Une grille de départ remaniée, un début de course chaotique, de l’incertitude jusqu’au bout… le 1er GP à Las Vegas depuis 1982 a par moments ressemblé à une loterie… Mais à la fin, c’est Max Verstappen qui s’impose, pour la 18e fois de la saison, la 16e sur les 17 derniers Grands Prix.
55, rouge, impair et casse
La première victime du circuit, c’est Carlos Sainz sur sa Ferrari. A plus de 300 km/h entre les casinos et les hôtels de Las Vegas, il subit le décrochage d’une bouche d’égout qui détruit sa monoplace. Les dégâts se comptent en millions de dollars, auxquels s’ajoutent les 10 places de pénalité pour avoir changé d’unité de puissance. Terrible injustice pour le pilote espagnol, et premier flop pour l’organisation. Après 8 minutes seulement, la première séance d’essais libres est déjà terminée.
Pour sécuriser la piste, la 2e séance prend 2h30 de retard. Avec un début prévu initiallement à minuit, les F1 sont renvoyées en piste au milieu de la nuit… Et les spectateurs sont renvoyés chez eux. Résultat : 8 minutes d’essais sur l’ensemble de la journée pour le public.
Le spectacle annoncé commence par un véritable flop pour le retour de la F1 à Las Vegas.
Roulette espagnole à Las Vegas
Si la 2e journée fut sans incident, elle ne fut pas non plus des plus passionnantes. Le GP avait la lourde tâche de sauver le week-end. Les 2 pilotes espagnols se dévouèrent pour rebattre les cartes dès le premier virage. En partant en toupie au milieu du peloton, Fernando Alonso et Carlos Sainz ont semé le chaos. Certains furent bloqués, à l’image de Valtteri Bottas et Sergio Perez, d’autres en profitèrent pour se faufiler, tels Esteban Ocon et Lance Stroll.
Devant, Verstappen avait pris le meilleur sur le poleman Charles Leclerc en le poussant hors piste, ce qui lui valut logiquement une pénalité. Le triple Champion du monde recula ainsi dans la hiérarchie mais la sortie de la Safety Car à la mi-course lui permit de recoller à la tête de course et de se relancer avec des pneus neufs. La messe était dite.
GP de Las Vegas – Équipe par équipe
Red Bull – La chance du champion
Max VERSTAPPEN (Qualifs 3e, GP 2e -> 1er) – Bousculé, mais vainqueur
Dans les rues de Las Vegas, on a senti le Néerlandais nettement moins serein que d’habitude. Il a déclaré publiquement qu’il n’aimait pas le circuit et le show en général. Le début de course a reflété ses difficultés. Au départ, il retombe dans ses travers en poussant Leclerc hors piste et en refusant de lui rendre la position. A la fin du 1er relais, il est dépassé par le Monégasque sur la piste. Sans conséquence pour la suite grâce à la Safety Car de milieu de course.
Sergio PEREZ (Qualifs 12e, GP 11e -> 4e) – Le maudit du dernier tour
De l’autre côté du garage, Checo a été malchanceux au départ mais a profité pleinement des 2 sorties de la Safety Car, la 1ère pour décaler sa stratégie et prendre la tête, la 2e pour rester au contact de Leclerc et même repasser devant. La perspective d’une nouvelle victoire ne dura toutefois que quelques tours. Le temps que le pilote Ferrari ne repasse devant et l’ogre Verstappen dans la foulée. Si Perez a faillit assurer un nouveau doublé Red Bull en profitant d’une petite erreur de Leclerc, il fut à nouveau dépassé par le Monégasque, dans le dernier tour, comme par Alonso à Interlagos. Au moins cette fois, le Mexicain renoue avec le podium, pour la première fois depuis Monza en septembre.
Bilan : moins dominatrice qu’à l’habitude, Red Bull a profité de la malchance de Ferrari pour assurer une nouvelle victoire assortie d’un double podium.
Ferrari n’a pas à rougir
Charles LECLERC (Qualifs 1er, GP 1er -> 2e) – Avec le cœur
Leclerc a – quasiment – tout bien fait à Las Vegas. D’abord en dominant les essais et les qualifications. Puis en gardant la tête froide en début de course, en évitant le crash avec Verstappen au départ et en gérant au mieux ses gommes mediums, au point de récupérer la tête. Face à Perez, il réalise deux magnifiques dépassements, ce qui permet de rattraper le freinage raté du 43e tour.
Carlos SAINZ (Qualifs 2e, GP 12e -> 6e) – Resté sur le carreau
Le week-end de Sainz a été fortement compromis dès la 8e minute des essais libres, quand sa voiture a été détruite par la fameuse bouche d’égout. Même si la monoplace a pu être reconstruite rapidement, les 10 places de pénalité sur la grille l’ont placé au milieu du peloton. A la merci du grabuge au 1er virage, ce qu’il pouvait craindre est arrivé, même s’il n’est pas innocent cette fois. Une fois relégué dans les dernières places, il ne peut que sauver les meubles, ce qu’il fait honorablement en remontant jusqu’à la 6e place.
Bilan : un très bon rythme grâce aux longues lignes droites du circuit de Las Vegas. Avec un peu plus de réussite, les résultats Ferrari-Red Bull auraient pu être inversés… Tout de même une bonne opération face à Mercedes.
Mercedes – en demi-teinte
Lewis HAMILTON (Qualifs 11e, GP 10e -> 7e) – Cherche encore un trèfle à 4 feuilles dans les rues de Las Vegas
Le septuple Champion du Monde a eu beau raconter que le GP de Las Vegas était une réussite, il n’a pas été à la fête. Il a manqué l’entrée en Q3, devancé par de nombreuses monoplaces inférieures et a crevé en course après un accrochage avec Piastri. La Safety Car lui a permis de raccrocher le bon wagon et d’arracher la 7e place.
George RUSSELL (Qualifs 4e, GP 3e -> 8e) – Caramba, encore raté
A l’inverse de son équipier, George a très bien commencé son weekend dans les rues de Las Vegas. 3e sur la grille, il est même passé devant Verstappen après les arrêts au stand, grâce à la pénalité du Néerlandais. Le podium était à sa portée, mais il a tout gâché en fermant la porte au Champion du Monde. Les débris déposés ont provoqué la sortie de la Safety Car ont permis à ses concurrents de remonter. Les 5 secondes de pénalité ont coûté cher sur la ligne d’arrivée, qu’il a franchie en 4e position sur la piste.
Bilan : un rythme meilleur que prévu, des points à l’arrivée malgré de nombreuses péripéties, mais finalement une mauvaise opération face à Ferrari.
Alpine – Destins croisés à Las Vegas
Esteban OCON (Qualifs 17e, GP 16e -> 4e) – Piqué au vif
Weekend contrasté pour le Normand… Des qualifications gâchées à cause de chamailleries avec Verstappen et une course optimisée au maximum. Esteban a montré un très bon rythme mais a aussi profité des circonstances de course. Dès le départ, il a gagné 8 places en se faufilant à l’intérieur du virage. La sortie de la Safety Car lui a permis de remonter encore de quelques rangs pour se retrouver juste derrière Gasly. Un petit imbroglio de consignes plus tard, il était passé devant, pour décrocher son meilleur résultat depuis son podium à Monaco.
Pierre GASLY (Qualifs 5e, GP 4e -> 11e) – Complètement dégommé
Gasly a encore sorti un des tours dont il a le secret en qualifs, ce qui lui a permis de partir en 2e ligne. En début de course, il a même menacé Russell pour la 3e place et est resté dans le bon wagon pendant tout le premier relais. Malheureusement, il n’a pas su – ou pu – gérer les pneus durs aussi bien et a dégringolé en fin de course. Au point de sortir des points…
Bilan : de héros à zéro et inversement, les trajectoires des deux pilotes ont été diamétralement opposées. Le point positif, c’est que les Alpine ont montré qu’elles pouvaient avoir un bon rythme sur un circuit de moteur.
McLaren – Coup d’arrêt à Las Vegas
Lando NORRIS (Qualifs 3e, GP 16e -> Ab) – Le crash
Après avoir enchaîné les podiums et les performances remarquables, Lando a connu son pire weekend de l’année. Eliminé en Q1, il a violemment tapé le mur dès le 3e tour, piégé par la piste froide et glissante.
Oscar PIASTRI (Qualifs 19e, GP 15e -> 10e) – Au bluff
Depuis le fond de la grille, Piastri a fait une course solide. L’accrochage avec Hamilton l’a mis sur une stratégie décalée qui lui a permis de se montrer à l’avant de la course. Mais ce n’était qu’une illusion, son 2e arrêt l’a fait reculer à nouveau. Le sprint final en pneus neufs lui permet de décrocher le point de la 10e place, auquel s’ajoute celui du meilleur tour.
Bilan : une double élimination en Q1, 2 petits points marqués seulement… McLaren a montré une nouvelle fois que certains circuits ne convenaient pas du tout à sa monoplace.
Alfa Romeo – Espoir de courte durée
Valtteri BOTTAS (Qualifs 8e, GP 7e -> 17e) – Le chat noir
Des qualifs brillantes pour le Finlandais dans les rues de Las Vegas… Et une succession de galères en course. Bloqué par Alonso dans le premier virage, il a vu sa stratégie ruinée par la sortie de la Safety Car. Encore une course à oublier.
ZHOU Guanyu (Qualifs 18e, GP 17e -> 15e) – Porté disparu
Quoi de mieux pour passer inaperçu qu’une monoplace noire dans la nuit ?
Bilan : la 7e place sur la grille de Bottas pouvait donner des espoirs, mais même sans ses problèmes, il aurait probablement eu du mal à marquer des points.
Aston Martin – En trompe l’oeil
Fernando ALONSO (Qualifs 10e, GP 9e -> 9e) – La roulette
Décevant en Q3, en tête-à-queue dès le premier virage, Alonso a connu un weekend sans à Las Vegas, qui contraste avec son héroïque podium brésilien.
Lance STROLL (Qualifs 14e, GP 19e -> 5e) – Une main optimisée au poker de Las Vegas
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. En partant en toupie, Alonso a permis à Stroll de dépasser la moitié du peloton. Le Canadien est resté assez proche d’Ocon toute la course, pour terminer juste derrière.
Bilan : après l’embellie de Saõ Paulo, Las Vegas a fait ressurgir les difficultés des Verts. Les circonstances de course ont permis un bon résultat d’ensemble pour rester dans la course à la 4e place contre McLaren
Williams – Top et flop
Alex ALBON (Qualifs 6e, GP 5e -> 12e) – Logan SARGEANT (Qualifs 7e, GP 6e -> 16e)
Une 3e ligne 100% Williams, on n’avait pas vu ça depuis 2016. Malheureusement, la fête ne dura que quelques tours en course. Le manque de rythme et la sortie de la Safety Car renvoyèrent les monoplaces de Grove hors des points.
Bilan : un super vendredi, un samedi décevant. Heureusement, les concurrents directs n’ont pas fait mieux.
AlphaTauri – Restées au Brésil ?
Yuki TSUNODA (Qualifs 20e, GP 20e -> Ab, classé 18e) – Daniel RICCIARDO (Qualifs 15e, GP 15e -> 14e) – Transparents
Après plusieurs courses brillantes, les AlphaTauri sont rentrées dans le rang à Las Vegas, et même retournées dans le fond.
Bilan : rien à retirer de ce weekend, si ce n’est que toutes les bonnes choses ont une fin.
Haas – Comme d’habitude
Nico HÜLKENBERG (Qualifs 13e, GP 13e -> Ab, classé 19e) – Kevin MAGNUSSEN (Qualifs 9e, GP 8e -> 13e) – 3 petits tours et puis s’en vont
Une fois de plus, le rythme était très bon sur un tour, pour s’effondrer en course.
Bilan : la seule chose à retenir, c’est que Magnussen a dominé Hülkenberg. Une fois n’est pas coutume.
Le point aux Championnats après le GP de Las Vegas (21/22)
C’était attendu, Perez a assuré la 2e place et le premier doublé de l’histoire de Red Bull. Il reste une grosse bataille pour la 4e place entre Alonso, Sainz, Norris et Leclerc. Au milieu du classement, Stroll va probablement rester dans le top 10 devant les 2 Alpine.
Chez les constructeurs, Ferrari n’est plus qu’à 4 points de Mercedes pour la 2e place. La finale se jouera à Abu Dhabi. Quant à la 4e place, elle se jouera entre Aston Martin et McLaren, séparés par 11 points. Mais il faudrait un gros concours de circonstances pour que l’écurie de Lawrence Stroll repasse devant. Idem pour les 4 écuries du fond. Sauf course exceptionnelle, le classement ne changera plus.
Quelques stats après le GP de Las Vegas
C’est fait. Verstappen a rejoint Sebastian Vettel sur les tablettes, avec 53 victoires. Il ne reste plus que Lewis Hamilton (103 succès) et Michael Schumacher (91) devant. Une chose est sûre, le Néerlandais ne les rattrapera pas l’année prochaine.
Grâce à cette 18e victoire en 2023, Verstappen améliore encore le record établi en 2022 (15). En pourcentage, on atteint les 86%.
Avec 20 podiums en 21 courses, Max Verstappen améliore son record sur une saison. Avec 20 victoires en 21 courses, Red Bull bat le record de Mercedes, 19 en 2016. Cette année-là, la marque à l’Étoile avait gagné toutes les courses sauf 2, qui avaient été remportées par… Red Bull.
Verstappen a marqué des points pour la 40e fois consécutive. Son dernier abandon remonte au GP d’Australie, en début de saison 2022. Seul Hamilton a fait mieux, avec 48 fois d’affilée, entre le GP de Grande-Bretagne 2018 et le GP de Bahreïn 2020. La 2e meilleure série en cours est à mettre au crédit de Carlos Sainz avec… 4.
En incluant les sprints, Hamilton est le seul autre pilote à avoir marqué des points tous les weekends en 2023.
En tapant le mur, Norris a mis fin à une série de 12 GP dans les points, dont 7 podiums.
Crédits photos : F1.com