoncer la pédale et d’être collé au siège. En seulement quelques secondes on est passé dans un autre monde. Fait de poussées fulgurantes, de pif-pafs mémorables et de symphonies mécaniques. Et, comme j’ai pu le faire ce week-end-là, on voudrait répéter ce genre de moment à l’infini. Le rêve non ?

Par contre, le rêve a un prix. Lorsque cette voiture en particulier a été commandée en janvier 2021, le prix de départ était de 203 500 €. Auquel on ajoute la finition Luxe à 12 610 € et 24 730 € d’options. Dont par exemple la peinture MSO Helios Orange à 10 960 €, des jantes diamantées à 2 280 €, le toit panoramique à 1 830 €. Total : 240 840 €. Sans compter le malus maximum chez nous de 50 000 € (60 000 € en 2024). Alors à ce tarif-là, pas sûr que la consommation homologuée à 11,9 litres aux 100 km, et relevée à plus de 20 l/100 en conduite sportive, soit un frein à l’achat.

Essai McLaren GT : le bilan

Une McLaren capable d’emporter 570 litres* de chargement et de réussir haut la main le test du sac de golf ? C’est un pari réussi pour la McLaren GT. Afin de conserver son ADN, l’artisan de Woking a trouvé le bon compromis entre confort et sportivité. Elle incarne donc bien l’union parfaite entre la brutalité d’une supercar et le raffinement d’une Grand Tourisme. Ça, en offrant une agressivité suffisante pour bon nombre d’entre nous, mais surtout une polyvalence surprenante. On serait alors ravi de passer toute une journée sur circuit avant de rentrer paisiblement à la maison par les petites routes. Pas vous ?

*2 coffres, 420 litres à l’arrière, 150 litres à l’avant

Crédit photos McLaren GT: Thomas D. (Fast Auto)

ThomasDonjon
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