Essai des Audi TT RS, RS3 et RS3 LMS

Il y a environ 4 mois, vous lisiez mon expérience des Audi R8 RWS et V10 Plus sur le circuit de Dijon Prenois. Pour autant, mes premiers tours de roue ont été effectués à bord de deux voitures bien plus modestes de la gamme Audi RS mais tout de même forts désirables. En effet, j’initiais ma découverte du circuit avec l’Audi TTRS.

Audi TT RS

À la sortie des stands, l’appréhension est grande. Je ne connais ni la voiture, ni le tracé du circuit. Qui plus est, j’ai une assez mauvaise image du système Quattro. Alors, je n’attends qu’une chose de cette prétendue sportive, c’est un train avant prêt à s’échapper à la moindre sollicitation. Le sous-virage Audi, vous voyez. Calmez vos ardeurs, ça n’est pas arrivé, ohhhh que non.

Sur un rythme sénatorial, l’Audi TT RS semble bien campée sur ses appuis. Ce qui prédomine tout de suite, c’est un équilibre naturel. Serait-ce une voiture bien née ? Une fois le premier tour de repérage achevé, les 400 chevaux du bloc 5 cylindres nous propulsent dans la longue ligne droite des stands avec une vivacité qui ferait rougir certaines voitures plus sérieuses.

Les 4 roues motrices du système Quattro font de la motricité une pure formalité, c’était une évidence. Ce qui l’était moins, c’était l’absence d’un sous virage soit disant sécuritaire mais castrateur et frustrant. Oui, cette Audi TT RS a un vrai train avant. En revanche, revers de la médaille, ne comptez pas sur elle pour vous gratifier d’un joli soulèvement de la poupe à l’inscription. Hormis cela, vous ne vous ferez pas tellement peur à son volant.

L’équilibre pressenti à faible allure est encore là alors que nous avons sévèrement augmenté le rythme. L’Audi TT RS est facile à emmener, elle pardonne, motrice et roule très fort. La boite ne souffre d’aucune critique et excelle dans sa vitesse de passage des rapports aussi bien à la montée qu’à la descente. Le moteur, le 5 cylindres, vaut à lui seul le détour.

C’est une excellente voiture à tout faire qui conviendra parfaitement à qui veut rouler vite et facilement sur circuit mais pour qui ces sorties sur pistes ne sont pas non plus une priorité. C’est une machine démesurément rapide, avec deux petites places à l’arrière, un gabarit contenu et une bouille franchement sympa. Outre son aspect trop facile et un peu aseptisé c’est une voiture redoutable. Une belle expérience.

Audi RS3 Sportback

Toujours dotée du 5 cylindres qui délivre les même chiffres que l’Audi TT RS (400 chevaux et 480 Nm), l’Audi RS3 semble tout de même plus tenir du papa/maman pressé(e) que de l’amatrice de circuit. Et pourtant.

Il est clair qu’en sortant de l’Audi TT RS, on a moins l’impression d’effacer la ligne droite des stands. Ce qui est assez étonnant car son poids n’est supérieur que de 70 kilos. Elle rend cependant 0,4 seconde sur le 0 à 100 km/h. La voiture prend également plus de roulis, surement sa façon à elle d’emmener confortablement les enfants à l’école.

Mais soyons réalistes, les 400 chevaux sont largement à la hauteur des prestations de cette voiture même sur un si grand circuit. A l’approche d’un virage, le décollement de vos poumons vous font dire que là, l’option carbones céramique a été cochée. Cela vous oblige à recalibrer tous vos repères si vous ne voulez pas finir arrêté 50 mètres avant le point de corde.

Moins équilibrée, moins campée sur ses appuis, l’Audi RS3 est en revanche bien plus fun. Avec son porte à faux plus important, on sent la voiture enrouler dans les virages et surtout se placer au freinage dans une transparence totale. Certes, les performances sont en retrait mais le circuit n’est pas le but premier de cette Audi RS3. Mais, elle y évolue avec aisance et enchaine les tours avec force et honneur et des temps très éloignés du ridicule.

Le 5 cylindres turbo et la boite S-tronic forment toujours un mariage remarquable tout comme le Quattro qui refuse obstinément de sous virer et ce n’est pas faute d’essayer. Non vraiment, tout comme la TT RS, l’Audi RS3 offre performance et polyvalence mais dans un registre encore plus utilisable au quotidien.

Audi RS3 LMS

Changement d’ambiance à mesure que l’on enfile la combinaison Audi Sport. Je suis obligé de troquer mon casque personnel pour un casque avec micro intégré afin d’entendre l’instructeur dans la carlingue dépouillée de cette voiture de course. Dernière étape avant de monter à bord, on me fixe le système HANS qui permet d’éviter le coup du lapin en cas d’accident.

Dérivée de l’Audi RS3 berline, l’Audi RS3 LMS est une vraie voiture de compétition. L’extérieur parle de lui même. De la carrosserie d’origine de l’Audi RS3 berline ne reste que l’enveloppe générale. Le reste n’est fait que d’appendices aérodynamiques tous plus protubérants les uns que les autres. L’intérieur est vidé et l’arceau nécessite une gymnastique pour se glisser dans l’enveloppe du baquet.

Point de vue moteur, le 5 cylindres laisse place à un 4 cylindres TFSI de 330 chevaux. Même si la voiture ne pèse que 1200 kilos, le 0 à 100km/h prend +0,4 secondes pour afficher 4,5 secondes. Le passage des vitesses est confié à la boite Stronic mais une version avec boite à crabots existe également. Nous sommes en pneus routiers, la voiture est déjà assez délicate sans avoir à en rajouter.

Alors que l’on m’ajuste les harnais, l’instructeur débite ses consignes. J’ai l’impression de ne rien imprimer et d’avoir changé de monde. Puis, il me demande d’attraper les freins et d’y mettre toute ma force : “ok, ça c’est ce que je veux que tu mettes comme force à chaque freinage”. Ah, quand même. Il faut 70 kilos de pression pour bloquer les freins.

On se lance. J’ai découvert le circuit toute la journée et pourtant j’ai l’impression de tout avoir oublié. La caisse raisonne, tape, vit. Comme si j’étais monté sur un taureau qui cherche à m’éjecter à tout moment.

La mobilité de la voiture m’étonne vraiment. Le train arrière bouge et laisse une faible part à l’erreur. Un freinage tardif avec un peu d’angle dans le volant n’aurait que pour conséquence un tête à queue. La caisse est également très vive, les changements d’appuis sont une formalité. La poussée est anecdotique une fois descendu des Audi R8 mais le passage de vitesse en courbe est impressionnant. C’est là toute la force des voitures de compétition, c’est ici qu’elles font la différence. Par ailleurs, vous pouvez oublier le système Quattro, l’Audi RS3 LMS devient une simple traction.

A coté de cela, la boite S-tronic est méconnaissable. Il parait qu’elle est identique, tout du moins matériellement, à la boite d’un modèle de série. Pourtant, son comportement n’a plus rien à voir du tout. Elle se rapproche plus d’une boite à crabot que de ce que j’ai pu essayer dans l’Audi RS3. Comme si un mode race secret avait été enclenché.

Lors du dernier tour, l’instructeur me fait retarder le point de freinage de l’impressionnante ligne droite des stands. Le problème, c’est que le virage se rapproche assez rapidement et qu’il n’a toujours pas l’air de vouloir me faire freiner. Soudain, le signale se présente. J’attrape puissamment la pédale et y met la pression recommandée. Avec l’Audi RS3, j’aurais ramassé une paire de gravier alors qu’ici, je me demande même si je n’aurais pas pu encore retarder mon freinage. Mais ce qui choc, c’est cette sensation dans la pédale de frein. Le dosage pour le freinage dégressif est sans comparaison avec ce que j’ai déjà pu essayer.  C’est totalement fait pour, presque facile.

L’Audi RS3 LMS est tout simplement une voiture de compétition. A ce titre, elle vous emmène dans un nouveau monde et efface vos repères au moment même où vous passez la porte et que vous vous installez à son volant. Et encore, nous n’avions ni la boite à crabot, ni les pneus slicks. Une expérience à vivre, même si vous aurez l’impression de devoir réapprendre à conduire.

Merci à Audi France pour l’invitation à cette journée si particulière et enrichissante.

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